Revue de presse 29 mars : Le Pas Grand Chose, Vera, Timon d’Athènes

Le Pas Grand Chose @ Joanne Azoubel

1. Au Théâtre Monfort, Le Pas Grand Chose, les vertiges pataphysiques de Johann Le Guillerm :

” Sur quelle planète vit Johann Le Guillerm ? La sienne, assurément, comme tout artiste digne de ce nom. Sur cet astre-là, les lois communes n’ont plus cours… Le monde leguillermien est devenu tellement riche, qu’il fallait bien un nouveau spectacle pour faire le point. Le voilà : il s’appelle « Le pas grand chose », il est absolument réjouissant. Le Monde

“Captivant. Il joue sur les mots, sur les codes, mêle Raymond Devos au professeur Nimbus sans jamais se départir de son sérieux ou chercher la complicité avec son public. C’est vertigineux. C’est décalé, insolite, absurde, complétement imprévisible, mais construit avec une logique désarmante. Le Figaro

“Introduction à une pensée des plus singulières, la pièce invite à réinventer le monde à partir de presque rien. Et il le fait bien. Derrière une carriole-établi de son cru avec caméras, lampes articulées et tiroirs multiples, Johann Le Guillerm s’empare du genre bien connu de la conférence théâtrale. Il relève [le défi] en donnant à son exposé une forme aussi hybride que sa pensée. Dans « Le Pas Grand Chose », le point ne marque pas la fin d’une histoire : il rebat les cartes d’ « Attraction » et en ouvre un nouveau chapitre, tout aussi étonnant et poétique que les autres. La Terrasse

“Le travail artistique de Johann Le Guillerm tisse une toile complexe autour d’un projet global (Attraction) recoupant plusieurs entités qu’il appelle « des monstrations ». Un spectacle sur piste, des outils d’observation, des sculptures et performances et un spectacle-conférence : Le « Pas Grand Chose ». Une conférence hallucinée – pour ne pas dire hallucinante – qui participe à renouveler les codes du cirque contemporain avec humour et de nombreuses expériences scientifiques. Time Out

“Le sujet est ardu, les termes employés parfois savants du registre scientifique, la voix monocorde et le visage impassible. On comprend que ce sera douloureux ! Les explications sont très longues, tout est disséqué, les expériences sont menées en temps réel et parfois ratées et /ou décevantes. Et l’absurde éclate aussi sûrement que les éclats de rire du public. Car c’est hilarant. Ce curieux mélange déroutant est plein d’humour froid et salvateur. Son sens de l’absurde est délectable. Son personnage est loufoque d’austérité ! Un fauteuil pour l’orchestre

 

Vera, affiche Abbesses

2. Aux Abbesses, Vera, une comédie grinçante de portée par une fantastique Karin Viard :

“Karin Viard, époustouflante et irrésistible. Si l’on rit deux heures durant, il y a une grande mélancolie dans ce spectacle. On passe par les douleurs de vivre, les questions sans réponse. Très bien entourée, Karin Viard donne une dimension tragique à sa Vera. Elle est d’une vérité confondante. C’est la Maillan pour la puissance comique, c’est une Casarès jouant un drame pour la puissance émotionnelle. Une des plus belles interprètes de sa génération. Le Figaro

“Découpée et rythmée au couteau, la comédie – énergiquement mise en scène – enchaîne les séquences comme pour un film. Vera y tombe de solitude en solitude, professionnelle, familiale, personnelle… Dans ce rôle terrifiant, Karin Viard est exceptionnelle de vitalité ébréchée. Télérama Sortir

“Ce conte, narrant la grandeur et la décadence d’une petite Tchèque sans provisions, est ouvertement « théâtralisé » par le duo Vigier/Di Fonzo Bo : les tableaux s’enchaînent dans un tourbillon échevelé… On regarde sans ennui les prouesses de la scéno’, et des comédiens… on suit le fil plaisant d’une pièce qui n’est pas déplaisante ; certaines images sont de vraies trouvailles ; souvent, toutefois, tant de vibrionnage crispe un peu… Il est peu de dire que la pièce doit tout entière sa réussite à ses acteurs, et surtout à ses actrices. Helena Noguerra compose une galerie de personnages féminins redoutables. Karin Viard incarne Vera avec la gourmandise et la férocité qu’on lui connaît. Vera présente donc, grâce à Karin Viard, un magnifique portrait de femme. Un fauteuil pour l’orchestre

