La demande d’emploi au Studio-Théâtre : du concret à l’intime

La demande d’emploi de Michel Vinaver – Spectacle vu le 2 juin 2016
A l’affiche du Studio-Théâtre de la Comédie-Française jusqu’au 3 juillet 2016
Mise en scène : Gilles David
Avec Alain Lenglet, Clotilde de Bayser, Louis Arene, Anna Cervinka

 

« Cette pièce a été un travail au long cours, passionnant, pour trouver le mode d’emploi de cette Demande » –  Alain Lenglet

Dans cette pièce, écrite il y a près de 50 ans, composée de 30 bribes de conversation, le spectateur rencontre Fage/Alain Lenglet, cadre commercial quinquagénaire récemment « remercié » de sa société. Fage fait face aux échanges verbaux successifs avec deux de ses proches : Louise/Clotilde de Bayser -son épouse aimante et protectrice- et Nathalie/Anna Cervinka -leur fille de 16 ans, lycéenne contestataire. Ainsi qu’avec un troisième intervenant externe à la famille Wallace/Louis Arene, le recruteur du futur poste escompté –caricatural par son absence d’humanité.

Ce qui fait travailler notre plasticité neuronale est l’extraordinaire combat de fleuret mené par Fage pour exister, s’extirper de cette mort sociale annoncée en même temps qu’il gère les préoccupations de sa famille, notamment la présumée grossesse de Nathalie.
Le rythme des interjections permanentes entre les protagonistes sur mille sujets du quotidien est scandé par les multiples questions du recruteur visant à cerner la personnalité du potentiel candidat.

La mise en scène de Gilles David est précise, non-linéaire, pleine d’humour, avec parfois des airs de transe chamanique. Elle participe à ce processus d’explosion continue avec un texte écrit sans aucune ponctuation.
L’interprétation puissante et subtile des quatre comédiens nous tient en haleine. Fage, bel homme, attachant par les différents souvenirs partagés avec sa fille, fragilisé par sa peur de l’exclusion, est d’une grande dignité. Nathalie, adolescente spontanée, nous émeut par sa candeur et sa répartie. Wallace nous envoute par une perverse manipulation mentale et Louise révèle sa force de survie.
La Liberté individuelle est partie prenante de cette pièce qui renvoie à toutes les dimensions de son auteur vivant, Michel Vinaver –écrivain, homme d’entreprise, enseignant, père, etc… Chaque spectateur, face à sa propre fragmentation de vie professionnelle et privée, va co-écrire l’issue, fatale ou pas, de cette œuvre étonnante… Comme le dit Nathalie : « Tu me vois sur un seul plan, on vit sur plusieurs plans ».

Alors, pour imaginer votre propre fin, il ne vous reste qu’à vous rendre au Studio-Théâtre…

Magali Rosselo

0 réponses

Répondre

Se joindre à la discussion ?
Vous êtes libre de contribuer !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *