Revue de presse, 23 novembre : Rumeur et petits jours, La Nuit des taupes, Richard III Loyauté me lie, Hamlet Transgression

Rumeur et petits jours, Raoul Collectif, Théâtre de la Bastille, © Céline Chariot © Céline Chariot

1. Rumeur et petits jours, Raoul joue Collectif, au Théâtre de la Bastille jusqu’au 18 mars :

“On dirait la tribune du « Masque et la Plume » sauf que l’objet de l’émission est incertain… C’est potache, parfois très drôle, parfois moins. Derrière la blague, il y a une réflexion sur le groupe, le collectif, au théâtre comme dans la vie. Les Raoul semblent d’accord avec Winston Churchill, pour qui « la démocratie est le pire des régimes, à l’exception de tous les autres déjà essayés dans le passé ». Figaroscope

“Quel plaisir ! un spectacle à la fois très grand public, à mourir de rire, et âprement politique, sans jamais que le propos ne soit frontal.
Le risque d’un tel spectacle, c’est qu’il soit statique, chacun derrière la table du studio. Il ne l’est pas. Ne serait-ce que parce que les membres, animés par la colère, ne peuvent s’empêcher de se lever, s’invectiver, s’auto-exclure… Mais surtout parce qu’au milieu de la représentation, une Tina sort du corps de Robert, celui-là même qui conspuait le libéralisme. Tina comme «There is no alternative», la célèbre formule de Margaret Thatcher. Tina n’est pas une personne, même si elle se déploie sur scène. C’est une formule, et c’est toute l’intelligence de Raoul collectif d’en avoir fait un personnage comique, à la Amanda Lear, plutôt qu’une idée à démonter…
Libération

“TT Pas évident de faire rire des intellectuels fatigués dans une société fermée sur ses préjugés… Raoul Collectif y parvient avec un esprit dada incendiaire et convainc qu’il existe toujours une alternative à l’épuisement de penser… Sarcastique et déglingué, le collectif belge met à sac les idées toutes faites avec un humour ravageur. Réjouissant. Télérama Sortir

“La bande des cinq belges qui composent le « Raoul Collectif » a pris la scène de la Bastille d’assaut avec un sens de l’humour et de la provoc à toute épreuve. La charge est menée à fond de train, avec forcément des moments plus faibles que d’autres, vu qu’il est difficile de tenir un tel rythme sans déraper ou sans ralentir. Mais ne cherchons pas des poux dans la tonsure des membres d’un collectif qui balance un cocktail molotov humoristico-idéologique sur la scène du théâtre Bastille, où la filière belge a ses entrées depuis si longtemps. Des spectacles de ce cru, on ne s’en lassera jamais. Marianne

“Au-delà de l’amusement et des pistes de réflexion qu’elle peut faire naître, cette fantaisie donne l’impression de manquer d’audace et de complexité théâtrales. Le propos défendu par le collectif belge aurait, en effet, sans doute été plus fort s’il avait engendré une représentation dépassant le cadre de ce théâtre de genre. D’apparence loufoque mais finalement assez lisse, Rumeur et petits jours se révèle trop sage. On aurait aimé plus de liberté. Plus d’invention. En somme, plus d’anticonformisme. En s’émancipant des codes du déjà-vu, les artistes du Raoul Collectif nous auraient épargné certaines facilités… La Terrasse

“Un doux délire.
Il y a bien des manières de parler de politique, et de tenter de cerner l’impuissance et l’impasse dans laquelle nous nous enfonçons un peu plus chaque jour. Il y a celle, plus légère, mais qui n’en a pas moins sa pertinence, au vu du bel accueil public reçu par leur spectacle, du Raoul Collectif. On retrouve leur manière de se promener, surréalisante…
Le Monde

“Le club des cinq garçons loufoques du Raoul Collectif récidive. Spectacle réjouissant qui s’interroge sur une alternative au néo-libéralisme dominant. Glaçante et désopilante, Tina affirme sa primauté sur le monde contemporain, sans discussion possible. Face à ce mur dogmatique aux allures charmantes, ne reste plus qu’à se raconter des histoires … alternatives. En cela, le Collectif Raoul (donc le groupe) excelle. Jamais à court de ressources, d’imagination, d’inventivité, de drôlerie… Rue du théâtre

” S’ils se moquent des tentatives récentes, de “Podemos” à “Occupy Wall Street”, c’est avant tout parce qu’il y a en eux cette étincelle surréaliste qui caractérise bien de nombreux Belges, qui n’ignorent pas que la Belgique est le plat pays du surréalisme et du situationnisme… Occuper la scène théâtrale plutôt que Wall Street, contester par le rire, proposer par la poésie, c’est le programme du Raoul Collectif dans ce “Rumeur et petits jours” qui s’inscrit dans cet air du temps théâtral qui ausculte le politique et le social. Le Raoul Collectif cherche une voie théâtrale de contestation qui ne se contente pas du constat et brandit à nouveau l’étendard d’une utopie collective la plus joyeuse possible. Froggy’s delight

