Revue de presse du 26 octobre : La Vie (titre provisoire), Philippe Caubère, La Mort de Danton, Le Personnage désincarné
1. Un François Morel délicatement charmeur dans La Vie (titre provisoire) : un moment, sinon fort, au moins délicieux :
– “TTT – Le bonbon de la rentrée dont on ne saurait se passer. Un kaléidoscope de chansons comme une touchante et authentique collection d’ex-libris du grand livre de l’existence. Tendres, mélancoliques ou franchement poilantes – irrésistible Petit Jésus tu m’as déçu -, on se régale des mélodies composant ce récital aux couleurs jazz, mis en scène par Juliette sous la forme d’un hommage facétieux au music-hall.” – Télérama Sortir
– “L’artiste réveille le souvenir des récitals d’autrefois – à Bobino, à l’Olympia… – avec drôlerie, distance et modestie… Les mélodies sont légères, les arrangements malins, « vieux style » avec ce qu’il faut de modernité pop et jazzy… Les textes de Morel n’ont rien d’explosif, ils sont comme à l’accoutumée, subtils, fantasques, doux et un brin fêlés. Le chanteur a la voix sûre, animée d’un léger trémolo. Plus touchant à la scène qu’en disque, La Vie (titre provisoire) distille un beau parfum d’humanité lucide.” – Les Echos
– “Un nouveau récital, placé sous le signe du désenchantement. Pas question, pour autant, de s’abandonner à la morosité. Le spectacle, mis en scène par sa vieille copine Juliette, garde toute la candeur, la tendresse, l’humour du comédien-chanteur-poète qui manie comme pas deux la relation avec son public. Le récital s’égrène comme une farandole de vignettes, de saynètes poivre et sel qui, à chaque fois, révèlent un micro-état du monde et de ses habitants…” – Rue du Théâtre
– “Juliette met en scène ce cabaret tendre, projet humaniste de réconciliation durable avec le fait d’exister. Quel bonheur de retrouver François Morel, dans une mise en scène malicieuse de sa complice Juliette. Accompagnés par des musiciens aux petits oignons, François Morel distille donc ces petits moments de bonheur. Des airs aux teintes d’Alain Souchon, comme « La vie », d’autres plus personnels et à chaque fois de jolies découvertes. Certes quelques titres pâtissent d’une écriture qui laisse un peu perplexe, mais foin de ces réserves, l’excellence de l’ensemble l’emporte haut la main.” – Regard en coulisse
– “Pas tant nostalgique que tendre, le registre du tour de chant suit une égale ligne inspiratrice, la même tonalité musicale, sans émergences ni grands reliefs ou moments forts… Certains textes accrochent davantage, comme Petit Jésus, tu m’as déçu, plus sarcastique, où l’on retrouve l’esprit de ses chroniques de France Inter, mais ce dernier spectacle de chansons ne convainc pas totalement et laisse sur sa faim… Avec Une chanson populaire, “un refrain tout bête”, il clôt son hommage à la chanson et à la vie, comme on l’aime, ni plus, ni moins.” – Le Journal du dimanche
– “François Morel déroule un tour de chant tendre et lumineux, les facettes de la vie, de ses incohérences et de ses moments de grâce aussi. Scéniquement, cela aurait mérité quelques fulgurances et quelques surprises dans la mise en scène. Si le ton, l’unité et le côté classique vaguement rétro du spectacle sont indéniables, on a tendance à retomber en intensité…” – Un fauteuil pour l’orchestre
– “Certaines chansons, dans leurs mélodies, ont un peu trop le côté cabarets branchés-intellos des années 50-60; et je n’étais pas le seul à m’ennuyer, de ce fait, par moments. Ce spectacle peut-il toucher les moins de 30 ans ? J’ai dit mes petites réserves, mais la présence de François Morel est tellement forte, tellement généreuse, tellement fusionnelle avec le public, qu’il l’emballe et fait une fin triomphale. Sur le fond, Morel est, comme Houellebecq, un poète obsédé par la mort, mais sa réponse à lui, c’est la tendresse et l’humour. Laissez-vous embarquer, vous passerez un moment rare.” – Culture Tops
– “François Morel dispense les titres de son album dans une mise en scène minimaliste et dépourvue de caractère… Sans effet scénique, si ce n’est le tempérament de comique de François Morel qui resurgit dans de mini-intermèdes humoristiques et le pousse à quelques esquisses d’imitations de Charles Aznavour à Jacques Chirac, le spectacle se déroule sur un rythme de thé dansant pour troisième âge heureux…” – Froggy’s delight
2. Caubère se démultiplie à l’Athénée – deux solos : Bac 68 et La Danse du Diable, la mise en scène de L’Asticot de Shakespeare, de Clémence Massart : des retrouvailles appréciées !
