Revue de presse 28 mars : Un mois à la campagne, The Prisoner, La Ménagerie de verre

@ Michel Corbou

1. Alain Françon charme en délicatesse avec Un mois à la campagne de Tourgueniev au Déjazet :

“La comédie pourrait n’être que bourgeoise, si Tourgueniev n’avait l’art de fouir au plus profond des zones obscures du cerveau, des sentiments et de la raison, pour en ramener à la lumière les sentiments les plus secrets… Si, aussi, la mise en scène et la direction d’acteurs d’Alain Françon ne s’avéraient d’une telle finesse, d’une telle justesse. Voire – sans rien édulcorer de la dureté, parfois, du propos – d’une si troublante délicatesse. Dans une irrépressible montée en tension, la distribution, portée par la traduction vivante de Michel Vinaver, fait corps avec les mots, avec la langue, comme s’ils nous faisaient entrer dans la tête des personnages, au fil des pensées qui se construisent et s’affaissent en direct. La Croix

“Imposante, cette mise en scène picturale donne vie et acuité à la pièce d’Ivan Tourgueniev. Au centre d’une distribution de haut vol, Anouk Grinberg fait vibrer toute la beauté de son art. Ce qu’elle accomplit dans le rôle de Natalia Petrovna est magistral. Pour compléter sa distribution, Alain Françon a réuni des interprètes eux aussi remarquables. Ils donnent corps à la matière rayonnante de ce spectacle vif et délicat, aiguisé et spirituel. Rien n’est jamais superflu ou forcé dans ce travail d’orfèvre. La justesse, l’ampleur, la nécessité s’imposent ici en tout. La Terrasse

“Alain Françon met en scène “Un mois à la campagne” avec son doigté et sa finesse habituelle. Tout se fait par touches délicates, par nuances, par allusions, par non-dits. Dans un décor fait de grandes parois aux teintes pastel, les personnages sont à l’image de leurs costumes, d’un charme désuet mais intact. Anouk Grinberg campe une Natalia plus vraie que nature, rappelant ainsi qu’elle est l’une des actrices les plus brillantes de sa génération, malgré ses trop rares apparitions sur scène. En séducteur frustré, Micha Lescot est digne d’un Don Juan touché par l’échec. Tous les autres acteurs brillent de mille feux grâce à la patte magique d’Alain Françon. Marianne

TT L’œuvre du dramaturge russe est magnifiée par la mise en scène délicate d’Alain Françon. Alain Françon a monté avec délicatesse et cruauté confondues cette histoire banale et terrible de sentiments avortés. Comme les costumes, les décors de Jacques Gabel sont modernes et d’époque, vifs et anciens. Anouk Grinberg est fascinante en mère de famille en proie au coup de foudre. Micha Lescot distille toujours son élégance insaisissable et poignante. Tous les acteurs accompagnent superbement le couple frustré. Au milieu de cette campagne où le temps passe d’ordinaire si lentement, mais où il vibre ici avec tant d’électricité. Télérama

“Plus qu’un personnage, c’est l’analyse d’un sentiment à l’œuvre qui est au cœur de la pièce. Anouk Grinberg est exceptionnelle dans le rôle de Natalia Petrovna. Micha Lescot tout en subtilité, donne à voir le bouleversement intérieur du personnage derrière la façade. Dans un beau décor, à peine dessiné, de Jacques Gabel, la mise en scène d’Alain Françon est toute de légèreté, de transparences, relevée d’un léger voile d’humour qui souligne la vanité de toute cette agitation. Webthéâtre

 

2. Aux Bouffes du Nord, la nouvelle création de Peter Brook, The Prisoner, envoûte ou égare, mais sa remarquable interprétation fait l’unanimité :

“Cela ressemble à un conte oriental ou africain. Et comme souvent dans les contes, ça va loin. Les acteurs se glissent comme des chats dans la grâce délicate, l’humour en loucedé et l’évidence des gestes simples du mouvement brookien. Déployant les atours de sa fondatrice convention, le théâtre est là, devant nous, perpétuellement naissant. Comment ne pas lui en être reconnaissant ? Mediapart

TT Etrange texte, que cinq acteurs portent avec une rare douceur, sans cri et sans colère. Etrange parabole, dont les énigmes restent intactes. Peut-être faut-il ne pas chercher de réponses là où il n’y a que des questions, s’accommoder de l’irrésolution et accepter le doute en soi. Si telle est la leçon de Peter Brook, alors il a atteint son but. Télérama Sortir

“L’argument est mince et la fable, obscure. Menée avec lenteur et précision, elle soulève plus d’interrogations qu’elle n’ouvre de chemins. Sur ce fil ténu et court, les acteurs de Brook avancent en funambules sereins, dont chaque pas, chaque geste, chaque mot est empreint d’une densité calme et riche. Dans un anglais limpide, ils donnent vie à ce conte que magnifient les éclairages chaleureux de Philippe Vialatte et l’éternel décor de pierre rouge vieillie des Bouffes du Nord, agrémentée de quelques branches mortes et torsadées. Si l’inspiration laisse le spectateur sur sa faim, l’exécution, simple et puissante, soulève l’admiration. L’Echarpe rouge / L’Express.fr

“À 92 ans, le maître mondial de la mise en scène revient dans son beau théâtre des Bouffes du Nord pour raconter l’histoire d’un meurtrier, condamné à vivre mentalement son sentiment d’emprisonnement. Les jeunes acteurs, la scénographie magique, tout invite au rêve, à la réflexion et à la spiritualité. Un moment de partage intense, de rêverie et de sagesse. Artistik Rezo

“Entre conte et haïku théâtral. Les acteurs, lumineux, ont tous une présence d’une grande intensité, un jeu très physique, des corps déliés, souples, entre animalité et pur esprit. Peter Brook creuse toujours plus subtilement le sillon de l’épure dans une sorte de méditation philosophique et poétique qui tel un haïku théâtral est toujours plus économe de moyens pour délivrer plus de sens. Webthéâtre

 

3. Au Monfort, une Ménagerie de verre, toute en transparences :

“Une très belle Ménagerie de verre, où se croisent beauté scénographique, intelligence scénique et excellence du jeu. On se dit que les partitions écrites par Tennessee Williams font le régal de ces acteurs, mais aussi que Daniel Jeanneteau a su admirablement bien les diriger. Les personnages sont mouvants, surprenants. Et terriblement humains. Une grande réussite. La Terrasse

“Une version ouatée et envoûtante. Daniel Jeanneteau sait donner une dimension de songe éveillé à ces souvenirs fondateurs de l’auteur, cette mémoire familiale et primitive qui si souvent taraude, lamine, abîme. A moins qu’on en fasse de l’art. Comme Tennessee Williams, auteur compulsif déchiré entre ciel et enfer, Christ et diable, chair et esprit. L’écriture fut son antidépresseur sublime. Le théâtre peut l’être aussi. Télérama Sortir

“Dans le rôle de Laura, Solène Arbel est d’une étrangeté absolue. Elle évite tous les pièges du rôle en faisant montre d’un art du presque rien, en laissant poindre à peine un affleurement de ses tensions intérieures. Olivier Werner dans le rôle de Tom et Pierre Plathier dans celui de Jim sont, eux aussi, on ne peut plus justes. Balagan / Mediapart.fr

“Une mise en scène éthérée. De la beauté, il y en a, dans ce spectacle. Une beauté pure et transparente, mais elle emprisonne Tennessee Williams… Le Monde

“Dominique Reymond, en tête de distribution, éclaire ce huis clos familial. Son jeu dramatique et parfois drôle donne de l’épaisseur à une mise en scène trop lisse. Le beau décor contraste avec la violence du ressenti des personnages. La mise en scène va bien dans ce décor : sobre, soigneuse, mais aussi trop lisse. Ce sentiment nous habite au sortir du spectacle : une histoire dramatique qui a perdu sa dimension tragique de l’abandon au profit d’un environnement rassurant. Sceneweb

Revue de presse 7 mars : Poussière, Art, Macbeth

1. À la Comédie-Française, la nouvelle création de Lars Noren, Poussière, symphonie funèbre et envoûtante :

“Le dramaturge suédois revient en force avec cette pièce chorale envoûtante, admirablement interprétée par la troupe du Français, où les souvenirs, l’absence et la présence s’entremêlent. Télérama

“Cette pièce est remarquable (sans emphase), à plus d’un titre. Magistralement interprétée. Tout est d’une grande délicatesse. Le Monde

“Une majestueuse chorégraphie macabre.
La poussière, c’est celle qui nous attend, celle que nous allons devenir… On assiste, médusé, à une danse verbale au bord d’un volcan. Chacun écrit sa partition à la diable, comme un cri de désespoir lancé à la face du monde. Les corps bougent à peine, les phrases sont brèves, les formules ciselées ou assénées, c’est selon. Grâce à une scénographie réglée jusque dans le moindre détail, Poussière devient une chorégraphie d’un noir absolu en même temps qu’un hymne à la vie, celle qui fuit entre les doigts, tel le sable de la plage, si proche de la poussière finale.
Marianne

“Une musique de mort désenchantée, magnifiquement interprétée par la troupe de la Comédie-Française. La lumière vient de la splendide troupe de la Comédie-Française qui joue cette partition difficile, écrite pour eux par le dramaturge suédois, en totale communion. Sans jamais se mettre en avant, chaque membre de la troupe réussit à exprimer sa singularité, donnant plus que jamais du sens à la devise de la Comédie-Française : simul et singulis (être ensemble et être soi-même). La Terrasse

“La mise en scène pointilliste met en évidence l’excellence des acteurs. Avec une brochette de sociétaires et de pensionnaires pas de prime jeunesse, certes, mais de haute volée. La mise en place est un peu laborieuse mais un mouvement choral finit par s’enclencher et, à mesure que la pièce avance, une sorte de fascination s’installe pour ce cortège expressionniste de figures tragi-comiques. Rue du théâtre

 

2. Le retour d’Art, dans la mise en scène d’origine : le plaisir est toujours à l’affiche, avec trois comédiens formidables :

“Un formidable trio pour servir la pièce de Yasmina Reza. Charles Berling, Jean-Pierre Darroussin et Alain Fromager ne sont pas seulement tous les trois formidables : ils jouent ensemble comme on le voit rarement au théâtre, formant un trio qui recadre la pièce de manière plus subtile et complexe qu’à sa création. Alors, bien qu’elle soit comme à l’origine mise en scène par Patrice Kerbrat, on la redécouvre, cette pièce, qui est l’œuvre dramatique française contemporaine la plus jouée dans le monde : moins spectaculaire, plus humaine, avec sa mélancolie qui affleure sous le masque du théâtre de boulevard. Le Monde

“Avec une infinie élégance, Yasmina Reza arrime l’essentiel au futile… Quelle étrange chose que le théâtre. Alors que tout est là pour que le public passe une soirée parfaite, le spectacle peine à atteindre les sommets auxquels il se destine. Trop de sérieux, encore, dans le jeu des acteurs, qui, bien qu’excellents, n’ont pas encore franchi ce seuil, infime, où l’humain, et lui seul, fait la loi sur la scène. Télérama Sortir

