Revue de presse 28 mars : Un mois à la campagne, The Prisoner, La Ménagerie de verre

@ Michel Corbou

1. Alain Françon charme en délicatesse avec Un mois à la campagne de Tourgueniev au Déjazet :

“La comédie pourrait n’être que bourgeoise, si Tourgueniev n’avait l’art de fouir au plus profond des zones obscures du cerveau, des sentiments et de la raison, pour en ramener à la lumière les sentiments les plus secrets… Si, aussi, la mise en scène et la direction d’acteurs d’Alain Françon ne s’avéraient d’une telle finesse, d’une telle justesse. Voire – sans rien édulcorer de la dureté, parfois, du propos – d’une si troublante délicatesse. Dans une irrépressible montée en tension, la distribution, portée par la traduction vivante de Michel Vinaver, fait corps avec les mots, avec la langue, comme s’ils nous faisaient entrer dans la tête des personnages, au fil des pensées qui se construisent et s’affaissent en direct. La Croix

“Imposante, cette mise en scène picturale donne vie et acuité à la pièce d’Ivan Tourgueniev. Au centre d’une distribution de haut vol, Anouk Grinberg fait vibrer toute la beauté de son art. Ce qu’elle accomplit dans le rôle de Natalia Petrovna est magistral. Pour compléter sa distribution, Alain Françon a réuni des interprètes eux aussi remarquables. Ils donnent corps à la matière rayonnante de ce spectacle vif et délicat, aiguisé et spirituel. Rien n’est jamais superflu ou forcé dans ce travail d’orfèvre. La justesse, l’ampleur, la nécessité s’imposent ici en tout. La Terrasse

“Alain Françon met en scène “Un mois à la campagne” avec son doigté et sa finesse habituelle. Tout se fait par touches délicates, par nuances, par allusions, par non-dits. Dans un décor fait de grandes parois aux teintes pastel, les personnages sont à l’image de leurs costumes, d’un charme désuet mais intact. Anouk Grinberg campe une Natalia plus vraie que nature, rappelant ainsi qu’elle est l’une des actrices les plus brillantes de sa génération, malgré ses trop rares apparitions sur scène. En séducteur frustré, Micha Lescot est digne d’un Don Juan touché par l’échec. Tous les autres acteurs brillent de mille feux grâce à la patte magique d’Alain Françon. Marianne

TT L’œuvre du dramaturge russe est magnifiée par la mise en scène délicate d’Alain Françon. Alain Françon a monté avec délicatesse et cruauté confondues cette histoire banale et terrible de sentiments avortés. Comme les costumes, les décors de Jacques Gabel sont modernes et d’époque, vifs et anciens. Anouk Grinberg est fascinante en mère de famille en proie au coup de foudre. Micha Lescot distille toujours son élégance insaisissable et poignante. Tous les acteurs accompagnent superbement le couple frustré. Au milieu de cette campagne où le temps passe d’ordinaire si lentement, mais où il vibre ici avec tant d’électricité. Télérama

“Plus qu’un personnage, c’est l’analyse d’un sentiment à l’œuvre qui est au cœur de la pièce. Anouk Grinberg est exceptionnelle dans le rôle de Natalia Petrovna. Micha Lescot tout en subtilité, donne à voir le bouleversement intérieur du personnage derrière la façade. Dans un beau décor, à peine dessiné, de Jacques Gabel, la mise en scène d’Alain Françon est toute de légèreté, de transparences, relevée d’un léger voile d’humour qui souligne la vanité de toute cette agitation. Webthéâtre

 

2. Aux Bouffes du Nord, la nouvelle création de Peter Brook, The Prisoner, envoûte ou égare, mais sa remarquable interprétation fait l’unanimité :

“Cela ressemble à un conte oriental ou africain. Et comme souvent dans les contes, ça va loin. Les acteurs se glissent comme des chats dans la grâce délicate, l’humour en loucedé et l’évidence des gestes simples du mouvement brookien. Déployant les atours de sa fondatrice convention, le théâtre est là, devant nous, perpétuellement naissant. Comment ne pas lui en être reconnaissant ? Mediapart

