Revue de presse du 1er juin 2016 : Nécessaire et urgent, La Mouette et Figaro divorce
1. Au Théâtre de la Colline, Hubert Colas met en scène Nécessaire et urgent d’après le texte fort et poignant d’Annie Zadek :
– “Tourné vers le présent, Hubert Colas fait entendre à deux voix les questions d’Annie Zadek jamais posées à sa famille exilée de Pologne, enfin écrites dans Nécessaire et urgent. Questions d’ordre pratique qui cherchent à ancrer dans le réel les signes et indices de l’inévitable exil et du récit impossible, quand le pire s’est produit, aux générations futures. Partagées en cinq chapitres, toutes disent l’épaisseur du silence et de la chape d’oubli qu’impose la mesure du désastre et du massacre dont l’ombre de mort recouvre les survivants et leurs descendants.” – Les Inrocks
– “Ponctuée de projections de photographies et d’images d’archives, la mise en scène d’Hubert Colas est d’une justesse parfaite. Rigoureuse dans son minimalisme, délicate dans son épure. Dans l’espace intemporel et irréel du plateau, le texte résonne comme un chant profond.” – La Croix
– “Ce sont la comédienne Bénédicte Le Lamer et le comédien Thierry Raynaud qui, sur le plateau, s’emparent de ce déferlement de demandes agissant comme autant de fils lancés entre hier, aujourd’hui et demain. Les non-dits familiaux pèsent. Ils sont comme des fantômes. Des ombres persistantes. Envahissantes.” – La Terrasse
– “Le dispositif scénique capture les acteurs dans un espace temps irréel, et captive immédiatement l’attention des spectateurs. Au milieu du plateau, trône un énorme cube de verre que des rayons lumineux balaient de part en part. La lumière aveuglante blesse le regard du public, et découpe comme un laser, le corps des acteurs.” – Toute la Culture
– “La mise en scène n’est pas au niveau du texte. Dépassé par la brutalité du texte, la scénographie et le jeu des acteurs semblent écrasés par les mots de Zadek. La peur sans doute. Les comédiens soufrent autant que nous de la proximité de ce texte rude et sec. ” – Un fauteuil pour l’orchestre
– “Le jeu précis et d’une grande pudeur du duo de comédiens Bénédicte Le Lamer et Thierry Raynaud donne tout leur poids à ces sondes lancées dans le passé pour nous parler d’aujourd’hui.” – Libération
– “L’ennui nous gagne face à un texte linéaire, sans dramaturgie et sans échange entre les personnages. Les questions sont lancées directement au public et quelle réponse pouvons-nous apporter ? Beaucoup de mots afin de conduire à la réflexion mais finalement bien peu d’histoire. Entre leçon de morale et manque de surprise, le texte d’Annie Radek s’avère être assez inhabité.” – Sceneweb.fr
– “La mise en scène d’Hubert Colas fait jouer les deux comédiens devant un cube de lumière opaque, à travers lequel on perçoit des ombres, des silhouettes noires. Très beau travail. Bénédicte Le Lamer et Thierry Raynaud jouent avec délicatesse et une sensibilité retenue. Quand ils chantent (très bien), on a l’impression d’assister à un oratorio. C’est magnifique.” – Telerama
2. Créée au Théâtre Vidy de Lausanne, La Mouette de Thomas Ostermeier se pose à l’Odéon-Théâtre de l’Europe jusqu’au 26 juin :
– “C’est une Mouette de combat que signe Thomas Ostermeier. Une Mouette-manifeste, qui fait déjà beaucoup parler, voire polémiquer, depuis sa création au Théâtre de Vidy, à Lausanne fin février, et plus encore depuis la première parisienne du vendredi 20 mai. Pourtant, c’est aussi une Mouette magnifique, qui ne s’en tient pas à la lecture très politique que le directeur de la Schaubühne de Berlin fait de la pièce, mais en déploie le tragique et l’universalité grâce à des acteurs exceptionnels, engagés corps et âme – comment pourrait-il en être autrement avec Tchekhov ?” – Le Monde
– “Tchekhov impose son génie. Rien ne saurait éroder la puissance émotionnelle du chef-d’oeuvre porté par une distribution superbe. C’est à la jeunesse que la mise en scène donne la place d’honneur, sans que l’on soit certain que ce soit le projet du très sagace Thomas Ostermeier, qui dirige des comédiens en langue française. Tous sont remarquables, répétons-le. Il faut que la troupe prenne la mesure de cet immense plateau nu. […] Mais on est heureux de retrouver l’indestructible Mouette.” – Le blog du Figaro
– “Une interprétation de haut vol. […] En lui donnant ce cadre, Ostermeier renforce la résonance et la pérennité de la pièce, qui se déploie ensuite dans toute son ampleur, avec son questionnement sur l’art et la vie, la vie qui bat sans cesse. Dans la nouvelle traduction d’Olivier Cadiot, le texte trouve un phrasé naturel qui donne une dynamique actuelle et le travail d’Ostermeier avec les comédiens est parfaitement accompli, qui leur fait exprimer une vérité exceptionnelle dans la douleur de vivre, l’empêchement. Ils sont leurs personnages magnifiquement, profondément, avec leurs amours blessées, leurs espoirs déçus.” – Le JDD
