Voltaire – Rousseau : une dispute mémorable entre deux titans des Lumières

Le texte, la mise en scène et le jeu des comédiens contribuent à faire d’une joute intellectuelle entre ces deux géants des Lumières que furent Voltaire et Rousseau, un réel succès. Les thèmes abordés et les convictions défendues par nos deux protagonistes sont d’une étonnante actualité.

Jean-François Prévand  imagine que Jean-Jacques Rousseau, banni de la République de Genève pour abandon de ses cinq enfants, soupçonne l’auteur de Candide d’être à l’origine du pamphlet qui révèle ce forfait. Cette intrusion de Rousseau au domicile de Voltaire donne lieu à une dispute philosophique au cours de laquelle tous les thèmes chers à nos deux “filousophes” sont débattus. Durant un peu plus d’une heure, on peut apprécier l’esprit révolutionnaire et la force de leurs opinions, contradictoires bien souvent, mais tellement complémentaires.

Tout ou presque est abordé au cours de cette discussion âpre et passionnée : les religions, la musique, le théâtre, l’éducation, les femmes, la  liberté, l’égalité, la tolérance… On apprécie à sa juste valeur l’esprit aigu et caustique de Voltaire interprété avec brio par Jean-Paul Farré et l’on ne peut s’empêcher de compatir aux souffrances physiques et psychiques de Rousseau que Jean-Luc Moreau campe à merveille. Leurs contemporains encyclopédistes Diderot et d’Alembert sont évoqués, et chacun les tire à soi.

Voltaire est tel qu’on se le représente : toujours vif, nerveux, méchant, drôle. Jean-François Prévand rend justice à Rousseau en lui faisant dire que l’état de nature tant raillé par Voltaire n’est qu’une hypothèse et que l’abandon de ses enfants peut se justifier sans ridiculiser et anéantir pour autant son précis d’éducation “L’Émile”.
La mise en scène, simple mais enlevée, colle au texte et les acteurs, chacun dans son rôle, sont très convaincants : Voltaire allègre, brillant et ironique, Rousseau atrabilaire, malade, un brin paranoïaque.

Lorsqu’on a assisté à ce spectacle, on a envie de fréquenter durant un moment encore ces grands écrivains philosophes en ouvrant Candide et Zadig, le Contrat social et l’Emile, pour mieux les comprendre et les apprécier.
Cette pièce nous ravit aujourd’hui tout comme elle avait ravi lors de sa création en 1991, tant les problèmes abordés sont toujours d’actualité…

À ne pas manquer, donc, surtout par les temps qui courent !

Marie-Christine Fasquelle

Voltaire-Rousseau
Á l’affiche du Théâtre de Poche Montparnasse du 21 mars au 1er juillet 2017 (mardi au samedi 19h)
Un texte de Jean-François Prévand
Adaptation et mise en scène : Jean-Luc Moreau et Jean-François Prévand
Avec : Jean-Luc Moreau (ou Jean-Jacques Moreau en alternance) et Jean-Paul Farré

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