L’effort d’être spectateur

On pénètre dans la Chapelle du Théâtre des Halles. On s’installe au deuxième rang, pour être tout proche, proche comme on aime au théâtre. Car dans la catégorie spectateur, on est, avouons-le, de la famille de ceux qui aiment cette proximité avec les acteurs, cette promiscuité, cette intimité, cette promesse d’amitié…
Avant même que le spectacle ne démarre, il est là, maître d’un lieu qu’il semble bien connaître et apprécier. Le prolifique, Pierre Notte, dont pas moins de six spectacles (écriture et/ou mise en scène) sont actuellement présentés dans le festival off d’Avignon nous accueille, pieds nus et haut de forme couvrant son crâne rasé de près.
C’est une forme de conférence qui va suivre, sur la place du spectateur. Une prise de parole sur l’effort – sur LES efforts multiples – que doit déployer tout individu dès lors qu’il décide d’assister à un spectacle “vivant”.

S’appuyant sur de nombreux exemples concrets, citant les plus grands artistes et philosophes ayant écrit sur le théâtre (Koltès, Daney, Finkelkraut, Deleuze, Mnouchkine…), Pierre Notte étaye son propos de digressions qui font de ce moment une parenthèse emplie d’éclats de rires parfois moqueurs, souvent complice, toujours reconnaissants.

L'effort d'être spectateur de et avec Pierre Notte Festival Off d'Avignon, Théâtre des Halles

« J’accepte et je peux souhaiter que la neige qui tombe sur le plateau ne soit pas de la vraie neige.» 

Ce que l’on aime dans L’effort d’être spectateur, c’est que Pierre Notte évoque des petits travers dans lesquels nous nous reconnaissons forcément un peu : lutter à peine contre le sommeil, toussoter en début de représentation, donner son assentiment en soupirant bruyamment…
Mais surtout, il nous rappelle que parfois, on peut se sentir en symbiose totale avec ce qui se passe au plateau – pur moment de bonheur.

Avec un texte si foisonnant, si documenté, si précis, nul besoin d’une lourde scénographie. D’autant que le texte est porté par l’auteur lui-même, et que l’on découvre ou redécouvre à l’occasion que Pierre Notte est un excellent comédien, n’en déplaise à ce journaliste dont la plume l’a un jour tellement blessé.

« Je raffole de l’intrusion du réel sur le plateau quand elle vient par principe contrecarrer un monde d’artifices. »

Il suffit de quelques accessoires – un harmonica, des escarpins à paillettes, une bouteille d’eau, un hula-hoop, des gants de boxe – d’une belle création lumière signée Eric Shoenzetter et le tour est joué !
Et le bougre nous en joue un beau, de tour : celui de nous faire nous sentir, au bout d’une heure vingt, tellement fiers d’être spectateurs…

L'effort d'être spectateur de et avec Pierre Notte Festival Off d'Avignon, Théâtre des Halles

3 raisons de s’inscrire sur la liste d’attente du spectacle L’effort d’être spectateur :

  • Si l’on connait bien le Pierre Notte auteur et metteur en scène, on a moins d’occasions de découvrir le Pierre Notte comédien : un vrai bonheur de spectateur…
  • Nul besoin d’une scénographie compliquée, quelques accessoires, des jeux de lumière, l’écrin parfait de la Chapelle des Halles, et surtout la participation, l’implication de chaque spectateur.
  • Au bout du compte, on ressort avec le sentiment, non pas d’avoir fourni un gros effort, mais celui d’avoir été en communion avec tous les autres spectateurs !

-Sabine Aznar-

L'effort d'être spectateur de et avec Pierre Notte Festival Off d'Avignon, Théâtre des Halles

L’EFFORT D’ÊTRE SPECTATEUR
De, mise en scène et interprétation Pierre Notte
À l’affiche de l’Artéphile, Avignon, du 5 au 27 juillet 2019 à 1h25

Swann s’inclina poliment : vie et mort d’un amour

La soirée de Madame Verdurin n’attendait que nous pour battre son plein. Les convives habituels sont déjà là, le peintre Elstir, artiste et drôle, si drôle ! à qui Madame Verdurin requiert à intervalles réguliers une des ses plaisanteries si amusantes ! ; Odette de Crécy, pas tout à fait une cocotte, celle à qui Madame Vedurin rappellera plus tard qu’elle vient d’un bordel de Nice, mais pas non plus une femme du monde, et pourtant une beauté qu’on a plaisir à montrer à sa table ; les deux musiciens aussi sont là, un piano, un thérémine, des guitares attendent leur tour. Des chants d’oiseaux guillerets s’entrelacent à des notes électroniques sourdes, déjà inquiétantes. Des orchidées et les oiseaux empaillés mêlent à cet univers sonore leur joliesse et leur étrangeté pour renforcer le trouble naissant.
Et nous, le public en bloc, nous sommes Charles Swann, richissime fils d’industriel, CSP ++++++, chasseur de plaisir, beau parleur, dont on recherche la présence dans les salons en vue.
 

