Revue de presse 7 juin : Une Vie, Des hommes en devenir et Boxe Boxe
1. Pascal Rambert met en scène Une Vie au Vieux-Colombier, pièce qu’il a spécialement écrite pour six comédiens de la troupe :
– “Il y a de la beauté et du plomb dans l’écriture de Rambert, honoré par pléthore de traductions et de prix, dont, en 2016, celui du Théâtre de l’Académie française. Beauté (un brin épuisante) de la litanie, et de la solitude des personnages, avocats avant tout d’eux-mêmes. Beauté des acteurs aussi, beauté enfin de la pluie plombée de l’égocentrisme et des propos à l’emporte-pièce.” – Libération
– “Rambert écrit pour les acteurs, il les jette corps et âme dans la bataille. Avec eux, le passé et le présent, la vie et la mort s’interpénètrent et alimentent l’œuvre et son créateur, objets principaux d’un discours à la fois analytique et sensible sur l’homme et l’existence, avec ses merveilles et ses gratuités dans le propos.” – SceneWeb
– “L’artiste n’a pas de nom, mais un corps : comme toujours quand il joue, Denis Podalydès est à la fois tout à fait reconnaissable, et complètement autre. L’art de la transformation propre à l’acteur prend chez lui une dimension magique : elle s’impose, sans que l’on arrive à percer quelle alchimie l’a produite.” – Le Monde
– “Rambert mêle modernité (le théâtre de plateau-radio) et classicisme (l’intervention des fantômes), tragique et burlesque, dialogues incisifs et monologues lyriques. Ballotté, le spectateur rit, s’émeut, s’énerve parfois… Bluffé par la virtuosité de la langue, il peut s’agacer de sa préciosité. S’il se régale, quand l’interviewer titille l’artiste ou se lance dans une folle énumération botanique, il risque de trouver le temps long, lorsque le frère Amer n’en finit pas de déverser sa bile… Mais malgré ces trop-pleins et ces imperfections, il se laisse emporter par le tourbillon d’Une vie.” – Les Echos
– “L’ensemble est bien mené, non sans quelques longueurs inhérentes à l’écriture de Pascal Rambert, toujours menacé par l’emphase. Sans doute stimulés par une problématique qui les concerne au premier chef, les acteurs se coulent dans leurs personnages avec avidité, à commencer par Denis Podalydès, impressionnant de présence. Une vie d’artiste vue par un artiste, c’est un travail d’artiste.” – Marianne
– “En neuf tableaux, cette tentative de recomposer une vie est aussi une sublimation de la langue, que Pascal Rambert défend en privilégiant toujours une relation intime avec ceux qui l’incarnent : « je n’écris pas sur la vie privée des acteurs, j’écris pour leur voix, leur corps, leur énergie, précise-t-il, ce sont des êtres humains, pas des personnages de papier ». En prise directe avec le concret, ce théâtre nous assure de sa force en développant une plasticité du temps, une porosité entre l’art et la vie.” – Artistik’Rezo
– “Est-ce parce que le texte a été écrit pour les comédiens, ils sont tous excellents, complices, à l’aise dans leur rôle comme dans un costume familier. Chez Rambert le texte est souvent un peu bavard, mais il impose un style, une écriture moderne et en même temps très littéraire, parfois alambiquée, une singularité de point de vue qu’on retrouve dans la mise en scène.” – WebTheatre
2. Emmanuel Meirieu adapte pour la scène Des hommes en devenir de Bruce Marchart, un formidable travail à découvrir au Théâtre Paris-Villette :
– “Emmanuel Meirieu plonge ses acteurs dans un grand bain d’émotions. Sur la scène embrumée de nuées et traversée de flashs de lumière, chacun dit son texte face à un micro sur pied – chuchotant, frissonnant, sans jamais sombrer dans le pathos. Des images quasi subliminales (phares de voitures, corps, visages) projetés sur un voile devant la scène créent une atmosphère onirique.” – Les Echos
– “Il faudra donc avoir l’estomac bien accroché, ne pas se laisser contaminer par leurs idées noires, leurs destins sans avenir, pour supporter les récits des paumés mis en scène par Emmanuel Meirieu. Surtout qu’ils sont tous grimés, parfois sanguinolents ou porteurs de prothèses. D’aucuns les diraient affreux, sales et méchants. Ils sont d’autant plus saisissants qu’ils sont interprétés par Stéphane Balmino, Jérôme Derre, Xavier Gallais, Jérôme Kircher et Loïc Varraut et, qu’alors même qu’ils évoluent dans une absence de décor, leurs visages géants sont projetés à l’avant de la scène.” – Froggy’sDelight
– “Ces portraits impeccablement écrits et adaptés nous happent et deviennent une bulle entre fiction et absolue normalité qui questionne la notion de perte, de lien social, de communication. Il n’est pas question de défendre la légèreté à tout prix, mais d’encourager à surprendre, et pourquoi pas à multiplier les tons et les formes pour éviter la lourdeur de s’installer. Lorsqu’on est surpris, lorsque certains fragments nous prennent de court, c’est encore plus beau. C’est dire si Des Hommes en devenir est déjà d’une grande beauté.” – Un Fauteuil pour l’orchestre
