Le bonheur (n’est pas toujours drôle)

Trois films de R.W. Fassbinder sont adaptés au théâtre par Pierre Maillet sous un titre commun.
« Le bonheur » qui illumine le haut de la scène en lettres de néons roses, semble indiquer le nom de la fête foraine dans laquelle nous entrons dès l’ouverture des portes. L’animateur reçoit le public au son d’une musique pop’. La pièce inclut ses spectateurs et sur la scène, on entre chez Fassbinder, Allemagne années 70, 80. Le bonheur pourtant, ne sera pas toujours drôle sur la scène.

©Tristan Jeanne-Valès

Les trois pièces déroulent le même fil sur le pouvoir et la manipulation des classes supérieures au dépend des plus humbles, des plus vivants aussi. Malheureusement, il y aura des morts chez les vivants, trois ou quatre, tandis que les autres boivent le champagne, brillent sous les feux des projecteurs. D’entraide, il n’y a plus, de laideur beaucoup. Le corps sans vie du jeune Fox dépouillé de ses fringues, abandonné au milieu des détritus. Non, ce n’est pas toujours drôle. Il faut une mise en scène pleine de punch et un peu rock’n roll qui déborde par moment dans le public, pour nous faire sentir cette société à plusieurs couches. Les personnages défilent, hauts en couleur, piliers de bar, nus dans les bains douches, chanteuse pin’up tignasse rousse et bas résilles, et tant d’autres figures interprétés par 10 acteurs qui changent de peau sans cesse, créant ainsi une photographie d’époque.

©Tristan Jeanne-Valès

Tout ce petit monde constitue le dynamisme de la pièce, ponctuées des scènes cocasses, drôles même dans l’humour noir. Les acteurs qui interprètent Fox, Maman Küsters, et Ali, tous trois jouets d’une société décadente, sont remarquables.
Trois pièces réunies en un même spectacle, c’est tout de même ambitieux, mais cela vaut la peine de s’accrocher pour la vivacité de la représentation et sa belle équipe de comédiens.

Laure Montardy

 

LE BONHEUR (N’EST PAS TOUJOURS DRÔLE)
Au Monfort Théâtre jusqu’au 11 juin
Trois scénarios de Rainer Werner Fassbinder
Le droit du plus fort / Tous les autres s’appellent Ali / Maman Küsters s’en va au ciel
Adaptation et mise en scène Pierre Maillet
Avec Arthur Amard, Valentin Clerc, Alicia Devidal, Luca Fiorello, Pierre Maillet, Marilu Marini, Thomas Nicolle, Simon Terrenoire, Elsa Verdon, Rachid Zanouda
 

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