“On retourne avec une immense curiosité et un peu d’appréhension voir cette pièce, qui avec Pierre Arditi, Fabrice Luchini et Pierre Vaneck nous avait tant séduits. Patrice Kerbrat a repris sa mise en scène de l’époque, précise et élégante, en la faisant à peine évoluer. Il ne faut pas bien longtemps pour confirmer notre souvenir. Vingt-quatre ans après, cette histoire d’amitié brisée par l’achat d’un tableau “Blanc” fait toujours autant d’effet. On se retrouve de nouveau suspendu à ce trio, à cette crise existentielle aussi drôle que mélancolique. Et le talent des trois nouveaux acteurs de 2018 y est pour beaucoup. CultureBox

“Reprise au Théâtre Antoine, dans la mise en scène initiale de Patrice Kerbrat avec un trio d’acteurs qui n’a rien à envier à celui de la création. Yasmina Reza use de l’achat d’un tableau pour épingler la complexité des relations humaines, mettre le doigt là où ça craque. Elle le fait sans juger et choisit de nous en faire rire. Labiche écrivait “des cauchemars burlesques”, Yasmina Reza cisèle “des tragédies drôles” qui sont également de magnifiques terrains de jeu pour les acteurs ainsi que l’attestent avec brio les trois comédiens réunis sur le plateau du Théâtre Antoine. Webtheatre

“Le plus intéressant, dans Art, c’est la façon dont une conversation de salon nous ramène soudain à des choses qui nous dépassent. Qui sont Yvan, Serge et Marc les uns pour les autres ? La mise en scène parvient tout à fait à donner leurs parts du lion aux trois comédiens, très performants et investis. Ils jouent cette partition réaliste avec ce qu’il faut de fantaisie, et l’on apprécie notamment que le rythme des scènes soient rapides et sans temps mort. Un fauteuil pour l’orchestre

 

3. Avec sa mise en scène de Macbeth Braunsweig peine à convaincre :

“Cette version resserrée et spectaculaire remet intelligemment la pièce au goût du jour sans la révolutionner pour autant. Le spectacle n’est pas sans faiblesses : si le couple vedette convainc, les dix autres acteurs paraissent encore un peu au large dans leurs costumes. La mise en scène, ingénieuse, manque sans doute de folie… Malgré ces réserves, ce ” Macbeth ” sur carreaux blancs atteint son but : représenter l’inépuisable violence du monde, laissant à la fin de la représentation un goût de sang insidieux. Les Echos

“La pièce ne porte pas chance à Stéphane Braunschweig : le directeur du Théâtre de l’Odéon signe un spectacle fade et sans relief, sans grande imagination. Il est bien difficile de comprendre pourquoi Braunschweig, qui est pourtant toujours un lecteur profond et subtil des textes dramatiques, a voulu s’attaquer à Macbeth, et quel est son regard sur la pièce et ses personnages-monstres. Le Monde

“Un “Macbeth” limpide dans une nouvelle traduction mais dépourvu du “bruit et de la fureur” de la tragédie que propose au Théâtre de l’Odéon son directeur Stéphane Braunschweig.
Stéphane Braunschweig a relu la pièce à l’aune de la psychanalyse. Si la lecture est pertinente, elle n’en enlève pas moins à la pièce une grande partie de son intensité : en devenant presque “normaux”, les époux Macbeth ne nous épouvantent plus, et leurs crimes semblent davantage une succession d’erreurs qu’un engrenage fatal où perce la folie.
Le Point

“On est d’abord étonné que Stéphane Braunschweig, d’habitude brillant scénographe, se lance depuis quelques spectacles dans si laids décors. Ce spectacle plat rend médiocrement compte d’une tragédie tortueuse et perverse. L’interprétation ici donnée est sans surprise ; le jeu des comédiens, élémentaire. Mais on est heureux de réentendre ce texte possédé par démons et sorcières. Télérama Sortir

“Points forts : La scénographie : Tout se joue entre deux décors qui se superposent et se succèdent. Le premier, tout carrelé de blanc, et un autre : le salon du pouvoir ou la salle à manger royale. Tout y est feutré et caché, à quelques mètres des carrelages souillés de sang. Tout Hamlet est là, vacillant d’un monde à l’autre, d’un décor à l’autre. Chloé Réjon en Lady Hamlet est habitée. Séductrice, sournoise, destructrice, affamée, elle hante la pièce d’une présence envoûtante.
Point faible : Macbeth est une tempête. A l’Odéon, on ne sent pas le vent. Comme si les acteurs – à l’exception des rôles titres -, terrorisés, restaient sur leur réserve de peur de s’exposer. Comme si la dualité du décor interdisait au vent de la folie de s’engouffrer…
Culture Top

Revue de presse 24 janvier 2018 : Iliade/Odyssée, En attendant Bojangles, Un jour en octobre

Iliade/Odyssée, Théâtre de la Bastille @Pauline Le Goff

1. Au Théâtre de la Bastille, avec le dyptique “Iliade/Odyssée” Pauline Bayle et ses comédiens s’emparent avec énergie et modernité de la langue d’Homère :

“Pour rendre compte de ce voyage au bout de l’honneur, Pauline Bayle s’appuie sur une troupe de comédiens qui portent à merveille la puissance du texte. L’œuvre originelle est condensée, parfois retravaillée pour la rendre abordable, mais sans altération du propos initial. Pauline Bayle et sa bande signent ainsi une pièce d’une rare puissance, empreinte de dynamisme et de féérie. Marianne

“En trois heures chrono, Pauline Bayle et ses cinq jeunes comédiens surdoués nous font vibrer au rythme des chants d’Homère. Dans un décor minimal et astucieux, rencontre inédite avec les héros et les dieux. Le spectacle ne joue pas au plus fin avec Homère. La modernité s’inscrit dans le jeu, ou dans ces quelques écarts scéniques ou textuels, qui ferrent d’emblée le public.
Dans un phrasé clair, intense, sans afféterie ni pathos, les cinq acteurs nous font revivre la tragédie vécue par ces guerriers, la sauvage guerre de Troie, puis le retour sans fin d’Ulysse en son pays. Ils sont étonnants de présence et de justesse. Pauline Bayle les dirige au cordeau. Heureux qui comme les spectateurs de la Bastille ont fait ce beau voyage…
Les Echos

“Pauline Bayle adapte L’Iliade avec une intelligence scénique et dramaturgique éblouissante. Elle s’installe, en compagnie des cinq jeunes comédiens qu’elle dirige, dans la cour des grands. Un remarquable spectacle !
On voit rarement autant d’irrévérence drolatique alliée à un sens aussi aigu du tragique : l’adaptation que signe la jeune Pauline Bayle atteste d’une connaissance parfaite du texte et de ses enjeux anthropologiques et dramaturgiques. Ce spectacle témoigne de l’éclatant talent des jeunes gens qui l’interprètent et le dirigent : à ne manquer sous aucun prétexte !
La Terrasse

“Épaulée par cinq formidables comédiens, Pauline Bayle nous fait redécouvrir la langue et le monde d’Homère. Sans céder aux vertiges de l’actualisation ou du péplum, son diptyque « Iliade – Odyssée » exalte le dépouillement pour faire émerger l’imaginaire et la réflexion. Une réussite.
Pauline Bayle parvient à nous faire ressentir avec une force nouvelle la beauté d’une formule ou d’un épisode oubliés, en taillant dans le texte, en le cousant avec talent.
Les comédiens sont tous investis et convaincants. Leur jeunesse redonne du lustre à des figures figées dans leur sacralisation littéraire. Un beau moment théâtral.
Les Trois Coups

 

En attendant Bojangles, Pépinière Théâtre

2. A la Pépinière-Théâtre, on retrouve un succès du Off d’Avignon 2017 : “En attendant Bojangles”, condensé d’émotions inspiré du best-seller d’Olivier Bourdeaut :

“L’histoire se croque à pleines dents, se savoure, tel un tourbillon de vie et de bonheur. Victoire Berger-Perrin, avec la collaboration artistique de Grégori Baquet, a formidablement adapté le roman d’Olivier Bourdeaut, en faisant naître sur le plateau des existences hors du commun… Le public, touché en plein cœur et happé par cette fête enivrante, applaudit à tout rompre. Vaucluse Matin

“Victoire Berger-Perrin adapte le roman d’Olivier Bourdeaut avec trois comédiens épatants qui manient humour et légèreté pour dissimuler angoisse et tristesse.
Quand progressivement la mère s’écarte des rives de la raison, d’abord rien ne change ; puis il devient impossible de (se) dissimuler son voyage sans retour. Jusqu’au bout du possible. Sans pathos inutile, c’est tout à la fois très drôle, tendre et émouvant.
L’Humanité

“Adaptant et mettant en scène En attendant Bojangles, Victoire Berger-Perrin parvient à faire vivre avec délicatesse les personnages attachants de cette histoire d’amour fou et ultime entre une jolie fêlée et un dandy. Anne Charrier est parfaite, d’un charme fou. Didier Brice a la distinction de son rôle, mari éperdu d’amour. Victor Boulenger, le fils, passe de la narration au jeu d’un clignement d’œil et incarne les autres personnages clés du roman avec une aisance confondante. Ils sont cette famille qu’on a aimée dans le livre et qu’on adore aussitôt dans ce petit bijou d’émotions. Le Parisien

“Une absolue réussite. On ressort bouleversé par cette fable familiale… avec une seule idée en tête, partager cette pépite.
La justesse, l’osmose entre les trois comédiens, la mise en scène délicate et enlevée de la jeune Victoire Berger-Perrin qui signe également l’adaptation, les décors simples et judicieux de Caroline Mexme, produisent un miracle de petit spectacle dont les émotions qu’il procure perdurent bien après la représentation. Bouleversant et dont on sort cependant dans un état profond de bonheur.
Culture Box

 

Un jour en octobre, L'Atalante

3. A L’Atalante, Agathe Alexis montant “Un jour en octobre” offre une plongée très intrigante dans l’œuvre d’un auteur expressionniste peu joué en France :

“Un décor enveloppant qui laisse la place aux songes, heureux ou funestes, au-delà d’un univers suggéré de maison bourgeoise… Une pièce très singulière, une déraison qui subjugue et transcende le réel. Le tout dirigé à la perfection, accompagné de belles pages de musique et joué avec sensibilité. Le Figaro

“Rien n’est crédible dans la pièce de Georg Kaiser, auteur allemand de la fin du XIXe siècle et c’est ce qui la rend fascinante. Les faits forment un tourbillon, jusqu’à toucher au délire pur et dur. La mise en scène suit ce mouvement comme elle le peut. Pas toujours avec bonheur. Elle semble tiraillée entre une approche psychologique et la nécessaire déréalisation que supposent les situations. Les acteurs tâtonnent à la recherche du jeu juste. Et si certains sont proches du but, d’autres en sont encore loin. Télérama Sortir

