Face au Gorille

Il entre dans la salle par une porte dérobée et nous surprend, nous, public, immédiatement. Un gorille en redingote et haut de forme, très chic, vient nous saluer et entreprend, au pupitre dressé devant nous, de nous entretenir de son bien curieux destin.

Capturé dans la forêt africaine, enfermé dans une caisse à bord d’un cargo, il a traversé les océans pour venir jusqu’à nous. Et pour sortir de sa condition de gorille, on lui propose de devenir un homme. Le Gorille-conférencier nous conte alors son apprentissage : serrer une main, boire de l’alcool, dire bonjour…mais, surtout, être un humain : apprendre les sentiments, apprendre à être sociable, apprendre les différences, les bassesses, les compromissions. Apprendre, surtout, à être un autre, et à être accepté comme tel par la communauté des humains.

Le Gorille Brontis Jodorowsky
©Adrien Lecouturier

« Pour les humains, la place d’un singe est dans une cage. Eh bien, alors, voilà : j’allais cesser d’être un singe… »

Alejandro Jodorowsky, dont on connait l’œuvre foisonnante, a pris la nouvelle de Kafka comme point de départ à une réflexion assez vertigineuse et bougrement efficace sur l’absurdité de notre condition. Son fils, Brontis, incarne ce Gorille. Rarement le terme « incarner » avait été plus juste pour définir ce que réalise ce comédien accompli. Perruqué, grimé, cravaté, il nous apostrophe, nous prend à parti, nous interpelle. Il saute, bondit, mime, danse. Quelque fois, ses instincts de Gorille se réveillent, mais l’humanité reprend malgré tout le dessus, à moins que ce ne soit l’inverse… l’homme derrière le Gorille ou le Gorille derrière l’homme ? Qui triomphera ? Brontis nous renvoie la question, en nous transperçant plusieurs fois au cours de ce spectacle de son regard hypnotique. Mais tout cela, avant tout, n’est que théâtre. Et grand théâtre.

Le Gorille

Ce Gorille a déjà triomphé près de 300 fois en France et à l’étranger : il reste encore quelques dates à Avignon pour le découvrir ou le revoir.
1 – Brontis Jodorowsky, qui a travaillé au Théâtre du Soleil, a une maîtrise incroyable de son corps. Il produit, pendant plus d’une heure, une performance scénique proprement hallucinante.
2 – L’adaptation d’Alejandro et Brontis Jodorowsky de la nouvelle de Kafka « Compte-rendu à une académie » est vivante et dynamique : ce gorille nous aura littéralement capturés à son tour.
3 – Cette harangue fiévreuse est un de ces spectacles que l’on n’oublie pas : il renvoie à la vacuité de nos pauvres existences d’humain…qui seraient encore plus ternes sans des spectacles de cette qualité.

LE GORILLE– spectacle vu le 25 juillet 2016 au Théâtre des 3 Soleils / Avignon Off 2016.
Un spectacle d’Alejandro et Brontis Jodorowsky d’après une nouvelle de Franz Kafka (Compte-rendu à une académie)
Avec : Brontis Jodorowsky

Le Monde de Rita… ou comment “kniter” (tricoter) sa Joie

Certaines pièces vous touchent en plein cœur… Ce fut mon cas et celui du public (appelé « Jojo » par Clémentine Célarié) lors de cette hallucinante et interactive création humaine et artistique. La comédienne, seule en scène (enfin, dans le monde visible) nous fait vivre un voyage symbolique dans l’unique but de réveiller en nous l’enfant intérieur – «Inside puppet». Elle permet ainsi une reconnexion à notre capacité d’émerveillement intime.
Comme tout voyage en terre nouvelle ou oubliée, une langue locale est en vigueur : il s’agit ici du «chkloukign » qui nous sera enseigné au cours de cette séance spirituelle.