– “Qu’il s’agisse de la mort du chien, du bébé, du jeune homme… pour tous, c’est gagné. Et l’on en sort lessivé. Les yeux brillants. L’angoisse au ventre. Le plexus en aiguille. Ces Hommes en devenirtémoignent et tentent, on l’a compris de se reconstruire. A la recherche d’une main tendue, d’une écoute charitable, d’un regard de secours. D’une épreuve partagée. A la recherche d’un semblant de nouveau bonheur. Inaccessible sans doute. C’est glaçant mais brillant.” – L’Humanité
– “Les cinq comédiens sont les instruments parfaitement accordés et exceptionnellement justes d’un blues métaphysique aux accents déchirants. La rage et la tendresse mêlées de ces êtres terriblement humains les haussent alors à la hauteur de héros tragiques, qui transcendent leur condition en ayant le courage d’en faire le récit. Si notre besoin de consolation est insatiable, ce spectacle en est l’impeccable et hypnotique rappel.” – La Terrasse
– “Michel Vuillermoz est exceptionnel de virtuosité dans le rôle de Pinglet qui le confronte à la déroute de son stratagème. Anne Kessler et Florence Viala sont des conjointes étonnantes de candeur et de folie tandis que Laurent Lafitte incarne un Bastien aussi ambigu que maléfique. Quant à Christian Hecq, il est abracadabrantesque de drôlerie dans le rôle de Mathieu, l’ami bègue et crédule flanqué de ses quatre filles.” – Artistik Rezo
– “Pour le spectateur, il ne s’agit pas d’une navigation paisible face à ces trajectoires tragiques, mais d’une mise en position de témoin et parfois d’empathie douloureuse avec les personnages, en fonction de son vécu et de son degré de sensibilité. La représentation se déroule dans un espace abstrait, plus ou moins coloré et nuageux sous les lumières, et ponctué de projections vidéo discrètement indicatrices en premier plan, instaurant un climat adapté.” – WebTheatre
– “Dans les rôles de Ray et Dean, Xavier Gallais s’illustre encore ici comme l’un des plus grands acteurs de sa génération. Les mots ne semblent pas descendre de sa mémoire mais monter en jets saccadés depuis les tripes. Jérôme Kircher et Jérôme Derre partagent cette justesse et la maîtrise suffisante de leur texte pour ne jamais tomber dans l’excès.” – SceneWeb
3. Après plus de 200 représentations autour du monde, la Compagnie Käfig poursuit sa tournée de Boxe Boxe au Théâtre du Rond-Point, un surprenant spectacle de danse :
– “Chaque performance s’accompagne d’une magnifique composition musicale orchestrée par le quatuor Debussy, également présent sur scène. Un répertoire globalement classique qui laisse toutefois la place à quelques morceaux de Philip Glass (un kiff intersidéral pour les fans).” – Les5pieces
– “Les couleurs sont sobres, le ton aussi. Sur ce ring poétique, on propose des images. Même si la musique classique déstabilise parfois, nous empêchant d’apercevoir en son sein le rythme tapé, caractéristique à la danse hip-hop, on est bercé par une bande originale variée et magnifique. Quand enfin le beat traditionnel du genre fait son entrée, on est d’autant captivé.” – Un Fauteuil pour l’orchestre
– “TT – Avec un titre qui boxe deux fois, on imagine l’uppercut. Le spectacle de Mourad Merzouki, directeur du Centre chorégraphique de Créteil, se place à la fois sur le terrain du combat et sur celui de la force plastique de la boxe. Sans céder à la violence sanguinolente de ce sport, le chorégraphe hip-hop en offre une vision onirique soutenue par les partitions musicales exécutées live par le Quatuor à cordes Debussy. ” –Telerama
– “L’accompagnement musical du Quatuor Debussy se présente de son côté à la fois comme le contrepoint et le compagnon du spectacle, tantôt onirique, tantôt mystérieux, parfois comique, qui se déroule sur le plateau. Ce sont de brèves séquences empruntées à Ravel, Verdi, Mendelssohn, Philip Glass, Henryk Gorecki ou au Schubert du quatuor La jeune fille et la mort. On ne s’ennuie pas un seul instant à cette fête d’interactions entre danse, musique et boxe.” – WebTheatre
– “La performance est physique mais également esthétique. Les ruptures de rythmes produisent des effets hypnotiques : les actions ralenties des danseurs mêlées aux lumières de Yoann Tivoli semblent sortir d’un mirage. Les danseurs fantomatiques avancent sur nous. Le résultat est stupéfiant.” – Etat Critique
– “Sur le ring de boxe ou le tapis de danse, l’artiste sue, se bat, s’expose au regard du public, des critiques, de l’arbitre. Il combat ses limites et son adversaire. Solos, duos, mouvements collectifs, Boxe Boxe invite Mohamed Ali et ses sauts dansés. La pièce convoque les fantômes de Laurel et Hardy dans la fantaisie burlesque d’une boxe des débuts, drôle de lutte.” – Artistik’Rezo
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