Les larmes amères de Petra Von Kant

Beaucoup d’hystérie, très peu d’émotion…

Vu le 12 mars 2015
Actuellement au Théâtre de l’Oeuvre
Mise en scène : Thierry de Perretti

 

Copyright : Huma Rosentalski

 

Comment réduire une pièce sur une passion dévorante et destructrice à une banale histoire de sexe ? Thierry de Peretti y parvient à merveille, laissant le spectateur sur sa faim.

Je n’aurais probablement pas eu l’idée d’aller voir “Les larmes amères de Petra Von Kant” si je ne l’avais pas montée l’année dernière dans le cadre de mes activités “extra-professionnelles”…
Je la connais bien cette histoire entre Petra, créatrice de mode mondialement connue, et Karine, la jeune fille qu’elle décide de prendre sous son aile par amour. Un amour né d’un véritable coup de foudre. Un seul regard de Petra sur Karine suffit à la rendre totalement esclave de cette dernière. Je pense que c’est ce qu’a voulu raconter Fassbinder. C’est d’ailleurs ce que l’on voyait dans son film sorti en 1972.

De cette période seventies, Peretti a reproduit un décor et des costumes mi-kitsch, mi-hippies.
Mais du texte il n’a pas su tirer la “substantifique moelle”. Il est passé totalement à côté de ce coup de foudre dont je parlais. A côté de ce premier regard, celui qui vous fait battre le cœur, de la tête jusque dans l’estomac. Ce regard qui vous embarque dans une histoire d’amour à mort.
Le metteur en scène a préféré mettre le paquet sur quelques scènes sulfureuses entre Petra et Karine. Poussant le vice jusqu’à inclure Marlène dans une sorte de ménage à trois. Quelle erreur d’interprétation de la pièce! Car Marlène est aussi folle d’amour pour Petra que Petra est folle d’amour pour Karine.
Mais comme aucune émotion ne se dégage jamais, on ne croit ni à l’une ni à l’autre de ces deux histoires d’amour. Et cette fois-ci c’est nous, spectateurs, qui passons à côté…

Valéria Bruni Tedeschi campe une Petra totalement hystérique qui devient lassante à force de hurler durant les deux heures que dure la pièce. Aucune nuance dans son jeu -sans doute la faute du metteur en scène, une fois encore. Il la réduit à une quadra fumant, embrassant goulûment Karine, hurlant, vidant verre sur verre et bouteille sur bouteille… Elle se saoûle,  et le public avec…

Pour une fois, j’aurais du mal à vous donner trois raisons d’aller voir cette très mauvaise mise en scène  

 

ELECTRONIC KIT PRESS

 

1 réponse
  1. Gérard Savoisien
    Gérard Savoisien dit :

    D’accord avec vous et merci pour cet article sans concession. Il semble qu’en ce moment il y ait une mode : rejeter au loin l’émotion, garder une distance, de peur de tomber dans le mélo. Le problème est que le spectateur, lui, attend de l’émotion ( de “movere” bouger), à savoir du mouvement tant dans son cœur que dans sa tête. Quelques metteurs en scène n’ont toujours pas compris qu’il devait mettre en scène l’œuvre et non leurs propres fantasmes. Surtout quand par exemple il s’agit de Fassbinder, excellent dramaturge.
    Mais rassurons-nous, le propre d’une mode est de se démoder. Cela passera. En attendant, hélas ! tout un public est passé à côté de ces “larmes amères”. Ne soyons donc pas amers, nous-mêmes. le théâtre et les chefs-d’oeuvre en ont vu d’autres !
    Bien cordialement

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