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Revue de presse du 16 mars 2016 : La Mer, Les Gens d’Oz et Notre crâne comme accessoire

 

 

1. La rencontre d’exception entre Edward Bond et Alain Françon aboutit à une Mer largement saluée par la critique :

– “L’intelligence profonde entre les deux hommes éclate à chaque seconde lors de cette soirée qui surprendra plus d’un spectateur : ceux qui connaissent l’œuvre de Bond à travers ses diverses Pièces de guerre montées depuis vingt ans ; ceux qui ne la connaissent pas, tant derrière sa facture en apparence classique, Bond creuse loin dans le parcours existentiel de ses personnages.” – Le Monde

– “Les morceaux de bravoure s’enchaînent (…) Le théâtre brille comme un phare dans la nuit du monde. Edward Bond et son noir humanisme sont entrés au Français par la grande porte.” – Les Echos

– “L’ancrage de la pièce dans le passé la prive d’une lecture plus contemporaine.” – L’Express

– “La troupe très bien dirigée est au diapason (...) Une entrée au répertoire aussi accomplie que réussie.” – Publik’Art

– “La Mer est un spectacle qui donne à aimer, ou à aimer plus encore, le Théâtre. – Froggy’s Delight

– “Le titre original de la pièce est « The sea, a comedy ». La mer de Françon colle à une comédie drôle et cruelle. Les scènes de la fureur d’Hasch  de la répétition amateur d’Orphie ou de la dispersion des cendres à la Big Lebowsky sont très drôles.” – Toute la Culture

– Interview d’Alain Françon pour Le Monde

– Interview d’Edward Bond pour Le Figaro

 

2. Galin Stoev crée au Théâtre de la Colline Les Gens d’Oz de sa compatriote bulgare Yana Borissova :

– “Tous ces personnages assènent sans se poser de questions des phrases définitives sur la vie, l’amour, la mort. Les comédiens ont l’air très convaincus. Nous, pas du tout.” – Telerama

– “La mise en scène fluide de Galin Stoev convient parfaitement à ce registre d’écriture, la distribution est judicieuse et l’interprétation homogène s’avère idéale.” – Froggy’s Delight

– “Il y a une joie qui parcourt cette aventure. On en ressort plus jeune. A ne pas rater.” – Toute la Culture

– “Seuls quelques moments de grâce sauvent de justesse un spectacle somme toute un peu bancal.” – Les 5 pièces

– “On parle écriture, édition, musique, art, panne d’inspiration, vie, amour, espérance, renoncement. C’est d’une légèreté cristalline et d’une profondeur puissante.” – Le  Blog du Figaro

– Interview de Galin Stoev pour La Terrasse

 

3. La Compagnie Les Sans Cou investit le Théâtre des Bouffes du Nord avec sa nouvelle création, Notre crâne comme accessoire inspirée du théâtre ambulant Chopalovitch :

– “L’art, arme de résistance ? A cette question pour toujours d’actualité, les Sans Cou esquissent une réponse provocatrice, poétique, impertinente, méchante et délicate.” – Les Inrocks

– “Poser les questions qui nous agitent, qui nous mettent en mouvement dans un dialogue permanent avec le public : tel est le projet des Sans cou, avec ce nouvel opus d’un répertoire qui compte désormais parmi les plus originaux de la scène théâtrale contemporaine.” – La Terrasse

– “Les comédiens trouvent le ton juste, sans emphase mais avec force, pour montrer la possibilité d’un théâtre engagé et réflexif, où les acteurs descendent de leur tour d’ivoire pour combattre l’ignorance et la barbarie.” – Un fauteuil pour l’orchestre

– “Un rendez-vous intense avec le public, donc, sur les libertés du théâtre.” – France Culture

– Interview d’Igor Mendjisky

 

LA MER -Edward_Bond_2

La Mer…ou le calme avant la tempête

La Mer – Spectacle vu le 13 mars 2016
A l’affiche de la Comédie-Française jusqu’au 15 juin 2016
Une pièce d’Edward Bond, mise en scène Alain Françon

Une remarquable entrée au répertoire pour un spectacle d’une beauté totale et limpide

Son nom est Bond. Edward Bond. Il est détenteur d’un permis de nous émouvoir, et il ne s’en est pas privé puisqu’il est le plus grand dramaturge britannique vivant. Son œuvre, souvent montée en France par de grands metteurs en scène, n’était pas encore entrée au répertoire du Français.
C’est chose faite, aujourd’hui, avec La Mer, l’une de ses pièces les plus jouées en Grande-Bretagne.
Et pour conduire ce beau navire, Eric Ruf a confié la barre à Alain Françon, qui a déjà créé de nombreuses pièces du britannique. Ce grand directeur d’acteurs était sans doute le meilleur choix pour conduire la troupe à travers les entrelacs de cette pièce foisonnante où entrent en collision les destins, les angoisses, les espoirs, les ambitions des nombreux personnages qui la composent.