Nicolas Kerszenbaum, adaptateur et metteur en scène, auteur qui aime se coltiner au réel, propose ici une variation pour notre temps autour d’Un amour de Swann de Marcel Proust, autant merveilleuse peinture de la jalousie et du sentiment amoureux que description précise d’ascensions sociales, qui ne sont le fruit que de volontés et d’instincts individuels.
Dans un langage dramaturgique bien d’aujourd’hui, alternent scènes jouées, chansons, voix off, narration au micro. Le récit et le jeu s’entrelacent ; de même les temps se tressent subtilement, du temps du texte au temps du spectacle, intimement mêlés pour inventer un espace qui contient aussi bien le siècle (et les mots) de Proust que le nôtre (et les nôtres). Le décor est chic, moderne : une stylisation tout autant d’une manière de penser la représentation théâtrale que d’une certaine esthétique des élites. Des fourrures, des cols emplumés, apporteront avec eux une ombre d’animalité dans cet univers quasi technologique. Les conversations futiles crépiteront au son des notes de Satie, des moments gracieux naîtront du silence quand les bavardages s’éteindront et les visages se refermeront sur leurs vérités.

Tu entends cette musique, Swann, tu nous regardes et tu nous trouves un peu bêtes,
mais tu entends cette musique et tu renoues avec le désir.

Le portrait d’une société se dévoile, sur le mode de la farce cruelle. Des fioritures parfois parasitent la lecture d’une scène, un couplet de trop fait paraître une chanson moins percutante que les autres, menus écueils qui n’enlèvent rien à l’acuité du regard ! Pourtant, si les rapports de classe, les ambitions, les transfuges sont observés et dépeints avec une pertinente vivacité, c’est dans les affaires du cœur que Swann s’inclina poliment touche au plus juste. Le besoin d’amour taraude tous les protagonistes, vital comme la faim – avidité de se sentir exister aux yeux des autres, besoin de reconnaissance, d’admiration ou d’affection, besoin d’un amour à éprouver aussi, pour sentir la vibration, la pulsation de la vie battre plus fort. Et le revers de la médaille de ces désirs : les hypocrisies des charmeurs, la jalousie des possessifs, la dureté de qui est aimé sans être ému…

 
Les trois acteurs jouent et chantent avec une belle énergie qui n’étouffe pas pour autant leur sensibilité ; avec générosité et justesse, ils s’amusent de leurs personnages mais savent s’abandonner, mettre à nu leurs failles. Sabrina Baldassarra, fantasque et vorace Madame Verdurin, visage mobile, présence lumineuse ; Thomas Laroppe (en alternance avec Gautier Boxebeld), volubile Elstir en guise d’ironique narrateur, puis Swann éperdu ; Marik Renner – étonnante Odette – en particulier laissera en souvenirs tenaces une scène où sa présence fragile et vénéneuse s’impose, masquée/dévoilée par sa silhouette dénudée perchée sur des escarpins, une autre scène, plus tard, où d’un éclat de rire sec elle brisera net un amour.
 
Ainsi va la vie, ainsi va le monde, à la Belle Epoque comme aujourd’hui, on rêve toujours d’autre chose, « c’est comme dans votre jeu : on cherche à survivre, alors on survit, alors on cherche à vivre, alors on vit, alors on cherche la richesse, on cherche la reconnaissance, alors on cherche une petite maison à Malbec ou sur l’île de Ré, pour posséder une simplicité qu’on peut enfin goûter. » ; ainsi va la vie, ainsi va le monde, à la Belle Epoque comme aujourd’hui, les cœurs se lient dans des soupirs émus et se déchirent dans d’âpres et mesquines jalousies… Swann s’inclina poliment, requiem en mode mineur pour des illusions perdues…
 

SWANN S’INCLINA POLIMENT
À l’affiche du 11 • Gilgamesh Belleville à Avignon du 5 au 26 juillet à 22h25
D’après Marcel Proust
Adaptation et mise en scène Nicolas Kerszenbaum
Avec Sabrina Baldassarra, Marik Renner et (en alternance) Gautier Boxebeld ou Thomas Laroppe
Conception musicale Guillaume Léglise
Musiciens sur scène Guillaume Léglise et Jérôme Castel

 

Mots de détenues : lecture de « Une fille sans personne »

Que ces échos arrivent jusqu’à vous, détenues.