– “Entretien croisé Philippe Caubère/Clémence Massart” – La Terrasse
Jouer l’irruption de 68 et de ce mouvement de libération est très important dans la situation actuelle qui ressemble – je trouve – à celle d’alors.
– “Des textes très écrits pour des récits drôles et touchants… Philippe Caubère, tel le magicien de L’Illusion comique de Corneille, va nous faire voir, revoir le passé, va faire vivre, revivre des personnages que l’on connaît ou non, que l’on reconnaît ou non, des personnages d’une humanité touchante, fragiles et cocasses, des êtres entravés qui cherchent leur liberté…” – Le Figaro
– “TT Les jeunes spectateurs, qui n’ont pas pu découvrir les solos biographiques de Philippe Caubère voilà trente-cinq ans, se régaleront de cette fulgurante adaptation d’un des meilleurs épisodes de sa feuilletonesque autofiction théâtral… Tableau de la France des années 60, de la vie provinciale, de la jeunesse enfiévrée de l’époque, cette tranche de vie et d’histoire(s), écrite avec truculence, permet à Caubère d’éblouir et de réjouir en quelque deux petites heures, qui passent comme un rêve de théâtre.” – Télérama Sortir
– “Dans ce spectacle qu’il joue depuis plus de quarante ans, Philippe Caubère interpelle parfois le public pour s’interroger sur ses quatre décennies passées et pour rappeler qu’il y a longtemps il ironisait sur la possibilité qu’un de ses spectacles puisse traverser le temps sans dommages. C’est pourtant ce qui arrive… Ce qui frappe, c’est l’énergie de Caubère, la maîtrise toujours égale avec laquelle il entraîne chaque spectateur dans son ailleurs personnel. On rit franchement, d’un beau rire sain… Le spectateur est devant lui, pantelant et médusé car il sait qu’il peut déjà dire à la cantonade : “j’y étais”. Dire que c’est admirable et à ne pas manquer est la moindre des choses.” – Froggy’s delight
– “Montrant une énergie époustouflante, l’auteur-acteur transformiste infatigable y déploie une foule de rôles hilarants… L’acteur-auteur, transformiste génial, frise la schizophrénie. Car il ne se contente pas d’incarner mais d’être tous les personnages de ces séquences et séances psy-théâtrales hilarantes… une logorrhée ahurissante qui semble n’avoir pas de fin (et parfois ni queue ni tête), où l’absurde le dispute au cocasse.” – Rue du théâtre
– “Je n’ai pas connu 68, ni au bac, ni ailleurs. Je n’ai pas connu la Diane, ni Gérard Philipe. Mais je connais Caubère et ses monologues à mille voix, sa précision, ses visages… Dans le jeu que Caubère invente, tout a une voix. Ferdinand, sa mère, son prof, sa voiture… On rit, beaucoup, on assiste aussi à de vraies perles d’écriture… Bien sûr, on peut trouver les trois parties inégales en terme de poids, de construction, la plus satisfaisante étant le passage – enfin – de Ferdinand à l’oral du bac… Mais Philippe Caubert est Philippe Caubert, avec son ton, son écriture, et sa simplicité…” – Un fauteuil pour l’orchestre
– “Clémence Massart est une comédienne insolite et libre qui mène sa carrière comme elle l’entend. Elle s’est essayée à tout “LA” Massart, étonnante, directe, sans fioriture. Ses apparitions sont toujours d’une extrême originalité. Vision guillerette sur la mort, il fallait le faire et Massart l’a fait ! C’est drôle, convaincant, on aurait presqu’envie de prendre rendez-vous avec cet asticot là pour être mangé dans la joie… Clémence Massart est un ovni, un monument, une gueule, un physique, une personnalité unique dans son genre. Elle a de nombreux aficionados dont vous ferez partis, à coup sûr, si vous allez voir ce spectacle où l’on meurt volontiers… de rire.” – Théâtrothèque
3. François Orsoni met en scène La Mort de Danton de Büchner : les critiques saluent l’entreprise, sans dissimuler quelques retenues :
– “Il faut saluer la mise en scène de François Orsoni ainsi que la prestation des acteurs… On regrettera l’intrusion verbale dans la pièce d’extraits de Michel Houellebecq, d’Angélica Liddell et de Pierre Michon, qui viennent plus brouiller les esprits qu’éclairer le propos. C’est une maladie infantile du théâtre moderne que de confondre l’audace et le confusionnisme, le dépoussiérage et l’embrouillage. « Faire, c’est bien, refaire, c’est mieux », disait Jean Vilar. Mais attention à ne pas défaire. Certes, on n’en est pas là avec cette « Mort de Danton » bien troussée, mais un brin de sobriété dans l’innovation ne nuirait pas au succès qu’elle mérite.” – Marianne
