Revue de presse du 29 juin : Un chapeau de paille d’Italie, Dormir cent ans, Monsieur de Pourceaugnac et La voix humaine

Une semaine entre rires et lyrisme…

 

1. Reprise de l’irrésistible Chapeau de paille d’Italie de Giorgi Barberio Corsetti jusque fin juillet à la Comédie-Française :

– “Corsetti déroule le chef-d’œuvre de Labiche à toute vitesse et avec brio, mais en restant si près de la mécanique qu’on a l’impression de voir une horloge démontée, sans arriver à se rendre compte de l’allure qu’elle aurait et de l’impression qu’elle ferait, si elle était assemblée et sonnait le cours des heures.” – Le Monde

– “La mise en scène de la pièce complètement déjantée de Labiche par Giorgio Barberio Corsetti, qui situe l’action dans les années 70, est drôle, inventive et délirante. Elle réussit à entraîner toute l’équipe dans une course effrénée.” – Télérama Sortir 

– Un chapeau de paille d’Italie, digne des Marx Brothers, mais transposé dans les années 1970. Pattes d’éléphant, santiags et musiques rock’n’roll donnent le tempo au public, lequel ne tarde pas à être dans le rythme.” – Le Figaro

– “Giorgio Barberio Corsetti mène ce petit bal avec la grâce qui sied à un éminent représentant de l’école italienne.  Mine de rien, avec quelques touches bien disposées sur la palette scénique, il fait de cette histoire à dormir debout un moment de pur bonheur.” – Marianne

– “Cette théâtralité de la panique, du ratage cauchemardesque, raille à merveille l’agitation stérile et l’idéologie de l’efficace rapidité qui tient en joug notre époque. C’est là que le rire est subversif. Était-il besoin de le forcer par une esthétique années 1970, en affublant les costumes de pantalons « pattes d’eph » et de chemises « col de pelle à tarte », qui font toujours leur petit effet comique ? Pas sûr. Qu’importe : les comédiens du Français s’en donnent à cœur joie et déploient toute leur virtuosité. La mécanique fonctionne. Et le public de rire. Jusqu’au vertige ?” –    La Terrasse

 

Dormir cent ans

 

2. Une autre reprise : celle de la première pièce “tout public à partir de 8 ans” de Pauline Bureau. C’est Dormir cent ans, au Théâtre Paris Villette jusqu’au 2 juillet :

– “Avec Dormir cent ansPauline Bureau, tout en rendant fidèlement compte du 21ème siècle, invente (en faisant des clins d’oeil aux contes célèbres) un conte moderne pour ranimer l’imaginaire des enfants et adolescents. Les moyens colossaux déployés au service de cette histoire sont efficaces et produisent des images magnifiques et envoutantes.” – Froggy’s Delight

– “La dernière création de Pauline Bureau retrace ce passage entre l’enfance et l’âge des possibles. Elle convoque aussi bien la réalité quotidienne des deux adolescents que le fantastique des contes. Dans une alternance de scènes courtes et toujours très justes, la pièce est une explosion visuelle, un décor d’images vidéo travaillées avec finesse, une composition musicale en parfaite harmonie et des comédiens qui endossent à merveille leurs personnages.” – Télérama Sortir 

– Et comme tout songe qui se respecte, celui-ci est fragmentaire – la jungle apparaît d’abord, puis s’estompe pour faire place à l’étang. Les enfants entrent et sortent dans cet univers à la fois fascinant et inquiétant. Les bêtes, dont un superbe tigre blanc, paraissent menaçantes tout en se laissant finalement amadouer. Ce théâtre d’ambiance, suggestif et prenant, permet, véritablement, de s’évader et de pénétrer dans un espace évocateur.” – Les trois coups

– “Dans sa direction d’acteurs, Pauline Bureau est impeccable. Les voilà danseurs, chanteurs, mimes même. Ils sont bon, drôles, fins. Le sujet pourrait faire pouffer de rire les concernés, elle calme ici tout le monde, en passant par le beau pour décrire l’âge où on est le plus laid.” – Toute la Culture

– “J’ai l’impression que pour moi, beaucoup de choses se sont décidées pendant ces années où je ne faisais rien. Sans chercher à tous prix à remplir ce vide. Ce temps perdu, que j’acceptais de perdre, que je ne savais pas encore remplir par mille occupations. Enfermée dans ma chambre, les yeux fixant le plafond, j’étais vide et remplie de plein de possibles.” – Pauline Bureau pour  La Terrasse

 

 

Monsieur de Pourceaugnac Bouffes du Nord

 

3. Clément Hervieu-Léger de la Comédie-Française met en scène aux Bouffes du Nord un irrésistible Monsieur de Pourceaugnac :

– “C’est pour les Bouffes du Nord, à l’invitation des deux directeurs, Olivier Poubelle et Olivier Mantei, qu’a été imaginée cette production de la comédie-ballet de Molière et Lully, Monsieur de Pourceaugnac. Un modèle de forme à la fois sophistiquée et maniable, une coproduction exemplaire.” – Le Figaro

