Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke

“Quand un prince va parler, on doit faire silence …”

De 1903 à 1908, Rainer Maria Rilke (Michael Lonsdale) entretient une correspondance avec un étudiant Franz Xaver Kappas (Pierre Fesquet), suite à une première missive dans laquelle le jeune homme confie douter de sa vocation d’écriture.
Les deux hommes ne se rencontreront jamais mais échangeront une dizaine de lettres traitant des grands thèmes existentiels.
Dans l’écrin du théâtre de Poche Montparnasse, Pierre Fesquet met en scène une forme de cabinet de réflexion : il y convoque chaque spectateur face à la mort, l’amour ou la solitude.
Nous assistons à une trinité poétique, musicale et spirituelle entre le personnage central, un Rilke christique -du fait de l’incarnation de Michael Lonsdale-, un Kappas vigoureux et un violoncelliste céleste : Fabrice Bihan (en alternance avec Emmanuelle Bertrand).
L’harmonie qui se dégage de ce spectacle est liée à la profondeur des textes et au talent, tout en humilité, des trois interprètes. Michael Lonsdale nous transmet autant d’émotions par ses mots que par ses silences et regards ; les enseignements de vie de Rilke nous sont révélés avec la douceur et la profondeur de celui qui a probablement beaucoup voyagé et aimé passionnément.

“Soyez patient en face de tout ce qui n’est pas résolu dans votre coeur. Efforcez-vous d’aimer vos questions elles-mêmes, chacune comme une pièce qui vous serait fermée, comme un livre écrit dans une langue étrangère”.

La voix enveloppante de Pierre Fesquet guide l’enfant endormi au plus profond de nous et nous accompagne dans un voyage intime. Il dévoile les connaissances que Rilke a découvertes par lui-même et qu’il a à cœur de transmettre à son jeune correspondant. La mise en scène retenue est une caresse délicate qui dessine les âmes et les corps des trois personnages dans toute leur authenticité.
Les échanges de mots sont ponctués par les morceaux interprétés par Fabrice Bihan, lunaire et lumineux. Il nous réveille avec Bach, Henze et Amoyel. Le cri du violoncelle -n’est-il pas l’instrument le plus proche de la voix humaine ?- nous connecte à notre nature profonde.
Il existe des auteurs et des interprètes qui vous transforment ; c’est le cas de cette pièce initiatique qui apporte, au croyant comme à l’athée, sérénité et rayonnement. Alors réservez un lundi soir et courez au Théâtre de Poche Montparnasse.

Magali Rossello

LETTRES A UN JEUNE POETE
Á l’affiche du Théâtre de Poche-Montparnasse jusqu’au 10 avril 2017 (lundi 19h)
Texte de Rainer Maria Rilke
Mise en scène : Pierre Fesquet
Avec : Michael Lonsdale, Pierre Fesquet
Violoncelle : Emmanuelle Bertrand ou Fabrice Bihan (en alternance)

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