Coming-out, ou la véritable sortie du placard
Coming-out, expression datant des années 70 désignant l’annonce volontaire d’une orientation sexuelle. Ça, on sait. Des coming-out, on en a déjà vu et entendu des tonnes. Ce qui est plus intéressant, c’est d’apprendre que l’expression originale est en fait « coming out of the closet » c’est-à-dire « sortir du placard » provenant probablement de l’expression anglaise « to have a skeleton in the closet », avoir un squelette dans le placard signifiant avoir un secret honteux.
Ce que Medhi Djaadi nous sort du placard, ce n’est pas une révélation inattendue de son orientation sexuelle mais sa conversion… au catholicisme. Il nous raconte comment lui, musulman pratiquant issu d’une famille musulmane pratiquante, va rencontrer le Christ. Pas banal.
Il se présente à nous, littéralement, pour nous raconter son histoire : son enfance à l’école coranique, les trafics en banlieue, en passant par le protestantisme et enfin par le catholicisme. Il nous embarque dans sa vie avec justesse et humour, nous peignant des personnages hauts en couleur avec une mention spéciale pour Innocent le chef de bande à St Etienne, les groupes de prières avec les Baudouin et les Ombeline, les cha-cha et les aristo. (pour les non-initiés, un cha-cha, c’est celui qui va, l’air béa, chanter Dieu en levant les mains, façon ravi de la crèche). Tout le monde y passe, Medhi Djaadi n’épargne personne, mais c’est toujours avec finesse et malice.
Au final, ce titre Coming-out, nous explique-t-il, c’était pour avoir des subventions, parce qu’ « apostat » ou « conversion », ça n’aurait pas fait le même effet. En tout cas, on réalise que chez les acteurs, comme dans notre société, être homosexuel ou musulman, c’est « cool », être catholique, ça le parait beaucoup moins. Comme autrefois avec l’homosexualité, se dire catholique, ça fait presque l’effet d’un secret honteux. Sauf que Medhi, lui, ose en témoigner sans complexe, il peut être fier de ce parcours qui n’a pas fini de le faire rayonner. Et on s’en réjouit.
Anne-Céline Trambouze
Tous les mercredis à 20h jusqu’au 18 mars 2020 au Théâtre Montmartre Galabru (75018).
Rens. : 01.42.23.15.85
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