La Scierie, extra-muros
Ça a commencé par une envie. Un tract parmi des centaines d’autres : Burning Speech à La Scierie.
On franchit les remparts et déjà, on transgresse.
Du théâtre qui se mélange ! Qui se mélange avec des slogans, des discours, de la musique. Un karaoke de grands discours politiques, des affiches, des inventions, des rencontres, de la danse. Une soirée unique organisée par la compagnie L’individu en partenariat avec la Scierie. Toute une journée au parcours riche, éclectique et foisonnant. Au cœur de cet événement, une proposition de l’acteur Selman Reda accompagné musicalement par Yann Synaeghel autour du texte Discours à la nationd’Ascanio Celestini. De la parole qui danse, qui crie, qui crève les cœurs, et les entraîne.
Vous connaissez la Scierie ? Une scierie. Avant. Un nouveau lieu. De théâtre. Du In et du Off. Oui, vous avez bien lu. Du In et du Off. Il y a aussi un gigot volant : c’est le nom de la guinguette-bar-bio qui sévit alentour. On y sert des œufs d’autruche avec mouillettes géantes, on peut y jouer au ping pong. (Tout ce que je dis est vrai.)
Un lieu de vie. Un lieu à part, où le théâtre sait s’entourer d’espace, de danse, de musique, de liberté. On y fait de belles rencontres.
Burning Speech – Parole brûlante
J’y étais de nouveau, quelques jours plus tard.
De nouveau un tract. De nouveau une envie, un espoir, l’espoir d’une découverte.
Ce spectacle ne se décrit pas. C’est un moment à vivre. Une expérience.
Si je parle de rêve, vous vous méprendrez. On est dans l’écart, l’à côté, une zone trouble.
Ce spectacle est fait de fragments, d’un regard qui fuit ou qui se pose, de distances et de proximité, de chaud et de froid, d’hésitations et de décisions. De doutes qui s’explorent, se caressent et s’apprivoisent, se tordent et se crachent. D’une intelligence nourrie d’émotions qui se contruit et se cherche, qui cherche et construit. Un regard renouvellé sur le temps et l’espace, sur notre monde, notre étrange quête d’humain.
On traverse des histoires, des impressions, des sensations. On suit un parcours physique, en lien permanent avec le comédien.
Un spectacle étrange et intense, sans aucune complaisance, ni démagogie. Sa force est brute et — c’est une évidence — on ne peut plus sincère. On est ici et maitenant. Et en même temps n’importe où hors du monde.
Dans ces hésitations, ces heurts, une violence éperdue, douloureuse, belle ou grotesque. Les deux.
À cette errance construite et musclée, on participe. Chacun. Jeden.
Le souvenir de ce spectacle perdurera en moi, je le sais. Il creuse loin en l’homme. En nous.
-Agnès T.-
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