– “On est saisi par la belle froideur du dispositif. Les lumières oniriques contribuent à donner des nuances fiévreuses et sépulcrales au poème tragique de Büchner. François Orsoni part donc d’une belle idée pour mettre en scène la chute de Danton, happé par la spirale sanglante de la Révolution, tout autant que par sa mélancolie et son indécision (à la Hamlet), mais une idée qui s’avère hélas inaboutie. Elle est ici survolée, presque désincarnée, malgré de bonnes intentions. Le spectacle reste à l’état de « work in progress », manque de véritable parti pris et d’intensité. Promis à une longue tournée (passant par le Théâtre de la Bastille en février-mars), il gagnera peut-être avec le temps, on l’espère, en puissance et en clarté.” – Les Echos
– “François Orsoni a choisi une très belle traduction. Peut-être même la plus belle qui ait été écrite à ce jour. Très bon choix donc… François Orsoni choisit en effet de faire jouer les acteurs sur une zone subtile, une zone-frontière située entre la personnalité de chaque comédien et le moment où il prend le masque. C’est un choix périlleux, car les comédiens peuvent être tentés de retourner à leurs fondamentaux et à leurs facilités pour se rassurer. Et c’est – de fait – ce qui arrive souvent. On peut regretter que la signature de la mise en scène ne soit pas plus affirmée, et ne se détache pas davantage d’images maintes fois éprouvées.” – Théâtrorama
– “Si le parti-pris de François Orsoni brouille un peu les pistes et transforme les personnages en figures, il est clair que son propos est de nous rendre sensible la fulgurance du texte de Büchner et de nous faire percevoir tout ce qui y palpite de déchirante humanité. En cela le spectacle est une réussite et mérite toute notre attention en dépit de quelques enjolivures inutiles, telles les lunettes noires de Danton ou l’injection, même subtile des textes de Houellebecq, Angelica Liddell, Pierre Michon qui n’ajoutent rien à la modernité de Büchner.” – Webtheatre
4. Arnaud Denis, metteur en scène et comédien apprécié, prend le risque de l’écriture avec un Personnage désincarné qui retient l’attention :
– “Une pièce étrange, prenante, dérangeante. C’est un thème familier : le théâtre dans le théâtre. Mais Arnaud Denis imagine une situation très cruelle. C’est très bien joué par les trois comédiens. Marcel Philippot avec sa manière classique, son timbre ferme, son autorité. Audran Cattin avec quelque chose de frais, de très convaincant et sensible. Grégoire Bourbier avec sa sincérité. C’est bien, très bien, mais on ne peut s’interdire d’être noué par cette situation, cette imagination tellement sombre…” – Armelle Héliot, Le Grand Théâtre du monde
– “D’abord, on a l’impression d’une reprise un peu conventionnelle et cérébrale des thèmes du théâtre de Pirandello : un acteur sort de son rôle et se rebelle contre l’auteur… Rien de très neuf dans tout ça. Sauf qu’Arnaud Denis est intelligent et qu’il est en perpétuel déséquilibre entre toutes les conventions du théâtre, dans une écriture comme en spirale. Après donc une première moitié trop attendue, le spectacle se transforme en quelque chose de plus original, de plus profond, de plus émouvant, qui retient davantage l’attention.” – Télérama Sortir
– “À partir d’un postulat original qui s’apparente à une réflexion sur l’art du théâtre, l’auteur Arnaud Denis a écrit un texte brillant à caractère universel… Riche, dense, argumentée, la pièce réussit à fédérer un large public grâce également à la qualité de la distribution… Pièce à voir et à revoir tant chaque phrase, chaque mot, incarnés avec brio, exaltent et ont du sens. Bravo !” – Reg’Arts
– “…La pièce qui n’aura pas lieu aurait eu pour personnage principal un jeune homme se suicidant devant une fenêtre lumineuse – prétexte à la mise en abyme – rappelant cet ailleurs impossible beckettien. La pièce de substitution sera autant un échange qu’un renouvellement : l’auteur ayant construit son personnage pourrait finalement ne s’adresser qu’à lui-même, questionnant ses propres doutes et tourmentant ses propres convictions. Marcel Philippot, Audran Cattin et Grégoire Bourbier se tiennent toujours à la lisière de la scène, entre illusion et désillusion, à frapper les trois coups en hommage à leur art, tout en explorant ses possibilités et en lui donnant de nouvelles, et riches, lettres.” – Théâtrorama
– “Un texte bien écrit, de beaux effets de mise en scène nous faisant subtilement glisser vers l’irréel… mais si le postulat de base est ingénieux (un personnage qui s’affranchit, bousculant ainsi les codes de la création) et nous émerveille dans un premier temps, la première partie finit par tourner un peu en rond : le dialogue initial donne souvent une impression de redite.” – Culture Tops
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