Le ravissement produit est lié notamment à l’évocation de multiples rites réels ou imaginaires. La récipiendaire en expérimente plusieurs sous nos yeux avant d’accéder à son essence personnelle. La purification par l’eau atteint un paroxysme d’humour. Vous l’aurez compris : l’artiste a mis son ego dans la poche d’une des centaines de vestes présentes sur scène. Elle a choisi de rire d’elle-même afin de nous faire évoluer…

L’esthétisme et l’efficacité du spectacle sont offerts par Denis Koransky : une fois encore, il donne une âme aux objets inanimés grâce à une création lumières époustouflante.
La générosité de Clémentine Célarié transpire par tous les pores de sa peau dans une pièce où elle se met à nu. Son engagement est total. Corps, cœur, esprit : Rita donne tout de sa vie. Peurs, amours, doutes, fragilités : elle transmet avec humilité et dérision des enseignements et recettes pratiques pour se ressourcer, « se repulper le bulbe », comme par exemple la position du poirier que la comédienne yogi tient à la perfection.

Cet objet théâtral (qui convoque aussi le chant et la danse) germe, s’éveille, éclot et s’envole sous les yeux d’un public ébahi. Une pièce difficile à nommer, et c’est tant mieux. Une expérience initiatique ne se décrit pas : elle se vit.
Courant 2017, partez à la rencontre de Rita. Grâce à sa tournée, offrez-vous la liberté d’être émerveillé par vous-même !

Magali Rossello

 

 

«Le monde de Rita» de Clémentine Célarié – spectacle vu le 22 juillet 2016 au Théâtre du Chien qui fume à Avignon
Assistant à la mise en scène : Pierre Hélie
Création Lumières : Denis Koransky

Ma folle otarie : voyage en imaginaire

Il est là, tout frêle, tout fin, un peu pâlot, droit sorti d’une BD de Sempé. Un petit bout d’homme pour incarner un personnage passe-partout, un “nobody”, le plus ordinaire des plus ordinaires des hommes.

Très vite, cependant, quelque chose l’arrache de cette normalité maladive. Sous nos yeux -ouverts ? fermés ? – il se trouve confronté à un problème aussi énorme que singulier. Un problème lié, non pas à de simples et banales histoires de fesses mais à ces dernières, tout bêtement. À ses fesses, oui. Son postérieur, son cul, son derrière, son popotin, son arrière-train se met à doubler, tripler, décupler de volume sous nos mirettes ébahies qui jamais n’ont contenu telle circonférence – 5 à 6 mètres, incroyable, imbattable, inouï.

Ma folle otarie Pierre Notte Brice Hillairet

“Ma folle otarie, c’est avant tout l’histoire d’un homme sans folie” – Pierre Notte

Alors forcément, lui que personne ne remarquait, tout le monde s’empresse de le moquer. Jusqu’à l’entraîner bien loin, dans une fuite désespérée. Jusqu’à lui faire souhaiter la mort. Seule une otarie lui portera secours, le sauvera du suicide et lui montrera le chemin d’une résilience douce et aérienne.

Fable philosophique, ode à la vie et à l’amour, manifeste pour la différence, plaidoyer contre l’indifférence, aventure poétique et ludique, invitation au voyage, balade dans notre imaginaire, fabrique d’un rêve éveillé… Ma folle otarie est tout cela à la fois. Car la prouesse de ce spectacle est de nous faire voir tant de choses qui n’existent pas, en tous cas pas sur scène. Le plateau est dépouillé, dénudé, dénué de tout artifice, de tout décor, immaculé, vierge, nu, désert. Plein de vide et pourtant prêt à tout et tant nous offrir. Des fesses monstrueuses d’énormité de notre anti-héros à son amie l’otarie moustachue, de l’homme-tronc protecteur à la sale gamine au vélo rouge, du marbre glacial d’une tombe à une rame bondée de métro, d’une plongée en eaux profondes à une envolée pétaradante… Le décor et les personnages se construisent et grandissent dans notre cerveau avant de se déposer sous nos yeux. Et l’on réalise à quel point notre imaginaire est capable de prouesses encore insoupçonnées.

L’écriture de Pierre Notte, toujours tendre, drôle, sensible, intelligente et délicatement poétique donne sa voix à un formidable interprète. Comme ça, l’air de rien, sans crier gare, sans costume, dans une voix quasi monocorde, Brice Hillairet nous invite à percevoir l’énormité de son cul, mais surtout l’immensité de notre imagination.