Une pièce qui traite des ateliers d’écriture en prison, on se dit « Grand Dieu, le sujet ne m’intéresse que de très loin ». Et pourtant Iris, la détenue, et Camille, l’animatrice d’atelier d’écriture, nous font vibrer pendant tout le spectacle. A travers des échanges épistolaires, des consignes d’écriture très personnelles, des consignes qui ouvrent un champs de liberté ou circonscrivent la vie d’Iris et à travers la production scripturale qui s’en suit, on découvre la vie dépenaillée et pleine de fougue, le destin malheureux, la famille en capilotade qui pourtant continue de structurer, même en prison, et l’histoire tragique d’Iris, une jeune délinquante qui s’est vite retrouvée entre quatre murs, avec des codétenues tout aussi désespérées, dont elle dressera, par écrit, des portraits tout en joie et en finesse.

Au gré des échanges, on apprend également beaucoup du broyant milieu carcéral et en particulier de celui des femmes qui « perdent leur règles, ici », des boulots qu’on peut faire en prison, des suicides qui plombent le moral pour longtemps, des fouilles qu’on ne supporte plus et du mitard qui rend dingue. On a beaucoup d’empathie pour la pétulante Iris. Elle s’interroge également sur l’écriture, l’acte d’écrire, l’impasse de la mémoire, la vanité de l’imagination et le confort des poètes.
Mais pourtant, cet atelier d’écriture, c’est la soupape pour rester vivante, c’est le rendez-vous attendu qu’on ne manquerait pour rien au monde, c’est l’horizon du ciel dans sa cellule. Alors, quand Camille vient à s’absenter, à ne pas honorer un rendez-vous, c’est tout un monde qui s’écroule. Et à la fureur de s’exprimer et de nous renvoyer à la sauvagerie de la prison « qui abîme ».
Camille semble le pilier sur lequel s’appuyer pour ne pas sombrer (ainsi que Jack Kerouac), malgré ses absences répétées et la violence parfois, elle répond aux lettres d’Iris, y prend plaisir, une vraie relation semble exister et elle ne la laisse pas tomber. Pourtant, on découvre finalement que Camille est peut-être la plus faible des deux. Camille malade, Camille isolée, Camille qui se meurt.
 
Une fille sans personne - Carine Lacroix

On notera l’intensité des deux comédiennes et en particulier la présence vocale d’Ann Parkins (Camille) qui nous porte des coups au cœur et à l’estomac. Et on n’oubliera pas les compositions et l’accompagnement à la guitare de Jak Belghit qui colle parfaitement à ce qui nous est dit.
Et à Camille encore de nous laisser dans la circonspection à la fin de la pièce. Camille a-t-elle réellement des problèmes personnels, psychologiques, médicaux ou est-ce la confrontation au milieu carcéral et plus particulièrement à sa rencontre avec Iris qui l’absorbe et l’étouffe ? Peut-on faire ce genre de travail sans se protéger, ce à quoi semble être réduite Camille ? Des questions qui s’ouvrent à la fin de la pièce. Faire écrire les autres n’est pas sans danger.
On se demande comment Corinne Menant mettra en scène cette pièce aux allures statiques de par le choix d’une narration par lettres et on a hâte de savoir.

On souhaite un beau parcours à ce spectacle qui débute sa vie d’artiste.

– Isabelle Buisson –

Une fille sans personne - Carine Lacroix

Lecture de UNE FILLE SANS PERSONNE, éditions L’Avant-Scène
De Carine Lacroix
Avec Corinne Menant et Ann Parkins
Mise en scène Corinne Menant
 
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=DVC7D6HBODk&w=560&h=315]

L’Epopée du lion : Dans la jungle, la terrible jungle, le lion n’est pas mort ce soir !

Malgré l’aura et la puissance verbale, oraculaire de Victor Hugo, ce n’est pas ce beau conte en vers qui domine dans ce spectacle, même si l’on suit l’histoire avec curiosité et que les mots claquent en assonances et allitérations jubilatoires, mais bien l’ensemble des dispositifs de mise en scène, mise en lumière, jeu et costumes qui nous ravissent.

Photo © JC Aubert

Pierre Grammont, seul en scène, endosse tous les rôles, du héros qui sera dévoré par le lion, en passant par l’ermite trop imbu de son Dieu ou le général en faillite jusqu’au terrible lion lui-même, avec pléthore de costumes, tous adéquats et drolatiques, qui finiront en tas sur scène, partie intégrante du décor.
Gaëlle Lebert, et Pierre Grammont signent la co-mise en scène de ce spectacle et se sont concentrés sur chaque détail pour faire de ce spectacle une féérie sans cesse renouvelée. D’immenses panneaux comme des lamées avec ombres chinoises et projections, qui deviendront tantôt forêt profonde et enchantée, labyrinthe qui nous absorbe, beaucoup d’obscurité, des vidéos burlesques ou abstraites qui transportent le jeune spectateur dans une sorte de jeu vidéo, une musique électro étouffante parfois grinçante, qui ferait presque peur si on ne riait pas, comme les enfants, des péripéties des humains qui veulent s’en prendre au lion, des ventriloquies et des loufoqueries de Pierre Grammont et de ses variations vocales et chantées.