“On aurait pu douter de l’intérêt de le rejouer aujourd’hui, mais la version d’Un jour en octobre proposée par Agathe Alexis convaincra dès ses premières scènes les plus réticents. Théâtre d’un autre temps, dont Brecht vantait l’intérêt, la pièce de Georg Kaiser n’a pas vieilli dans sa forme et pas tant que ça dans son propos.
On soulignera la belle scénographie de Robin Chemin. Tout concourt à faire de cette œuvre dynamique une réussite qui donnera envie d’en savoir plus sur cet auteur…
Froggy’s delight

Un jour en octobre, que l’Atalante nous fait découvrir dans une traduction nerveuse de René Radrizzani, n’a jamais été joué dans notre pays. Et c’est une étrange pièce, d’une forme qu’on jugera datée ou historique selon l’intérêt qu’on y prendra.
L’œuvre est à la frontière de l’expressionnisme, de l’énigme pirandellienne et de la « psychologie des profondeurs ». Bizarre, bizarre ! La mise en scène d’Agathe semble s’amuser de ces difficultés, et c’est pour cela qu’on y prend un plaisir inattendu. On saute sans cesse d’un univers, d’une sensibilité, d’une version de faits à son contraire. C’est une curiosité dont l’audace ancienne finit par nous emporter comme une audace d’aujourd’hui.
Webthéâtre

Presse 13 décembre : Cap au pire, Maîtres anciens, Le Malade imaginaire

1. Denis Lavant, interprète inouï de Cap au pire, oeuvre exigeante de Samuel Beckett :

“Jacques Osinski fait de ce texte aride la matière d’une représentation qui relève de la performance, exécutée par un comédien et passeur de texte hors pair, Denis Lavant. L’écriture est aride, dense, au scalpel. L’exercice est radical, hypnotique, de haut vol. Sculpture habitée, vivante, le comédien s’enfonce dans cette caverne mystérieuse des mots, fait rebondir l’écriture de Beckett. L’aventure peut paraître ardue, il faut se laisser guider par la voix de Denis Lavant, suivre ce voyage intérieur. L’expérience est fascinante, unique. Le Journal du dimanche

“De dialogues en monologues, de poèmes en pièces de théâtre, jamais Beckett n’était parvenu à un tel degré d’épure. Pour exploiter ce substrat complexe, Jacques Osinski opte pour un parti pris radical. Seul en scène, Denis Lavant porte tout le poids du théâtre beckettien sur ses épaules. Magnifié par les sublimes lumières discrètes de Catherine Verheyde qui voguent selon son tempo, lui seul est comptable des efforts de lâcher-prise, de concentration et de discrétion demandés aux spectateurs.
Grâce à son imperturbable présence et à la tension qu’il impose, il révèle l’immense musicalité du texte de Beckett, fait sonner les mots et résonner les sens. De fragment en fragment, de subtils traits d’humour peuvent même se faire jour, épiphénomènes incongrus qui jaillissent d’un texte sombre. C’est là aussi la marque des génies : faire naître la lumière de la pénombre la plus obscure.
Les Echos

TT Autant prévenir : on ne ressort pas de ce parcours d’une heure en compagnie de Denis Lavant en sautillant. Il faut pourtant courir voir ça, pour vivre, grâce au théâtre, une expérience de vadrouille métaphysique. Sollicité par le metteur en scène Jacques Osinski, dont on connaît la sensibilité littéraire, l’acteur relève le pari : comment a-t-il appris ça ? Chapeau. Au bord de la scène, planté dans la pénombre, il est là, intensément. Les mots vivent dans sa voix comme des particules de matière brute. Télérama Sortir

“Une performance sensorielle sculptée par les mots, dans une pénombre traversée de constellations. Denis Lavant relève le défi avec sobriété et maîtrise, évitant l’écueil de jouer de manière trop appuyée sur les effets de sa voix d’acteur si singulière. Ici, rien pour se raccrocher au réel, se raccrocher au temps, et exprimer l’obstination à vivre. Là est peut-être la principale difficulté de la mise en scène : il n’est pas aisé pour le spectateur d’atteindre malgré tout l’humanité fragile, de s’engager, au-delà de cet exercice si virtuose et si implacable de la profération. L’aventure est extrême, car les mots qui se découpent absorbent en eux-mêmes toute l’énergie, à l’écart de tout jeu. Les lumières de Catherine Verheyde sont absolument remarquables. L’aventure singulière est à tenter. La Terrasse

“Cette performance est impressionnante. Le temps s’arrête et l’on ne sait plus très bien depuis quand on l’écoute. Dans l’écrin imaginé par Christophe Ouvrard, dans l’immobilité janséniste imposée par Jacques Osinski, Denis Lavant sert Samuel Beckett sans chercher à se servir lui-même. Il a la modestie d’interpréter ce texte quasi inconnu comme s’il n’était pas le premier à le dire sur scène. Alors, on signalera à sa place qu’il transforme un texte inconnu de Beckett en œuvre majeure. Froggy’s delight

 

2. Thomas Bernhard et Nicolas Bouchaud, magistrale rencontre dans Maîtres anciens, au Théâtre de la Bastille :

“S’emparant de l’avant-dernier roman de l’auteur autrichien, l’acteur, prodigieux, en fait entendre toutes les résonances, les révoltes, les contradictions. L’humanité. Magnifique.
Nicolas Bouchaud s’impose plus que jamais en maître de la parole et du verbe. Jouant des mots sans jamais les surjouer. Le tragique fait place à la douleur inconsolable. Celle d’un homme aux prises avec le deuil impossible. Un homme qui n’est autre que Thomas Bernhard lui-même, et dans lequel se fond Nicolas Bouchaud, jusqu’au plus profond de sa vérité, de son humanité blessée. Magnifique. Au-delà de toute mesure.
La Croix

“Chez l’auteur autrichien, le rire a le son d’une kalachnikov qui n’aurait jamais besoin d’être rechargée, le bruit d’un tir en rafale qui n’épargne personne. Voilà donc Reger, alias Nicolas Bouchaud, dans ses œuvres de démolition sarcastique. Nul ne trouve grâce à ses yeux, du moins en apparence, car la chose est plus complexe qu’il n’y parait. Il tire sur tout ce qui bouge avec un systématisme qui sent le règlement de compte avec soi-même, jusqu’à ce moment final où Reger évoque la mort de sa femme avec des accents bouleversants d’émotion, portés par un Nicolas Bouchaud qui fait plus que se couler dans la peau du personnage. Impressionnant. Marianne

“Dans ce roman, plus encore que dans les autres, Bernhard mène à son paroxysme la diatribe obsessionnelle et destructrice, mêle des réflexions sur l’art, Heidegger, la famille ou le deuil. Les pensées s’enchaînent sans transition, quitte à se heurter radicalement. C’est drôle et tragique, grotesque et sublime. La vertu de l’adaptation est d’avoir gardé la structure en spirale et l’entrelacs de voix, tout en resserrant le texte sur la figure de Reger. Nicolas Bouchaud, impressionnant, ne joue pas un personnage mais donne à entendre une écriture, un souffle. C’est un spectacle sur l’écoute, le fil fragile et privilégié qui se tisse entre l’acteur et le spectateur, sur la transmission d’une œuvre, libérée des discours et des préjugés culturels. Enthousiasmant. L’Humanité

“Un spectacle d’une grande liberté et d’une facture rigoureuse, avec une bonne dose d’humour à la clé de la mise en scène et du jeu de l’acteur. Eric Didry et Nicolas Bouchaud ont bien capté ce mélange de cynisme et d’humour.
La mise en scène traduit avec humour les excès et les contradictions de Bernhard. Nicolas Bouchaud, mine de rien, exprime la force et la vulnérabilité de Reger, fait rire et nous touche tout ensemble, toujours attentif au public qu’il embarque à ses côtés, sans aucune complaisance, il introduit son grain de sel çà et là avec une distance amusée.
Webthéâtre

“Nicolas Bouchaud relève toute l’énergie et la drôlerie de la virulente diatribe de l’auteur autrichien contre les monstres sacrés qui composent notre héritage culturel. Très émouvants, des passages autobiographiques semblent échappés d’un douloureux journal de deuil. Sous-titré « comédie », le monologue corrosif se déroule sur le mode très rythmé de la dénonciation virulente de l’héritage culturel de tout un chacun. Rue du théâtre

 

3. Une joyeuse pépite dans l’écrin du Déjazet : Le Malade imaginaire, mis en scène par Michel Didym :

“Marcon possède au naturel une densité enveloppée de silence. Il peut se faire inquiétant et dans sa manière d’être le «Malade», entre l’excitation, l’impatience, l’abattement que Molière prête au personnage, André Marcon glisse quelque chose de froid, de raisonneur et de fou à la fois.
La pièce est un chef-d’œuvre et l’on rit beaucoup, même si Didym tient à la noirceur d’une comédie farcesque qui est pourtant d’essence tragique. La musique tient une grande place dans la représentation et les scènes comiques sont irrésistibles. La mise en scène est allègre et les comédiens réunis ont chacun une belle personnalité.
Figaro

“Pour Michel Didym, « Le Malade imaginaire », c’est tout Molière comme dans « Hamlet », il y a tout Shakespeare. L’enjeu est donc de taille… La carte maîtresse de Didym est sa magnifique distribution. Si le traitement des décors et des costumes reste de facture classique, avec juste parfois quelques fantaisies anachroniques, mais sans chercher à transposer la pièce au XXIe siècle, c’est surtout par le jeu des acteurs que Didym en fait passer la modernité et réinvente la farce. L’Humanité

“Une mise en scène joyeuse et grave, légère et profonde de l’ultime comédie de Molière. Si la facture demeure un tantinet classique, elle joue gaillardement des contrastes, ménageant des instants d’ébouriffants délires : danse égyptienne digne d’Astérix et Cléopâtre ; ballet final d’intronisation d’Argan, le « malade » élevé au rang de médecin… Ce dernier est interprété par André Marcon, comédien magnifique. La Croix

“Une intrique rocambolesque où le comique verbal et gestuel règne en maître. Trois siècles plus tard, la force comique n’en a pas pris une ride. Surtout lorsque la mise en scène est d’une irrésistible drôlerie. Des costumes intemporels, des couleurs criardes qui accentuent le burlesque des praticiens. La troupe au grand complet est réjouissante, on gesticule, on se répand dans la mort simulée, on danse exotique, on jargonne latin. Pour le plus grand rire de tous, comédiens et spectateurs. Et sûrement aussi celui de Molière qui rit sous cape derrière les rideaux des coulisses. Spectacles Sélection

“Michel Didym privilégie la bouffonnerie et, optant pour une mise en scène de “bon faiseur”, il présente donc un spectacle de divertissement populaire et familial du genre de la “matinée classique” avec le jeu appuyé des officiants. Dans le rôle-titre, André Marcon négocie parfaitement sa partition et délivre notamment deux scènes magistrales. Froggy’s delignt

