La troublante déclaration de Catherine Sauval à Jules Renard

Voici un spectacle intelligent, subtil, à la gloire d’un auteur trop souvent méconnu. Catherine Sauval a découvert le Journal de Jules Renard suite aux représentations de Poil de Carotte au Studio-Théâtre de la Comédie-Frrançaise en 2010. Ce fut une révélation, un véritable coup de foudre. Cette passion pour l’homme, pour le poète, elle la dépose avec douceur, intensité, sensibilité sur la scène du “petit Poche-Montparnasse”.

Son spectacle ne serait pas ce petit bijou si l’ancienne sociétaire du Français  y proposait une simple succession des plus célèbres aphorismes du poète (“Si l’on bâtissait la maison du bonheur, le plus petite pièce serait la salle d’attente”, “La nature fait du fumier avec les souvenirs de son année”, “Dieu n’est pas une solution, ça n’arrange rien”, “Je vois la vie en rosse”…).
Catherine Sauval raconte que l’agencement des différents extraits qu’elle avait retenus “se fit comme par magie en moins d’une heure”.
Elle nous apprend ou nous rappelle que Jules Renard était mal aimé (sa mère ne le surnommait-elle pas “le chieur d’encre” ?), d’une timidité maladive, neurasthénique, voire suicidaire…

Jules Renard, L’homme qui voulait être un arbre

© Alain Leroy / L’Œil du spectacle

“C’est l’homme que je suis qui me rend misanthrope”.

Cette magie opère au plateau et nous fait voyager dans les différents univers de Jules Renard : sa famille plus ou moins bienveillante, son travail d’écriture plus ou moins facile, sa campagne toujours chérie… Car l’auteur d’Histoires Naturelles et de Bucoliques, chronique paysanne avait un rapport à la nature qui est ici souligné. Les “scènes de vie de campagne” modifient le rythme du spectacle. Pleines de vie, elles sont souvent très drôles.

La scénographie de Catherine Sauval est toute simple, épurée, faisant la part elle aux jeux de lumières et à son jeu à elle, immense comédienne, tout en justesse, retenue, sensibilité et délicatesse.

Si l’émotion est toujours présenté, la dernière scène nous “cueille” littéralement. Preuve que Catherine Sauval, elle aussi magicienne, parvient à transformer ses spectateurs, l’espace d’un instant, en une véritable petite forêt…

L’HOMME QUI VOULAIT ETRE UN ARBRE
Du 26 septembre au 2 janvier 2017, les lundis à 19h au Théâtre de Poche-Montparnasse
D’après : Le Journal, Bucoliques et Histoires Naturelles de Jules Renard
Adaptation et interprétation : Catherine Sauval

0 réponses

Répondre

Se joindre à la discussion ?
Vous êtes libre de contribuer !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *