L’Oiseau bleu : Rêver et rire.
Petite leçon de liberté que ce conte de Maeterlinck pour les enfants émerveillés par le jeu très expressif des deux comédiennes que sont Fiona Levy et Cécile Coves.
L’Oiseau bleu rappelle aux enfants qu’en rêvant, on peut s’évader et inventer tout un monde, à cueillir parfois tout près de chez soi, à la recherche d’une perle, en l’occurrence un oiseau bleu, un oiseau rare. Cependant, on pourra quand même s’interroger sur la morale de l’histoire, puisque ce fameux oiseau bleu finira ses jours dans une cage, ce qui s’oppose à toute idée de liberté, et d’ailleurs, un de ses congénères n’aura pas supporté l’enfermement et aura préféré déserter la vie.
Mais là n’est pas vraiment la question, la grande réussite de ce spectacle n’est pas le texte de Maeterlinck, mais les trouvailles de jeux et de mise en scène sans cesse renouvelées, avec des moyens de peu, où beaucoup est suggéré faisant appel au don d’imagination des enfants qui s’engouffrent très vite dans l’effort inconscient auquel ce spectacle les invite.
La magie est au rendez-vous. Des arbres s’animent à travers les corps. D’un parapluie découle une forêt. Des dialogues de bêtes (qui pourraient rappeler ceux de Colette, il faut dire que ces deux-là, Maeterlinck et Colette, écrivent à la même époque) ponctuent l’ensemble par l’entremise d’une chatte et d’un chien qui accompagnent leur maîtresse Tyltyl dans cette aventure onirique. Un pain d’épice couard se déplace comme un culbuto. Autant de trouvailles qui ravissent petits et grands.
Les comédiennes endossent tour à tour tous les rôles, sans transition, avec un naturel sans fractures et les enfants rebondissent d’un personnage à un autre sans jamais se perdre.
Ce qui est certain, c’est que la magie du spectacle opère de bout en bout et embarque les enfants dès les premières minutes, dès 4 ans, voire même plus tôt, dans ce récit qui se veut finalement transgressif et qui renvoie les jeunes spectateurs à leur limite et à leur peur.
« On l’ouvre la porte ? » dira la fée. Et à un petit spectateur de répondre avec détermination « Non, on l’ouvre pas ! » Et pourtant, elle sera ouverte cette porte…
Peut-être qu’avant 4 ans, le spectacle peut faire un peu peur, mais la bienveillance des comédiennes et leur symbiose avec le public ne laisse personne à la traîne et même les plus petits sont repêchés au gré de l’histoire qui se déroule sous leurs yeux ébahis et leurs rires de bon cœur.
Parents ! Courrez voir L’Oiseau bleu avec vos enfants.
Isabelle Buisson
L’OISEAU BLEU
Au Théâtre Les Déchargeurs jusqu’au 15 décembre
Par les Compagnies Camélia et Poupées Russes
Un conte d’après l’œuvre de Maurice Maeterlinck
Adaptation Lucie Contet et Cécile Coves
Mise en scène Salomé Elhadad Ramon
Avec Cécile Coves et Fiona Lévy
Lumières Eliah Ramon
Décors, costumes Cie Poupées Russes et Cie Camélia
Crédit / photos du spectacle Jean Achard
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