Revue de presse 27 septembre : Au but, Indociles, Trahisons… et Le 13e Art

1. Dominique Valadié, impressionnante dans Au but, noire comédie de Thomas Berhnard, au Poche-Montparnasse :

“Une pièce aussi puissante que dérangeante. Dominique Valadié incarne d’une manière hallucinante toutes les nuances perpétuellement changeantes du «personnage». Valadié, c’est une comédienne absolue, unique, d’une finesse, d’une profondeur vertigineuse. Elle raconte à sa fille, Léna Bréban, qui, elle aussi, a une partition très difficile qu’elle suit avec une acuité remarquable. Christophe Perton dirige ses interprètes avec une grande rigueur. L’essentiel repose sur les épaules de Dominique Valadié. Sur sa voix, très mélodieuse, moirée, une voix qui porte l’âme de ce personnage effrayant et d’une humanité qui déchire. Le très grand art d’une comédienne exceptionnelle, au service d’un texte écrit par un écrivain musicien. Figaro

“Si Dominique Valadié n’existait pas, il faudrait l’inventer. L’actrice est au théâtre français ce que la Jaguar est à la 2CV : une Rolls Royce. Aller voir la comédienne en scène, c’est être le témoin d’une performance exceptionnelle qui ne se laissera plus jamais oublier. Rappelons que le texte, infernal, est de Thomas Bernhard, auteur autrichien que son extrême lucidité rendait aussi méchant que drôle. Télérama Sortir

“Une Dominique Valadié impressionnante qui est comme une lionne sortie de sa cage… Comme d’ordinaire chez l’auteur autrichien, le noir est la couleur de saison, quelle que soit la période de l’année… Marianne

“Christophe Perton, confronté à l’étroitesse de la deuxième salle du Poche, en tire un admirable parti, en nous plaçant dans une double pièce étriquée où le monde extérieur, sa grandeur et sa plénitude, n’entreront qu’à la dernière seconde. L’interprétation très bernhardienne de Dominique Valadié mêle étonnamment l’intelligence et la mécanique, la lassitude et la passion, l’indifférence et l’implication. Léna Bréban joue avec délicatesse la dépendance, l’existence sous la soumission. Yannick Mozelle, qui interprète l’écrivain, le double de Thomas Bernhard, est convaincant, en auteur débutant et timide. Toute la soirée orchestrée par Perton est sur le fil du rasoir, affûtant « Au but » jusqu’à son tranchant le plus extrême. Webtheatre

“Dans une litanie aussi corrosive que d’acides reflux gastriques, Thomas Bernhard ressasse à l’envi toutes ses récurrentes ratiocinations sur la vacuité et l’absurdité de la condition humaine, l’art et le théâtre, épinglant notamment le goût abêti du public et l’auteur dramatique qui se complait dans l’observation voire la dénonciation sans être un homme d’action. “Au but” constitue un opus qui ne serait qu’assommant, dans tous les sens du terme, n’était la maîtrise technique de Dominique Valadié, comédienne au sommet de son art, qui (dé)livre une prestation magistrale et donc, ravira les inconditionnels de Thomas Bernhard. Froggy’s delight
 

2. Audrey Dana dresse un étonnant portrait d’Indociles aux Mathurins :

“On ne sait ce qui appartient consubstantiellement à sa vie, et ce que l’imagination des deux auteurs a ajouté. Peu importe, au fond. Indociles, c’est du théâtre. Un déploiement de toutes les facultés de cette femme entreprenante, décidée, mais qui doute sans cesse. Une acrobate à grande sensibilité, une chanteuse, une imitatrice, une interprète profonde et spirituelle. La mise en scène la fait s’agiter beaucoup. Un peu trop. Car ce qui est le plus touchant ici, c’est le mystère et le dévoilement, les confidences et les masques. C’est Audrey Dana dans sa complexité et sa simplicité. Figaroscope

“A cocher avec méthode les cases où se logent les drames de la vie, Indociles crée le malaise. Trop de pathos tue l’émotion, c’est certain. Et dommage, car l’actrice Audrey Dana se jette avec panache dans ce solo rythmé en live par une batterie. A son actif, quatorze personnages, qu’elle incarne avec conviction. Elle est l’héroïne, les parents de l’héroïne, les amis de l’héroïne, les amis des parents, etc. Une performance, c’est vrai, mais qui a tout d’un rouleau compresseur, aveugle à ce qui pourtant semblait être le propos fondateur du spectacle : la rage d’exister. Télérama Sortir

Ces indociles nous font parfois rire. D’autres nous dégoûtent, comme le photographe vicieux. Et même si certains personnages manquent parfois d’épaisseur, l’émotion n’est jamais bien loin. Créations et/ou souvenirs de Murielle Magellan, d’Audrey Dana ou des deux à la fois, les personnages qui défilent sous nos yeux nous touchent et nous transportent d’une émotion à l’autre. Il faut dire aussi que la batterie de Lucie Antunes accompagne superbement l’intégralité du spectacle et semble encourager et porter l’actrice. Audrey Dana et Lucie Antunes réussissent une belle performance, originale, violente et touchante.” Reg’Arts
 

3. Suaves Trahisons au Lucernaire :

“Conçue comme un flash-back venant piocher dans des scènes du passé, Trahisons est une pièce diaboliquement construite, qui ménage le suspense jusqu’à sa conclusion. Il faut pour la porter des acteurs souples comme des chats, qui se faufilent de gravité en légèreté. Les interprètes que met en scène Christophe Gand mènent leur partition en sourdine. Un choix de violence rentrée qui colle à l’exiguïté d’un plateau intimiste, mais enlève au spectacle des reliefs qu’on aurait aimés parfois plus mouvementés. Télérama Sortir

“La mise en scène guide subtilement les trois comédiens. Gaëlle Billaut-Danno, Emma en quête d’un bonheur inaccessible, a pris tous les risques. Yannick Laurent, Jerry, lui aussi marié et père de deux enfants, dont l’épouse reste en retrait, n’a obtenu que l’accomplissement fugace d’un coup de foudre. François Feroleto fait parfaitement évoluer les états d’âme plus complexes de son personnage. Devenu cynique et indifférent avec le temps, Robert a manipulé les deux amants qui ont poignardé son amour. L’attention portée aux costumes et aux éclairages est une contribution non négligeable à la réussite totale de cette représentation. Spectacles sélection

“Avec Pinter souvent, on fait ce qu’on veut, on met les couleurs qu’on veut. Ici, Christophe Gand préfère la position de l’entomologiste social. Il ne privilégie aucun animal de ce zoo humain. Le spectacle bénéficie d’une scénographie très mobile de Goury – une scénographie de Goury, c’est toujours d’une ingéniosité folle. Elle permet là de transformer l’espace comme on joue avec des cubes. La pièce de Pinter est en elle-même un jeu, qu’on peut prendre comme un cri, une satire ou une dissection. La mise en scène de Christophe Gand ne choisit pas entre le déchirant et le diabolique, nous plaçant à la fois devant et derrière une vitre. Voilà bien longtemps que l’on n’avait vu une si belle vision et une si belle interprétation de Trahisons. Webtheatre

“Souvent ce classique du théâtre contemporain n’est que l’occasion d’adaptations tièdes ou convenues. Au Lucernaire la bonne surprise est plurielle. Les trois acteurs sont justes et respectueux avec leur personnage et avec le texte. Il y a un vrai plaisir à voir jouer ce trio. La tragédie est devant nous et à chaque étape un drapeau est planté avec douleur.
Le trio est attrapé par la tragédie première de chacun, au-delà de la demande d’amour, de fortune ou de plaisir, au-delà des égoïsmes et des quant à soi, le temps se replie sur chacun d’eux et sur leur solitude. Ils sont sur terre et c’est sans remède dirait Beckett.
Toute la culture

 


Et aussi, à saluer : la naissance d’un nouveau lieu de culture : Le 13e Art place d’Italie, Paris XIII Télérama
 
 

Revue de presse 20 septembre : La nostalgie des Blattes, Liberté ! et Les deux frères et les lions

La nostalgie des blattes, Pierre Notte, Théâtre du Rond-Point, Catherine Hiegel, Tania Torrens, Pianopanier

1. Pour la rentrée au Théâtre du Rond-Point, Pierre Notte artiste associé met en scène Catherine Hiegel et Tania Torrens dans La Nostalgie des blattes, drôle et méchant  :

– “Tania Torrens et Catherine Hiegel excellent dans ce duo sanglant, scotchées pendant une heure sur leur chaise comme les deux vieux du Muppet Show. Une bonne dose de cynisme et de méchanceté pour débuter la saison, ça ne peut pas faire de mal.SceneWeb

– “Catherine et Tania – le prénom des actrices est celui de leur personnage – sont échouées sur leur chaise, l’une en jeans, les jambes légèrement écartées, la posture nonchalante et solide de celle qui se fiche de ce qu’on pense d’elle, l’autre, en retenue et pantalon noir, cheveux raides et impeccables. Que font-elles ? Elles attendent, face au public, et ne quitteront pas leur chaise…” – Libération

“Il y a du Beckett dans ce texte futuriste caustique et absurde. Pierre Notte pourrait certes aller plus loin dans l’ascèse et l’âpreté, rendre plus cinglant son propos humaniste. Mais la virtuosité, l’humour féroce et l’énergie diabolique des deux comédiennes gomment les quelques tunnels et effets faciles de la pièce. En à peine plus d’une heure chrono, Catherine Hiegel et Tania Torrens, métamorphosées en boxeuses de l’apocalypse, mettent K.-O. le temps et ses outrages.” – Les Echos

“Ee sujet est original et les comédiennes de grand talent ; pourtant on reste à la surface d’un texte sans véritable dramaturgie, finalement assez superficiel. Notte n’a pas su véritablement élaboré la densité et le tragique de cette proposition singulière imaginée par Catherine Hiégel et Tania Torrens.” – WebTheatre

“L’écriture singulière de Pierre Notte, aux tournures incisives et lapidaires mais aussi surréalistes, instaure un dialogue aussi mordant que loufoque. A l’abri d’un l’humour caustique et décalé, le récit millimétré laisse entrevoir un futur dystopique. Catherine Hiegel et Tania Torrens forment un duo détonant. Elles incarnent avec force et humanité, ce refus à la tyrannie du jeunisme et au conformisme ambiant.” – Publik’Art

“Je ne suis plus au Français depuis des années mais Catherine Hiegel et moi sommes de très vieilles amies. On s’appelle à peu près tous les dimanches. Sous forme de blagues, on s’est mise à parler des vieux, nous avons imaginé un musée de la Vieille..” – Interview de Tania Torrens pour Theatral Magazine

 

Liberté!, Gauthier Fourcade, Manufacture des Abbesses, William Mesguich, revue de presse, Pianopanier

2. Seul en scène humoristique conçu et interprété par Gauthier Fourcade dans une mise en scène de William Mesguich, Liberté ! s’installe à la Manufacture des Abbesses jusqu’au 5 novembre :

Liberté ! (avec un point d’exclamation) n’est pas simplement un “seul en scène” qui rabouterait des sketchs pour en tirer in fine un spectacle plein de finesse, c’est avant tout une belle histoire qui finira bien et arrachera quelques larmes aux plus sensibles, c’est-à-dire aux nombreux spectateurs qui seront happés par la balade bulle de savon proposée par l’ami Gauthier.” – Froggy’s Delight

