Revue de presse “spéciale Avignon” du 13 juillet 2016 : Les Damnés, 2666 et Karamazov

1. Le retour tant attendu de la Comédie-Française au Festival d’Avignon avec Les Damnés est à la hauteur de l’attente et des espérances des critiques et du public :

– “C’est un triomphe étrange qui a accueilli, mercredi 6 juillet au soir, la première représentation des Damnés dans la Cour d’honneur du Palais des papes, en ouverture de la 70e édition du Festival d’Avignon. Un triomphe grave, presque solennel, à la hauteur du sujet, et du spectacle grandiose et glaçant – mais pas glacé – ­signé par le metteur en scène flamand Ivo van Hove, et joué par la troupe de la Comédie-Française.” – Le Monde

– “Dès les premières secondes, on sent que c’est gagné. Lorsque la troupe de la Comédie-Française, les figurants et les musiciens réunis par Ivo van Hove envahissent la scène et fixent avec intensité les spectateurs réunis dans la Cour d’honneur du Palais des papes, le mistral cède la place à un vent de tragédie qui glace les os et l’âme. Il ne retombera pas deux heures durant. Le metteur en scène belge a réussi l’impossible : réunissant la meilleure troupe de théâtre en France et les grands moyens du cinéma, il a donné chair au film mortifère de Visconti : « Les Damnés ». La chair du mal.” – Les Echos

– “À travers l’adaptation du scénario des Damnés, le sulfureux et expressionniste film de Luchino Visconti (1969), le metteur en scène belge Ivo van Hove parle d’aujourd’hui. Des attentats terroristes comme de la violence économique, financière, politique, sociale qui lamine nos sociétés en crise. Et prêtes, à basculer dans l’épouvante.” – Télérama

– Il faut plusieurs minutes, plusieurs saluts aux spectateurs pour se mettre debout et acclamer les artistes qui, deux heures durant, ont vécu devant nous une histoire épouvantable venue de la nuit des temps.” – Le Figaro

– “Pas d’humour, mais les maîtres du monde n’en ont pas. Un texte plat, pourquoi le panache ? Ce sera le seul regret, ne pas pouvoir se laisser étourdir par une langue sublime. Mais ce qu’on voit là, ces horreurs et damnations, ces sons et ces images, c’est un sacré théâtre.  Le Point

– “La mise en scène utilise avec une précision impressionnante la vidéo, mais aussi la musique tour à tour splendide, vénéneuse et assourdissante, et bien sûr l’espace scénique et la force de comédiens, tous intenses. Des images poisseuses et captivantes qui font d’autant plus froid dans le dos qu’on le sait, la barbarie nazie a existé et, que de nos jours, les guerres et les armes restent banales. Les Damnés raconte l’engrenage odieux qui rend possible l’impensable, et le dépeint au sein d’une famille divisée, rongée par ses intérêts quoique privilégiée, renseignée, cultivée.” – Le JDD

– Van Hove donne à voir à la fois l’action, son reflet sur grand écran, les acteurs en train de se changer et de se maquiller, et une série de visions personnelles (des cercueils où les victimes sont filmée se débattant après la mort, une sexualité exaspérée mais chorégraphiée). Les comédiens s’amusent follement à jouer hors de leurs normes : Didier Sandre, Elsa Lepoivre, Denis Podalydès, Christophe Montenez… Ça a de la gueule, de l’invention, une maîtrise implacable.” – Théâtral Magazine

– “L’intime se fond dans l’universel, la petite histoire dans la grande. D’autant que la mise en scène d’Ivo van Hove, époustouflante de maîtrise, n’hésite pas à confronter les séquences qui se jouent aux extraits d’archives accompagnées des commentaires de l’époque, et projetées sur un grand écran accolé au mur du fond de la Cour d’honneur : incendie du Reichstag, camp de Dachau, autodafés d’œuvres de Zweig, Thomas Mann, Hugo...” – La Croix

– “Les comédiens du Français sont lancés à corps perdu dans l’aventure transdisciplinaire : leur parler est tantôt naturaliste tantôt théâtral, ils se mordent, saignent, s’exhibent dans une volonté manifeste d’exister au-delà de la limite habituelle de la représentation. Des figures comme Guillaume Gallienne aux récents pensionnaires, tel Christophe Montenez, qui campe avec de doux éclats le personnage périlleux de Martin (pédophile, meurtrier…) pour lequel on éprouve néanmoins de l’empathie, il n’y a pas de doute : le Français est là, il existe sur la scène européenne.” – Libération

– “Ivo van Hove s’empare du film de Luchino Visconti et entraîne la troupe de la Comédie-Française dans le sidérant voyage au bout de l’enfer d’une mise en scène aussi somptueuse qu’inoubliable.” – Les Inrocks

