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Tango y tango, paroles et musiques

L’affiche est alléchante, Marcial di Fonzo Bo à la mise en scène, Philippe Cohen Solal, notamment connu pour avoir co-fondé le Gotan Project à la musique; on ne connaît pas Santiago Amigorena, l’auteur, mais on ne demande qu’à découvrir le troisième larron de cet attelage prestigieux et séduisant, dont on sait les intimes connivences avec le tango et/ou l’Argentine. La présence de l’irrésistible Rebecca Marder achevait de nous tenter…
La scénographie d’Alban Ho Van est magistrale : la milonga élégamment reconstituée, nostalgique et encore joyeuse, aux murs usés comme la voix de son vieux tenancier, offre un écrin magique à ce spectacle ambitieux. Les créations vidéo soignées de Nicolas Mesdom peaufinent le voyage, joliment incrustées dans l’ouverture des portes vitrées de la salle de bal, l’ouvrant sur d’autres lieux, d’autres temps, d’autres réalités.

On savourait d’avance, mais des ingrédients luxueux ne font pas toute la réussite de la recette… Le texte ne trouve pas l’équilibre entre fiction et documentaire, ne parvient pas à les faire s’enrichir l’un l’autre, et, à trop vouloir embrasser son sujet, se fait parfois bien maladroit. Et la grâce et le talent de Rebecca Marder se retrouvent malheureusement engoncés dans un rôle de « Candide » dont la soif de connaissance permet de justifier les parties « didactiques » du spectacle – qui ne manquent pas d’intérêt, peut-être, mais plutôt de vie.
Pourtant de la vie, du sang dans les veines, de la passion, du nerf, on en trouvera, là où le spectacle est beau, là où le spectacle vibre : dans le tango qu’on voit, le tango qu’on entend – pas celui qu’on décrit.
La musique est mixée ou jouée en direct, violon accordéon bandonéon en mode mineur (Aurélie Gallois et Victor Villena, irréprochables), chanteuse à la belle voix éraillée (Cristina Vilallonga, parfaite de puissance et de fêlures). La danse est vive, sophistiquée, technique, aiguisée sous les chorégraphies nerveuses et sensuelles de Matias Tripodi. Les danseuses sont affûtées, rapides, les jambes longues pointent vers le ciel comme des fleurets, les danseurs sont les imperturbables pivots de tournoiements et de portés vertigineux. Quelques beaux solos ou duos masculins rappellent le lointain temps où le tango se dansait entre hommes. Il y a de la virtuosité et de la flamme. De ce tango-là on se régale.

Marie-Hélène Guérin

 

TANGO Y TANGO
Au Théâtre du Rond-Point jusqu’au 27 mai
Livret Santiago Amigorena
Musique Philippe Cohen Solal
Mise en scène Marcial Di Fonzo Bo
Chorégraphie Matias Tripodi
Avec Rebecca Marder, Cristina Vilallonga, Rodolfo de Souza, Julio Zurita, Mauro Caiazza
Danse Maria-Sara Richter, Sabrina Amuchástegui, Fernando Andrés Rodríguez, Estefanía Belén Gómez, Eber Burger, Sabrina Nogueira
Musique Aurélie Gallois (au violon), Victor Villena (au bandonéon)
Scénographie Alban Ho Van
Images Nicolas Mesdom
Création lumière Dominique Bruguière
Photos © Giovanni Cittadini Cesi
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Avec le soutien de l’ADAMI


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Démons au Théâtre du Rond-Point

Spectacle vu le 10 septembre 2015
Au Théâtre du Rond-Point jusqu’au 11 octobre 2015 à 21h

Une pièce de Lars Noren, mise en scène Marcial di FonzoBo

@ Tristan Jeanne-Valès

Rendez-vous manqué avec des Démons bien trop sages…

Lorsque les lumières se rallument et que les spectateurs entonnent une salve d’applaudissements tout juste polie, nos quatre amis semblent se demander ce qu’ils font là…
Ils ne sont pourtant pas novices, loin s’en faut! Tous quatre ont même un parcours impressionnant. Certes plus cinématographique que théâtral, mais qu’importe. Il me semble que l’on pouvait raisonnablement s’attendre à autre chose avec une telle affiche… Anaïs Dumoustier, Marina  Foïs, Romain Duris, et Gaspard Ulliel. Une distribution prometteuse pour une pièce d’auteur qui ne l’était pas moins. J’avais lu notamment que Lars Noren rapprochait son portrait de couple de la célèbre pièce d’Edward Albee « Qui a peur de Virginia Woolf? » – N’importe qui s’y serait laissé prendre, non?

Bref, tout cela m’avait réellement donné envie. Ma déception fut sans doute à la hauteur de l’attente créée par un tel « teaser »… Peut-être ai-je eu tort de me précipiter et de prendre des places pour la deuxième représentation. Les acteurs n’étaient sans doute pas encore rodés.
Quoiqu’il en soit, je n’ai absolument pas ressenti la violence, la cruauté, la passion, l’impudeur, l’érotisme que j’attendais. Rien de démoniaque dans ce spectacle. Là où j’espérais être transportée, bousculée, malmenée, dérangée, je me suis juste ennuyée.

Au final, je me suis demandée moi aussi, à l’instar  de ces grands comédiens, ce que je faisais là. D’où vient le malaise? Pourquoi, et comment ce rendez-vous manqué? Est-ce le texte qui est en cause? Pas si moderne et sulfureux que cela, ce texte de Lars Noren? Est-ce la mise en scène qui peine à nous surprendre? Marcial di Fonzo Bo s’est-il senti bridé? A-t-il eu du mal à passer de l’écran à la scène?
Une semaine plus tard, je n’ai toujours pas la réponse à ces questions…