Photo © JC Aubert

Les enfants seront sans conteste charmés par ce spectacle hors du commun, ambitieux, exigeant, drôle et tendre, où la scène finale, comme une moralité de l’intelligence de la bête face à la forfaiture de l’humain, est un hymne humaniste. Aucune femme dans cette histoire, juste une petite fille, fille de roi, abandonnée à son propre sort, qui tiendra la barre haute au lion, roi des animaux.

– Isabelle Buisson –

L’EPOPEE DU LION
De Victor Hugo
A la Scène Nationale de Cergy Pontoise en 4 et 5 mai 2020
Mise en scène : Gaëlle Lebert; Pierre Grammont
Interprétation : Pierre Grammont
Scénographie : Blandine Vieillot
Photos : JC Aubert

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=YcqMaPsr8WE&w=560&h=315]

L’Autre Fille : Comme une gifle sous hypnose qui divulgue l’absence

Dans L’Autre Fille, Annie Ernaux s’interroge sur l’absence de sa sœur Ginette, morte à l’âge de 6 ans, avant sa naissance et sur la présence et l’ampleur qu’a prise cette absente dans sa vie jusqu’à devenir présence et jusqu’à recréer des liens antérieurs qui la feraient revivre.

Annie Ernaux creuse l’écriture, somme indirectement ses parents qui ne lui ont rien dit, inspecte les objets qu’elle a toujours crus siens et qui ont eu une première vie avec Ginette, regarde les photos, comme à son habitude, rares photos de Ginette qui l’empoisonneraient presque jusqu’à une jalousie grandissante. Elle tourne autour de la place de l’absente indétrônable en quelque sorte. « Lutter contre la longue vie des morts ». Car il est vrai qu’il n’y a pas plus présent qu’un mort, dont on ne se débarrassera plus puisqu’il ne pourra plus mourir. Son souvenir, son absence, à tout jamais nous hanteront. Et cela, Annie Ernaux nous le donne à voir avec rectitude, avec des mots choisis et ses interrogations, et Laurence Mongeaud s’en empare pour nous le faire entendre sans équivoque.

Ça commence par cette phrase terrible qui n’est pas destinée à Annie et pourtant qu’elle entend pareille à une révélation de ce qu’on lui avait caché pendant tout ce temps. « Elle était plus gentille que celle-là », bribes de conversation d’épicerie qui tomberont dans l’oreille d’Annie, elle sait qu’on parle d’elle, elle comprend soudain qu’elle n’est pas considérée comme gentille par sa mère et qu’une autre avant elle a été plus gentille qu’elle. Phrase terrible comme une gifle sous hypnose qui divulgue l’absence d’une antériorité qu’Annie ignorait et d’un jugement et d’une comparaison qui lui sont défavorables.

De creusement en glissement, Annie Ernaux nous invite à disséquer le langage et on découvre les phrases de l’enfance qui nous marquent « Tu nous coûtes les yeux de la tête ». On se demande, comme Annie Ernaux, pourquoi elle n’a jamais interrogé ses parents sur Ginette. « Aujourd’hui seulement, je me pose la question pourtant si simple, qui ne m’est jamais venue, pourquoi ne les ai-je jamais interrogés sur toi, à aucun moment, pas même adulte ni mère à mon tour ». Ni même le jour de l’enterrement du père au caveau couché à côté du plus petit de Ginette. Les terribles secrets de famille…

Annie Ernaux s’enfonce de plus en plus à vouloir comprendre cette présence-absente, à vouloir soulever les caveaux et à disséquer les corps et les âmes. « … il me semble avancer dans une contrée tourbeuse où il n’y a personne, comme dans les rêves, devoir franchir, entre chaque mot, un espace rempli d’une matière indécise. J’ai l’impression de ne pas avoir de langue pour toi, pour te dire, de ne savoir parler de toi que sur le mode de la négation, du non-être continuel. Tu es hors du langage des sentiments et des émotions. Tu es l’anti-langage ». Comment parler d’une voix qu’on n’a jamais entendue qui ne nous hante que par l’image. Peut-être que si Annie Ernaux avait disposé d’un enregistrement sonore de sa sœur les questions et les obsessions auraient été différentes ?

Ce récit, cette adresse étrange à une morte, à soi-même et à tous les autres d’Annie Ernaux vient nous toucher et nous émouvoir par son universalité et ses petites touches très justes comme revoir un territoire de l’enfance et le trouver, a posteriori, petit. « Tout correspondait, en plus petit, à mon souvenir », dira-t-elle de la maison d’enfance.

Pas évident de mettre en scène un texte si littéraire où Laurence Mongeaud et Nadia Rémita prennent le parti de la femme cynique et révoltée et à Laurence Mongeaud de s’envoyer cette autoroute de texte sans anicroches et de nous le restituer dans la hargne parfois et la puissance aussi.