– “Gauthier est un personnage qui adore sa pensée et les mots qui l’illustrent, un personnage entre Woody Allen, Larry David et Raymond Devos. Notre plaisir est là dans cette proximité avec ce personnage attachant, passablement obssessif et généreusement drôle. Notre plaisir est aussi, bien sur, dans son texte toujours divertissant et souvent hilarant.Toute la culture

“Jouant avec les mots comme un jongleur aguerri, glissant d’une histoire à l’autre au détour d’une expression lancée comme par hasard, cet étrange bonhomme a le charme délicat d’un Petit Prince tombé de son astéroïde. Il parle de sa vie un peu absurde comme s’il découvrait tout juste le monde. Son univers, c’est celui des voitures qui ne tournent pas à gauche, des relations tissées en faisant la moue, d’un triangle amoureux ABC et de tous les chemins vers Rome…TheatreActu

Liberté ! est un cri de révolte à la fois philosophique et sociétal. Il s’oppose à une vision réductrice et déterministe de l’homme et le rétablit dans sa dignité d’être doué de libre arbitre et même de magie ! Il dénonce la confiscation de la démocratie par des grands groupes industriels et donc de la liberté des peuples à disposer d’eux mêmes.” – SceneWeb

“C’est jubilatoire. Et pas seulement. Parce que s’il évoque « le peuple qui veut du pain et qu’il faut mener à la baguette » selon certains politiques, il s’en prend à sa manière « aux multinationales » écrasantes, tout comme aux « noooormes européennes » engourdies et usantes, dites aussi « l’énorme Européenne qui somnole » et laisse les multinationales agir à leur guise. Il y a, chez Fourcade, du Devos. De ces grains de folie comme des poussières d’étoiles qui brillent devant les yeux, même dans le noir.” –  L’Humanité

“Je me considère comme un simple bricoleur de la langue. Il faut qu’à chaque page il y ait vingt trouvailles. Un vrai littéraire peut – à l’inverse – sur une seule idée écrire vingt pages, dont pas une de trop. Mais je suis un scientifique qui a tant admiré les littéraires que je pense être parvenu à le devenir un peu.” – Interview de Gauthier Fourcade pour La Voix du Nord

 

Les deux frères et les lions, Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre, Théâtre de Poche-Montparnasse, Pianopanier

3. Au Théâtre de Poche-Montparnasse, Les deux frères et les lions, dresse le portrait exceptionnel de deux jumeaux autodidactes :

“Cette chronique peut paraître, a priori, terrible, d’un cynisme insupportable. C’est compter sans l’énergie et la générosité des acteurs qui se démènent sur le plateau : Hédi Tillette de Clermont Tonnerre, qui signe aussi texte et mise en scène, et sa compagne, Lisa Pajon. Lui, interprète l’« aîné » ; elle ; travestie en homme, le « cadet ». Tous deux extraordinairement complices, le jeu vif et précis, ils captivent, ils fascinent, bousculant les rythmes, jouant avec le public, en perpétuels mouvements, sur un mode quasi-épique qui court tout au long de ce spectacle de même pas une heure.La Croix

“Interprétés avec une conviction de fer, à l’image de celle de leurs modèles, par Hédi Tillette de Clermont et Lisa Pajon, les deux jumeaux milliardaires sont des personnages extravagants et extraordinaires. Qu’on soit admirateur ou contempteur de l’ultra-libéralisme, on sera pareillement saisi par ce récit incroyable qui vaut bien un conte des Mille et une nuits..Froggy’sDeligh

TTT – Le spectacle, interprété par deux comédiens, revient sur les moments forts de ces vies gémellaires. On se croit parfois pris dans un film policier tant le rythme est haletant et la tension, constante. Jubilatoire.” –Telerama

“Une petite heure durant, Hédi Tillette de Clermont Tonnerre, qui a écrit ce texte insolite et cocasse, et Lisa Pajon, très bien en garçon, racontent une histoire extraordinaire. Ils sont fins, déliés, précis. Ce qui est formidable, avec lui (Hédi Tillette de Clermont Tonnerre – NDLR) c’est son intelligence, sa liberté raisonnée, son art de la narration, son sens profond de la scène. Musique, son, lumières, projections de documents, tout ici enchante.” – Le Figaro

“Le spectacle repose en partie sur son rythme. Devant les images circonstanciées défilant sur un écran vidéo, les deux acteurs – en réalité, un comédien, l’auteur lui-même, et une actrice, Lisa Pajon, tous deux unifiés et désexualisés par leur combinaison bleue, tous deux égaux dans l’art de la percussion des mots – lancent, projettent, propulsent leur texte. C’est le récit d’une réussite financière orchestrée en coups de poing. C’est de plus en plus énorme et scandaleux. Donc de plus en plus drôle.” – WebTheatre

“Je me considère comme un simple bricoleur de la langue. Il faut qu’à chaque page il y ait vingt trouvailles. Un vrai littéraire peut – à l’inverse – sur une seule idée écrire vingt pages, dont pas une de trop. Mais je suis un scientifique qui a tant admiré les littéraires que je pense être parvenu à le devenir un peu.” – Interview d’Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre pour La Terrasse

Revue de presse 27 juin : Democracy in America, L’Ecume des jours, Monsieur de Pourceaugnac

Democracy in America, de Romeo Castellucci, photo Guido Mencari @ Guido Mencari

1. Au Printemps des Comédiens à Montpellier, le très remarqué Democracy in America de Castellucci, à retrouver à la MC93 de Bobigny à l’occasion du Festival d’Automne :

“Le nouveau spectacle du créateur italien questionne les mots et impressionne encore par ses images. Le Monde

“La force de la pensée, celle des images, l’humour qui n’interdit jamais lucidité, émotion, étrangeté, questions qui taraudent, tout ici subjugue. Un spectacle saisissant. On comprend beaucoup et beaucoup échappe. Un moment à part. À méditer. Armelle Héliot, Le Grand Théâtre du monde

“Une succession de tableaux à la fois saisissants, poétiques et angoissants. Jouant avec de grandes toiles transparentes, créant des jeux de lumières d’une grande beauté, Castellucci fait appel à “l’écran mental” du spectateur et crée des images indélébiles, qui échappent à tout contrôle. Mais au-delà des tableaux marquants, sont notamment évoqués la tyrannie de la majorité et l’affaiblissement de la liberté intellectuelle face au populisme… Ouest France

“Castellucci multiplie les images magnifiques, obscures ou saisissantes, jouant des grands rideaux de tulle et des jeux de lumière pour créer des tableaux à la Turner ou Rothko… La Libre Belgique

“Tocqueville est juste un prétexte, un moyen de prendre à contrepied l’idéologie libérale et de peindre un tableau des Etats-Unis confrontés à des figurations d’autres civilisations et à des songeries fantasmées… Tantôt l’image est crue, tantôt elle passe par une série de filtres visuels qui la rendent trouble et énigmatique. On s’agace et l’on est subjugué. Webtheatre

“Cette pièce « librement inspirée » de l’essai d’Alexis de Tocqueville, « De la démocratie en Amérique », dépasse de loin la question de la démocratie pour aller aux origines des Etats-Unis vers les questions qui obsèdent Castellucci : le mal, la représentation, les mots… Toute la culture

“Au-delà de son titre et de son contexte politiques, la pièce est l’assurance d’une réflexion plus complexe qu’il n’y paraît. Disons-le d’emblée, beaucoup de choses marchent dans cet ambitieux théâtre. En premier lieu, la virtuosité de Romeo Castellucci à mettre en scène l’onirisme… [Cependant] « Democracy in America » est parfois trop sibyllin. Si la conclusion est aussi attendue, elle appelle néanmoins à un questionnement intéressant : les mots sont-ils la source de tous les maux ? BSCNews

“Librement inspiré de Tocqueville, « Democracy in America » n’a pas la force viscérale des grands Castellucci. Le metteur en scène italien entre au plus profond de la nature humaine, interroge l’individu et la communauté, extériorise violemment la douleur contenue, mais il semble trop axé sur la narration et les dialogues, lui qui sait si bien en faire l’économie habituellement. Ses actrices sont en état de grâce. Mais cette fois ci, Castellucci n’atteint pas la terre promise. Sceneweb
 

L'Ecume des jours, Théâtre de La Huchette, m.e.s. Molaro/Kapps, photo Lot @ Lot

2. Au Théâtre de la Huchette, une adaptation réussie de L’Ecume des jours de Vian, portée par une distribution pleine de charme :

“On passe là un moment exceptionnel, on y vit un bonheur comparable à celui que donne à l’écolier la récréation. Tout y est : la libération, le jeu et le rêve. La qualité de ce spectacle tient à l’harmonie exceptionnelle qui règne entre l’œuvre et son interprétation. L’adaptation du roman au théâtre est remarquable. Quant aux comédiens, ils sont d’une fraîcheur, d’une grâce, d’une sincérité merveilleuses. Pas un effet superflu, pas une once de vulgarité, pas la moindre trace d’amateurisme. Un travail impeccable. Léger, aérien, spirituel. Boris Vian sort non seulement intact de cette fête, mais grandi. Figaro Magazine

“Un moment de théâtre plein de finesse et de grâce. Les trois jeunes comédiens font beaucoup pour la réussite du spectacle. Il y a les deux garçons, Maxime Boutéraon et Antoine Paulin, tous deux très justes. Mais c’est surtout Roxane Bret qui en fait le charme. Avec sa voix si particulière, sa gestuelle sensuelle, elle aurait enchanté Boris Vian. Une réussite de plus pour le petit théâtre de La Huchette… Figaroscope

“L’adaptation est très réussie. On y retrouve poésie, fantaisie, jeux verbaux. Le spectacle rend bien cette atmosphère loufoque et fantastique… C’est vif, plaisant et les trois comédiens sont très bons. Un spectacle où toute la famille trouvera son compte. Il sera visible tout l’été. Télérama Sortir

“Il y a des pirouettes, de la fantaisie, des évasions dans le fantastique. De temps en temps, Chick saisit sa guitare et plaque un accord. Il faut que ça swingue. Les acteurs se mettent à chanter. « Il y a seulement deux choses, écrivait Vian dans son prologue : l’amour, avec des jolies filles, et la musique de La Nouvelle-Orléans et de Duke Ellington. » Les choses n’ont pas tellement changé. Le texte suit la musique. Les dialogues sont allégés pour que rien ne pèse. Figaro

“De ce roman-culte qui n’a cessé de charmer les générations, la mise en scène sans repos et surtout l’irrésistible jeunesse joyeuse et ironique des trois comédiens expriment la poésie tendre et nostalgique, tout en lui imprimant les rythmes contrastés de la passion amoureuse et de la malédiction. Sourires et émotion au bord des larmes, comme une pirouette en pied-de-nez à la mort. C’est frais, rieur et délicieux. Spectacles sélection

“Dans un décor de papier peint découpé avec malice, Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps ont conçu un spectacle qui est plus un récital littéraire et musical qu’une représentation obéissant aux lois du genre dramatique. La soirée […] repose avant tout sur ses acteurs-chanteurs. Roxane Bret, Maxime Boutearon et Antoine Paulin ont la jeunesse des héros du livre de Vian, une tendresse, une mobilité, une joliesse, une plasticité que l’on peut compresser en une seule formule : ils ont un charme fou… Webtheatre
 

Monsieur de Pourceaugnac, Cie Théâtre de L'Eventail, à L'Epée de Bois @ D.R.

