2666 … cœur soulevé, cœur léché !

Au départ, 2666 est un roman fleuve de 1350 pages, considéré comme l’un des premiers chefs d’œuvre du 21è siècle. Par Roberto Bolano, auteur chilien, mort brutalement avant sa parution, le foie, les douleurs … un roman inachevé dit-on ! Le 2 c’est pour le 2è millénaire et 666 pour le chiffre du mal.

La montée du nazisme dans les années 30, l’Europe, la littérature, les meurtres de femmes par dizaines dans le Mexique de la fin des années 90, inexpliqués et impunis… mais quels peuvent être leurs liens?

“C’est plus facile de partir faire la guerre, que d’arrêter de fumer”.

Aller voir un spectacle de 11h c’est déjà un défi en soi, une quasi épreuve sportive. Le genre de truc qu’on ne fait pas tous les jours. Mais le monter, rendez-vous compte!! Julien Gosselin et ses fidèles de la troupe “Si vous pouviez Lécher Mon Coeur” l’ont fait.
Ce n’est pas un spectacle comme les autres, évidemment. Difficile de le raconter. Il se vit plutôt, il se ressent, il faut se laisser pénétrer par le rythme, les images, les voix, les basses, l’histoire, les histoires… et recommencer. Alors voici mes notes, en vrac, en pulsion, en émotion, sans filet, prises pendant les pauses (ça vous rassure un peu si je vous dis qu’il y en a 4 ?).

2666, Roberto Bolano, Julien Gosselin, Pianopanier@ Julien Gosselin 

Débordé par les émotions… La musique est omniprésente, forte, elle me pénètre. Le temps défile à un autre rythme. Je ne vois pas les heures passer. Entracte. Envie que ça recommence. Happé par l’histoire, par les histoires. 5 différentes, mais toutes liées les unes aux autres… ou pas! Quelle Puissance, quelle intensité ! Un rouleau compresseur qui te passe sur le corps, cette mise en scène. Elle me fait fondre en larmes Noémie Gantier. Déjà elle est classe, mais quand elle s’avance devant la scène, là à la fin de la Partie 1, elle explose, tout tremble, je tremble. Transe – le mal est partout – l’amour n’est pas loin. Des hommes donc de la violence, de la violence donc des hommes. Jouissif. Explosion d’émotions. Je bouge avec les boites, je suis à Londres, à Barcelone, au Mexique, en Roumanie. Propulsé dans la mise en scène.

Fasciné par cette épopée du mal – jeu hors du commun, hors limites. Jouer jusqu’à l’épuisement. La violence des hommes, la narrer jusqu’à l’overdose. La littérature pour les sauver?
20è siècle, siècle du mal. Et si l’on n’avait encore rien vu? Faudra que je pense à réviser mes superlatifs. J’ai trouvé ma drogue, mes excès, ma sève. Moderne, physique, violent, percutant, magistral, sexuel, textuel, puissance des images, force des personnages, rythme oppressant, les voix, ma voix, le texte encore, on pense, on voyage, on s’émeut…et ça recommence ! Du son, du sens, du sensationnel. Du profond, du parfait, du puissant.

2666, Roberto Bolano, Julien Gosselin, Pianopanier

Fatigué ? Même pas en rêve !
Ça claque, ça déchire, j’en ai chialé, pris plein le cerveau, les yeux, les tripes, l’ADN, de ce spectacle… c’est une révélation! Et en plus, ça parle français, anglais, espagnol, allemand ! Quel bonheur.

Ça y est, vous me comprenez un peu maintenant?

Ils me soulèvent le cœur … laissez moi lécher le vôtre.

2666
Un texte de Roberto Bolano
Adaptation et mise en scène : Julien Gosselin / Cie Si vous pouviez lécher mon cœur
Avec : Rémi Alexandre, Guillaume Bachelé, Adama Diop, Joseph Drouet, Denis Eyriey, Antoine Ferron, Noémie Gantier, Carine Goron, Alexandre Lecroc-Lecerf, Frédéric Leidgens, Caroline Mounier, Victoria Quesnel, Tiphaine Raffier
Dates de tournée de 2666 ici

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