 

2666

2. À partir des 1000 pages du roman 2666 de Roberto Bolaño, Julien Gosselin présente un spectacle fleuve de 12 heures à la Fabrica :

– “Julien Gosselin ne cherche pas à jouer au plus malin : il restitue l’essence du roman de Bolaño, sa lucidité et son désespoir féroce. Oui, le mal est là, je vous le montre, mais n’attendez pas que je refasse le monde ; battez-vous avec ce que j’en dis, battez-vous avec la littérature, avec vous-mêmes. Ce à quoi répond la représentation, qui passe à côté de l’humour de Bolaño, dans la première partie, mais affronte droit dans les yeux celle des crimes, et jamais ne dévie de son dessein.” – Le Monde

– “Le théâtre moderne de Julien Gosselin est images, sons, sensations, mais il est avant tout humain. Pas de jeux d’ego ici : impossible de départager les comédiens qui donnent tout, sans faillir, pendant les neuf heures trente minutes où ils sont en scène – changeant non seulement de peau, de voix, mais aussi de langue.” Les Echos

– Sur les réseaux sociaux, d’autres s’emportent à leur tour, partageant leur enthousiasme après avoir vécu l’expérience 2666. On y parle d’un spectacle qui tient en haleine de bout en bout malgré sa durée, d’une scénographie parfaitement mesurée, de beauté, d’un récit hypnotique, de performances bouleversantes. Bref, avec 2666, la 70e édition du festival d’Avignon poursuit sur sa belle lancée.” – Le Figaro

– “Julien Gosselin et sa bande de comédiens –d’une fièvre et d’une inventivité de jeu à faire pâlir leurs confrères de la Comédie-Française, tout proches, dans Les Damnés– se jouent des formes, des rythmes, des ruptures.” – Télérama

– L’aventure nous entraîne d’Europe en Amérique. Julien Gosselin a eu la belle idée de faire traduire le texte de Bolaño en anglais, en espagnol et en allemand pour certains monologues. 2666 prend alors les allures d’une fantastique Tour de Babel où toutes les destinées se croisent avec un surcroit de vérité. Bluffant.” – Les Inrocks

– “L’œuvre est aussi un hymne à la vie où une pousse de bonheur peut se faufiler comme un lichen qui tient et s’accroche. Nous sommes heureux de jouer à la Carrière de Boulbon, comme de petits êtres face à la falaise et à l’immensité du monde !” – Julien Gosselin pour Libération

 

Karamazov

3. Jean Bellorini retrouve le plaisir de raconter des histoires avec son spectacle Karamazov présenté à la Carrière de Boulbon :

– “Le jeune metteur en scène Jean Bellorini monte en 5h30 Karamazov d’après Dostoïevski, à la fois enquête policière et méditation sur le bien et le mal, dans la Carrière de Boulbon, lieu mythique des grandes sagas au Festival d’Avignon.” – Le Parisien

– “Le spectacle souffre avant tout des faiblesses de l’adaptation du texte original, certes fidèle mais loin d’être fluide et théâtrale : laisser une grande place aux monologues était indispensable, mais il aurait fallu peut-être couper davantage en évitant cependant d’expédier certaines scènes d’action.” – Les Echos

– “Les longs monologues où les personnages débattent à l’infini du pêché, de la rédemption, de la morale, de l’injustice et de l’ordre du monde ont aujourd’hui du mal à passer la rampe.” – L’Express

– “Le dispositif scénique foisonne de trouvailles, Bellorini joue sur de petits espaces dans lesquels l’homme apparait démuni face à l’immensité de la nature. L’espace de jeu est autant sur le toit de la datcha que sur des modules de décor qui traversent la scène sur des rails, en portant les comédiens dans de très beaux va-et-vient.” – France TV Info

– Tout le monde chante et joue d’un instrument. Cela donne des scènes splendides. Mais les potacheries de Bellorini ne sont pas toujours heureuses…et l’on se serait passé de certains clins d’oeil qui détruisent ce qu’il y a de terrible dans cette plongée, une de plus cet été à Avignon, du côté du mal absolu.” – Le Figaro

– “Je choisis souvent les auteurs pour leur musicalité — Novarina, Rabelais, Brecht et ses “songs”, Victor Hugo — parce que cette émotion si particulière porte du sens. Dostoïevski est lyrique comme Victor Hugo, mais d’un lyrisme âpre, cinglant, anti-romantique.” –  Telerama

– “L’œuvre est aussi un hymne à la vie où une pousse de bonheur peut se faufiler comme un lichen qui tient et s’accroche. Nous sommes heureux de jouer à la Carrière de Boulbon, comme de petits êtres face à la falaise et à l’immensité du monde !” – Jean Bellorini  pour La Terrasse

 

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