3. Une comédie-ballet au Théâtre de l’Epée de Bois : un Monsieur de Pourceaugnac qui préfère la farce et le rire :

“Un spectacle alerte qui tire résolument la pièce de Molière du côté de la farce. Ce spectacle rythmé rend justice à la vivacité de cette comédie-ballet. L’ensemble baroque La Rêveuse s’insère parfaitement dans le dispositif scénique. De fait, le metteur en scène traite cette comédie-ballet créée en 1669 comme ce qu’elle fut à ses origines : un pur divertissement. Le parti pris dramaturgique se focalise essentiellement sur le rire sans insister sur sa face noire : la cruauté. On pourra le regretter à l’égard d’une des pièces les plus sombres de Molière… Mais après tout, Brecht lui-même ne disait-il pas : « Depuis toujours, l’affaire du théâtre, comme d’ailleurs de tous les autres arts, est de divertir les gens. » ? La Terrasse

“L’intrigue ne brille évidemment pas par sa vraisemblance, mais plutôt par le déchaînement de ruses délirantes. Le rire est au programme de chaque épisode, les costumes et masques carnavalesques accentuent encore davantage le choix de l’excès clownesque. Le travail de mise en scène est remarquable, sur un plateau qu’arpentent en tous sens les acteurs en constante diversité et souplesse. Le recours aux masques est très judicieux, ainsi que les trappes par lesquelles apparaissent joyeusement les visions cauchemardesques qui hantent le pauvre persécuté. L’ensemble est irrigué d’une joie collective et communicative à laquelle on ne saurait résister. A voir absolument. Spectacles Sélection

“La cohérence et l’harmonie entre cette troupe du Théâtre de l’Éventail, très active, basée à Orléans, et l’ensemble musical baroque La Rêveuse, séduisent. Comédiens et chanteurs sont au même niveau de talent et de justesse. C’est simple, sans esbroufe mais mine de rien, rempli de références théâtrales empruntées à la commedia dell’arte, aux masques, au carnaval, au théâtre de tréteaux, aux marionnettes napolitaines… Culture Tops

Revue de presse 21 juin : Art, Cendrillon et Réparer les vivants

Art, Yasmina Reza, TGStan, Dood Paard, Théâtre de la Bastille, Pianopanier, revue de presse

1. Sur le plateau du Théâtre de la Bastille, le collectif flamand tgStan s’empare du texte de Yasmina Reza, ART, une pièce culte dont on réalise qu’elle est devenue un classique :

– “Pour cette création détonante deux collectifs unissent leur force. Frank Vercruyssen, l’un des piliers du tg STAN, ainsi que Kuno Bakker et Gillis Biesheuvel de la compagnie néerlandaise Dood Paard. Si Frank Vercruyssen est francophone et totalement à l’aise avec la langue française, ce n’est pas le cas de ses deux autres camarades, ce qui rend leur performance d’autant plus remarquable.SceneWeb

– “Génie de Kuno Bakker, notamment, dans son effort de faire entendre la moindre virgule du dilemme d’Ivan, dérisoire et vertigineux face à la rédaction du carton d’invitation à son mariage. Le visage se tord, les mots sont forgés, acteurs et personnages se confondent absolument dans cette lutte pour accoucher d’un propos cohérent. Ici, la charge réactionnaire contre l’art contemporain – dont la pièce fut soupçonnée en France – est abolie au profit d’une interrogation sur l’amitié en péril entre les trois hommes.” – Libération

“Il est plus qu’intéressant de retrouver « Art », aujourd’hui, au Théâtre de la Bastille, à Paris, entre les mains des dynamiteurs belges et néerlandais du tgSTAN et de Dood Paard, deux compagnies d’acteurs qui se sont fait une spécialité de jouer avec les textes, le public et l’illusion théâtrale. Dans leur spectacle, le texte de la pièce est là et bien là, à quelques petits aménagements près. Mais il est envisagé de manière bien différente de la mise en scène de Patrice Kerbrat, et du coup, la perception de la pièce n’est plus la même.” – Le Monde

“Interpellant régulièrement le public, offrant même du champagne à l’un des spectateurs, le remarquable trio de comédiens ne cesse de jouer avec les frontières de la fiction… Paradoxalement, la puissance du propos s’en trouve renforcée. Au travers du thème de l’amitié, ce spectacle jubilatoire touchera assurément le plus grand nombre.Le Parisien

“Le jeu antinaturaliste des acteurs allège la pièce, la décale, la débarrasse de ses oripeaux bourgeois et de toute trace de psychologie. Comme une esquisse, chacun saisit son personnage par un détail : des gants blancs que Serge agite à bout de bras comme des petites ailes, des jambières de moto qui entravent la démarche de Marc, une chemisette rouge et une coupe fatiguée de vieux rocker qui font d’Yvan un perdant magnifique, comme on en trouve dans les films d’Aki Kaurismaki. C’est furieusement drôle, malgré certaines faiblesses du texte. La preuve, s’il en fallait encore une, que le TG Stan est capable de tout transformer en or. Du grand Art.” – L’Humanité

“Drôles, gamins, autoritaires et fragiles, les trois personnages font revivre ce texte encore éblouissant de vérité et d’efficacité avec une liberté savoureuse.” – Artistik’Rezo

“En débarrassant sèchement la pièce de toute référence bourgeoise, en accusant crânement le vaudeville, la pièce et sa mécanique sont mises à nue, il ne reste que le texte et son propos à vif. La langue acide et les enjeux de pouvoir. C’est le propre de ces deux compagnies de décrasser le répertoire auquel il s’attaque, l’expurger de tout contexte, pour n’en garder que le suc dont ils font leur miel.” – Un Fauteuil pour l’orchestre

“Est-ce parce que le texte a été écrit pour les comédiens, ils sont tous excellents, complices, à l’aise dans leur rôle comme dans un costume familier. Chez Rambert le texte est souvent un peu bavard, mais il impose un style, une écriture moderne et en même temps très littéraire, parfois alambiquée, une singularité de point de vue qu’on retrouve dans la mise en scène.” – Publik’Art

 

Cendrillon adaptation et mise en scène Joel Pommerat au Théâtre de la Porte Saint-Martin, revue de presse Pianopanier

2. Reprise au Théâtre de la Porte Saint-Martin du véritable enchantement qu’est la pièce CENDRILLON de Joël Pommerat :

“En axant son récit sur la mort de la mère, Pommerat accentue la dimension cruelle du conte, sans édulcorer la complexité humaine. Manque, culpabilité, désir… Déconseillée aux moins de 10 ans, sa version n’est heureusement pas dénuée d’humour, grâce à la dimension grotesque de certains personnages. Remarquablement interprétés, ils évoluent sur un plateau ceint de grands murs habillés de projections. Nuages, arbres, motifs mouvants… Pommerat sculpte l’obscurité avec un esthétisme saisissant. On en sort bouleversé et subjugué.” – Le Parisien

“Avec Cendrillon, Joël Pommerat est passé à une dimension plus ample, et l’on peut dire que ce spectacle est un chef-d’œuvre. Il ne s’adresse pas aux tout-petits. Il exige une certaine maturité, car l’adaptateur s’intéresse à la cruauté du conte. Il dirige des comédiens qui ne sont pas issus de sa troupe.Le Figaro

“Chez Pommerat, Cendrillon porte un corset en plâtre, le père fume comme Gainsbourg et la fée jure comme un charretier. C’est drôle, noir, cynique, et déconseillé aux moins de 10 ans. Le tout mâtiné de quelques intermèdes musicaux à vous faire trembloter la lèvre inférieure. Vous l’aurez compris, on vous interdit formellement de laisser passer ça. Vous avez jusqu’au 6 août.Les5pièces

“Cette version de Joël Pommerat est une réécriture totale et magnifique, qui joue sur le dit et le non-dit, l’utilité des mots et le danger du malentendu, sans oublier l’humour. C’est une leçon d’écriture, de direction d’acteurs toujours justes, de scénographie (jeux de lumière et d’images vidéo qui habillent la scène vide)… Ce spectacle recèle une beauté qui émeut.” – Telerama

“Mariant la satire sociale et la puissance d’évocation des symboles, il joue des stéréotypes et décale les personnages du dessin encollé dans la mémoire collective : Cendrillon (admirable Deborah Rouach) est ici une gamine aussi décidée qu’énergique, la belle-mère une aboyeuse agitée, frappée de jeunisme et fanatique de la rhétorique de l’action, ses filles, des bécasses prétentieuses, le père, un pleutre aspirant au remariage, la fée, une magicienne amateur déjantée, le roi, un gentil fêtard, et le prince charmant, un adolescent obsédé également par l’absence de sa mère.La Terrasse

“Avec une délicatesse qui n’exclut pas un certain humour, Pommerat aborde ici une troisième fois, après Le Petit Chaperon Rouge et Pinocchio, les questions graves et vitales de toute enfance.” – Artistik Rezo

“Un décor majestueux qui souligne une narration à la rythmique maîtrisée. Des parures organiques d’Isabelle Deffin à la vidéo fantasmagorique de Renaud Rubiano, tout dans ce spectacle concourt à mêler rêve et réalité, vie et mort. Et on ne vous parle pas de la reprise sensible du “Father and Son” de Cat Stevens par Caroline Donnelly, dont on ne s’est toujours pas remis. Alors si vous l’aviez manqué autrefois, il est grand temps de vous rattraper. Le spectacle est éblouissant.” –  TimeOut

“Selon moi, Cendrillon est le conte des contes, traversé par les thèmes de la méchanceté, du désir et du deuil. C’est la question de la mort qui m’a donné envie de le monter. Peut-être aussi parce que j’aurais aimé, enfant, que l’on me parle ainsi de la mort…” – Interview de Joël Pommerat pour Le JDD

 

Réparer les vivants, d'après le roman de Maylis de Kerangal, Mise en scène Sylvain Maurice, théâtre des Abbesses, revue de presse Pianopanier

3. Au Théâtre des Abbesses, Sylvain Maurice signe une adaptation théâtrale sensible et bouleversante de Réparer les vivants, le roman de Maylis de Kerangal :

“D’entrée, on est happé. Fi du réalisme façon « comme si vous y étiez », avec salle d’opération, chambre d’hôpital et tutti quanti. L’espace est neutre et sombre, tout juste troué, par à-coups, des lumières crues de projecteurs. Le centre est occupé une construction à un étage. En bas, un tapis roulant sur lequel marche, court, halète, un comédien à la fois conteur et interprète de tous les personnages : Vincent Dissiez, évident, fabuleux, en état de grâce.La Croix