 

Ma folle Otarie – spectacle vu le 24 juillet 2016 au Théâtre des Halles
Texte, mise en scène et chanson : Pierre Notte
Avec : Brice Hillairet

Kennedy : les Damnés de l’Amérique

19 Mai 1962 : dans la tête de JFK. On a beaucoup parlé des Damnés de Visconti/Van Hove pendant le festival d’Avignon 2016. Tous les jours à 15h, jusqu’au 30 juillet, le Chêne Noir nous donne l’occasion de pénétrer dans une autre légende noire familiale : celle des Kennedy.
Nous sommes le 19 Mai 1962, dans une suite d’un luxueux hôtel new yorkais. Marylin Monroe vient de susurrer à la tribune, en Mondovision, un Happy Birthday aussi sensuel qu’éméché. JFK, pourtant, est vite parti se réfugier en coulisses. Les crises de la maladie d’Addison dont il souffre sont de plus en plus fréquentes. Et ce soir, derrière l’apparence d’une fête d’anniversaire parfaitement réussie, se cachent l’intolérable souffrance d’un Président et les démons d’une famille.

Bobby (Dominique Rongvaux) a beau tenter de raisonner son frère de président (Alain Leempoel) : John ne veut pas entendre parler d’un retour sur scène. La douleur dans son dos est une vraie torture ce soir, et aller serrer toutes les mains qui l’attendent, qu’elles soient soumises, admiratives, ou déjà conspiratives, est au-dessus de ses forces. De plus, très vite, apparaît une jeune femme à l’identité mystérieuse (Anouchka Vingtier) mais à(aux) apparence(s) pourtant familière(s). Qui est-elle ? Que veut-elle ?

KENNEDY
©Aude Vanlathem

“Si JFK n’a pas commandité son propre assassinat, qu’a-t-il fait pour éviter la balle fatale ?” (Thierry Debroux)

C’est là tout l’astucieux parti pris de l’auteur belge Thierry Debroux (par ailleurs directeur du Théâtre Royal du Parc à Bruxelles) : et si, finalement, l’issue fatale de JFK était moins due à Oswald, à Castro, à la Mafia… qu’à un acte manqué porté par JFK lui-même, un rendez-vous inéluctable avec le destin d’un homme et d’une famille ? Dans ce huis-clos habilement mené, on (re)découvre la face cachée de John : les relations ambigües avec son cadet, Bobby, la raison d’un appétit sexuel presque maladif, le pacte passé avec Jackie… On regrettera, peut-être, ça et là, un texte un peu trop foisonnant et didactique, voulant jouer avec toutes les composantes de « l’imagier Kennedy ». On sort de cette suite d’hôtel ému et touché d’avoir assisté à un bout d’Histoire américaine…même si celle-ci est totalement inventée : elle est très justement restituée grâce à un travail théâtral parfaitement maîtrisé.

Kennedy Anouchka Vingtier

Le théâtre ne s’était pas si souvent emparé de la légende des Kennedy : c’est chose faite, et c’est chose bien faite.

1 – La mise en scène de Ladislas Chollat est précise, soignée et, comme souvent, cinématographique. L’intégration de vidéos d’archives projetées sert le récit en y amenant même une certaine émotion.
2 –Les trois personnages joués par les comédiens sont très profondément ancrés dans notre imaginaire collectif : pourtant, ils parviennent à les incarner avec beaucoup de justesse, sans les imiter.
3 – Sous l’enveloppe parfaite des Kennedy se cachait un côté très obscur : beaucoup d’ouvrages ont révélé l’envers du mythe. Cela offrait un « ferment dramaturgique » idéal que Thierry Debroux a efficacement utilisé.

KENNEDY– spectacle vu le 22 juillet 2016 au Théâtre du Chêne Noir.
Une pièce de Thierry Debroux
Mise en scène : Ladislas Chollat
Avec : Alain Leempoel, Dominique Rongvaux, Anouchka Vingtier
Reprise parisienne prévue la saison prochaine

Parlons d’autre chose, choral de la jeunesse

Parlons d'autres choses - photo
9 chaises en ligne, 8 jeunes filles qui semblent sages, mocassins, jupettes, un clavier d’ordinateur à leurs pieds, 1 jeune homme en bout de ligne qui leur tourne le dos.
Chacun va se présenter, on fait connaissance avec la classe de terminale L du lycée St-Sulpice, le ton est grave, les visages sont fermés, la jeunesse ne s’avance pas le sourire aux lèvres.
Une communauté bien huilée, avec ses secrets et ses règles strictes. Un « repère» qui leur permet de s’extraire d’une société qui les asphyxie.
Jusqu’au jour où…
Lors d’un de leurs rendez-vous clandestins, tout dérape. La violence jusqu’ici contenue se défoule jusqu’à l’insupportable.
Début d’un naufrage pour cette jeunesse… ou possible résilience?