TT Etrange texte, que cinq acteurs portent avec une rare douceur, sans cri et sans colère. Etrange parabole, dont les énigmes restent intactes. Peut-être faut-il ne pas chercher de réponses là où il n’y a que des questions, s’accommoder de l’irrésolution et accepter le doute en soi. Si telle est la leçon de Peter Brook, alors il a atteint son but. Télérama Sortir

“L’argument est mince et la fable, obscure. Menée avec lenteur et précision, elle soulève plus d’interrogations qu’elle n’ouvre de chemins. Sur ce fil ténu et court, les acteurs de Brook avancent en funambules sereins, dont chaque pas, chaque geste, chaque mot est empreint d’une densité calme et riche. Dans un anglais limpide, ils donnent vie à ce conte que magnifient les éclairages chaleureux de Philippe Vialatte et l’éternel décor de pierre rouge vieillie des Bouffes du Nord, agrémentée de quelques branches mortes et torsadées. Si l’inspiration laisse le spectateur sur sa faim, l’exécution, simple et puissante, soulève l’admiration. L’Echarpe rouge / L’Express.fr

“À 92 ans, le maître mondial de la mise en scène revient dans son beau théâtre des Bouffes du Nord pour raconter l’histoire d’un meurtrier, condamné à vivre mentalement son sentiment d’emprisonnement. Les jeunes acteurs, la scénographie magique, tout invite au rêve, à la réflexion et à la spiritualité. Un moment de partage intense, de rêverie et de sagesse. Artistik Rezo

“Entre conte et haïku théâtral. Les acteurs, lumineux, ont tous une présence d’une grande intensité, un jeu très physique, des corps déliés, souples, entre animalité et pur esprit. Peter Brook creuse toujours plus subtilement le sillon de l’épure dans une sorte de méditation philosophique et poétique qui tel un haïku théâtral est toujours plus économe de moyens pour délivrer plus de sens. Webthéâtre

 

3. Au Monfort, une Ménagerie de verre, toute en transparences :

“Une très belle Ménagerie de verre, où se croisent beauté scénographique, intelligence scénique et excellence du jeu. On se dit que les partitions écrites par Tennessee Williams font le régal de ces acteurs, mais aussi que Daniel Jeanneteau a su admirablement bien les diriger. Les personnages sont mouvants, surprenants. Et terriblement humains. Une grande réussite. La Terrasse

“Une version ouatée et envoûtante. Daniel Jeanneteau sait donner une dimension de songe éveillé à ces souvenirs fondateurs de l’auteur, cette mémoire familiale et primitive qui si souvent taraude, lamine, abîme. A moins qu’on en fasse de l’art. Comme Tennessee Williams, auteur compulsif déchiré entre ciel et enfer, Christ et diable, chair et esprit. L’écriture fut son antidépresseur sublime. Le théâtre peut l’être aussi. Télérama Sortir

“Dans le rôle de Laura, Solène Arbel est d’une étrangeté absolue. Elle évite tous les pièges du rôle en faisant montre d’un art du presque rien, en laissant poindre à peine un affleurement de ses tensions intérieures. Olivier Werner dans le rôle de Tom et Pierre Plathier dans celui de Jim sont, eux aussi, on ne peut plus justes. Balagan / Mediapart.fr

“Une mise en scène éthérée. De la beauté, il y en a, dans ce spectacle. Une beauté pure et transparente, mais elle emprisonne Tennessee Williams… Le Monde

“Dominique Reymond, en tête de distribution, éclaire ce huis clos familial. Son jeu dramatique et parfois drôle donne de l’épaisseur à une mise en scène trop lisse. Le beau décor contraste avec la violence du ressenti des personnages. La mise en scène va bien dans ce décor : sobre, soigneuse, mais aussi trop lisse. Ce sentiment nous habite au sortir du spectacle : une histoire dramatique qui a perdu sa dimension tragique de l’abandon au profit d’un environnement rassurant. Sceneweb

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