“Grandeur, décadence… et humour ! Une comédie grinçante parfaitement maîtrisée. L’efficacité de la comédie tient également à son rythme. L’enchaînement des scènes se fait à la manière de plans cinématographiques. L’omniprésence de la vidéo confirme cette esthétique, laissant penser que le travail du dramaturge est empreint de son expérience de réalisateur. Plus la pièce avance, plus l’intrigue se condense. Les intermèdes chantés ponctuent les changements de décor en même temps qu’ils provoquent un décalage comique. On ne s’ennuie pas une seconde pendant les deux heures que dure la pièce. Les Trois Coups

“L’écriture de Petr Zelenka lorgne vers celle de Fassbinder, sans la même saveur. C’est une comédie chic, avec parfois des bons mots un peu faciles. On sourit, on se demande si on ne s’est pas trompé de salle… Et puis la profondeur ressurgit dans la deuxième partie du spectacle. La mise en scène d’Elise Vigier et de Marcial Di Fonzo et le talent de Karin Viard retournent la situation. On assiste à la déchéance de Véra. Contraste saisissant. Karin Viard se transforme. La comédienne se donne à 200% sur le plateau. Et avec cette troupe bondissante, elle parvient à effacer les quelques faiblesses du texte. Scene Web

“Histoire séduisante sur le papier, mais qui tourne bien mal sur scène. Certes, le sujet était fait pour Karine Viard. Elle se démène comme elle peut pour donner vie, chair, âme et souffrance à son personnage, au point parfois d’en faire des tonnes. Mais la pauvreté du scénario, l’invasion des clichés, l’excès des facilités formelles transforment cette histoire en farce d’un goût douteux. Résultat : tout le monde descend aux enfers avec Karine Viard, y compris ceux qui sont venus assister à ce spectacle tape à l’œil. Marianne

 

Timon d'Athènes, affiche + Patrick Catalifo

3. À La Tempête, Timon d’Athènes : une occasion de découvrir cette pièce peu jouée, aux résonances actuelles :

“Entre crise financière, crise des institutions et crise morale, le texte de Shakespeare résonne parfois jusqu’au rire jaune. Le jeu des comédiens est à la hauteur du défi, et Patrick Catalifo, en Timon, est impeccable dans ses excès de naïveté joyeuse comme de violence. On regrette les transitions dansées et la partition jazz un peu criarde du début de la pièce, qui heureusement se fond ensuite dans la mise en scène sobre et ingénieuse de Cyril le Grix. La Vie

“Le propos de Shakespeare est plus amer que jamais dans cette tragédie, aucune illusion, aucun pardon. La mise en scène joue avec efficacité sur le vide d’une humanité vraie, accentué par le flot des paroles.  Le plateau est immense, inhabité… les personnages y virevoltent, flatteurs ou agressifs. Le mouvement est incessant, scandé par les stridences de la trompette et du saxo, rythmé par le lancinant staccato des percussions. Emouvant Patrick Catalifo-Timon, aussi vibrant dans le sourire des jours heureux que dans l’imprécation du désert. L’ensemble de la troupe imprime un rythme asphyxiant à une folie collective. Et chaque témoin de ces déchirements quitte le lieu, renvoyé sans pitié à la désespérance du non-amour et à l’impossibilité de la générosité. Spectacles Sélection

“Excellent. Points forts : la beauté et l’intelligence de ce texte peu connu, montrant l’aveuglement d’un homme qui bascule d’une générosité béate à une misanthropie extrême. Des comédiens caméléons qui incarnent à eux seuls tout un peuple. Le décor est grandiose, un groupe de jazz ajoute une atmosphère urbaine à la pièce. Une pièce peu connue de Shakespeare, à découvrir dans cette mise en scène puissante, et bien interprétée. Culture Tops

“Dénonciation d’une société patriarcale mue par l’esprit de lucre et le mensonge. Le moins que l’on puisse dire est que Patrick Catalifo sait exploiter les ressources du texte lui-même. Il est un comédien shakespearien. Il est puissamment aidé par la mise en scène de Cyril le Grix. La pièce de Shakespeare n’a rien perdu de son allant et le public ovationne. La Revue du spectacle

” On a un peu l’impression d’assister à une œuvre didactique et presque édifiante de Brecht… L’émotion est absente. L’intelligence en berne. Une pièce, en tout cas, rarement montée et qu’on a, là, l’occasion de découvrir. C’est déjà beaucoup. Le Figaro

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