Revue de presse du 11 janvier : Vu du pont, Hamlet, Une maison de poupée, Faust

Vu du pont, © Thierry Depagne @ Thierry Depagne

1. Aux Ateliers Berthier-Odéon, reprise remarquée de Vu du pont d’Arthur Miller, mis en scène avec maestria par Ivo van Ove :

“On tremble d’émotion. … Avec une telle histoire, on pourrait craindre un pathos généralisé. Mais c’est sans compter avec la finesse du texte d’Arthur Miller, qui a su éviter les pièges du simplisme et du caricatural, et le doigté d’Ivo van Hove. Grâce à une maîtrise parfaite de la direction d’acteurs, la tragédie évite tous les pièges du genre. Les applaudissements qui clôturent une prestation hors normes sont à la mesure du choc. Marianne

“Une remarquable mise en scène. Pas une once de gras, d’anecdote ou de lourdeur psychologique dans ce spectacle où le metteur en scène et son équipe tiennent de bout en bout le fil de la pureté tragique. La première surprise vient, pour le spectateur, de la scénographie, d’une intelligence et d’une beauté magistrales.
Ces personnages existent ici avec une crédibilité rarement atteinte au théâtre, parce qu’ils sont interprétés par des acteurs choisis et dirigés avec une science confondante. ….Enfin, il y a Charles Berling, que l’on n’avait pas vu aussi bien depuis longtemps : un bloc granitique d’humanité douloureuse et blessée, opaque à lui-même.
Le Monde

“La mise en scène de Ivo van Hove transmue la pièce d’Arthur Miller en tragédie intime et universelle. Une mise en scène d’exception et un bloc d’émotion.
Dans une tension continue, d’une densité compacte qui dilate le temps de la représentation, aux accents du Requiem de Fauré, la distribution est remarquable de justesse et d’intensité. Tous impressionnent et bouleversent. Ils sont les figures tragiques de l’humanité. Exceptionnel.
Le Journal du dimanche

“Ivo van Hove a transformé le drame d’Arthur Miller (1955) en une tragédie universelle, où toute l’humanité est sublimée en un grand geste de douleur. Huit comédiens en apesanteur… Ivo van Hove a eu l’intuition géniale de proposer le rôle d’Eddie à Charles Berling. Depuis longtemps, on n’avait pas vu l’acteur à de tels sommets. Avec pudeur, humilité, une fièvre intérieure sans pareil, il porte la croix de son personnage maudit… La boîte tragique se referme alors sous les vivats d’un public submergé par l’émotion. Les Echos

“La mise en scène d’Ivo van Ove est vraiment géniale. Dans le rôle du brave type devenu délateur sans savoir comment ni pourquoi, Charles Berling, qui a récolté le molière 2016 du meilleur acteur, est magnifique. A ses côtés, dans le saisissant décor, tous ses partenaires sont parfaits. L’Obs

“Nu, sans accessoires, ce plateau scénique offre la priorité au jeu des comédiens. Sous la direction de Ivo van Hove, ils sont tous excellents et rendent palpable, sans surcharge psychologique, les sentiments, fractures, passions et contradictions qui animent chacun des personnages… Avec un dosage contenu du réalisme porté par la pièce, mais en portant ses tensions à l’extrême, dont la violence est accompagnée en contrepoint par la douceur poétique du Requiem de Fauré, le spectacle s’achève sur une belle image spectaculaire colorée, émouvante et métaphorique, sous la pluie. Webtheatre

“Un récit sensible et tragique, superbement raconté par un esthète de la mise en scène… Les comédiens évoluent ainsi dans un espace scénique tri-frontal extrêmement dépouillé, une langue de lumière qui s’avance dans la salle. Dans cette scénographie à l’épure déconcertante, on ne voit qu’eux, personnages meurtris aux destins fragiles. Un récit sensible et tragique, superbement raconté par un esthète de la mise en scène. Time Out
 
 
hamlet © christophe raynaud de lage @ Christophe Raynaud de Lage

2. Ostermeier “survolte” Hamlet, dans une mise en scène énergique portée par une troupe de comédiens au talent incontesté :