Un spectacle actuel, pertinent et plein d’humour qui questionne en profondeur les horizons possibles d’une génération nourrie à grandes cuillerées de crise.Léonore Confino

La mise en scène de Catherine Schaub propose un dispositif simple et franc, tout le monde à vue tout le temps, en action ou en attente, en groupe, en individu, ou en groupe-individu, petit chœur antique d’aujourd’hui. On parle beaucoup, on s’adresse au spectateur, on l’apostrophe directement ou on l’oublie pour se plonger dans le jeu, on chante, on danse. Beaucoup de musiques traversent le spectacle, variées comme celles du quotidien, sons pop dance Lady Gaga, standards plus rares, Wild is the wind, Lillies of the valley
Parlons d'autre chose - photo 01

Décérébrés ? maladivement connectés ? incapables d’engagement politique ? ou familial ? limités dans leur vocabulaire ? matérialistes ? Mais pas seulement.
Alors s’il vous plaît, parlons d’autre chose.

Léonore Confino dresse un portrait de génération nourri des questions adolescentes.
Les peurs grandes et petites, j’ai peur de déplaire à mes parents, peur du cancer du sein, peur de boire de l’eau avec une tartiflette, peur du vide… “Mais on ne peut pas avoir peur du vide, il y a toujours quelque chose pour le remplir : la mort de Michaël Jackson, la mort de Jean-Paul II, les sms illimités, la carte de ciné illimité…” Pour oublier tout ce qu’on sait, on a trouvé une solution miracle, on fait la fête. Et ça nous coûte cher en alcool.

On n’est pas en colère, faut du temps pour la colère.

Les amours, la jalousie, la peur de l’amour, plutôt baiser sans aimer, ça évite de souffrir, ça évite de se faire embobiner par la neurochimie “l’amour c’est mieux dans les livres, l’amour c’est mieux chez les vieux”, fredonne-t-on en chœur…
Et le corps ? qu’en faire, comment l’aimer, l’accepter, le transformer, peut-on se plier à l’injonction de perfection sans se détester, peut-on résister à l’injonction, veut-on résister… ?; et la liberté ? la soif de liberté, celle qu’on peut admirer chez la “chanteuse à succès international” : “Lady Gaga, elle est libre. La chanteuse à succès international, elle danse. Et elle danse comme si un rappeur l’obligeait à s’éclater dans son clip, sauf que le rappeur, il est éjecté, il a plus besoin d’être là”; et l’amitié ? “Nous, c’est vachement important pour nous”.
Parlons d'autre chose - visuel

Autogénération de la jeunesse

Et les hommes ? Comment faire avec eux, avec l’image qu’on a de l’ancestrale phallocratie qui a soumis nos mères ? Leur faire payer, leur pardonner, continuer ? Chacune cherche, ensemble elles vont repousser les limites, découvrir le pouvoir des dangereuses amazones qu’elles peuvent devenir, l’apprivoiser peut-être, avec la complicité un peu rudoyée de l’ami Tom…

La lutte est âpre mais la (ré)conciliation possible : au bout de ce parcours initiatique cette jeunesse clame – comme toutes les jeunesses de tous temps ? – son envie de “réinventer tout, le couple, l’éducation, le désir”. Et affirme, enfin solaire, que “ce qui est sûr, c’est qu’on est bien vivant, et en mouvement”.

Les questions posées sont sans doute celles qui se posent depuis que l’adolescence existe, mais elles sont offertes sans impudeur et sans tabou. Et elles sont portées par une belle justesse d’observation, servies par une troupe aux personnalités riches, à l’énergie fraîche et intense, et cette jeunesse “bien vivant(e), en mouvement”, c’est très beau à voir.

Parlons d’autre chose – spectacle vu le 12 juillet 2016
A l’affiche du théâtre Le Nouveau Ring jusqu’au 30 juillet
Un texte de Léonore Confino
Mise en scène : Catherine Schaub
Avec Aliénor Barré, Solène Cornu, Marion de Courville, Faustine Daigremont, Thomas Denis, Marguerite Hayter, Elise Louesdon, Camille Pellegrinuzzi, Léa Pheulpin
Un spectacle du Collectif Birdland

Addition : “deviens ce que tu es !”