“Eric Soyer, le scénographe et Sylvain Maurice, le metteur en scène ont imaginé un décor en mouvement. Joachim Latarjet, le musicien est juché sur une structure qui encadre un tapis roulant qui fait face au public. Ses sonorités musicales très diverses qui vont du jazz à la pop rythme la quête de Vincent Dissez. Il marche, il court, il bondit, il est haletant, à la fois fragile et énergique.SceneWeb

TT – Chez Sylvain Maurice aussi, un seul acteur, Vincent Dissez, est à la manoeuvre pour jouer tous les rôles, toutes les voix intérieures si précisément décrites par la romancière. Celle de Marianne, la mère, lors de son trajet en roue libre vers l’hôpital comme dans son cheminement vers l’acceptation du drame. Celle de Thomas, jeune infirmier passionné de chant baroque qui ne quittera pas d’un pouce le corps de Simon jusqu’à la fin de son voyage. Dissez, dont on apprécie le charme envoûtant, se tient sur scène comme un athlète dans la bataille : en chemise, jean et baskets, il est debout sur un tapis roulant.” –Telerama

“Sobre et épurée, dans une lumière blanche et blafarde, la mise en scène fait entendre tous ces indispensables protagonistes, et s’inscrit dans l’équilibre entre les dimensions médicale, technique, et intime de l’aventure. En hauteur et en arrière-plan, le musicien Joachim Latarjet fait sonner sa guitare comme un flux de jeunesse et un jaillissement d’énergie libre. Entremêlant tragédie intime et questions médicales, l’œuvre est forte et marquante.” – La Terrasse

“Sans aucun accessoire, sans changer même de chemise, dans un enchainement impeccable, Vincent Dissez est le narrateur, mais aussi les soignants, mais aussi les autres protagonistes. Sans jamais glisser du coté des voyeurs ou du mélo bon marché. Dès les premières minutes, la  tension s’installe sur le plateau, et puis s’accélère, jusqu’au dénouement même si l’on ne peut parler de suspense. Du très beau travail. Au soir de la seconde présentation parisienne, c’est debout que le public a applaudi. Pour évacuer son émotion, sans doute ; pour saluer l’humanité du propos, surement.” – L’Humanité

“Sylvain Maurice et Eric Soyer ont conçu un lieu où se dresse un grand portique, une sorte d’arc de triomphe mobile sur rails. Sur sa plate-forme, un musicien, Joachim Latarget, impulse le rythme du jazz. Au sol, l’acteur, Vincent Dissez, dit le texte, le plus souvent en courant, tel l’athlète antique de Marathon. L’action est une course contre la montre, le spectacle un chant d’espoir qui lui aussi lutte contre le temps.” – WebTheatre

Revue de presse 7 juin : Une Vie, Des hommes en devenir et Boxe Boxe

Une Vie, Pascal Rambert, Vieux-Colombier, Comédie-Française, revue de presse, Pianopanier, Denis Podalydès, Hervé Pierre, Cécile Brune, Pierre Louis-Calixte, Alexandre Pavlof, Jennifer Decker

1. Pascal Rambert met en scène Une Vie au Vieux-Colombier, pièce qu’il a spécialement écrite pour six comédiens de la troupe :

– “Il y a de la beauté et du plomb dans l’écriture de Rambert, honoré par pléthore de traductions et de prix, dont, en 2016, celui du Théâtre de l’Académie française. Beauté (un brin épuisante) de la litanie, et de la solitude des personnages, avocats avant tout d’eux-mêmes. Beauté des acteurs aussi, beauté enfin de la pluie plombée de l’égocentrisme et des propos à l’emporte-pièce.Libération

– “Rambert écrit pour les acteurs, il les jette corps et âme dans la bataille. Avec eux, le passé et le présent, la vie et la mort s’interpénètrent et alimentent l’œuvre et son créateur, objets principaux d’un discours à la fois analytique et sensible sur l’homme et l’existence, avec ses merveilles et ses gratuités dans le propos.SceneWeb

“L’artiste n’a pas de nom, mais un corps : comme toujours quand il joue, Denis Podalydès est à la fois tout à fait reconnaissable, et ­complètement autre. L’art de la transformation propre à l’acteur prend chez lui une dimension magique : elle s’impose, sans que l’on arrive à percer quelle alchimie l’a produite.” – Le Monde

“Rambert mêle modernité (le théâtre de plateau-radio) et classicisme (l’intervention des fantômes), tragique et burlesque, dialogues incisifs et monologues lyriques. Ballotté, le spectateur rit, s’émeut, s’énerve parfois… Bluffé par la virtuosité de la langue, il peut s’agacer de sa préciosité. S’il se régale, quand l’interviewer titille l’artiste ou se lance dans une folle énumération botanique, il risque de trouver le temps long, lorsque le frère Amer n’en finit pas de déverser sa bile… Mais malgré ces trop-pleins et ces imperfections, il se laisse emporter par le tourbillon d’Une vie.Les Echos

“L’ensemble est bien mené, non sans quelques longueurs inhérentes à l’écriture de Pascal Rambert, toujours menacé par l’emphase. Sans doute stimulés par une problématique qui les concerne au premier chef, les acteurs se coulent dans leurs personnages avec avidité, à commencer par Denis Podalydès, impressionnant de présence. Une vie d’artiste vue par un artiste, c’est un travail d’artiste.” – Marianne

“En neuf tableaux, cette tentative de recomposer une vie est aussi une sublimation de la langue, que Pascal Rambert défend en privilégiant toujours une relation intime avec ceux qui l’incarnent : « je n’écris pas sur la vie privée des acteurs, j’écris pour leur voix, leur corps, leur énergie, précise-t-il, ce sont des êtres humains, pas des personnages de papier ». En prise directe avec le concret, ce théâtre nous assure de sa force en développant une plasticité du temps, une porosité entre l’art et la vie.” – Artistik’Rezo

“Est-ce parce que le texte a été écrit pour les comédiens, ils sont tous excellents, complices, à l’aise dans leur rôle comme dans un costume familier. Chez Rambert le texte est souvent un peu bavard, mais il impose un style, une écriture moderne et en même temps très littéraire, parfois alambiquée, une singularité de point de vue qu’on retrouve dans la mise en scène.” – WebTheatre

 

Des hommes en devenir, Bruce Machart, Emmanuel Meirieu, revue de presse Pianopanier

2. Emmanuel Meirieu adapte pour la scène Des hommes en devenir de Bruce Marchart, un formidable travail à découvrir au Théâtre Paris-Villette :

“Emmanuel Meirieu plonge ses acteurs dans un grand bain d’émotions. Sur la scène embrumée de nuées et traversée de flashs de lumière, chacun dit son texte face à un micro sur pied – chuchotant, frissonnant, sans jamais sombrer dans le pathos. Des images quasi subliminales (phares de voitures, corps, visages) projetés sur un voile devant la scène créent une atmosphère onirique.” – Les Echos

“Il faudra donc avoir l’estomac bien accroché, ne pas se laisser contaminer par leurs idées noires, leurs destins sans avenir, pour supporter les récits des paumés mis en scène par Emmanuel Meirieu. Surtout qu’ils sont tous grimés, parfois sanguinolents ou porteurs de prothèses. D’aucuns les diraient affreux, sales et méchants. Ils sont d’autant plus saisissants qu’ils sont interprétés par Stéphane Balmino, Jérôme Derre, Xavier Gallais, Jérôme Kircher et Loïc Varraut et, qu’alors même qu’ils évoluent dans une absence de décor, leurs visages géants sont projetés à l’avant de la scène.Froggy’sDelight

“Ces portraits impeccablement écrits et adaptés nous happent et deviennent une bulle entre fiction et absolue normalité qui questionne la notion de perte, de lien social, de communication. Il n’est pas question de défendre la légèreté à tout prix, mais d’encourager à surprendre, et pourquoi pas à multiplier les tons et les formes pour éviter la lourdeur de s’installer. Lorsqu’on est surpris, lorsque certains fragments nous prennent de court, c’est encore plus beau. C’est dire si Des Hommes en devenir est déjà d’une grande beauté.Un Fauteuil pour l’orchestre

“Qu’il s’agisse de la mort du chien, du bébé, du jeune homme… pour tous, c’est gagné. Et l’on en sort lessivé. Les yeux brillants. L’angoisse au ventre. Le plexus en aiguille. Ces Hommes en devenirtémoignent et tentent, on l’a compris de se reconstruire. A la recherche d’une main tendue, d’une écoute charitable, d’un regard de secours. D’une épreuve partagée. A la recherche d’un semblant de nouveau bonheur. Inaccessible sans doute. C’est glaçant mais brillant.” – L’Humanité

“Les cinq comédiens sont les instruments parfaitement accordés et exceptionnellement justes d’un blues métaphysique aux accents déchirants. La rage et la tendresse mêlées de ces êtres terriblement humains les haussent alors à la hauteur de héros tragiques, qui transcendent leur condition en ayant le courage d’en faire le récit. Si notre besoin de consolation est insatiable, ce spectacle en est l’impeccable et hypnotique rappel.La Terrasse

“Michel Vuillermoz est exceptionnel de virtuosité dans le rôle de Pinglet qui le confronte à la déroute de son stratagème.  Anne Kessler et Florence Viala sont des conjointes étonnantes de candeur et de folie tandis que Laurent Lafitte incarne un Bastien aussi ambigu que maléfique. Quant à Christian Hecq, il est abracadabrantesque de drôlerie dans le rôle de Mathieu, l’ami bègue et crédule flanqué de ses quatre filles.” – Artistik Rezo

“Pour le spectateur, il ne s’agit pas d’une navigation paisible face à ces trajectoires tragiques, mais d’une mise en position de témoin et parfois d’empathie douloureuse avec les personnages, en fonction de son vécu et de son degré de sensibilité. La représentation se déroule dans un espace abstrait, plus ou moins coloré et nuageux sous les lumières, et ponctué de projections vidéo discrètement indicatrices en premier plan, instaurant un climat adapté.WebTheatre

“Dans les rôles de Ray et Dean, Xavier Gallais s’illustre encore ici comme l’un des plus grands acteurs de sa génération. Les mots ne semblent pas descendre de sa mémoire mais monter en jets saccadés depuis les tripes. Jérôme Kircher et Jérôme Derre partagent cette justesse et la maîtrise suffisante de leur texte pour ne jamais tomber dans l’excès.” –  SceneWeb

 

 

Boxe Boxe Théâtre du Rond-Point Cie Käfig, revue de presse Pianopanier

3. Après plus de 200 représentations autour du monde, la Compagnie Käfig poursuit sa tournée de Boxe Boxe au Théâtre du Rond-Point, un surprenant spectacle de danse :

“Chaque performance s’accompagne d’une magnifique composition musicale orchestrée par le quatuor Debussy, également présent sur scène. Un répertoire globalement classique qui laisse toutefois la place à quelques morceaux de Philip Glass (un kiff intersidéral pour les fans).Les5pieces

“Les couleurs sont sobres, le ton aussi. Sur ce ring poétique, on propose des images. Même si la musique classique déstabilise parfois, nous empêchant d’apercevoir en son sein le rythme tapé, caractéristique à la danse hip-hop, on est bercé par une bande originale variée et magnifique. Quand enfin le beat traditionnel du genre fait son entrée, on est d’autant captivé.Un Fauteuil pour l’orchestre

