Je suis une fille sans histoire : l’impertinent spectacle-manifeste d’Alice Zeniter
Sur scène, de grandes feuilles de papier froissées jonchent le sol. Un tableau et un bureau d’écriture encadrent un igloo, fait de papier lui-aussi, au centre. Dans ce seule-en-scène joyeux et impertinent, au croisement de la performance et de la conférence-spectacle, Alice Zeniter se propose de questionner notre rapport aux histoires et à la façon dont elles sont fabriquées.
Des grands mythes anciens au « storytelling » politique d’aujourd’hui, Alice Zeniter s’interroge en tant qu’écrivaine, lectrice, citoyenne et femme sur le pouvoir de la fiction et la mise en récit continue du monde qui nous entoure.
Elle part de ce constat initial : depuis toujours, on nous apprend qu’une bonne histoire est généralement « l’histoire d’un mec qui fait des trucs et de préférence des trucs violents ».
De là, comment parler d’autre chose en fiction ? Quelle place accorder aux personnages féminins ? Et quelles voies imaginer pour déplacer les cadres du récit et laisser la place à d’autres représentations ?
Pendant 1h15, dans la salle Roland Topor du Théâtre du Rond-Point, Alice Zeniter explique autant qu’elle questionne, s’émeut, se confie, s’insurge.
Toujours drôle, toujours brillante.
Croisant aussi bien des références à Ursula Le Guin, Baptiste Morizot, Alice Bechdel qu’à Harry Potter, Game of Thrones ou Les Misérables, elle invite les spectateurices à examiner les récits qui nous ont créés pour mieux les déconstruire.
Qu’elle imagine Aristote en professeur – franchement rigide – d’une masterclass d’écriture ou qu’elle enlève chaussures et chaussettes pour exhiber ses orteils et appuyer une introduction à la sémiotique, elle déroule son sujet avec un enthousiasme contagieux. S’aidant, quand cela s’avère nécessaire, de schémas ou d’images projetés sur son tableau, elle partage avec nous des outils donnés par les sciences sociales pour ce travail de déconstruction.
Un spectacle manifeste pour une révolution du regard sur les récits qui dominent et invisibilisent, en même temps qu’une vraie déclaration d’amour à la fiction et à son pouvoir !
Constance Trautsolt
JE SUIS UNE FILLE SANS HISTOIRE
Au Théâtre du Rond-Point jusqu’au 29 mai
Seule en scène de et avec Alice Zeniter
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