Addition de Clément Michel – Spectacle vu le 14 juillet 2016
A l’affiche du Théâtre de la Gaîté-Montparnasse jusqu’au 4 septembre 2016
Mise en scène : David Roussel
Avec Sébastien Castro, Stéphan Guérin-Tillé et Clément Michel

J’ai la chance et le bonheur de jouer la cinquième pièce de Clément Michel, … pièce de la maturité ! J’apprécie cette écriture élégante et fine, mûrie au fil du temps, sans perdre son sens de la réplique et de la comédie” – Stéphan Guérin-Tillé

Nous partageons un week-end dans la maison de campagne d’Axel (Stéphan Guérin-Tillé), qui a invité deux amis Antoine (Sébastien Castro) et Jules (Clément Michel) afin de se retrouver et de passer un bon moment. Le week-end démarre sur les chapeaux de roues par une querelle initiée par Jules qui, le lendemain du dîner où il a voulu payer l’addition, leur demande de se faire rembourser son cadeau de la veille !

Pendant 1h20, des discussions animées s’échangent entre les amis. Sont tour à tour passés au crible les relations entre chacun d’eux, leur degré d’estime mutuel, leur vision de l’amour et de l’adultère, bref, tous les choix de vie des quadras, qui – vous l’avez compris – sont de natures très différentes !

 

L’écriture de Clément Michel est agile, le rythme est trépidant (pas un seul silence), les rebondissements multiples ! Le spectateur sourit ou rit en permanence.

Dans ce registre de la comédie légère contemporaine, l’enjeu était de réussir une description et une interprétation des trois personnages, plus fine que la caricature à laquelle on pourrait s’attendre. Axel, séducteur pathologique, aux 105 conquêtes féminines, nous apparait avec une fêlure attendrissante à la fin de l’histoire ; Antoine, professeur inhibé, nous étonne par sa décision de changement de vie et Jules, seul célibataire du trio, connaîtra une issue réjouissante ! Ainsi, chaque personnage assume sa personnalité au fur et à mesure de l’évolution de l’intrigue.

La mise en scène est simple et astucieuse avec une table centrale se transformant en table de ping-pong, à l’image de la joute verbale des amis face au jeu de leur propre vie. Le délicieux intérêt de cette pièce est de nous faire ressentir la profonde valeur de l’amitié et sa puissance pour se connaître soi-même.

Sans hésiter, pendant cet été parisien, allez, “entre potes” ou en famille, payer l’Addition au Théâtre de la Gaité Montparnasse.

Magali Rosselo

 

J’appelle mes frères, ou la vie après l’épreuve

J'appelle mes frères : affiche
Jonas Hassen Khemiri, voix singulière de la littérature suédoise contemporaine, avait écrit ce texte après des explosions terroristes à Stockholm en 2010. En ces lendemains d’attentat en France, J’appelle mes frères est d’une poignante actualité.

L’apprentissage du lendemain

Un plateau nu, un écran occupe tout le mur du fond, quelques chaises de chaque côté.
Dans le silence brutal d’après un déferlement de musique électro-rock, Amor (Aurélien Pawloff) regarde le spectateur droit en face, on sent la fièvre du personnage et l’énergie condensée du comédien.

J’appelle mes frères et je dis : Il vient de se passer un truc complètement fou. Vous avez entendu? Un homme. Une voiture. Deux explosions. En plein centre.”

Ainsi résonnent les premiers mots d’Amor, fils de l’immigration, plongé en plein coeur de Stockholm, ville paniquée par un attentat terroriste.

J’appelle mes frères et je dis : «Faites attention. Ne vous faites pas remarquer pendant quelques jours. Fermez les portes. Tirez les rideaux. Si vous devez sortir, laissez votre keffieh à la maison. Ne portez pas de sac suspect. Montez le son dans votre casque pour ne pas être blessé par les commentaires des gens. Fermez les yeux pour éviter de croiser les regards. Mêlez-vous à la foule, devenez invisibles, évaporez-vous. N’attirez l’attention de personne, je dis d’absolument personne.»