“Une table de banquet délimite le fond de la scène, symbole ironique où trône un pouvoir immature… Dans toutes ses mises en scène, Thomas Ostermeier fait résonner fortement les textes dans l’actualité de notre monde. Cette lecture radicale et énergique théâtralise avec vigueur les effets dévastateurs d’une société pourrie, et réduit la profondeur métaphysique du drame de Shakespeare. L’un des atouts majeurs de la pièce est comme à l’accoutumée chez ce si talentueux metteur en scène la limpidité du jeu théâtral. Un immense bravo à l’exceptionnel acteur Lars Eidinger dans le rôle d’Hamlet… La Terrasse

“Certes le spectateur peu familier de l’œuvre-maitresse de Shakespeare aura du mal à se retrouver dans cette représentation destroy et survoltée où six acteurs seulement se partagent une vingtaine de rôles (seul Hamlet, l’époustouflant Lars Eidinger n’a à gérer que son personnage…)… Mais comme toujours la force et l’énergie du metteur en scène, son formidable appétit de comprendre et de partager le théâtre au plus urgent, au plus violent, emporte le morceau. Et si cet “Hamlet”-là n’est pas forcément des plus subtils, il entraîne superbement le public au royaume de la folie. Télérama

“Sommes-nous alors si loin des questionnements d’aujourd’hui ? se demande, et nous demande, Thomas Ostermeier, qui s’adresse à Shakespeare pour nous donner matière à réflexion dans un ici et maintenant plein de zones d’ombre, d’incertitudes et de manque de repères. France Inter

“L’action s’ouvre sur l’enterrement du roi, par lequel Ostermeier s’engage dans une voie tragi-comique sur fond de gros rock à guitares. Le burlesque s’invite dans le trou où tombent le fossoyeur et le cercueil, glissant sur un plateau couvert de terre arrosée d’eau… Armé d’un théâtre d’acteurs très physique et sans tabous, flirtant avec le “trash” sans s’y noyer, Ostermeier ose tout. La Dépêche

“L’attente n’est ni clairement déçue ni vraiment comblée. Le spectacle a laissé à l’issue de la première un sentiment partagé, qu’a exprimé le public en l’applaudissant plutôt chaleureusement, sans excès. La pièce, resserrée, adaptée avec acuité par le dramaturge Marius von Mayenburg, prend place dans un dispositif élégant et efficace. Comme toujours dans les spectacles du directeur de la Schaubühne de Berlin, on prend un plaisir fou avec les comédiens, avec leur jeu précis et physique, d’une rare intensité… Cet “Hamlet” déploie nombre d’autres qualités, une incontestable fluidité et efficacité scénique… Et pourtant, le spectacle ne prend pas vraiment. Comme si le metteur en scène n’avait pas encore parfaitement ajusté sa focale. Le Monde

“Ostermeier et Shakespeare, c’est un sans faute assuré ! Chaque fois que le metteur en scène berlinois s’est attaqué au dramaturge élisabéthain, il a signé une éclatante réussite.
Lars Eidinger est toujours le rôle-titre, aux antipodes du héros romantique idéalisé. L’acteur se fait tornade qui rase et saccage tout sur son passage. En dépit des qualités indéniables de jeu, de mise en scène et de dramaturgie, l’”Hamlet” de la Schaubühne se résume à sa seule performance. Il fait son numéro d’acteur-roi et c’est hallucinant. Avec sa folle démesure et une impeccable justesse, il hisse le spectacle encore et toujours plus haut.
Toute la culture

“Sublime spectacle qui force l’admiration. Thomas Ostermeier reprend Hamlet avec six comédiens extraordinaires… Deux heures trente d’extrême tension et de plaisir. Tout est critique de notre monde quotidien, tout est Shakespeare, tout est merveilleusement recréé et distancié. C’est unique ! À voir et à revoir ! Artistik Rezo
 
 
Une maison de poupées © Pierre François @ Pierre François

3. Dans une version resserrée, une actualisation pertinente d’Une maison de poupée d’Henrik Ibsen, mise en scène par Philippe Person :

“En voyant la version qu’en propose Philippe Person, on comprend pourquoi, au moment de sa création, à la fin du XIXème siècle, la pièce fit scandale… C’est du Simone de Beauvoir avant l’heure, et c’est un superbe hommage au féminisme. Marianne

