Revue de presse 26 avril : Baal, Songes et métamorphoses, Trois précédé de un et deux
1. La mise en scène par Christine Letailleur au Théâtre de la Colline de Baal, l’une des oeuvres de jeunesse de Bertolt Brecht, ne convainc pas la critique :
– ” Si on met de côté le trio formé par Stanislas Nordey, Vincent Dissez et le jeune Youssouf Abi-Ayad (Johannes) qui, fort des singularités de chacun, trouve le juste ton, les huit autres comédiens flottent dans un entre-deux maniéré. L’abus de cris (ponctués de quelques ricanements démoniaques) n’arrange rien à l’affaire.” – Les Echos
– “Le spectacle n’est pas assez sulfureux. Il est froid et décousu. Christine Letailleur fait jouer les comédiens sur le ton de la tragédie. C’est souvent assez insupportable. Le plateau dépouillé devrait permettre à la poésie de Brecht de remplir l’espace. Ce n’est pas le cas.”” – Sceneweb
– “La scénographie a beau être fort léchée, elle ne sauve pas le spectacle d’un déséquilibre lié à l’hypertrophie du rôle de Baal, comme si ce dernier faisait subir à la pièce le même sort que ceux qu’il humilie au fil du temps.” – Marianne
– “Et c’est un Baal surprenant, notamment pour ceux qui ont vu le film réalisé par Volker Schlöndorff en 1969, et dans lequel Rainer Werner Fassbinder jouait le côté bestial et jouisseur de Baal avec une violence opaque et dérangeante. Stanislas Nordey n’a a priori ni le physique ni l’âge du rôle, avec son allure christique de grand jeune homme de 50 ans.” – Le Monde
– “La qualité de la mise en scène tient dans les couleurs somptueuses et tragiques des cieux à l’arrière-plan et dans le jeu d’ombres chinoises portées par les personnages sur les décors dépouillés, tout cela accompagné d’un subtil bruitage de vent.” – La Croix
– “Surchargée d’élans d’exaltation, d’effets d’opacité et de clairs-obscurs, cette mise en scène de Baal n’offre que très peu d’espace à de possibles ambivalences. Elle nous enferme dans une vision plus sombre que sombre de la pièce. Une vision monocorde qui génère des longueurs et quelques passages à vide.” – La Terrasse
– “On peut récuser le nihilisme iconoclaste et irrévérencieux de la pièce. On peut sourire de la figure au romantisme un peu morbide de l’écrivain maudit. On ne peut être insensible au souffle poétique de la langue de Brecht dans ce Baal (1919). On sera séduit par la mise en scène puissante et sobre, à sa façon, de Christine Letailleur, et par la performance de Stanislas Nordey.” – Les trois coups
– “Si l’on est hermétique au jeu très physique de Stanislas Nordey, à sa gestuelle prévisible et à sa manière bien particulière de dire un texte, on n’ira sans doute pas jusqu’au bout des 2 h 30 de son quasi “seul en scène”. On pourra, au contraire, être fasciné par son infatigable conviction à porter les mots des grands auteurs.” – Froggy’sDelight
– “Stanislas Nordey est un interprète exceptionnel qui ne donne jamais le sentiment de jouer. Il est ce Baal en rupture, aimant et odieux parfois, fuyant toujours on ne sait quelle vérité sur lui-même qu’il ne veut absolument pas voir. Certaines scènes sont plus bouleversantes que d’autres. Celles avec la mère, notamment, et celles de la solitude, de l’abandon à la mort. Il y a dans Baal quelque chose de Woyzeck, quelque chose d’une tragédie du sacrifice.” – Le Figaro
2. Aux Ateliers Berthier de l’Odéon, Guillaume Vincent propose une variation spectaculaire autour du Songe d’une Nuit d’été de Shakespeare et des Métamorphoses d’Ovide :
– “La forme flamboyante n’empêche pas d’aborder les questions de fond : l’âpreté de l’existence, l’art et l’amour qui transcendent les genres, la violence des sentiments… Le metteur en scène insuffle une envie sauvage à ses comédiens, tous excellents : des plus jeunes (Elsa Agnès, Elsa Guedj, Hector Manuel, Makita Samba), aux plus aguerris – tel Gérard Watkins, époustouflant en Puck survolté.” – Les Echos