– “Avec La Mouette, c’est presque un manifeste que le metteur en scène allemand propose : celui d’un théâtre du milieu, divertissant et social, qui ne relèverait ni d’une avant-garde pompeuse, ni d’un classicisme peureux. En souffletant gentiment le paysage théâtral européen actuel, Ostermeier veut rappeler que le théâtre n’est avant toute chose que le théâtre…” – Toute la Culture
– “Une traduction revivifiante d’Olivier Cadiot. Nous retiendrons de ce spectacle la grande sensibilité dans le jeu des comédiens, une direction qui est sans conteste le domaine dans lequel Ostermeier excelle.” – Un fauteuil pour l’orchestre
– “Entre imprécisions et fulgurances, la nouvelle création de Thomas Ostermeier laisse une impression de déséquilibre. Comme si le metteur en scène allemand n’avait pas, pour une fois, réussi à engendrer un présent théâtral suffisamment abouti pour faire disparaître les procédés qui le composent.” – La Terrasse
– “Comme chez Racine, dans cette chaîne ininterrompue de frustrations et de fantasmes, personne n’est aimé de celui qu’il voudrait. Avec l’art comme en fond sonore, au rythme d’un rock omniprésent. Toutes les conceptions de l’art. Celui qui explore, invente et déchire ; celui qui conforte, assure, réconcilie.” – Telerama
– “Certes, on a déjà vu Thomas Ostermeier plus à son aise, plus inventif, plus dérangeant, plus déroutant (notamment quand il se frotte à Ibsen), mais on reste cependant dans la prestation haut de gamme d’un metteur en scène avec lequel il se passe toujours quelque chose.” – Marianne
3. Au Monfort, Christophe Rauck nous livre une version tout en nuances et densité du Figaro divorce d’Odön von Horvàth :
– “Christophe Rauck a su utiliser tous les ressorts de la création pour plonger les spectateurs dans le grand bain de l’Histoire. Il signe un spectacle fort bien mené, en prise directe sur des interrogations universelles concernant la fin et les moyens, les idéaux révolutionnaires et leurs traductions concrètes, le racisme, les immigrés et leur éventuel rejet, la destinée des apatrides, les relations hommes-femme.” – Marianne
– “En quelques trouvailles scénographiques et musicales, il élargit les points de vue, dynamise la fable et s’assure de la fluidité des scènes. Une narration qui ne cède jamais à l’anecdotique mais s’enrichit sans cesse de notre regard de spectateur. Entouré d’excellents comédiens, Christophe Rauck réussit à faire Histoire de ces histoires de couples et de ces destins d’’immigrés. Une pièce qui tombe à pic.” – Time Out
– “Le spectacle de Christophe Rauck est aussi musical avec la présence de deux excellents chanteurs : Nathalie Morazin, la pianiste Fanchette et Jean-François Lombard (Mr de Chérubin) qui interprètent des Lied de Hugo Wolf. Cécile Garcia-Forel excelle aussi dans le chant et dans son rôle de Suzanne, femme divorcée et apatride.” – Sceneweb.fr
– “Mené par une troupe où chaque comédien est au diapason des autres, de John Arnold en Figaro désabusé, à Flore Lefebvre des Boëtes, impayable en sage-femme de (plus ou moins) bon conseil, ce Figaro Divorce est le résultat d’une belle mise en scène, qui ne sombre jamais dans la facilité tout en jouant de nuances et de non-dits savamment orchestrés.” – Toute la Culture
– “Les comédiens, subtilement dirigés, font ressortir toutes les nuances du texte. Au couple détonnant formé par John Arnold (ultracynique Figaro) et Cécile Garcia-Fogel (altière Suzanne), répond celui émouvant des aristocrates en détresse, Jean-Claude Durand et Caroline Chaniolleau. Les autres acteurs sont à l’avenant : incarnant pour la plupart plusieurs rôles, ils nous font rire et frissonner à point nommé.” – Les Echos
– “Des petites choses de la vie qui composent Figaro divorce, comme des grands questionnements sur les notions de liberté et de justice qui s’en détachent, Christophe Rauck fait un magnifique moment de théâtre. Un moment dense, à la fois précis et extrêmement nuancé, qui s’appuie sur une troupe de grande valeur. [les comédiens] forment l’humanité éparse de cette comédie aux accents mélancoliques. Une humanité troublante sur laquelle cette proposition d’une profonde exigence se garde bien de porter des jugements. A travers les errements des personnages réinventés par Odön von Horváth, ce sont les vagues désordonnées de l’histoire qui nous parviennent.” – La Terrasse
– “Je suis plus imprégné du Figaro d’Horváth que de celui de Beaumarchais… J’ai décidé de travailler sur l’idée de la forêt et j’avais ramené des animaux empaillés pour assombrir un peu le siècle de Beaumarchais et même utilisé le rideau magnifique d’Olivier Debré à la Comédie-Française.” – Interview de Christophe Rauck pour Libération
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