Revue de presse du 8 mars : Mayday, Interview et Scènes de la Vie conjugale
1. Retour de Julie Duclos à la Colline avec la mise en scène de Mayday, d’après le fait divers de Dorothée Zumstein :
– “On est sorti de ce spectacle, troublé, impressionné même, mais un brin perplexe. Malgré ses efforts pour tirer ce fait divers vers le théâtre, grâce à une construction habile – par strates – et des envolées poétiques, l’auteur du texte, Dorothée Zumstein, n’arrive pas à s’abstraire de la glaçante trivialité du réel.” – Les Echos
– “L’histoire de Mary, née un jour de mai, est donc ce qui constitue le premier intérêt de Mayday. Dorothée Zumstein et Julie Duclos l’abordent avec toute la délicatesse requise, cette histoire qui est d’abord celle d’une enfant maltraitée, dans la spirale sans fin – mais que l’on peut aussi décider d’arrêter – de l’exclusion sociale et de la folie familiale.” – Le Monde
– “Dommage que la place du spectateur (ses attentes, son voyeurisme, sa morale) n’ait pas été davantage malmenée. Une histoire de parti pris : MayDay s’éloigne en fait du mélodrame social pour choisir le chemin de l’investigation psychanalytique, en remontant le fil du temps sur trois générations, jusqu’à dénicher le traumatisme originel.” – Libération
– “Aucune concession n’est faite, dans cette descente au cœur des drames et des déséquilibres familiaux, quant à la dureté des trajectoires de vie qui nous sont racontées. Face à la belle scénographie conçue par Hélène Jourdan, l’oxygène vient même parfois à manquer. C’est le signe d’un spectacle d’une grande force. Un spectacle dense et sans échappatoire.” – La Terrasse
– “Tous les ingrédients du spectacle de genre sont réunis par Julie Duclos qui installe justement une atmosphère lourde et anxiogène, ni sensationnaliste ni édulcorée. Pour autant, il manque de l’inconfort et de l’intranquillité à cette nouvelle création, de quoi heurter, bousculer, déranger les spectateurs à l’abri du risque tant tout semble tenu et trop retenu.” – SceneWeb
– “Le travail dirigé par Julie Duclos s’est beaucoup fondé sur des improvisations pour mieux nourrir les personnages et revenir au texte par la suite. Cette méthode donne une réelle densité aux personnages. Les comédiennes sont habitées par l’histoire respective de leur personnage et le public le ressent. Nul besoin de gros titres pour évoquer une tragédie.” – Les Trois Coups
– “Les acteurs semblent perdus dans cet espace trop imposant pour cette pièce d’où toute une série de gesticulations, de traversées errantes du plateau et de danses rageusement piétinées, voire d’étreintes avec un homme (un intrus dans cet univers) pour « meubler » l’espace et les limites du texte. Seules Marie Matheron, l’ancienne meurtrière, devenue mère, et Alix Riemer (déja remarquée dans Nos serments), la jeune meurtrière, parviennent à donner, ici et là, une certaine épaisseur à leur personnage.” – Le blog de Mediapart
– “Dans la veine du travail de Katie Mitchell, et à la suite de la mise en scène qu’elle avait imaginée pour Nos Serments, Julie Duclos utilise la caméra comme un révélateur de scènes qui se jouent à l’abri du décor, dans l’intimité de la cuisine ou dans l’isolement de la rue. Très esthétique, porté par de sublimes actrices, MayDay interroge le destin d’une lignée de femme pour nous attraper – du côté noir et inquiétant de la force- là où l’imaginaire est le plus sensible : l’enfance.” Toute la Culture
2. Au Rond-Point, Judith Henri, Nicolas Bouchaud et Nicolas Truong explorent la matière singulière de l’entretien… Le spectacle Interview, créé à Avignon l’été dernier a été sensiblement remanié :
– “Le noyau “dur”, (sans doute trop) longuement abordé, concerne le dispositif d’interview attaché au cinéma documentaire, en l’occurrence, la “Chronique d’un été” sur les Parisiens réalisé en 1960 par l’ethnologue-réalisateur Jean Rouch et le philosophe-sociologue Edgar Morin et la plus récente trilogie documentaire “Profils paysans” du photographe-journaliste Raymond Depardon immergé dans son milieu d’origine.” – Froggy’s Delight
– “T – Le projet est pointu. Les comédiens sont habiles à passer d’un interviewé à l’autre ; le mécanisme de certains entretiens est très bien montré (Jean Hatzfeld, Raymond Depardon).” – Telerama
– “L’équipe, comédiens compris, s’est amusée à interviewer des intervieweurs, «à renverser le miroir», afin de saisir comment circule la parole et le silence, l’écoute et le bruit, les non-questions, et les réponses automatiques, et aussi «à traquer les histoires» contenues dans leurs réponses.” – Liberation