J'appelle mes frères : photo 01

C’est l’apprentissage du lendemain que va devoir faire Amor, savoir se regarder en sachant qu’on ressemble (peut-être) à « celui qui », apprivoiser le regard des autres.
C’est « le temps de l’épreuve », comme le nomme Ahlem, la cousine, celle qui contre toute logique est à la fois et avec autant de conviction musulmane et communiste.
Amor, Shavi le copain de toujours, Valeria l’amoureuse, Ahlem la cousine… chacun de son côté, mais surtout ensemble, vont traverser ce lendemain.

Prendre la parole

J’appelle mes frères et je dis : «Oubliez ce que je viens de dire. Fuck le silence ! Fuck l’anonymat ! Sortez en ville en ne portant que des guirlandes de Noël. Mettez des anoraks fluorescents, des jupes en raphia orange. Soufflez dans des sifflets. Hurlez dans des mégaphones. Occupez les quartiers, envahissez les centres commerciaux. Soyez le plus visibles possible pour qu’ils comprennent qu’il existe des forces d’opposition. Tatouez-vous “Politiquement correct for life” en lettres gothiques noires sur le ventre. Jusqu’à ce qu’ils comprennent que nous ne sommes pas ceux qu’ils croient que nous sommes».

Jonas Hassen Khemiri, loin de se reposer sur son sujet, déjà riche et fort, apporte une rythmique, une matière particulière au texte. L’écriture est vive et puissante, alterne dialogues à la juste liberté de ton, narration, échappées mentales parfois fantasmagoriques.

On passe avec fluidité du « je » au « il », du présent au passé. Le texte est traversé de monologues brûlants, portés par Aurélien Pawloff, comédien au jeu solide et incarné, physique comme un Guillaume Gouix. La fantaisie y crée des ruptures bienvenues, comme parfois, souvent, dans les moments graves de la vie. Une morte passe des coups de fil ; des amoureux au téléphone s’enlacent ; Amor, chimiste et rêveur, attribue des noms d’éléments à ses proches : Shavi sera « hélium » car il rend tout plus léger, Ahlem « titane » car elle est résistante… : un petit grain de folie douce dans ce quotidien tendu.

Donner corps

La mise en scène, frontale et implacable, fait la part belle au texte, en en relevant sans ambages la structure interne. Nourrie au vocabulaire du théâtre d’aujourd’hui – adresse face au public, utilisation de média variés, elle l’utilise avec sensibilité, humilité et intelligence. La vidéo, très présente, a le bon équilibre, jamais redondante, amenant la ville sur le plateau, images noir & blanc belles et utiles.

L’amitié, l’amour, la tendresse familiale, soudent ces personnages, les tiennent en bloc face à l’épreuve, les nouent ensemble. Sur scène, cela abolit même les distances, et ce n’est pas l’éloignement qui pourra les empêcher de se serrer dans les bras.

À l’image de ce groupe à haute densité affective, les comédiens ne quittent jamais le plateau. Hors jeu, ils restent auprès de leurs comparses, sur les chaises installées de part et d’autre de la scène, présence attentive, concentrée. Ahlem (Yasmine Boujjat) deviendra une Karolina le temps d’un appel de la SPA locale en quête de donateurs, Shavi (Paul-Antoine Veillon) le temps d’une scène d’une drôlerie cruelle sera agent du service après-vente d’un magasin de bricolage, Valeria (Millie Duyé) portera aussi la voix de la grand-mère – les glissements se font avec simplicité et clarté. Amor reste Amor, et c’est déjà beaucoup, car il a à se débattre avec ses peurs, celles de son cœur et celles qu’on lui instille – la peur est une maladie très contagieuse, avec les différents Amor qui s’agitent en lui, noyés entre paranoïa grandissante et force de vie chargée d’espoir.

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J’appelle mes frères”

J’appelle mes frères et je dis : «Il vient de se passer un truc complètement fou. Je suis monté dans le métro et j’ai vu un individu extrêmement douteux. Il avait des cheveux noirs et un énorme sac à dos».
J’appelle mes frères et je dis : «Il m’a fallu une fraction de seconde pour comprendre que ce que j’avais vu, c’était mon propre reflet dans la vitre».

Le spectacle se clôt sur l’image de son visage, en plein écran, traversé de mille questions, mille émotions ; et sur ce visage-palimpseste, sur le visage de celui qui s’attribue le nom d’un élément chimique qui n’a pas encore de nom, on peut apprendre à lire l’humanité.