Les quelques éléments de décor participent à la sobriété du texte comme cette petite tombe de livres et de fleurs sur laquelle se termine la pièce presque comme un mandala ou, il faut bien y penser, à une tombe d’enfant avec ses fleurs éternelles. Des chansons déjantées nous montrent la face destroy et peu moins retenue que dans ses écrits, de l’Annie qui n’est pas une sainte contrairement à Ginette.

L’émotion nous emplit au fil du monologue jusqu’à nous faire monter les larmes aux yeux.

Un spectacle singulier en seul en scène innovant.

– Isabelle Buisson –

L’AUTRE FILLE
D’Annie Ernaux
Mise en scène : Nadia Rémita
Avec Laurence Mongeaud
Studio Hébertot jusqu’au 19 juin 2019 (mardi et mercredi 21h)

“Cueillis” par un garçon d’Italie

Quelques rares spectacles vous font comprendre, dès les premières secondes, que vous ne regretterez rien, que la banalité ne sera pas de mise. Qu’il n’y aura de place que pour la beauté, même la plus simple. Un garçon d’Italie est de ceux-là.

Tout commence par le discours d’un mort, calme et apaisé. Ce jeune garçon, retrouvé noyé, c’est Lucas. Son décès, si soudain, va bouleverser le destin de ses deux proches les plus intimes : sa compagne Anna et son amant Léo, un jeune prostitué. Accident ? Suicide ? Meurtre ? À ces questions sans réponse se joignent l’incompréhension, la détresse, et la plus terrible de ces interrogations : comment faire face.

Ce texte de Philippe Besson, d’une telle simplicité qu’il est nécessaire d’en souligner l’originalité et la beauté profonde, transporte. L’adaptation de Mathieu Touzé est juste et fidèle. Quant à la mise en scène, sa sobriété, l’absence d’artifice superflu, subliment ce texte qui marque et émeut. Nul besoin d’encombrer, d’interférer par quelque outil ce qui parvient à frapper au plus profond le spectateur. Si simples, si beaux, si universels, sont ce récit et l’interprétation sans faille de ces trois monolithes. Cela suffit. À eux seuls, les trois comédiens polyvalents qui chantent et jouent si juste, émeuvent et marquent.

Mathieu Touzé, l’artisan polymorphe et talentueux de cette pépite, campe un personnage touchant, empli de candeur et de poésie. Il laisse tour à tour paraître regrets et résignation. Estelle N’Sende est la figure de l’amoureuse endeuillée digne et forte. Son jeu délicat laisse deviner la blessure saillante qu’elle tente de cacher. Enfin, Yuming Hey livre une performance digne des plus grands – forte, lyrique, subtile ; il est tour à tour infaillible puis terriblement vulnérable, il chante, il semble danser, flotter, il nous cueille…

Nathan Aznar

UN GARÇON D’ITALIE
D’après Philippe Besson
Mise en scène : Mathieu Touzé
Avec : Estelle N’Tsendé, Yuming Hey, Mathieu Touzé
Théâtre de Belleville jusqu’au 28 mai 2019

crédits photos : Christophe Raynaud de Lage

Le Pas de Bême, un petit pas de côté en direction de la liberté

Bême est un adolescent studieux et agréable qui, bien que tout à fait intégré et adapté à son environnement, rend des feuilles blanches à la fin de chaque devoir sur table. Bême prend alors la figure de celui qui refuse d’obéir, sans agressivité, avec même une certaine douceur, à l’instar du Bartleby d’Herman Melville qui “préférait ne pas”. Née d’un travail sur la figure de l’objecteur, telle qu’elle est donnée à voir dans toute l’œuvre de Michel Vinaver, l’histoire racontée est celle de l’exploration des conséquences de l’objection, chez Bême lui-même, et dans son entourage.
Le Pas de Bême photo
© Martin Colombet

En quadrifrontal, on croit encercler la scène.
On croit, seulement – espace en miroir, troublé, et troublant.

Les comédiens sont installés parmi les spectateurs du premier rang, deux hommes, une femme. Parfois, un qui n’est pas en jeu redeviendra un spectateur comme les autres. Parfois, les spectateurs au regard distrait poseront les yeux sur un autre spectateur ou sur un acteur de la même manière, avec la même curiosité… Les rôles glisseront de l’un à l’autre avec une fluidité et une précision rares; professeurs, parents, camarades, Bême, son amoureuse, sans artifice, chaque comédien – hommes ou femme, le blond émacié au sourire lumineux, le brun au corps charnu à la voix tendre, la femme menue à l’œil cerné mais vif, tous d’une grande justesse – sera les uns ou les autres sans qu’il y ait jamais confusion. Un soupçon d’autorité en plus dans la voix, un rien de douceur ou de féminité, une ombre de provocation, tout de suite le personnage surgit.

Le cas de Bême, ou la question du refus.