– “Paradoxalement, dans les deux parties du spectacle, même si ces scènes restent efficaces (elles le sont dans leur principe même), les moments où l’on voit les acteurs répéter ou donner un spectacle finissent par tomber à gros sabots dans ce qu’elle dénoncent : un chapelet de poncifs ou de gags attendus. Enfin, le montage zapping de l’ensemble bloque le souffle de la mise en scène qui en manque donc.” – Le Blog de Mediapart
– “On rit, on tremble, les yeux écarquillés. On se laisse ainsi transporter par les décors magnifiques, les transitions ingénieuses et surprenantes, les chants envoûtants, comme des enfants à qui on raconte une vieille histoire. Une histoire un peu terrifiante, un peu datée, mais dont on sent la force qui traverse le temps. C’est beau, c’est grand, c’est spectaculaire, proche de nous et haut aussi, très haut.” – Les trois coups
– “Guillaume Vincent s’inspire des comédiens de fortune du Songe, en rendant hommage au théâtre amateur : Narcisse est joué par des enfants ; de jeunes comédiens se glissent dans la peau de faux lycéens pour interpréter Myrrha. On assiste à un « work in progress » qui oscille sans cesse entre répétition et représentation, monde réel et monde magique. La scénographie, ingénieuse, joue de cette ambiguïté – un mélange de MJC et de Palais des mirages.” – Les Echos
– “Ces questions, qui hantent notre théâtre contemporain et auxquelles il ne donne pourtant jamais de réponse, sont trop souvent la seule chose qui nous reste à la sortie des salles. Mais ce qui fait la réussite de ce « Songes et métamorphoses », c’est qu’en plus de son succès à les illustrer à travers la complexité de son écriture et la grande cohérence de sa forme, on y prend à bras-le-corps la joie, l’amour, la tristesse ou la colère.” – I/O Gazette
– “Suivant la plume du metteur en scène qui montre parfaitement au passage combien peuvent nous parler encore et toujours aujourd’hui les récits classiques d’Ovide, le spectacle saute de représentation théâtrale en work in progress avec une habileté et une fluidité consommées, et compose en même temps une fête, une parenthèse de liberté, un moment où l’on peut regarder le monde dans son désordre dionysiaque, et une véritable ode au théâtre, à un art qui s’adresse autant à l’innocence de l’enfance qu’aux tréfonds les plus sombres de la psyché.” – La Terrasse
3. Trois, précédé de un et deux, la géniale trilogie du québécois d’origine iranienne Mani Soleymanlou se joue au Tarmac jusqu’au 29 avril :
– “La pièce brasse les idées, parfois aussi les clichés, n’évite pas quelques raccourcis, mériterait d’être un peu resserrée, mais elle est honnête, habile et ne fait jamais douter des bonnes intentions de ses auteurs.” – SceneWeb
– “La démarche est passionnante. En ces temps troublés et inquiets où nos repères se dissolvent, cette aventure, belle et enthousiasmante, est traversée d’une vitalité revigorante et nous invite à penser le monde.” – WebTheatre
– “L’ingéniosité de ce dispositif est malheureusement une des seules vraies qualités (la scénographie en est une autre) de ce qui prend vite les traits d’une inoffensive comédie «feel good». Un registre qui n’a rien de problématique en lui-même si l’auteur n’avait eu d’autres ambitions. Au rang desquelles : créer une odyssée drôle et émouvante sur la diversité culturelle et discourir sur une quête des origines qu’il juge visiblement nécessaire (au point de friser l’injonction). ” – Libération
– “Un, deux, trois, Go au TGP car il ne faut absolument pas manquer cette pièce. Si vous hésitez encore un tout petit peu , sachez qu’il est assez rare d’assister à une standing ovation, et que ce fut le cas.” – Les5pièces
– “Il y a d’abord Un, monologue autofictif. Puis il y a Deux, duo avec le Québécois Emmanuel Schwartz. Il y a enfin Trois, qui réunit trente-cinq interprètes issus d’horizons divers.” – La Terrasse
– “L’instrumentalisation politique de la question identitaire a transformé cette quête humaine en un terrain miné, mais nous l’arpentons avec dérision et humour.” – Mani Soleymanlou pour La Terrasse
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