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MADAME BOVARY - Flaubert - Molaro - Theatre de Poche

Madame Bovary, plus vivante que jamais !

Madame Bovary – spectacle vu le 24 février 2016
À l’affiche du Théâtre de Poche-Montparnasse
De Gustave Flaubert, adaptation Paul Emond
Mise en scène Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps
Avec Sandrine Molaro, David Talbot, Gilles-Vincent Kapps, Félix Kysyl ou Paul Granier

Un gracieux rendez-vous avec Emma…

Ce Madame Bovary enchante. Quatre comédiens, quatre chaises, un grand champ échevelé de vent en toile de fond, quelques instruments de musique, un brin musette nostalgique, un soupçon rock bien dosé, un violon un peu gitan, des costumes presque intemporels mais discrètement évocateurs, une belle robe bleue en écho à celles du roman; et de la fantaisie, du talent, un regard aigu et attentif sur les protagonistes : voilà de quoi faire revivre Emma Bovary et ses rêves…

C’est gracieux et touchant, intelligent et tonique. Ici la simplicité est une richesse.

L’adaptation de Paul Emond, pleine d’esprit, trouve le juste équilibre; chacun des personnages s’y déploie sans manichéisme, mû par ses pulsions de vie autant que par ses ombres. Narration, saynètes, intermèdes musicaux s’y entremêlent avec légèreté, comme naturellement. Les comédiens glissent du récit au jeu avec aisance, ça imprime un joli rythme, très souple, à la représentation.

Sur le visage malléable de Félix Kysyl peuvent s’inscrire avec autant de véracité et de justesse la rugueuse mère Bovary que le tendre et juvénile Léon.

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© Brigitte Enguerand

Des souvenirs de classe pouvait ressurgir une madame Bovary plutôt victime de sa place de femme de ce milieu et de cette époque, étouffée par son mariage sans romantisme – de surcroît assorti d’une belle-mère sacrément castratrice !, assez passive et rêveuse; mais on la découvre ici active dans sa revendication d’émancipation et de plaisir, hédoniste, tellement exaltée de se découvrir elle-même qu’elle en devient égocentrique – se rendant sourde aussi bien à son mari qu’au doux Léon… Sandrine Molaro est pétillante, émouvante, elle donne un air d’aujourd’hui à son Emma avide de s’ébrouer de son ennui, c’est une madame Bovary plus vivante, plus désirante que jamais !
David Talbot offre aussi un portrait de Charles Bovary plus nuancé que les vestiges des lectures de collège ne le laissait soupçonner, il lui apporte une grande douceur, de la bonté, qui en font un brave homme amoureux éperdu plus qu’un cocu sans cervelle.
Gilles-Vincent Kapps est impeccable dans chacun de ses personnages, son entrée en flamboyant Rodolphe sur un riff de guitare est particulièrement savoureuse… et, sans pour autant cherche à trouver des excuses à son Rodolphe – jouisseur, égoïste, couard -, il en fait un homme pas plus courageux ni plus méprisable qu’un autre à vouloir “sauver sa peau”, se préserver de la fièvre grandissante d’Emma…

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Les autres personnages, pharmacien, commerçant…, sont impeccablement dessinés en quelques traits nets, les comédiens nous promènent de l’un à l’autre sans artifices pesants mais avec précision.

Loin d’être simples illustrations, les bouffées de musique permettent au lyrisme de se glisser dans le texte avec sans doute plus de spontanéité et de poésie que si les comédiens devaient les porter entièrement par le dialogue.

Malices et légèreté de l’adaptation, anachronismes des musiques, surprises de l’humour…

Peut-être certains pourront regretter d’y perdre quelque chose de la mélancolie, de la tragédie, de Madame Bovary, mais, portés par l’incarnation sensible et généreuse des quatre comédiens, on y gagne de l’énergie, de l’acuité, de la fluidité, de la fraîcheur; et on n’y a pas perdu une certaine gravité, ce qu’Emma peut avoir de dur, de brutal, dans sa dévoration et de déchirant dans sa façon de s’abandonner à corps perdu, ce que Charles peut avoir de poignant dans sa naïveté, dans son impuissance, dans son deuil, et on a le cœur qui se serre avec lui quand il croise Rodolphe et lui dit “je ne vous en veux pas, c’était la fatalité”…

Revue de presse du 23 décembre 2015 : Madame Bovary, Singin’ in the rain et Bigre

 

1. Au Poche-Montparnasse, une version originale et très réussie de Madame Bovary :

– “Gilles-Vincent Kapps et Sandrine Molaro signent une mise en scène volontiers blagueuse qui n’étouffe ni l’émotion, ni les larmes, ni la cruauté.” – Le Figaro

– “La pièce, très drôle, est une réécriture magnifique et contemporaine du roman de Flaubert, une révision non de l’intrigue, non des conflits psychiques, mais du contextuel.” – Toute la Culture

– “Portés par la mise en scène dynamique de Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps, qui interprètent respectivement les rôles d’Emma et de son amant Rodolphe Boulanger, les acteurs ont toute latitude de développer leur jeu.”  – Froggy’s Delight

– “Sandrine Molaro, dans sa composition d’Emma, fait le choix d’une interprétation habitée, hystérique, zulawskienne. À ses côtés, les trois autres déploient un jeu plus sobre, presque désincarné, extrêmement précis.”  – Les trois coups

 

 

2. Pour les fêtes de fin d’année, le Théâtre du Châtelet prend des airs de Broadway avec la formidable reprise de Singin’ in the Rain :

– “Robert Carsen réussit une mise en scène très élégante, joue à la perfection de la rapidité entre les scènes, distille un sens du rêve qui ne tient qu’à lui, aidé par une équipe formidable.” – Le Point

– “Un véritable tour de force du metteur en scène qui parvient au théâtre à rendre le solo mouillé de Don Lockwood (Gene Kelly/Dan Burton) à la fois poétique et spectaculaire.” – Time Out

– “Le metteur en scène d’opéra nous offre une mise en abîme cinématographique de la comédie musicale de Stanley Donen et Gene Kelly. – Les Echos

– “Les 31 interprètes sur scène -des Britanniques- jouent, chantent, et dansent les claquettes avec virtuosité.”  – BFMTV

– “On ne s’étonnera donc pas que le public fasse un triomphe à cette production et qu’elle aussi soit demandée à New York.” – L’Obs

 

 

3. Pour rire, on va voir Bigre au Rond-Point, petit bijou absurde et surréaliste :

– “Au Rond-Point, Pierre Guillois, Agathe L’Huillier, Olivier Martin-Salvan ont imaginé un mélo burlesque irrésistible.” – Le Figaro

– “Sur la scène du Rond-Point, Bigre, spectacle muet, épingle la vie urbaine en plein dérapage sur un mode burlesque.” – L’Express

– “Entre tableaux, récit et portraits, ce spectacle doux-amer aux belles images superpose la vie et l’absurde, le bête, le méchant et le poétique. Et offre un moment accessible et intelligent, de clown et de cinéma.” – Un fauteuil pour l’orchestre

– “Pas un mot ne sera dit, mais les catastrophes vont s’enchaîner allègrement entre le geek, le bordélique et l’apprentie en médecines plus ou moins douces.”  – Les Inrocks

– “Virtuose du burlesque, Pierre Guillois est bel et bien l’héritier de Jacques Tati et de Jérôme Deschamps.”  – Telerama