La désaffection de Bême fait tout bouger autour de lui. Ce creux qu’il crée change ce qui sinon aurait continué, tout bêtement, sans cette interrogation aiguë, cette possibilité du “pas”, du pas de côté que Bême fait naître comme malgré lui. Les auteurs ont-il eu une jolie expérience de l’école ? ils offrent ici à son rétif Bême le regard très bienveillant et intelligent du corps professoral. Les parents cherchent ce que leur ado essaye de leur dire par ce silence de l’écrit, ses copains lui inventent des ruses pour tromper les profs ou tenter de tromper sa propre incapacité, les profs inventent de nouvelles règles pour ne pas punir ce bon élève… “peut-être que le problème n’est pas la réponse, mais la question ?” Il faut trouver la bonne question, aller le chercher, trouver le bon sujet : “faire son devoir, est-ce un choix ?” “qui en moi parle ?”… Fantaisie et absurde aèrent le propos et amènent le sourire au milieu des interrogations.

Bême, ce qu’il fait, c’est de la poésie. Il nous apprend à voir plus loin que le bout de notre feuille.

L’objection de conscience, le refus, l’abandon de Bême éveille, réveille, contraint chacun à s’interroger. Avec délicatesse et intelligence, “Le Pas de Bême” ouvre une porte vers une liberté discrète, une poésie muette, nous apprend que “comme la terre tourne, même si on ne bouge pas, on bouge”.

Le Pas de Bême affiche

Le Pas de Bême
A l’affiche du Théâtre de la Tempête du 7 au 26 mai
Une création de la Compagnie Théâtre Déplié
Mise en scène et écriture : Adrien Béal, avec la collaboration de Fanny Descazeaux
Jeu et écriture : Olivier Constant, Charlotte Corman, Étienne Parc
Écriture à la création : Pierric Plathier

Roméo et Juliette, version populaire : la peste soit sur les Montaigu et les Capulet

Tout d’abord, il faut souligner l’adaptation de Manon Montel, qui nous donne à entendre le texte avec justesse et gourmandise. On oscille entre des moments de grande virtualité textuelle et de la trivialité joyeuse, avec un goût de l’efficacité et de l’ironie qui ne fait pas défaut.

La mise en scène simple, avec des mouvements de corps et d’objets très sobres, quelques bouts de tissus et de falbalas et aussi une transmission populaire de la langue de Shakespeare, le tout ponctué par des compositions originales de Samuel Sené, pour violoncelle, accordéon, guitare et voix, qui nous invitent presque à un bal populaire d’une province campagnarde et avec des danses grâcieuses comme des fleurs ou des papillons et des combats chorégraphiés.

On palpite évidemment avec Roméo -Thomas Willaime- et Juliette -Manon Montel- à leurs émois et à leurs passions et l’on sent la main inéluctable du destin façonner leur existence, malgré un Roméo un peu niais qui nous ferait presque dire qu’il a bien cherché ce qui lui arrive. Mais l’on sent surtout la toute-puissance des maîtres et du patriarcat incarné, lors d’une scène, dans le clouement au pilori de Juliette par son père et par toutes les voix méchantes des hommes, interprétées par un trio qui évolue comme un mobile sur scène et nous emmènerait presque du côté du surréalisme.

On se dit que ce texte n’a vraiment pas pris une ride et qu’ils sont vraiment trop bêtes tous ceux-là de s’entretuer ainsi et de se suicider ou de tenter de tromper la mort pour mieux la servir. On pense qu’il s’agit de comportements révolus, éloignés de notre quotidien, ceux qui régissent Vérone, une mentalité qui n’est plus de ce monde, or l’actualité se fait régulièrement l’écho d’anecdotes similaires, même s’il ne s’agit plus de la fine fleur de la ville.

La fin de la pièce, la mort de Juliette, mériterait un accompagnement musical pour laisser le spectateur un peu plus longtemps dans son intériorité et dans l’histoire qui s’arrête sèchement et nous sort alors du songe avec trop de violence.

Ce «Roméo et Juliette» revisité ravit le spectateur et semble être un spectacle parfait pour découvrir ou redécouvrir Shakespeare et l’aimer. Bravo à la compagnie Chouchenko qui nous fait passer un vrai bon moment de théâtre.

 – Isabelle Buisson –

Roméo et Juliette, de William Shakespeare à l’affiche du Lucernaire 
Jusqu’au 1er juin  – mardi au samedi 20h, dimanche 17h
Mise en scène : Manon Montel
Avec Xavier Berlioz, Jean-Baptiste des Boscs, Claire Faurot, Manon Montel, Leo Paget et Thomas Willaime

crédits photos : Michel Cavalca

 

Tiens, prends ça dans la gueule

On sait pourquoi Harold Pinter a obtenu le prix Nobel de Littérature en 2005. Célébration est une pièce très particulière, elle donne à penser, même si l’on ne le veut pas, vient nous titiller les profondeurs et nous place dans un no man’s land et un hors temps qui pourrait être ici et maintenant et nous renvoie à quelque chose qui est « Entre les actes » pour citer Virginia Woolf, à un aspect fragmentaire, discontinu, chaotique, brisé.
Le texte de Célébration nous montre l’incommunicabilité d’une jeunesse immémoriale, de sa violence et de ses frustrations.

