ABC d’airs : La folie en tête
Un piano à queue, une contrebasse, un hautbois ou un cor anglais et une voix et quelle voix, celle d’Anne Baquet ! C’est ce que ce quatuor propose pour nous faire aimer la musique et des chansons de A à Z et de manière tout à fait rigolote, originale et inattendue pendant 1h25, dans la belle salle rouge du Lucernaire, juste en-dessous du paradis.
Ici, rien de statique, rien de conformiste, les musiciennes-comédiennes nous font découvrir leur répertoire éclectique, de la musique baroque, aux chansons d’amour, aux Frères Jacques à la toccata de Bach en passant par du chant lyrique jusqu’à une partition vide, un silence de John Cage et tout cela, en jouant, en s’amusant, en caracolant et en nous charmant.
On est loin d’un concert classique et de son maintien empesé. La contrebasse se retrouvera sur le piano avec sa contrebassiste dans les veines de laquelle coule l’Espagne de Lorca, elle aime sa contrebasse comme un fringant amant. La soprane s’étendra à plus d’une reprise au sol dans les poses lascives d’une naïade. La hautboïste fera danser son hautbois comme un serpent ensorcelé. Et la pianiste s’échinera sur son clavier dans des legato et des staccato de folie.
Et on cheminera ainsi dans tous les registres, avec pour fil conducteur la vibration et l’émotion et avec des trouvailles de mise en scène qui nous emportent et nous enchantent, telle à la lettre M, « La mécanique », un jeu de boîte à musique, avec pour personnages les musiciennes ou encore un jeu de diction avec des exercices de virelangue tout à fait fortiches, des onomatopées, des vocalises, des claquettes, des sabbats, des intermèdes marrants, des ombres qui s’étirent gigantesques sur les rideaux du plateau.
Evidemment, si ce n’est la joie enfantine que nous communique ce spectacle et son organisation sous forme d’abécédaire, l’unité peut sembler manquer à cette performance et l’on se trouve un peu ballotté de scène en scène sans trouver vraiment de lien entre elles. Du coup, on en sort un peu tourneboulé mais tout à fait ravi, tout à fait dégagé des réalités extérieures. C’est en gros un moment de pur rêve coquin et féminin que nous donne à voir ces Premières Prix du Conservatoire.
Á voir avec la joie au cœur.
Isabelle Buisson
ABCD D’AIRS
Mise en scène Gérard Rauber
Avec Anne Baquet, Claude Collet ou Christine Fonlupt, Amandine Dehant ou Caroline Lekeux et Anne Régnier ou Violaine Dufès
Au Lucernaire jusqu’au 27 janvier, du mardi au samedi à 19h, le dimanche 16h
Photos Michel Nguyen
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