 

LA MER - Edward Bond_3
©Christophe Raynaud de Lage coll. Comédie-Française

Nous sommes en 1907, mais pas encore réellement au XXème siècle. Bientôt, les canons tonneront et précipiteront le monde dans la tragédie. Pour l’heure, cette petite ville du Suffolk, au nord de l’Angleterre, voit sa musique quotidienne perturbée par le naufrage d’un bateau, au cœur d’une violente tempête, provoquant la mort de Colin.
Son ami rescapé Willy (formidable Jéremy Lopez, tout en sobriété et émotion rentrée), se voit plongé dans la micro société locale, dominée par la terrible Louise Rafi (indispensable Cécile Brune) qui régente son petit monde : Jessica (hilarante Elsa Lepoivre), sa suivante qui aimerait prendre plus de place, Rose (émouvante Adeline d’Hermy), sa nièce, à qui était promis Colin, Hatch (parfait Hervé Pierre), le commerçant de tissus, adepte de la théorie du complot, le Pasteur (excellent Eric Génovèse), placide garant de l’ordre moral, Evens (méconnaissable Laurent Stocker), l’ermite Cassandre de la plage…il faudrait tous les citer car ils composent un formidable kaléidoscope très tchekhovien d’une société au bord de l’implosion, au crépuscule d’une époque qui va bientôt disparaître dans le feu et l’acier.

 

LA MER - Edward Bond_1

Cette entrée au répertoire est sans doute le premier acte fort du mandat d’Eric Ruf au Français. Il ne faut pas rater cette belle et grande création :

1 – Tous les comédiens sont, comme souvent au Français, absolument impeccables et composent leur partition avec beaucoup de cohérence et de clarté.
2 – La très belle scénographie de Jacques Gabel nous transporte sur les rives de la mer du Nord, dans les brumes du Suffolk, au cœur de cette ville si britannique.
3 – La mise en scène d’Alain Françon est limpide et met en valeur ce petit bijou d’observation d’une société anglaise dans une ambiance de lutte des classes larvée et de basculement d’époque.

 

Jérémy Lopez_Portrait

Interview de Jérémy Lopez, pensionnaire de la Comédie-Française

Interview de Jérémy Lopez, pensionnaire de la Comédie-Française – 16 décembre 2015
A l’affiche de Roméo et Juliette jusqu’au 30 mai 2016 (Lire l’article en ligne)

 

Si l’on applique sa propre théorie, on peut dire que Jérémy Lopez, par son jeu cru, net et ultra réaliste, nous attire vers le “haut de la bande du kif”

Un faux air de Patrick Dewaere – accentué par la moustache que son “patron” Eric Ruf lui a demandé de porter pour incarner Roméo – une profonde bienveillance, un franc parler et un sens de l’humour qui font tellement de bien : on se sent de suite à l’aise avec lui. On adore l’écouter digresser au sujet de sa formation à l’ENSATT, de sa carrière au Français, de ses coups de blues, de sa “théorie de la bande du kiff”, de son adoration pour William Sheller, de son émerveillement face à ses enfants…
Entré à la Comédie-Française en même temps que Pierre Niney, il dit y avoir découvert une troupe généreuse, accueillante, bienveillante, transparente, soudée… Tant d’attributs qu’il n’aurait pas forcément associés à ses camarades de jeu avant de les connaître.

En cinq ans, on l’a beaucoup vu, il a énormément travaillé, comme tous les comédiens du Français, enchaînant les rôles au gré des projets : Horace dans l’Ecole des Femmes de Jacques Lassalle, Ernesto dans La Pluie d’été d’Emmanuel Daumas, Bottom dans Le Songe d’une nuit d’été de Murielle Mayette, Thommereux dans Le Système Ribadier de Zabou Breitman, et bien d’autres… sans oublier ses participations aux Cabarets Brassens et Boris Vian.
Jusqu’à ce Roméo – “c’est notre Roméo, insiste-t-il, à Eric, Suliane et moi”. Un Roméo qui en surprendra sans doute plus d’un, tant il est éloigné des clichés de l’imaginaire collectif. Rompre avec ces fameux clichés, camper des personnages tout en réalité, fuir les jeux de voix et autres effets de style, c’est ainsi que Jérémy envisage son métier.

Mais à l’heure où l’on écrit ses lignes, Roméo est déjà presque derrière lui. Jeu de l’alternance oblige, il vient de débuter les répétitions de La Mer d’Edward Bond. L’occasion de retrouver Alain Françon, croisé à l’ENSATT. Ainsi va la vie au Français, “une maison, dit-il, où l’on ne fait que passer”. Espérons que son passage à lui gardera toujours ce parfum de totale et entière vérité qui nous plaît tant chez lui !