“Conforme à l’esprit de la partition originale, inclus ses quelques traits d’humour, ce condensé atteste que, bien que datant de 1879, cette “tragédie de notre temps”, telle que qualifiée par son auteur Henrik Ibsen, ne s’avère ni désuète ni surannée. Epurée mais efficace et avec une contextualisation confortée par les brefs extraits de tubes rock des sixties des inserts transitionnels, la mise en scène de Philippe Person vise à l’essentiel… La direction d’acteur de Philippe Person étant très tenue, Philippe Calvario et Florence Le Corre délivrent de manière magistrale l’ultime scène qui revêt une intensité sidérante et une humanité bouleversante. Froggy’s delight

“Cette mise en scène ascétique, réduite à trois jours, se veut aussi cinématographique, comme un plan séquence qui, révélant leur intériorité, collerait aux actions de chaque personnage. En dépit d’une certaine linéarité, en limitant l’action à la confrontation entre les personnages de ce quatuor, Person donne à son spectacle une forme aux arêtes coupantes. En se débarrassant du carcan de sa maison, Nora bouscule les conventions et s’affirme comme une héroïne d’une incroyable modernité. Théâtrorama

“Philippe Person a gardé du texte original les quatre personnages principaux. Il resserre ainsi la pièce autour de Nora… Le rythme est vif. On sent un vrai travail, chez chacun des interprètes, pour créer des caractères forts, réels et attachants mais on peut regretter de ne pas apercevoir par moment leurs âmes. De fait, ils restent excessivement propres, bien mis et les scènes de confrontations ou de manipulations se cantonnent à un formel joli, intelligent mais porteur de peu d’émotions. Reg’Arts

“Cette “Maison de poupée” subjugue par l’intensité de son interprétation et la modernité de sa mise en scène.
Le public nombreux salue fort justement cette prestation théâtrale acclamée qui marquera la fin 2016 et le début 2017. La pièce d’Ibsen fait froid dans le dos et détruit le mur des apparences factices, cette mise en scène lui fait honneur pour une empreinte indélébile dans les esprits !
PublikArt

 
 
Faust © Ben Dumas @ Ben Dumas

4. Au Ranelagh, le jeune metteur en scène Ronan Rivière s’attaque avec une exigence saluée au Faust de Goethe :

“Noirceur et fulgurances, ténèbres et flamboiement d’enfer. Les acteurs montrent avec souplesse et acrobatie les aléas de ce pacte terrible en clair-obscur, alternant l’humour et les rires de gaieté et de légèreté avec les sanglots du désespoir. Méphistophélès est d’autant plus inquiétant qu’il apparaît étonnamment humain, presque avec humilité et bonhomie. Et le spectacle baigne dans des sautes lumineuses, scandées par les accords et modulations du piano, entre envolées romantiques et cordes heurtées et grinçantes. Tous ces contrastes entretenus ne laissent personne en repos, le mythe faustien est revivifié dans un dépouillement saisissant. Spectacles Sélection

“Des acteurs inspirés. Un échafaudage brinquebalant ne cesse d’être manipulé par les comédiens au centre d’une scène réduite au maximum. Ce Faust ravit l’audience grâce à l’investissement énergique de la troupe de comédiens et à la mise en scène sommaire mais dynamique du Méphisto. La pièce est un succès, la salle était comble, nul doute que de nombreux autres spectateurs sortiront tout autant ravis de la salle après les prochaines dates ! Publik’Art

“La confirmation d’un jeune talent, Ronan Rivière. “Faust” est une tragédie de 1808. Goethe multiplie les lieux et les personnages. Ronan Rivière a synthétisé tout cela. On remarque, avec intérêt, les références au cinéma expressionniste allemand, mais son diable n’est pas Nosferatu. Méphistophélès, car ainsi le nomme Goethe, est un homme jeune. Ronan Rivière interprète Méphisto. La plupart du temps, on donne le rôle du diable à un homme mûr, ici le fait que ce soit un jeune homme donne une autre grille de lecture. Il a des langueurs romantiques. Jean-Benoît Terral est le Faust vieux et Anthony Audoux le jeune Faust, deux comédiens tout à fait justes. Un spectacle exigeant qui doit faire partie de votre sélection. Ronan Rivière et sa troupe sont à suivre. Après, ne venez pas nous dire que vous n’étiez pas au courant ! Webthéâtre

“L’histoire de Faust est ici resserrée exclusivement autour de son amour pour Marguerite. C’est un raccourci bien troussé de l’œuvre monumentale de Goethe. Un “Faust” qui, malgré quelques langueurs dans certains passages, possède un réel impact visuel et donne envie de redécouvrir l’œuvre de Goethe dans le texte. Reg’Arts

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