Les fausses confidences avec Isabelle Huppert
Reprise des Fausses Confidences à Odéon : une nouvelle leçon de direction d’acteurs par le maître Luc Bondy
Spectacle vu à Odéon-Théâtre de l’Europe le 4 juin 2015
A l’affiche jusqu’au 26 juin 2015
Mise en scène Luc Bondy
© Pascal Victor
Quel bonheur que la reprise de ce spectacle! Une distribution impeccable, autour d’une Isabelle Huppert magnétique…
J’avais déjà vu ce spectacle l’année passée à sa création, mais sans mon chéri…
Y retourner avec lui était la promesse d’une excellente soirée : un bon spectacle est toujours meilleurs la seconde fois.
J’adore Marivaux, j’aime sa modernité, sa façon de décortiquer et critiquer la nature humaine.
J’aime la langue de Marivaux, tellement contemporaine, bien qu’âgée de près de 300 ans.
Cette modernité, Luc Bondy la met à l’honneur : sa mise en scène la porte aux nues.
En s’installant, les spectateurs découvrent des dizaines de paires de chaussures sur l’immense plateau de l’Odéon. A faire pâlir n’importe quelle fashionista. En fond de scène, toute fine, quasi juvénile, souple et gracieuse, attentive aux gestes de son professeur de taï-chi, elle est là. Une star s’apprête à brûler les planches sous nos yeux, deux heures durant.
Pendant ces deux heures que vont se nouer les intrigues, au rythme des fameuses confidences, Isabelle Huppert va tour à tour piétiner, sautiller, virevolter. Jusqu’à s’effondrer quasiment, ses jambes se dérobant sous elle. Comme si elle chavirait au rythme de son coeur.
Chacun de ses gestes nous attire et nous hypnotise. Elle nous envoûte, nous électrise et nous subjugue. Elle brûle les planches, en véritable star qu’elle est. Et cependant elle n’écrase jamais ses partenaires de scène. Une fois de plus, Luc Bondy démontre son talent de directeur d’acteurs.
La distribution est impeccable. Bulle Ogier en mère ambitieuse, vénale, et surtout infernale, est l’un des personnages comiques de la pièce : chacune de ses apparitions déclenche les rires du public.
Yves Jacques est remarquable dans le rôle du valet Dubois, véritable manipulateur et pivot de l’intrigue.
Mention spéciale à Manon Combes que j’avais déjà remarquée dans Le Prix Martin de Peter Stein et Le Bourgeois Gentilhomme de Denis Podalydès – croyez-moi : cette “petite” ira loin!
Pour interpréter Dorante – l’amoureux transi – Louis Garrel, encore trop rare sur les plateaux, confère un côté quasi romantique à cette pièce de Marivaux. Lorsque débute la pièce, il semble encore sous le coup de foudre provoqué par sa rencontre avec Araminte. Et la dernière scène le laissera éreinté, fatigué d’avoir tant bataillé pour rendre victorieux son amour.
Plus que quelques jours pour aller recueillir les fausses confidences d’Isabelle Huppert :
1 – Pour la première collaboration entre le talentueux metteur en scène Luc Bondy et la véritable “star” Isabelle Huppert.
2 – Pour la mise en scène moderne qui colle parfaitement à la langue de Marivaux.
3 – Pour la distribution, impeccable, comme toujours avec Luc Bondy.
Isabelle Huppert, quelle grande comédienne ! Peu d’artistes peuvent se vanter d’avoir autant de talent et d’avoir une carrière aussi complète qu’elle. Cinéma, petit écran et théâtre. De plus pour cette pièce de Marivaux, elle est très bien entourée.