Maxime d’Aboville règne en maître dans The Servant
The Servant – Spectacle vu le 28 octobre 2015
A l’affiche du Théâtre de Poche-Montparnasse jusqu’au 8 novembre 2015, puis en tournée à partir de Janvier 2016 (dates ici)
Une pièce de Robin Maugham
Mise en scène Thierry Harcourt
La brillante adaptation de Thierry Harcourt nous propulse en pleine dialectique du maître et de l’esclave
N’ayant pas vu le célèbre film de Joseph Losey j’ai tout bonnement découvert le texte de Robin Maugham sur la scène du Poche-Montparnasse. Et quel texte ! Comment Barrett, le tout nouveau domestique du so british Tony, va-t-il parvenir à inverser les rôles. Comment, à force de séduction perverse, ce serviteur hors pair va-t-il peu à peu prendre l’ascendant sur son maître. Et comment le maître en question va-t-il accepter d’être manipulé au point de sombrer dans une oisiveté qui le réduira au presque néant. Tels sont les enjeux de cette pièce dérangeante et fascinante.
Les motivations des deux personnages sont volontairement laissées en suspens dans la mise en scène de Thierry Harcourt. C’est au spectateur de choisir son option, de fournir sa propre réponse. A première vue, Tony semble avant tout attiré par un confort de vie qui peu à peu confinera au laisser-aller. Cependant, il prend un tel plaisir à ce jeu de soumission que sa finalité est peut-être bien plus profonde… De son côté, Barrett n’est pas simplement en quête de pouvoir. Il ne s’inscrit pas uniquement dans une lutte des classes qui le pousserait à une sorte de revanche sur Tony. Il ne souhaite pas seulement faire le mal, il est le mal, intrinsèquement.
Pour interpréter ce duo complexe et fascinant, Thierry Harcourt ne s’est pas trompé. Xavier Laffite, parfait dans le rôle du dandy flegmatique, se laisse piéger dans la toile d’un Maxime d’Aboville redoutable et effrayant d’ambivalence. Ce rôle qui lui a valu le Molière du meilleur comédien en 2015 lui permet de déployer l’étendue de son talent. Tour à tour douceâtre, obséquieux, visqueux, puis insensible, cruel, maléfique : il fait réellement froid dans le dos. Adrien Melin, Alexie Ribes et Roxane Bret complètent la distribution sans faute de ce huis-clos haletant.
Il n’est hélas presque plus temps de les applaudir à Paris, d’autant qu’ils jouent à guichet fermé, alors ne les loupez pas en tournée :
1 – Dès la première scène, on est happé par le rythme palpitant de ce récit plein d’humour cynique.
2 – Maxime d’Aboville attendait sans doute ce rôle pour s’imposer comme le génial comédien que l’on découvre.
3 – De façon extrêmement subtile, ce texte nous renvoie à nos propres contradictions : maître ou esclave, qui sommes-nous réellement?…
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