Victor, un héros incarné par l’immense Grégory Gadebois
Spectacle vu le 17 septembre 2015
Actuellement au Théâtre Hébertot à 21h
Une pièce d’Henri Bernstein mise en scène par Rachida Brakni
On peut aller voir Victor, tout simplement parce que Victor est incarné par Grégory Gadebois et que Grégory Gadebois est un “stradivarius”…
En allant voir Victor, je n’allais pas voir Eric Cantona sur scène. J’ai d’ailleurs découvert plus tard dans la soirée à quel point il fut et reste populaire… Hélas pour le public du Théâtre Hébertot, on peut être un dieu du ballon rond sans être bon comédien.
A mon sens la pièce décolle avec la scène entre Marion Malenfant – lumineuse et bourrée de talent – et Grégory Gadebois – pour moi l’un des meilleurs comédiens du moment. C’est bien pour ces deux-là que j’allais voir Victor, et je n’ai pas été déçue. Leur niveau de jeu est tellement au-dessus de celui de leurs partenaires que leur histoire m’a touchée bien au-delà de l’intrigue générale. Aux côtés de notre footballeur reconverti, Caroline Silhol a du mal à défendre sa partie, d’autant qu’elle n’a plus vraiment l’âge du rôle. Elle campe l’épouse de Marc (Eric Cantona) en même temps que le grand amour de Victor. Lequel Victor est par ailleurs le meilleur ami de Marc. La pièce démarre le jour de la sortie de prison de Victor, qui vient de purger une peine de prison à la place de son ami, par amour pour la femme de ce dernier. Une intrigue qui semble reposer sur le trio classique du théâtre bourgeois femme-mari-amant.
Mais “l’histoire dans l’histoire”, celle qui m’a “cueillie” sans crier gare, c’est bien cette rencontre entre Victor et Marianne, une jeune fille pleine de gouaille et de fraîcheur incarnée par Marion Malenfant. Leur histoire d’amour est pleine de tendresse, de délicatesse, de douceur et joie mêlées. Et l’on est d’autant plus ému de voir cette histoire se briser qu’elle est la seule à laquelle on croit réellement.
On peut aller voir Victor pour d’autres raisons que découvrir la nouvelle prestation d’Eric Cantona sur scène :
1 – Grégory Gadebois, Molière du meilleur seul en scène en 2014 pour “Des fleurs pour Algernon“, confirme ici l’étendue de sa palette.
2 – Face à lui, Marion Malenfant, également ex-pensionnaire de la Comédie-Française et nominée aux Molières pour son interprétation de Marilyn dans Norma Jean brûle littéralement les planches.
3 – Grâce à leur talent, tous deux parviennent à “sauver” la pièce et à nous faire redécouvrir Henri Bernstein, ce contemporain de Guitry tombé quelque peu dans l’oubli.