– “Le spectacle joliment chanté, joué, dansé est alerte, insolent, semblant étonnamment jeune et vif malgré les siècles. C’est que les Arts Florissants de William Christie accompagnent avec grâce le Pourceaugnac baroque et pathétique de Gilles Privat, formidable. Ne manquez pas cette oeuvre trop peu souvent à l’affiche.” – Télérama Sortir 

– Sound resonates in this former music hall as it would in a church, and the 10-strong ensemble from Christie’s Les Arts Florissants gives the score an uplifting period texture.” – Financial Times

– “Les décors d’Aurélie Maestre, les costumes colorés de Caroline de Vivaise (mention spéciale aux robes des jeunes filles et à l’habit de torero porté par Daniel San Pedro), les lumières de Bertrand Couderc donnent une ambiance de fête à la représentation, reléguant l’âpreté, la noirceur de la comédie et la douleur de Pourceaugnac au second plan.” – Le JDD

– “Et c’est une troupe, véritablement, que réunit le metteur en scène. Les acteurs et les chanteurs y sont formidables qui mènent cette ronde au grand galop et sans jamais fléchir, sans temps mort. Les chants et les danses prenant le relai dans cette même dynamique sans casser le rythme mais au contraire allégeant celui-ci permettent de reprendre un peu de souffle entre deux éclats de rire, un peu de distance aussi. Ce n’est pas Brechtien, pas encore mais cela y ressemble déjà. Il y a quelque chose de rare de voir ainsi autour de cette création autant d’enthousiasme, ça se sent, ça se voit, offrant une belle unité, une cohésion à l’ensemble.” – Un fauteuil pour l’orchestre

– “La mise en scène est placée sous un rythme frénétique qui en fait un tourbillon soumis au mouvement perpétuel, parfois un peu trop appuyé et artificiel, mais soutenue par la belle énergie collective des officiants qui contribue au divertissement en entraînant le spectateur dans une ronde endiablée.” – Froggy’s Delight

– Il faut dire que le plateau est éblouissant, dominé par Gilles Privat, un étonnant Pourceaugnac aux antipodes d’un Jacques Charon. Étranger traqué, lunaire et crédule jouet des éléments, il va d’une chausse-trappe à l’autre, à la fois ridicule et touchant, suscitant même la pitié là où d’autres ne soulèvent que le rire, sans que pour autant le côté sombre et cruel de la pièce prenne le pas. Une magnifique interprétation tout en finesse qui fera date.” – Forum Opera

– “Je suis d’une génération qui suis arrivé au théâtre au moment où Patrice Chéreau avait décidé de ne plus en faire. Mais quand je l’ai rencontré, la situation était différente et on a collaboré pendant dix ans, les dix dernières années de sa vie. Dix ans de compagnonnage et de transmission.” – Interview de Clément Hervieu-Léger pour  Les Inrocks

 

LA-VOIX-HUMAINE affiche

4. Le cabaret du théâtre de Poche-Montparnasse accueille le spectacle La Voix humaine, d’après un texte de Jean Cocteau et une partition de Francis Poulenc :

“On ne s’immerge pas dans cette atmosphère suffocante sans avoir préalablement pris une large respiration. La dame de Monte-Carlo, autre monologue composé par Poulenc sur un texte de Cocteau trois ans après La Voix humaine, mais d’une portée dramatique moindre, accomplit le rite préparatoire d’un sacrifice trop humain.” – Forum Opera

– “La conversation est rythmée par les accords bruts du piano, qui sèment la terreur de la rupture et ramènent le calme une fois la tempête passée. On ressort de la salle en silence, réfléchissant à tout ce qu’on n’a pas entendu, au peu qu’on a compris d’une relation achevée sous nos yeux.” – Les5pièces

– Œuvre célèbre pour avoir été jouée, entre autres par Simone Signoret, ce monologue poignant est aujourd’hui magnifiquement interprété et chanté par la rayonnante Caroline Casadesus qui emporte dans son agonie lyrique un public suspendu à ses lèvres.” – Reg’Arts

– “Il y a peu de nuances dans l’emphase lyrique de Caroline Casadesus. Le plaisir est ailleurs, mais bien présent : dans les notes, l’ambiance, l’histoire tragique qui ici ne laisse aucune place au bonheur et plonge le spectateur dans un soyeux désespoir particulièrement audible.” – Sceneweb

– Charmeuse, implorante, cajoleuse, l’actrice multiplie les tonalités pour un florilège musical. Le texte a beau être simpliste et direct, il attire l’attention par son message éternel. La quête d’amour est un sujet universel, délicatement enjolivé par Cocteau et Poulenc… et si le dénouement est forcément tragique, il s’inscrit dans une tradition millénaire pour captiver les foules et susciter l’émotion.” – Publik’Art

– “La version chantée, mise en scène par Juliette Mailhé, présente des périls incessants que la cantatrice, Caroline Casadesus sait éviter, donnant de l’émotion à la place de l’hystérie, assez calme, finalement, tout à ses notes. Le pianiste, Jean-Christophe Rigaud l’accompagne avec métier.” – Froggy’s Delight

 

 

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