Revue de presse du 28 décembre : Letter to a man, Terabak de Kiev et C’est noël tant pis
1. Letter to a man, l’un des derniers spectacles en date de Robert Wilson interprété par Mikhaïl Baryshnikov à découvrir à l’Espace Pierre Cardin jusqu’au 21 janvier :
– “Robert Wilson y retrouve Mikhaïl Barychnikov, et avec lui sa veine russe, qui lui réussit particulièrement et avait donné lieu, en 2013, à un véritable chef-d’œuvre, The Old Woman, inspiré par des textes de l’auteur Daniil Kharms. Letter to a Man est en quelque sorte le petit frère de cette « vieille dame » : un spectacle plus modeste, mais où Wilson déploie tous ses sortilèges pour dire la folie d’un homme, et pas n’importe lequel : le danseur Vaslav Nijinski.” – Le Monde
– “Comme dans un film muet, Baryshnikov maquillé à outrance, mime les mots chaotiques de la star des Ballets russes. Pour cela, il fallait absolument un interprète charismatique, pari réussi pour l’étoile russe de 68 ans qui, seule sur scène, incarne Vaslav Nijinski en pleine descente aux enfers. Il y dévoile un talent théâtral plein d’humour qui s’allie naturellement à son expressivité corporelle.” – Toute laCulture
– “L’ensemble, qui, de sucroît, pâtit de longs noirs lors des mises en place des éléments de décor, ne parvient pas à convaincre tout en produisant de belles images et comportant d’inattendues fulgurances liées au “bon mauvais goût” décalé de Robet Wilson.” – Froggy’s Delight
– “T Magnifique danseur, Mikhaïl Baryshnikov n’est pas comédien. Sous son visage blanc de clown beckettien, son interprétation dégage peu d’émotion. Eclaté en images violemment stylisées de bleu, noir ou blanc et en sons où se conjuguent le russe et l’anglais, le spectacle flirte certes avec élégance entre cirque et cabaret. Les séquences visuelles s’y enchaînent à une vitesse hallucinante et les mots se répètent dans une hystérie chic, façon Gertrude Stein… C’est fulgurant, virtuose et vain.” – Telerama Sortir
– “Pour donner à voir l’angoisse qui ronge le danseur, ses paroles sont répétées plusieurs fois, en russe, en anglais. Le précipice n’est pas loin. Baryshnikov endosse les rôles avec une agilité incroyable : face à un vitrail comme en prière, assis tête renversée, coursant les « cocottes » sur un boulevard parisien. Dans la plus belle scène, Misha est face à une projection d’une immensité de glace. De petites silhouettes apparaissent et disparaissent tandis que le danseur lentement gagne l’écran. Il semble à son tour avalé par cette surface. Le temps est alors suspendu.” – Les Echos
– “Robert Wilson a traduit en image les rêves tourmentés de Nijinski. La grande chorégraphe Lucinda Childs (que l’on entend en voix off) hante également ce spectacle totalement magique. Mikhail Baryshnikov est aérien et lumineux. Il amène de l’espièglerie en nous gratifiant de petits pas légers. L’hommage d’un grand danseur à un autre grand danseur.” – SceneWeb
– “Dans l’écrin stylisé que constitue l’univers de Robert Wilson, Mikhail Baryshnikov déclare donner corps à un « théâtre physique », qui passe par quelques mouvements de danse. Un théâtre qui, comme dans toutes les créations du metteur en scène américain, allie radicalité et onirisme, burlesque et poésie, pour nous transporter dans un univers d’une puissance esthétique unique.” – La Terrasse
– “Élégant, d’une précision désarmante, le danseur de 68 ans est, comme Nijinski, la légèreté même, la souplesse incarnée. Aérien, il effleure le sol et la moindre esquisse suffit à dessiner le geste.” – Les5pièces
– “Ce n’est pas l’âge qui importe, mais ce que l’on danse.” – Mikhaïl Baryshnikov L’Obs
2. Le cabaret annuel du Monfort vient tout droit d’Ukraine : Le Terabak de Kiev mis en scène par Stéphane Ricordel avec la complicité des Dakh Daughters enchante la critique :
– “Décidément, le Monfort Théâtre est bien un des endroits les plus fréquentables pour passer cette période dite « des fêtes de fin d’année » en échappant aux (presque) inévitables guimauves dégoulinantes et autres paillettes bling-bling. Stéphane Ricordel, le patron du lieu parisien, a concocté un cabaret chaleureux et doucement déjanté où se sentent aussi bien les adultes que les enfants et même – miracle – les adolescents.” – Le Monde
– “TT Aux côtés de Benoît Charpe, vertigineux trampoliniste sur monocycle, se distinguent notamment Josefina Castro Pereyra et Daniel Ortiz dans un duo sensuel au cadre aérien, Oscar Nova de la Fuente dans un stupéfiant numéro de sangles en cul-de-jatte, et l’irrésistible Matias Pilet, enchaînant les acrobaties les plus improbables dans un exceptionnel numéro à la Buster Keaton. Bel esprit pour une soirée qui en étonnera plus d’un !” – Télérama Sortir
– “Ce cabaret sous chapiteau est un inventaire à la Prévert pour ses numéros et sa poésie, son décalage permanent où de jeunes artistes déploient leur art avec autant d’humour que de talent. Surtout ils représentent cette insolence d’un cabaret ragaillardi par des inventions, des trouvailles qui vous mettent plein de ho et de ha dans les mirettes et tout ça sans paillette ni poudre de perlimpinpin. Un côté brut de coffre et sans façon, sans chichi ni tralala mais une énergie communicative et abrasive.” – Un Fauteuil pour l’orchestre