– “Sur le plan dramaturgique, les choix de Nicolas Truong sont clairs. Il développe ici un art consommé du collage, alternant coupes franches et rusés assemblages. Le journaliste expérimenté qu’il est aussi manie avec dextérité le ciseau qui, à une époque pas si lointaine, s’utilisait pour couper les bandes magnétiques. Il en résulte une construction fluide, faite de développements denses et de respirations apaisantes.” – Les Trois Coups
– “Les deux acteurs traversent les situations, restent toujours un poil décalés, interrogent la façon d’accueillir la parole, comment elle arrive et est reçue, comment elle se donne et s’abandonne, pourquoi et avec qui. Ils campent des personnalités disparues qui savaient se tenir en embuscade et se permettaient d’ironiser. En ce temps-là les intellectuels pouvaient se moquer d’eux-mêmes car les conseillers en communication étaient au biberon.” – Un fauteuil pour l’orchestre
– “Les deux acteurs – formidables – à l’abri d’un plateau sobre, passent ainsi en revue les différentes figures de l’entretien, jonglant avec cette matière malléable, qui explore le véritable enjeu de ce ping-pong verbal entre langage formaté et parole incarnée. Du mensonge assumé au désarroi incontrôlable, de la connivence à l’agressivité, c’est aussi bien notre mémoire collective que notre actualité qui font sens dans ces échanges réactualisés où la question aujourd’hui n’est plus tant de refaire le monde, que d’arrêter de le défaire.” – Publik’Art
– “A l’appui d’une très bonne retranscription d’une interview de Florence Aubenas, ce happening théâtre dissèque le métier de journaliste avec justesse : le suivisme, la notion de « bon client ». Tout est vrai. Il n’y a rien à dire. Les journalistes de la télévision sont comparés à des crapules – mes collègues apprécieront. L’interview de Jean Hartzfeld, grand chroniqueur de guerre est aussi exemplaire lorsqu’il raconte ses reportages au Rwanda.” – SceneWeb
3. Sur la scène du Théâtre de l’OEuvre, le réalisateur-metteur en scène Safy Nebbou dirige Laëtitia Casta et Raphaël Personnaz dans Scène de la vie conjugale :
– “Raphaël Personnaz et Laetitia Casta se livrent peu, par peur de verser dans l’excès ou le pathos. Et la monotonie s’installe très vite. Le metteur en scène, en cherchant à éviter le naturalisme, cultive une fausse distance guindée.” – Les Echos
– “Laëtitia Casta, sobrissime, pull rose pastel et pantalon beige, est une Marianne qui démarre la pièce tout en retenue et en finesse. Son jeu, d’une impeccable précision, tout en observation et dans l’écoute, exprime l’attente d’une femme qui vit dans le regard de son époux.” – Artistik’Rezo
– “La scénographie, simple et modulable, laisse place à l’affrontement et à la liberté salvatrice de la parole. Tout est poussé, au fur et à mesure, au dénuement pour atteindre la sincérité et la vérité la plus totale. Ils parviendront alors à sortir de leur foyer, de leurs habitudes, de leurs illusions et de leur passé, pour être, ce qu’il reste.” – Le Huffington Post
– “À l’Œuvre, la mise en scène minimaliste de Scènes de la vie conjugale par Safy Nebbou gèle littéralement les interprètes dans leur jeu. C’est d’autant plus dommage qu’il suffirait de presque rien pour que leur vitalité s’exprime.” – Le Figaro
– “T – On pouvait imaginer que, les décennies passant, la vie maritale disséquée par Bergman aurait évolué, que le scénario se serait démodé : pas du tout. Et malgré une mise en scène sans invention – avec le passage obligé par la vidéo ! –, Raphaël Personnaz (un peu mièvre) et Laetitia Casta en délivrent toute la sauvagerie, l’humour et la tendresse aussi.” – Telerama
– “On comprend pourquoi le film peut susciter l’envie d’adaptation théâtrale. En 1995, André Dussollier avait revisité le rôle de Johan avec élégance et distance et c’était merveille. La mise en scène de Safy Nebbou et les interprétations de Raphaël Personnaz et de Laetitia Casta sont trop sages ou pas assez décalées. Le texte n’ayant pas l’intensité ni la puissance théâtrale d’une pièce comme Qui a peur de Virginia Woolf, il lui faudrait la force d’un point de vue et des acteurs très bien dirigés pour dépasser le stade d’un aimable feuilleton télévisé.” – WebThéâtre
– “Le texte manque cruellement de subtilité, les dialogues sont lourds et banals. Aux acteurs donc de sauver la pièce ! Là encore, on est déçu. Si Raphaël Personnaz s’en sort bien, Laëtitia Casta joue malheureusement très (très) mal. Tous ses efforts pour être crédible tombent à plat.” – Les5Pièces
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