Revue de presse du 15 juin 2016 : Brûlez-la, Déshonorée et Les Palmiers sauvages

 1. Brûlez-là au Rond-Point : une folie inespérée, portée par une comédienne magistrale

– Michel Fau met en scène et dirige une interprète exceptionnelle, Claude Perron. Incandescent et drôle, entre tragédie et franche clownerie. Claude Perron, comédienne au parcours rigoureux, trouve avec ce rôle et l’amitié ancienne qui la lie à Michel Fau l’occasion de donner la mesure de ses talents très divers. Il y a du clown en elle et l’on ne résiste pas à ses fantaisies! Elle est d’une cocasserie très efficace. Mais, dans le même geste qui nous fait rire, elle laisse affleurer toute la matière tragique. Le timbre de la comédienne excelle à inspirer toutes ces contradictions. Bref, enlevé, magistral. À voir d’urgence.”  Le Figaro

– Une Zelda Fitzgerald irrésistiblement séduisante. Séductrice, audacieuse, mais aussi fragile, border line, femme libre avant tout, trop pour son époque, cette conquérante apparaît provocante et scandaleuse. Christian Siméon fait le subtil portrait en creux de cette sorcière des temps modernes. A figure extravagante, metteur en scène baroque : Michel Fau, qui tire le meilleur de son interprète. Elle est une Zelda “perchée” mais à l’esprit mordant, folle et lucide à la fois. Elégant clown féminin, sa gestuelle, ses expressions impeccables de finesse laissent filtrer la fragilité et le tragique derrière la flamboyance et la mondanité. Son interprétation est étonnante.” – Le JDD

– “Une évocation hallucinante portée par une comédienne exceptionnelle. Du très grand art. Une heure et quelque pas plus. Un texte. Un metteur en scène très intelligent. Un spectacle conçu avec art et une interprète tout à fait rare. Christian Siméon est un écrivain original. Il a une voix reconnaissable entre mille, une inspiration puissante, une force. Mais ici, la force est décuplée par la mise en scène et l’interprétation. Il ne s’agit pas d’une biographie, mais d’une évocation d’encre et de feu. Un moment magistral et bouleversant de haut théâtre.” – Figaroscope

– “L’écriture de Christian Siméon se révèle efficace et habile, avec quelques désopilants morceaux de bravoure… D’emblée la plate exactitude est bannie au profit de l’imaginaire. Claude Perron met une rage électrique à interpréter l’imprévisible Américaine. Conduite par Michel Fau sur les sentiers buissonniers qu’il arpente si volontiers, Claude Perron réussit un numéro d’actrice époustouflant. On est saisi par ce qu’elle se risque à libérer dans son jeu, à offrir en pâture sans fard, dans d’audacieux excès. Dieu que la folie est belle. Et riche. Et bouleversante.” – Telerama

– “Christian Siméon n’a pas écrit un biopic. C’est bien mieux que ça. C’est un portrait de femme libre, libre jusqu’à la contradiction et la tragédie. Claude Perron carbonise les planches dans ce portrait halluciné et terriblement drôle. C’est un sacré feu follet qui crépite et enflamme le public. Claude Perron est une tragédienne déjantée, l’avatar de la folie de Zelda, et au-delà de toutes les folies, de celles qui affranchissent et vous brisent. Michel Fau la serre au plus près, sa mise en scène ne lâche jamais Claude Perron. En roue libre certes mais parfaitement maîtrisée. C’est une mise en scène alerte, allant droit à l’essentiel. C’est avant tout un portrait de femme flamboyante et pathétique et en filigrane le portrait d’une actrice qui vous crame par sa présence et l’insolence de son talent.”  Un fauteuil pour l’orchestre

– “Ce spectacle est une commande du metteur en scène à l’auteur, sur une idée de la comédienne Claude Perron qui se voyait bien dans ce rôle démesuré, extravagant, de Zelda Fitzgerald… Claude Perron est parfaite dans ce rôle qu’elle interprète dans une joyeuse et tragique dingueriez avec une extravagance qui sied bien au personnage. Malgré le talent de la comédienne, le récit n’a pas le relief attendu au regard d’une telle personnalité. Quelques scènes sont néanmoins très réussies, comme celle du bal où Zelda et Scott se rencontrent… Claude Perron est tour à tour irrésistible de drôlerie et émouvante.” – Webtheatre

– “Christian Siméon offre un monologue brûlant, sidérant de liberté et de provocation à la comédienne Claude Perron qui s’en empare comme d’une torche, avec incandescence. Au Théâtre du Rond-Point, le metteur en scène Michel Fau souffle sur ces flammes. Claude Perron joue Zelda, les phrases rythmées du monologue s’enroulent dans sa respiration, les mots se lovent dans ses rires, les invectives crissent comme des pneus d’une limousine. L’auteur a trouvé sa muse, grâce au remarquable travail de Michel Fau à la mise en scène. Chapeau les artistes.” – Artistic Rezo

– “Brillant dialogue avec le passé, la santé mentale, son amour des hommes, de la danse, Brûlez-la ! montre une autre Zelda Fitzgerald, invente un type de femme : la muse-maîtresse. Pour servir cette magnifique œuvre de Christian Siméon, rien de moins que le brillant homme de théâtre Michel Fau, (assisté de Jean-Philippe Marie) qui a conçu un cercueil de flammes, autour duquel Zelda vit, révèle, danse encore, avant de l’allumer. Claude Perron, l’émotion même, devient cette muse drôle et tragique, mutine, provoquante, sûre de son pouvoir, poupée dansante en rupture de socle. Il faut aller voir la Perron, là, maintenant, en Zelda. Pour ne pas thésauriser un regret de plus.” – Froggy’s Delight