La Nuit des taupes - Philippe Quesne - Amandiers - © Martin Argyroglo © Martin Argyrolo

2. La Nuit des taupes : Philippe Quesne nous entraîne dans une exploration ludique mais profonde, au Théâtre des Amandiers jusqu’au 26 novembre :

“A la fois drolatique et inquiétante, la pièce est une performance qui se fonde sur l’imbrication entre le scénique et le scénographique, sans le secours d’une narration claire ou d’un jeu théâtral incarné. Formé aux arts plastiques, Philippe Quesne fait naître une écriture de plateau hétéroclite et bricolée et bâtit des mondes ou des écosystèmes où habitent des communautés insolites. Souligné par des lumières très réussies, le voyage suit son cours à travers diverses saynètes et diverses situations, plus ou moins évocatrices et frappantes… La Terrasse

“Réjouissant. Philippe Quesne cache une inquiétude lucide sous un masque fantaisiste et désinvolte, capable de donner vie à l’inanimé et de faire vivre un plateau par la grâce exquisément malhabile d’interprètes plus occupés à découvrir l’espace où il les parachute qu’à tenir les rênes d’une narration trop bien ficelée. A l’homme jetable, Philippe Quesne oppose une réjouissante humanisation de l’animal. Les Inrockuptibles

“Le metteur en scène Philippe Quesne explore avec malice et poésie ce qui se trame dans les sous-sols. Cette représentation singulière, un brin utopiste, file la métaphore : et si, à l’image de la taupe, nous trouvions nous aussi des refuges pour échapper à ce qui pèse sur nos épaules ? Philippe Quesne aime plonger le public dans des univers décalés, bucoliques et animaliers. Sa représentation, même souterraine, est un véritable bol d’air. La Vie

“Philippe Quesne est un homme de théâtre plasticien par qui tout peut arriver…Y compris cet insensé et burlesque spectacle à base de taupes (les acteurs y sont devenus invisibles dans leurs costumes de fourrure !)
Malgré quelques longueurs, l’aventure théâtrale pose de passionnantes et jubilatoires questions sur l’imaginaire des grottes, du sous-sol, des abris. Sur nos origines donc, comme sur nos fins dernières… Seul Philippe Quesne prend encore le risque aujourd’hui de spectacles aussi fous…
Télérama Sortir

“On dit parfois que la dramaturgie ne supporte pas les temps morts. Je crois à l’inverse que le théâtre permet de dilater le temps. Je suis persuadé que les théâtres ont cette fonction dans l’espace public d’être un lieu où il est encore possible de réfléchir ensemble.
[Enfant, je] collectionnais les insectes, et j’élevais notamment des phasmes, ces insectes qui survivent grâce à un paysage dans lequel ils se fondent. Sont-ils une métaphore de la vie de l’artiste ? Quand il y a un danger, ils cessent d’être repérables. Au théâtre aussi, j’aime ralentir la vitesse du monde, me fondre dans le décor, arrêter le tumulte, et vivre et faire vivre un voyage immobile.
Libération

“On dit parfois que la dramaturgie ne supporte pas les temps morts. Je crois à l’inverse que le théâtre permet de dilater le temps.”

“A l’aveugle, on s’engouffre avec ces taupes pour découvrir, stupéfait, un royaume en sous-sol, allégorie d’un monde certes replié sur lui-même mais complètement délirant. On fait son trou dans la superbe et ingénieuse scénographie figurant une grotte de carton-pâte… Toutes aussi farfelues que réflexives, les taupes de Caveland nous invitent dans leur terrier pour mieux reconsidérer notre rapport au monde et à l’existence. C’est bien l’enjeu de la proposition ludique et utopique de Philippe Quesne.
Ces mammifères mal aimés deviennent des compagnons irrésistiblement attachants et même électrisants lorsque, affranchis de tout, ils jouent de la batterie, de la guitare et du thérémine dans un esprit rock underground onirique jusqu’au bout de la nuit.
Toute la culture

“Cette plongée dans un univers parallèle nous permet d’observer les mœurs les plus intimes de ce peuple de mammifères à la vue approximative. Elle nous permet surtout d’admirer l’incroyable univers visuel et sonore qu’a construit l’actuel directeur du théâtre Nanterre Amandiers… Nous découvrons un univers fascinant, uniquement fait de bruits et de sons. Passé l’effet de surprise et d’amusement, ces 24h passées dans la vie d’une troupe de taupes s’avèrent une expérience aussi euphorisante que perturbante. La nuit des taupes est d’abord une invitation magnifique à la divagation et à l’expérience sensorielle. Un fauteuil pour l’orchestre

richard III royauté me lie, shakespeare, Jean Lambert-wild, Élodie Bordas, Aquarium, Cartoucherie