L’histoire est simple et pourrait se dérouler en Angleterre comme ailleurs, là où translate, d’un soir à l’autre, la jeunesse dorée à travers l’Europe. Dans un restaurant des plus hype se retrouvent, d’un côté deux couples pour fêter l’anniversaire de mariage de l’un d’entre eux et de l’autre, un couple d’amoureux qui fête une promotion. À travers le fil discontinu du texte, on se rend vite compte que les amis sont de vraies hyènes. Le couple qui fête son anniversaire est composé d’une femme frustrée que son mari n’aime pas et qui lui impose sa violence physique. Les attitudes corporelles de la comédienne (Orane Pelletier) nous montrent toute la violence rentrée de cette femme, la manière dont son corps s’est peu à peu fermé à toute communication, la manière dont elle fait barrière –toutes les postures, chez tous les comédiens, sont calculées au millimètre, jusqu’à former des archétypes. Quant au mari, c’est un butor, conseil en stratégie, comme son frère présent, qui ne rêve que de baise, que de prendre, mais surtout pas avec sa femme qu’on imagine trompée allègrement, il est quelque part entre la violence du désir et le mal incarné. C’est un animal qui cherche d’autres animaux femelles pour assouvir ses pulsions. A l’autre table, un couple se retrouve pour fêter une promotion avec des conversations là aussi tout aussi décalées. On découvre vite que l’homme a des pulsions étranges et incontrôlables, tandis que la femme, vit, elle aussi, avec la partie la plus archaïque de son cerveau et s’aime en animal irrésistible mais victime de la violence et du pouvoir des hommes.

La mise en scène est formidable, rien n’est laissé au hasard, tout est tableau, image, cadre recomposé, à-plats puis déchirures, temps suspendu et tension extrême, le tout avec des morceaux de musique destroy ou des chansons populaires italiennes qui voudraient nous faire croire à la dolce vita. Un tableau est particulièrement impressionnant et bien que situé presque à la fin de la pièce, il fait définitivement adhérer, dans son entièreté, à cette comédie grinçante, si on avait eu des doutes : les personnages figés immobiles sur et autour d’un canapé. Les deux animaux sexuels côte-à-côte, se sont rassemblés au cours de la soirée, lui s’échoue sur elle avec ses dernières forces et elle, le maintient près de son ventre ou de son sexe, posture maternelle ou délirium sexuel, on ne sait plus trop, ils dorment ou somnolent, tête et corps abandonnés, presque disloqués. Les autres assistent à ce rapprochement, cette aimantation, sans agir, comme des statues ou des témoins à tout jamais silencieux ; des confettis projetés et embarqués dans une soufflerie s’échouent eux aussi sur le couple comme une neige ou plutôt une cendre mortuaire, celle du grand-père du serveur du restaurant qui va, depuis le début de l’histoire, de table en table, pour raconter l’élucubration d’une généalogie inventée à son grand-père qui aurait connu tout le gratin littéraire, hollywoodien et politique des années 20 aux années 40. Ce tableau est renforcé par une musique électrique de fin du monde hypnotisante et des lumières dans les rouges qui ajoutent au caractère de fin de parcours et de décadence de ces individus et de leur soirée.

On notera le soin apporté aux costumes qui donnent envie d’être élégants et aux masques de poudre comme des visages rongés –mais n’en dévoilons pas davantage, pour réserver la surprise- ainsi qu’au jeu millimétré et impeccable des comédiens.
On ne sort pas indemne d’une pièce d’Harold Pinter. Il faut savoir là où l’on en est du bien et du mal en nous. On pourrait penser à La Noce chez les petits bourgeois de Bertold Brecht en assistant à cette représentation, mais les monstrations de perdition nous emmènent au-delà d’une considération sur la bourgeoisie et affirment une modernité dans la forme, tant du texte que de la mise en scène, qui nous surprend et nous emporte.
A voir, si l’on aime avoir de bonnes surprises au théâtre et se sentir réveillé.