 

Deshonoree

2. Déshonorée, au Rond-Point également : rendez-vous raté ou belle rencontre ?

– “La nouvelle pièce du célèbre metteur en scène argentin, qui se joue jusqu’au 19 juin au Théâtre du Rond-Point, peine à convaincre malgré une certaine maîtrise du sujet. Rendez-vous raté : le spectateur se sent vite dépassé par ce face-à-face qui n’en finit pas, hésitant entre dénonciation et peinture burlesque. On aurait préféré plus d’outrance et de dérision ! Même les milongas déçoivent — leurs arrangements sont factices —, malgré la belle voix d’Alejandra Radano.” – Telerama

– “On est toujours heureux de retrouver Alfredo Arias et son imaginaire si particulier. En paroles et en chansons. Le texte de Gonzalo Demaría est adapté et mis en scène par Arias, qui a aussi imaginé le décor en traits nets. C’est très beau et mystérieux. Dans le rôle de l’homme au feutre, Marcos Montes, et dans celui de la femme en robe noire, coiffure élaborée, maquillage appuyé, la grande Alejandra Radano offre sa personnalité impressionnante et touchante. Elle possède un très beau timbre, chaud, une voix ferme. Et quelque chose de vulnérable en même temps.” – Figaroscope

– “Les deux officiants, Alejandra Radano et Marcos Montes dont les déplacements théâtralisés et irréalistes ne sont pas sans évoquer parfois tant les postures des films d’épouvante que les figures d’un tango mortifère, sont époustouflants tant par leur maîtrise de la langue française que la rigueur de leur jeu.” – Froggy’s Delight

– “La mise en scène d’Arias, un peu affectée, emprunte au mélodrame et à l’expressionnisme conjugués à un certain onirisme cauchemardesque dans une scénographie très géométrique qui souligne l’antagonisme des forces en présence et par là la division de l’Argentine, perpétuellement déchirée. Le spectacle, quelque peu contraint, ne vibre pas à la hauteur des inflexions tragiques des chansons à la gloire d’Evita et de l’Argentine.” – Webtheatre

– “De parti, Alfredo Arias n’en prend pas, privilège des esprits éclairés. De ses projecteurs crus, il scrute les failles de la femme bafouée comme les névroses du commissaire psychopathe. Sur fond de Revolución libertadora et d’épuration politique, avec un décor nu et deux interprètes brillants, il parvient à dresser un portrait vivace de Buenos Aires et d’une certaine Argentine, avec ses démons et ses espoirs: un tableau magnifiquement croqué de l’intérieur par un dramaturge d’une grande sensibilité.” – Toute la culture

 

Les palmiers sauvages

 

3. Les Palmiers Sauvages à l’Odéon-Théâtre de l’Europe : une jeunesse fébrile et palpitante

– “On retrouve la vigueur, l’immédiateté d’un théâtre de plateau déjà exploré par Vincent Macaigne, Joël Pommerat ou Jeanne Candel. Mais dans Les Palmiers sauvages (créés en 2014), comme dans Nous sommes repus, mais pas repentis (2016), présenté fin mai à Berthier, Séverin Chavrier démontre une vraie singularité : une façon de hacher menu les grands textes pour en extraire l’essence, de mixer au plus près humour et tragédie, de concevoir et d’habiter des espaces chaotiques et beaux.” – Les Echos

– C’est moderne, c’est insolite, c’est dérangeant, l’intimité esthétiquement et crûment exposée de ce couple mis à nu dans tous les sens du terme, qui se débat et s’ébat… L’espace scénique est parfaitement occupé, les tableaux sont beaux et soignés, avec, en toile de fond, images et projections cinématographiques en parfaite adéquation et synchronisation avec l’action en cours.”  Reg’Arts

– “Une grande science du détail transparaît. Il y a de la surprise, de la technique, de l’effet, et à chaque moment, son détail. Une lumière, un changement de costume, ou bien un instant qui touche à la performance d’acteurs, un piano et sa pianiste, presque invisibles, dans la pénombre. Il y a une inventivité de laboratoire dans cette adaptation, mais une grâce d’une saga de cinéma.” – Un fauteuil pour l’orchestre

– “Sur scène, quelques matelas, des sommiers en fer, des étagères remplies d’énormes bidons métalliques aux bords coupants. Nos deux personnages se cognent, se blessent, partout, comme emportés par une énergie qui les dépasse. Il y a quelque chose de merveilleux et de pathétique dans leur façon de s’aimer, de courir comme des poulets décapités aux quatre coins du plateau  avant de se jeter au sol. C’est d’une beauté à couper le souffle, même pour ceux qui n’y croient déjà plus.” – Les5pièces

– “Dans ce travail où Séverine Chavrier utilise toute la gamme des procédés chers au théâtre moderne, on a parfois l’impression d’être dans un univers où le contexte parle plus que le texte. Si le cœur de l’intrigue de Faulkner est respecté, on pourra cependant se demander si l’écrivain qu’elle vise n’est pas plutôt Philipe Djian et si ces Palmiers sauvages n’ont pas un goût prononcé de 37,2 le matin.” – Froggy’s Delight

– “Déroutant, dévorant, le théâtre de Séverine Chavrier est à l’image de l’amour exclusif, inconcessif, que se portent ses personnages. Il est singulièrement entier, ne fait pas dans la mesure, ne donne pas dans la retenue. Il ose, embrase, scotche. Il y règne une instabilité, une intranquillité, une vitalité et un spleen magnifiquement tenaces.” – Toute la culture

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