TT – Avec un titre qui boxe deux fois, on imagine l’uppercut. Le spectacle de Mourad Merzouki, directeur du Centre chorégraphique de Créteil, se place à la fois sur le terrain du combat et sur celui de la force plastique de la boxe. Sans céder à la violence sanguinolente de ce sport, le chorégraphe hip-hop en offre une vision onirique soutenue par les partitions musicales exécutées live par le Quatuor à cordes Debussy. ” –Telerama

L’accompagnement musical du Quatuor Debussy se présente de son côté à la fois comme le contrepoint et le compagnon du spectacle, tantôt onirique, tantôt mystérieux, parfois comique, qui se déroule sur le plateau. Ce sont de brèves séquences empruntées à Ravel, Verdi, Mendelssohn, Philip Glass, Henryk Gorecki ou au Schubert du quatuor La jeune fille et la mort. On ne s’ennuie pas un seul instant à cette fête d’interactions entre danse, musique et boxe.” – WebTheatre

La performance est physique mais également esthétique. Les ruptures de rythmes produisent des effets hypnotiques : les actions ralenties des danseurs mêlées aux lumières de Yoann Tivoli semblent sortir d’un mirage. Les danseurs fantomatiques  avancent sur nous. Le résultat est stupéfiant.” – Etat Critique

Sur le ring de boxe ou le tapis de danse, l’artiste sue, se bat, s’expose au regard du public, des critiques, de l’arbitre. Il combat ses limites et son adversaire. Solos, duos, mouvements collectifs, Boxe Boxe invite Mohamed Ali et ses sauts dansés. La pièce convoque les fantômes de Laurel et Hardy dans la fantaisie burlesque d’une boxe des débuts, drôle de lutte.” – Artistik’Rezo

Revue de presse 31 mai : Histoire du Soldat, L’Hôtel du libre échange et L’Ombre de Stella

Histoire du soldat, Ramuz et Stravinsky, Théâtre de Poche-Montparnasse, revue de presse Pianopanier

1. Sur la scène du Poche-Montparnasse, 8 musiciens, 3 comédiens et une danseuse donnent vie à l’Histoire du soldat de Ramuz et Stravinsky :

– “Histoire du soldat est une fable faustienne dans laquelle le jeune soldat qui rentre chez lui tombe sur le diable, qui lui soutire son petit violon en échange d’un livre magique qui apporte au jeune homme candide la fortune, mais pas le bonheur, et s’il rencontre la princesse, tout ne finit pas comme dans un conte. On est rarement aussi heureux au sortir d’un spectacle. Histoire du soldat, ainsi monté est interprété est «élitaire pour tous». Les plus jeunes comme les plus savants, y trouvent leur bonheur. Formidable !Le Figaro

– “On passe un moment charmant. Les musiciens ajoutent à leur élégant talent musical une retenue salutaire dans une salle si réduite. La mise en scène de Stéphane Druet est assez simple, un peu didactique, mais elle respecte l’esprit et la lettre de l’œuvre jouée. Une œuvre suffisamment peu montrée pour retenir notre curiosité.SceneWeb

T – Le parti pris des costumes rouge garance de 1914, dont tous sont affublés, la solide tenue musicale (Jean-Luc Tingaud et son orchestre-atelier Ostinato, formé de jeunes musiciens), le face-à-face du jeune acteur (Fabian Wolfrom, candide à souhait) et du récitant démiurge (Claude Aufaure, au verbe toujours aussi sonnant sous ses beaux cheveux blancs) sont des plus convaincants.” – Telerama

“Fort judicieusement, Stéphan Druet, qui en assure la mise en scène, n’a pas cédé à la tentation de la recontextualisation afin de conserver la poétique du fantastique attaché à l’ancestral conte russe dont l’oeuvre s’inspire et à sa conception originale de “petit théâtre ambulant” destiné à sillonner les villages.Froggy’sDelight

“La musique accompagne des aventures qui voient le diable mener le héros par le bout du nez pour le faire toucher du doigt la félicité avant de faire s’effondrer le bel édifice. La pièce est autant divertissante que philosophique et la musique de Stravinsky accompagne idéalement la pièce en lui insufflant un souffle lyrique qui ne laisse pas de répit au spectateur. Emporté dans la douce folie de la pièce, il suit l’Histoire du Soldat avec des yeux d’enfant qui le font s’émerveiller et applaudir à tout rompre à la clôture du spectacle.” – Publik’Art

“L’exceptionnel Claude Aufaure est le narrateur, et ici il fait figure d’auteur en train de construire son histoire en même temps qu’elle se joue. Il dit le texte sur un rythme scandé comme une partition musicale, parfois accompagné du soldat qui le double, accentuant ainsi la musicalité du texte. Fabian Wolfrom incarne joliment l’innocence de la jeunesse et sa crédulité. En opposition, Licinio da Silva est le plus roublard des diables, inquiétant, comique et cabotin.” – WebTheatre

 

2. L’ultime nouvelle production de la saison 16-17 à la Comédie-Française est la mise en scène par Isabelle Nanty de L’Hôtel du libre échange de Feydeau :

“Forte de la virtuosité des comédiens-français, Isabelle Nanty parvient sans peine à tenir le tempo frénétique de la pièce. Avec Anne Kessler (Angélique Pinglet), transformée en hilarante poupée désarticulée, avec Christian Hecq (le cousin Mathieu), qui monte encore d’un cran dans le génie clownesque, elle cherche à tirer le spectacle vers un onirisme burlesque décalé.” – Les Echos

“Derrière ce verni de rire et de tendresse se cache une évidente gravité portée par des êtres qui savent leur monde en chute. Isabelle Nanty n’hésite pas à comparer Feydeau à Tchekhov et, bien que cela puisse être surprenant, sous sa baguette, on comprend pourquoi.SceneWeb

“Isabelle Nanty signe là un petit bijou de mise en scène. Une mécanique de haute précision. Sans rien désamorcer de la charge au vitriol de Feydeau sur le couple mais en fouillant les personnages, leur donnant une sacré épaisseur, évitant de n’en faire que des pantins vides pris dans une mécanique qui les dépasse, devenue incontrôlable.Un Fauteuil pour l’orchestre

“Le décor signé pour la première fois par Christian Lacroix, qui a déjà créé pour la Comédie-Française de nombreux costumes, fait allusion à ce monde extérieur en pleine innovation, avec un vélocipède, mais garde aussi la pièce “dans son jus” avec ses costumes d’époque.” – Le Parisien

TT -Pourquoi bouder son plaisir ? Dans les ravissants décors et costumes d’époque du styliste Christian Lacroix, les comédiens du Français s’en donnent à cœur joie pour incarner ce vaudeville survolté et sans amour, composé en 1894, où ne règnent que l’obsession de l’argent, le mensonge, la trahison, le goût de la vengeance et l’envie d’adultère…Telerama

“Michel Vuillermoz est exceptionnel de virtuosité dans le rôle de Pinglet qui le confronte à la déroute de son stratagème.  Anne Kessler et Florence Viala sont des conjointes étonnantes de candeur et de folie tandis que Laurent Lafitte incarne un Bastien aussi ambigu que maléfique. Quant à Christian Hecq, il est abracadabrantesque de drôlerie dans le rôle de Mathieu, l’ami bègue et crédule flanqué de ses quatre filles.” – Artistik Rezo

“La scénographie est belle, harmonieuse et dynamique, joyeuse, rythmée, d’une claire lisibilité, parfaitement accordée à la mise en scène. Les comédiens sont excellents, jamais dans la caricature, au plus près de l’humanité de leurs personnages, pathétiques et risibles dans leurs efforts désespérés pour survivre. Une belle entrée au répertoire pour cette pièce qui connut un succès immédiat en 1894.WebTheatre

“Toute la société passe dans l’Hôtel du Libre-Échange. Ici, les gens échappent à un statut social dans lequel ils ont été enfermés très jeune. Alors, pour certain, c’est un dernier appel pour ne pas passer à côté de leur vie.” – Isabelle Nanty pour SceneWeb

L'ombre de Stella, Pierre Barillet, Thierry Harcourt, Denis d'Archangelo, Pianopanier, Rond-Point

3. Au Théâtre du Rond-Point, Thierry Harcourt met en scène Denis d’Arcangelo dans L’Ombre de Stella, un monologue de Pierre Barillet :

“Familier des rôles de travesti – créateur notamment du personnage de chanteuse de cabaret Madame Raymonde – Denis D’Arcangelo montre ici l’étendue de son talent. Le comédien se réinvente totalement en Mylène, personnage haut en couleur, certes, mais avant tout femme brisée. Evitant la caricature, il parvient en même temps à faire rire et à émouvoir, transcende les genres, pour incarner un monstre de nostalgie et de désespoir.Les Echos

“Denis d’Arcangelo, connu pour être « Madame Raymonde » dans les récitals du même nom incarne l’unique rôle de la pièce. Il est une dame d’un certain âge, fidèle « à la vie à la mort » à son amie. Le langage est brut sans être vulgaire, Mylène a la gouaille et ses mots sont fleuris, l’accent titi n’est pas loin et son cœur est immense.Sceneweb

“Mylène, Denis d’Arcangelo donc. Impérial de gouaille comme toujours. Et ce qui est bien avec Denis d’Arcangelo, formidable et sensible comédien, grande gueule et franc du collier qui masque si peu sa délicatesse sous des atours faubouriens, c’est qu’il n’est jamais travesti. Il reste lui-même, acteur de composition. Acteur avec un grand A.Un Fauteuil pour l’orchestre

T – Le portrait ici dessiné en creux de la capricieuse Stella est un hommage noir, grinçant, plutôt subtil, à toutes ces starlettes oubliées qui ont battu les planches sous l’oeil des nazis et des collabos, d’Alice Cocéa à Corinne Luchaire en passant par Michèle Alfa. Pour laver ce linge plus ou moins propre dont on parle très peu dans la famille théâtrale, D’Arcangelo a tout l’abattage requis. Même s’il n’est ni Jacqueline Maillan ni Sophie Desmarets !” –Telerama

Le texte est nerveux, rieur. Il vire parfois trop au récit (Barillet est, avant tout, un dialoguiste) mais la mise en scène de Thierry Harcourt veille au rythme et accélère les émotions et le déroulement de la confidence. Denis d’Arcangelo, qui joue en travesti (c’est sa marque de fabrique depuis Madame Raymonde mais il en a d’autres), évite précisément les pièges du travestissement de music-hall. Il cultive l’ambiguïté du sexe et des sentiments. Il fait rire, il émeut, il est parfait.” – WebTheatre

Denis D’Archangelo parvient à transcender un texte qui s’avère un modèle du genre en terme de compilation de poncifs et de clichés attachés à certaines actrices, descendantes des danseuses et courtisanes de la Belle Epoque et aieules des starlettes des années 1960, pratiquant le “coucher utile” pour échapper à la mouise à laquelle les vouait leur origine plébéienne.” – Froggy’sDelight