C’est Paris qui m’a conquise dès que j’y ai mis les pieds, et le théâtre ne fut pas le dernier. Tout a commencé avec le Théâtre de l’Est Parisien si mes souvenirs sont bons, avec un certain Bertold Brecht, beaucoup d’autres plateaux suivirent et beaucoup d’autres pièces. Il y eut et il y a encore les beaux quartiers et les quartiers populaires, où ma préférence se plait à découvrir et redécouvrir toute une population bigarrée, tous ces spectacles étincelles, tous ces bars comme pléthores de jalons dans la ville, toute cette joie de vivre, toute cette jeunesse immortelle, d’autant que je suis écrivain et que la ville, ses soirées et ses habitants sont ma pulsation.
Paris, c’est le miroitement de mon âme, dont les voix-flux naviguent et coulent dans les méandres fluviaux de la Seine, comme un sang bouillonnant au fil de mes veines bleu-vert. Les mots galopent, bientôt phrases puis paragraphes, titubent et bringuebalent dans le courant de l’eau parisienne, pareils à un ivrogne sale et fripon, tiré d’une comédie de boulevard. Interzone entre deux rives comme l’instant suspendu d’un drame shakespearien. Paris sur sa frontière intérieure, où j’oscille accrochée à la rambarde du pont des Arts, déclamant du Molière. Paris spectacle d’éternité.
J’aime quand tu m’éblouis et m’esbaudis au théâtre.
Quelquefois, je hais quand la réalité me salit les yeux.