Interview de Sandrine Molaro
Interview de Sandrine Molaro, comédienne – 10 juin 2016
Nomination au Molière 2016 de la révélation féminine pour son interprétation dans Madame Bovary
Un spectacle de sa Compagnie La Fiancée du requin qui a été créé au Théâtre de Poche-Montparnasse et sera repris au Festival d’Avignon du 7 au 30 juillet 2016 au Théâtre Actuel, tous les jours à 12h05
Piano Panier : Comment est né le projet Madame Bovary ?
Sandrine Molaro : Le point de départ, c’est lorsque j’ai joué la Ronde de Schnitzler au Théâtre de Poche-Montparnasse, dans une mise en scène de Marion Berry. J’y interprétais le personnage d’Emma, la femme mariée. Je n’avais pas lu Madame Bovary à l’époque. J’ai donc découvert le roman en tant que femme, ce qui change considérablement les choses à mon sens. Jusque-là, j’avais l’image d’une Madame Bovary éthérée, souffreteuse, mélancolique… A la lecture, j’y ai surtout vu de la rage de vivre, de la détermination et un refus total de toute forme de concession. L’année dernière, Gilles-Vincent Kapps et moi avons monté notre propre compagnie -La Fiancée du Requin-, et ce projet sur Madame Bovary s’est imposé à nous. Se confronter à une héroïne, coller sur les mots de Flaubert un corps de chair, injecter de la vie dans ce qui appartient au papier : autant de défis qui nous enthousiasmaient. Nous avons alors travaillé avec Paul Emond pour créer une adaptation fidèle à notre vision du roman et nous avons eu la chance de rencontrer lors d’une première lecture toute l’équipe du Poche-Montparnasse et leur amour inconditionnel du théâtre. Ils ont été séduits et ils nous ont soutenus et aidés tout au long de l’aventure.
Piano Panier : Imaginiez-vous qu’un tel succès serait au rendez-vous ?
Sandrine Molaro : Nous avions tout de même un peu peur, avouons-le. Nous avions conscience de nous attaquer à une sorte de mythe, un monstre littéraire. Mais tout a été finalement très simple, doux, fraternel. Nous nous sommes entourés de gens qui ont fait de ce projet une évidence.
L’avantage du Théâtre de Poche-Montparnasse, c’est que les retours du public, on les a en direct. Beaucoup de gens sortent bouleversés, beaucoup de femmes. Je pense qu’elles sont touchées par le parcours de l’héroïne et par les thématiques qui la traversent. Des thématiques qui sont encore d’actualité : l’appel du plaisir, du désir, le besoin d’émancipation. La langue de Flaubert, d’une incroyable poésie, côtoie le côté rock and roll de notre adaptation. Il se dégage du spectacle une sorte d’énergie subversive assez joyeuse, au-delà de la mélancolie. De nombreux scolaires sont venus et ont été touchés par notre adaptation, c’est chouette de pouvoir leur communiquer une lecture du roman moins conventionnelle, et cette idée que tout est une question de point de vue sur les choses de la vie.
Piano Panier : Le spectacle part dans quelques jours à Avignon ?
Sandrine Molaro : Oui, nous jouerons tous les jours au Théâtre Actuel à midi cinq ! Je me réjouis de faire Avignon, c’est pour moi un moment de Fête !
Piano Panier : Une belle tournée en préparation ?
Sandrine Molaro : Oui, il y a déjà pas mal de dates, nous commencerons la tournée au mois de janvier 2017.
Piano Panier : Quels sont vos autres projets pour la saison prochaine ?
Sandrine Molaro : À la rentrée, nous reprendrons les dimanche et lundi TRAIN TRAIN è pericoloso sporgersi à la Comédie Bastille, un spectacle qui a été créé aux Béliers d’Avignon l’été dernier. Une pièce écrite par David Talbot, qui joue Charles Bovary et que j’ai co-mise en scène avec lui et Gaelle Hebert. Forcément le succès de Madame Bovary appelle d’autres projets, d’autres envies. On se rend compte que nous avons compris plein de choses du plateau grâce à cette aventure, ça nous donne envie de recommencer. Mais en même temps j’adore aussi être dirigée et rester à la place de comédienne… On verra ce que l’avenir nous prépare !
Piano Panier : Un coup de cœur théâtre ?
Sandrine Molaro : J’aime infiniment le TG Stan pour son insolence et son immense liberté sur le plateau !
Piano Panier : Un coup de blues ?
Sandrine Molaro : La tristesse de quitter un endroit que l’on a aimé… le Poche-Montparnasse et les âmes qui le font vivre avec passion !
Piano Panier : Un coup de bol ?
Sandrine Molaro : La chance d’avoir rencontré les quatre chics types avec qui je raconte chaque soir l’histoire de Madame Bovary : Gilles-Vincent Kapps, Félix Kyzyl, Paul Granier et David Talbot.
Piano Panier : Un coup de foudre ?
Sandrine Molaro : “Un appétit de l’inconnu qui vous pousse dans l’orage, poitrine ouverte et tête avant” : l’amour vu par Flaubert.
Piano Panier : Et un coup de génie ?
Sandrine Molaro : Flaubert, toujours ! Génie d’entre deux mondes…
Critique du spectacle à lire ici
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