3. Un Richard III, Royauté me lie forain, bariolé et fantasque, au Théâtre de l’Aquarium jusqu’au 3 décembre :

TT Éblouissant spectacle. Une œuvre collective pour mettre en scène un Richard III burlesque dans une scénographie poétique et brillante, où l’on ne sait plus si l’on est dans un théâtre, un cirque ou une foire. C’est magique. Un spectacle ingénieux et poétique où, malheureusement, le texte est souvent écrasé par toute cette inventivité. Télérama Sortir

“La truculente scénographie de Stéphane Blanquet et Jean Lambert-wild offre un écrin magique à deux comédiens éblouissants.
On rit au spectacle d’une méchanceté si aboutie et on tremble d’être caution d’une telle infamie ! Le théâtre est rendu à sa vertu cathartique : l’histoire du fléau de sa race est une tragédie vertigineuse et frémissante. On retrouve l’originalité corsetée par une maîtrise hallucinante des arts de la scène des précédents spectacles de Jean Lambert-wild.
La Terrasse

“Entretien avec Jean Lambert-wild RFI

“L’oralité des mots m’est importante, comment un mot va “crocher” dans la langue, c’est physique, il y a une “physicalité” des mots”

“Un Richard III étonnant, épatant, d’une invention formidable, une machine à jouer, un théâtre de foire tragique et sanglant, un jeu expressionniste et bouffon… Deux sacrés monstres s’enfonçant dans la folie d’une représentation non moins génialement monstrueuse. Jean Lambert-wild et Elodie Bordas. Deux heures d’une création radicale, étonnamment claire et lumineuse dans la noirceur poisseuse. C’est un cauchemar burlesque que souligne la scénographie de Stéphane Blanquet, ce castelet infernal, palais du rire figé dans un rictus d’horreur, mais peuplé de fantômes étranges… Un fauteuil pour l’orchestre

“Jean Lambert-wild a choisi de placer les cruelles aventures de Richard dans une espèce de “Palais des Merveilles” dans lequel chaque niche contient une surprise que l’on ne devine jamais et que l’on attend à chaque fois avec un plaisir toujours renouvelé. Création de Stéphane Blanquet, cette véritable œuvre d’art est en soi, une des raisons de ne pas manquer ce “Richard III” qui n’a pas peur de la beauté.
Si l’on voulait initier à l’art dramatique quelqu’un qui n’aurait jamais mis les pieds dans un théâtre, le “Richard III” de Jean Lambert-wild serait le spectacle idéal, le spectacle total. Car, outre le verbe shakespearien et les surprises visuelles, il serait confronté à deux véritables athlètes qui se dépensent sans compter pour montrer combien une représentation théâtrale peut être magique et loin du réel quotidien.
Froggy’s delight

“Un spectacle créé par une équipe ultra talentueuse, qui fait confiance au travail et aux idées poétiques pour nous donner à sentir, simplement mais sûrement. Quelques scènes apparaissent un peu longues, du fait d’un trop-plein de texte et d’images shakespeariennes. Mais on est très heureux qu’à d’autres moments, Richard s’adresse à nous frontalement, de façon burlesque… Malgré la sobriété des effets, fureur et emportement se manifestent. C’est que le spectacle sait faire confiance aux artistes, et à leur talent, pour nous étonner. On le remercie grandement. Toute la culture

Hamlet Transgression, Shakespeare, Jacques David, Laurence Malherbe, Dominique Jacquet, Christophe Séchet, photo © Claire Acquart © Claire Acquart

4. Hamlet Transgression, une forme courte et dense, en prélude à Richard III… au Théâtre de l’Aquarium jusqu’au 3 décembre :

TT On est sous le charme, même si l’on ne comprend pas tout. La tension tragique est sensible sur le plateau et dans la salle. Cette courte pièce, qui s’apparente davantage à une performance, est d’une grande poésie et constitue un très beau geste artistique. Télérama Sortir

“Sur le plateau deux comédiennes portent les mots du prince du Danemark, en les clamant les chantant les hurlant et un miracle se produit. La difficulté à vivre, la mélancolie de Hamlet que secrètement chacun de nous partage avec lui dévoile son visage et de ce partage émerge en nous une joie optimiste.
Les deux comédiennes sont divines, quasi célestes. Ces 35 minutes de bonheur nous font du bien. Il se sera produit dans la petite salle du Théâtre de l’Aquarium une chose extrêmement rare entre hallucination et rêve éveillé.
Toute la culture

“Touché en plein cœur par la dualité des sentiments et de leur jeu, on sort exsangue de cette joute verbale lyrique et mortifère, de cette petite folie bouleversante qui secoue l’âme. Tour à tour, vers chantés et parlés se mêlent en une puissante litanie qui nous trouble et nous ébranle.
Fasciné par le talent ciselé des deux artistes, on est séduit par cet étrange OVNI qui allie l’art opératique et l’art théâtral avec virtuosité et ingéniosité, par cette douce et poétique aliénation des âmes solitaires qui s’unissent en un cri étourdissant et universel.
BSC News

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