  Isabelle Buisson

Célébration
A l’affiche du Théâtre de Belleville du 5 au 28 avril
Texte : Harold Pinter
Mise en scène : Jules Audry
Avec : Quentin Dassy, Francesca Diprima, Léa Fratta, Faustine Koziel, Orane Pelletier, Garion Raygade, Ulysse Reynaud, Marco Santos et Florence Vidal

Anaïs Nin : le mythe de l’écrivain n’a pas pris une ride

C’est une rencontre au sommet que nous propose Wendy Beckett, celle d’Anaïs Nin, Célia Catalifo, d’Henry Miller, Laurent Maurel et de June Miller, Mathilde Libbrecht, la femme dévergondée et insatiable d’Henry Miller.
Ce sont des rencontres de têtes autant que de corps, où la littérature et la psychanalyse dominent les relations, où la sexualité n’est qu’un faire-valoir pour mieux s’emparer puis se libérer de l’autre. L’autre sera pour Anaïs Nin, d’abord June Miller qui sera sa maîtresse puis Henry Miller qui sera son amant. Comment sortir désormais de cette triangulation ?
 

 
Anaïs Nin est une bourgeoise qui a les moyens de son indépendance. Elle écrit, publie elle-même, avec presse et encre – encre qui lui tâche les mains et fait d’elle une travailleuse -, ses textes, pour ne pas être réduite à la classification de littérature érotique dans laquelle ses éditeurs veulent la maintenir pour faire du chiffre. Elle consulte Otto Rank, Laurent d’Olce, son psychanalyste avec qui elle évoque sa solitude, son père, également Laurent d’Olce – très inquiétant dans ce rôle – qui fut son Dieu puis qui l’a abandonnée, abandon dont elle ne s’est jamais remise. Mais quand son père surgit dans sa vie de femme, elle le repousse, elle n’est plus prête à s’ouvrir à lui, à demeurer sa « fifille ». Aujourd’hui, elle est une femme indépendante qui construit sa vie de femme et se dédit des hommes dont, dit-elle, elle n’a pas besoin. Pourtant, on ne sait pas si son père est réellement venu la voir ou si elle a fantasmé sa visite. C’est une sorte de combat qu’elle mène avec une part d’elle-même pour ne plus subir l’emprise mortifère de son père.

On est un peu loin du mythe qu’on imagine de la relation puissante d’Anaïs Nin et d’Henry Miller. Miller parait dominé par Anaïs, pas tout à fait à la hauteur de ce que sera « Sexus » ou le « Tropique du Cancer ». Anaïs Nin, même si elle a marqué l’histoire des femmes, du féminisme et de la littérature en reste à beaucoup d’intellectualisme et de familialisme et incarne cependant son œuvre et nous surprend comme elle surprendra Henry Miller. Anaïs Nin voulait dire, dans la langue la plus poétique possible, son intériorité et son intimité, sans fard, aux yeux de tous, se moquant de la morale dans laquelle elle évolue pourtant, trouvant son compte dans un monde comme dans un autre, libre de toute appartenance « Je n’appartiens qu’à moi-même ». Or, dans cette pièce, Henry Miller semble être le jouet des femmes, qu’il s’agisse de June ou d’Anaïs.
Anaïs Nin met en avant son travail d’écriture avant tout et elle ne lâche rien sur ce terrain, c’est ce qui fait sa multiplicité, son indépendance, son combat. Elle veut écrire et elle écrit. C’est bien le message qu’elle nous lègue, en particulier, à nous, les femmes.
 

 
On notera tout le soin apporté au décor, avec un vrai phonographe sur scène et peut-être une vraie machine à écrire Underwood, objet symbolique de prêt entre Henry et Anaïs, à la lumière, à la musique et aux costumes velours magnifiques d’Anaïs et de fox trot de June. Tout est élégance, jusqu’aux projections sur un œilleton géant de papier, une sorte de camée géant, de lucarne de l’écrivain, sur laquelle des photos, du texte, des ombres chinoises et d’étranges montages photographiques symbolisant les peurs d’Anaïs apparaissent au gré de l’histoire qui se déroule.
Quant au jeu des comédiens, lorsque l’on voit arriver Célia Catalifo sur scène, on se dit que cette petite bonne femme n’aura pas la carrure d’endosser le mythe d’Anaïs Nin et l’on change vite d’avis, car de ce corps frêle aux épaules étroites émerge l’intransigeance du caractère d’Anaïs Nin et bientôt Célia Catalifo est plus que crédible et nous perce de son regard noir. Le charisme de Mathilde Libbrecht n’aura échappé à personne. L’accent délicieusement américain de Laurent Maurel pourra rappeler des interviews de Miller, seule sa stature serait un hic pour incarner parfaitement le corps si grand d’Henry Miller. Mais pas facile d’endosser la stature de géants tels que ceux-là. Et le mérite leur revient de nous faire croire qu’Henry, Anaïs et June sont bien présents devant nous, avec l’époque qu’ils portent, leur liberté et leur intransigeance.

  Isabelle Buisson

 

« Anaïs Nin – Une de ses vies »
De et mis en scène par Wendy Beckett
Avec Cécilia Catalifo, Laurent Maurel, Mathilde Libbrecht et Laurent d’Olce.
Au Théâtre de l’Athénée, du 13 au 30 mars à 20h.

Photos Emilie Brouchon
 
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