HYSTERIKON … attention, talents !
Une promo qui claque, des acteurs talentueux, un texte intelligent et une mise en scène effervescente : HYSTERIKON, c’est tout cela ! Vous allez apprendre à les connaître. En lisant le synopsis de la pièce, on pourrait s’attendre à une énième critique de la société de consommation, un de ces trucs déjà vus 100 fois, qui ne suscite, au mieux, qu’un rictus de sympathie, un soubresaut corporel d’approbation. Mais le texte d’Ingrid Lausund écrit en 2001 et qui a déjà rencontré un grand succès en Allemagne, est beaucoup plus subtil que cela. Toujours se méfier des apparences !
“Mode de paiement : le liquide, la carte bancaire, le chèque – on connaît. Mais également les rêves, l’honnêteté, la dignité, les convictions, les amis, ses enfants, son partenaire.
Tout cela peut s’échanger contre n’importe quoi.
Ici les petits pois sont authentiques. Ici les gens ne sont pas authentiques.
Ce sont des imitations, des fictions, des inventions.”
Dans ce supermarché qui a envahi la scène du Théâtre de Verre un peu comme la consommation envahit nos vies (faut-il souligner au passage la scénographie méticuleuse et particulièrement réussie), on fait ses courses tels des zombies, sous le regard “orwelien” et cynique d’un caissier charismatique et provocateur ; tout à la fois narrateur, acteur et procureur.
On erre, on se cherche, on s’observe, on s’aime… On se surprend à rêver, le temps est parfois suspendu, et puis on se fait entrainer de plus belle dans des interludes de musique et de danse qui apportent une lumière réjouissante et un rythme plein d’audace à la profondeur du texte. De ces propositions qui ne se refusent pas.
Vous avez certainement déjà eu cette impression au théâtre, de vous retrouver un soir de première, témoin de quelque chose en devenir, d’une création en train d’éclore. Un de ces soirs pas comme les autres, où il se passe vraiment quelque chose. Une sorte de processus chimique captivant avec ses couleurs, ses formes, ses fumées, ses effluves, ses transformations, ses hésitations aussi… Tous les ingrédients sont là, les idées foisonnent, le talent déborde, le rythme est travaillé, l’énergie contagieuse, il y a parfois du trop et parfois du pas assez, il y a des longueurs et aussi des moments trop courts qu’on voudrait voir durer, soulignés davantage… Car l’émotion est bien là, à portée de souffle.
C’est cela, la magie du théâtre, le privilège singulier de cet art éphémère… On écrit une nouvelle page chaque soir, ça n’est jamais fini, jamais pareil, il reste toujours des choses à parfaire, certaines à repenser, d’autres à sublimer. On se remet en question, on ressent le public, et on continue avec le trac d’une première… inquiet de savoir enfin ce qu’on a suscité.
HYSTERIKON par la Compagnie Le Peuple Aveugle est sur cette trajectoire, l’arc est bandé, la flèche ira loin. C’est un petit joyau serti de pierres à polir… par votre regard, vos rires et vos bravos.
HYSTERIKON
Á l’affiche du Théâtre de Verre – jusqu’au 13 février 2017
Une pièce d’Ingrid Lausund
Mise en scène : Quentin Gouverneur et Vera Stadler
Avec : Thibaud Erpicum, Vera Stadler, Robin Migné, Cindy Rizzo, Marie Wyler, Quentin Gouverneur, Richard Pfeiffer
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