– “Ce sont les Dakh Daughters qui sont les Monsieur Loyal. Multi-instrumentistes usant des techniques vocales insoumises des chanteuses traditionnelles ukrainiennes, elles accompagnent les circassiens de leur musique métissée et mâtinée de punk. Création et partage militant caractérisent le travail de cette compagnie sachant ce que lutter veut dire.” – Les Trois Coups
– “Une heure trente bien servie d’un méli-mélo pensé par Stéphane Ricordel, maître de céans et ci-devant metteur en scène, comme un «clin d’œil en mémoire des cabarets qui enchantèrent les nuits parisiennes des années 40 au tournant des années 80». Mêlant cirque, musique et magie, le propos s’articule autour des Dakh Daughters, six Ukrainiennes formées au Conservatoire de Kiev, ayant viré leur cuti pour défourailler une sorte d’ethno-punk calorifère qui ne manque pas de sympathisants en France (festivals d’Avignon, des Vieilles Charrues, du Standard idéal…) depuis leurs débuts en 2013, précisément au Monfort.” – Liberation
– “La mise en scène est dynamique, favorise l’humour potache et les téléscopages de numéros, l’ambiance est manifestement très bonne dans les coulisses du chapiteau, et on sent comme un esprit de famille présider aux destinées de la petite troupe réunie pour l’occasion. Rien d’intello, mais rien de sordide ni de putassier: un bel exercice d’équilibre pour trouver l’endroit juste du spectacle populaire mais pas racoleur.” – Toute la Culture
– “Les Dakh Daughters sont très cabarétiques !” – Stéphane Ricordel pour La Terrasse
3 – Reprise au Rond-Point de C’est noël tant pis, un spectacle de Pierre Notte qui jouera les prolongations à la Comédie des Champs-Elysées, succès oblige :
– “Pierre Notte malmène “l’esprit de Noël” dans cette farce à la fois hilarante et tragique, où l’humour noir le dispute au désespoir. L’auteur-metteur en scène nous a habitués à ses comédies de moeurs drolatiques ponctuées de petites chansons à la Demy (il y en a aussi ici… mais pas des « Christmas carols »). Dans ce nouvel opus, il y a plus d’épure, plus de gravité aussi. La famille crucifiée dans “C’est Noël, tant pis” souffre d’une névrose au fond très ordinaire, qui remue profondément le spectateur.” – Les Echos
– “TT Notte cultive avec modernité un ton à la Michel Audiard à faire hurler de rire. Mais il ne fait pas que ça. A l’écoute des chansons que sa troupe d’acteurs fétiches (Silvie Laguna, Brice Hillairet, Bernard Alane, Chloé Olivères) chante en chœur, on se croirait chez Marguerite Duras. Notte réinvente le conflit de générations comme jamais, en y glissant avec tendresse le fantôme d’une petite grand-mère.” – Télérama Sortir
– “La mise en scène très codifiée et rythmée de Pierre Notte, portée par une interprétation au diapason, accompagne avec fluidité cette embardée explosive et drolatique. Le tout agrémenté de trois chansons qui viennent, comme dans toute comédie musicale détournée qui se respecte, suspendre le moment fatidique.” – Publik’Art
– “De pièce en pièce, Notte construit une œuvre qui semble rire de tout, qui fait en effet beaucoup rire mais, dans le même temps, saisit les douleurs de l’enfance et de l’âge adulte et propose à l’humanité de s’en sortir par une compréhension amusée. C’est un grand message qui ne peut se lire qu’à travers les lignes, car Notte ne professe rien, il joue, il jongle, il crée des querelles qu’il arbitre par des chansons rythmées et inspirées.” – WebTheatre
– “Avec l’humour mordant qu’on lui connaît, Pierre Notte prend un malin plaisir à faire exploser le nuage toxique de fausse jovialité qui plane au-dessus du sapin, sans pour autant tomber dans les clichés de la sempiternelle tragi-comédie familiale. Derrière cette succession de gags un peu potaches, chacun dévoile à sa façon un regard impitoyable sur ce que signifie « être en famille », et le tableau se révèle (souvent) beaucoup plus sombre qu’il n’y paraît.” – Les5pieces
– “Une scénographie astucieuse de Natacha Le Guen de Kerneizon qui transforme le sapin en table de Noël, des lumières de Marc Torrente qui installent une ambiance intimiste, des costumes réussis de Colombe Lauriot Prévost, des acteurs tous excellents : tous les ingrédients sont réunis pour donner à “C’est Noël tant pis” des allures de comédie amère où les rires font table commune avec les larmes. Une histoire profondément humaine d’amour mal exprimé.” – Froggy’sDelight
– “La pièce alterne le réalisme, l’absurdité et la rêverie. Mais avec ces situations acides et décalées on aurait aimé un peu plus de nerf et de ruptures dans le jeu pour marquer les différents états dans lesquels passent les personnages. Tout est joué avec brio mais sur le même tempo.La répétition de certaines scènes ralentit considérablement l’ensemble. On a envie par moment que les comédiens brisent la glace pour accompagner cette composition familiale tourbillonnante et bouillonnante.” – SceneWeb
– “J’espère que le rire sera salvateur au cœur de cette tragédie noire.” – Pierre Notte pour La Terrasse
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