J’appelle mes frères – spectacle vu le 16 juillet 2016
A l’affiche du théâtre Le Grand Pavois jusqu’au 30 juillet
Un texte de Jonas Hassen Khemiri
Texte publié aux Éditions Théâtrales, agent et éditeur de l’auteur, traduit du suédois par Marianne Ségol-Samoy
Mise en scène Mélanie Charvy
Avec Aurélien Pawloff, Paul-Antoine Veillon, Yasmine Boujjat et Millie Duyé
Un spectacle de la Compagnie Les Entichés

 

La nouvelle création du f.o.u.ic. théâtre : Timeline

Après notamment Abélifaïe Leponex (prix du public festival d’Avignon 2010), Mangez-le si vous voulez (prix du théâtre ADAMI 2014, deux fois nommés aux Molières 2014), la compagnie f.o.u.ic. poursuit son chemin, exigeant et audacieux. Pas peur des sujets complexes (Abélifaïe Leponex : paroles de schyzophrènes, Mangez-le… : la folie collective…) : ici, avec Timeline, le théâtre, ses fragilités, ses ennemis, ses ressorts… et donc, des questions métaphysiques qui y sont corrélées, le rapport au temps, à la parole, aux autres… “il est 22h31, tout le monde est là…” , le f.o.u.i.c théâtre peut revenir distiller son humour corrosif et son regard affuté sur les travers de notre société.
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Et si la réalité augmentée avait rendu nos existences ternes ? Et si l’avènement de la réalité virtuelle avait rendu le théâtre obsolète ? Timeline, ou la mise à l’épreuve du théâtre par les forces obscures de la virtualité. f.o.u.ic. théâtre.

On pourra peut-être regretter, selon sa sensibilité, que parfois le discours prenne le dessus sur le théâtre, mais de toutes façons on ne perdra pas son temps, bien au contraire, à se plonger dans cette “timeline”.
Les moyens sont à la hauteur de l’ambition. Jean-Christophe Dollé et Clotilde Morgiève (se) jouent de tout pour dénoncer ce qui semble élimer, vider, tuer le théâtre – doute des acteurs, impuissance de l’auteur, mort de l’émotion causée par la mort du temps causée par la soumission à l’immédiat causée par la société du “jeveuxjai”, mort du spectateur causée par la mort de l’émotion, impuissance de l’auteur, décadence du langage… Sarabande effrénée mais méthodique de saynètes – certaines irrésistiblement drôles, autant de « tentatives » d’épuiser le sujet. Les coupables sont à l’œuvre, les victimes à l’épreuve. Certains finiront au tombeau, d’autres liront comme on écrit (mal), la plupart s’égarent dans leurs interrogations. Le plateau lui-même se métamorphose à vue pour recréer sans cesse de nouveaux espaces de jeu, les projections loin d’être illustratives apportent leur propre univers, les comédiens sont tous impeccables.
Timeline ou l’éternel paradoxe du théâtre : nous démontrant point par point avec lucidité, humour, cruauté, tout ce qui peut causer la mort du théâtre, Dollé fait théâtre de tout, se faisant mentir lui-même, pour la plus grande excitation des neurones des spectateurs.

Timeline affiche

Timeline – spectacle vu le 11 juillet 2016
A l’affiche du Girasole jusqu’au 30 juillet
Un spectacle de Jean-Christophe Dollé
Mise en scène : Clotilde Morgiève et Jean-Christophe Dollé
Avec Juliette Coulon, Yann de Monterno, Erwan Daouphars, Félicien Juttner, Clotilde Morgiève, Aurélie Vérillon, Élisa Oriol
Vidéo : Mathias Delfau

Métallos et Dégraisseurs, une mémoire bien vivante

La création de ce spectacle commence par une collecte de paroles, une série d’entretiens menés par Raphaël Thiéry auprès d’anciens ouvriers et de quelques encadrants de l’usine actuelle. Métallos et Dégraisseurs, c’est l’histoire de millions d’hommes et de femmes d’une classe qui, en un siècle et demi, a été aspirée dans le tourbillon de la révolution industrielle avant d’être engloutie par la révolution financière.
 C’est l’histoire d’un père, d’un oncle, d’une tante, que l’on reconnaît soudain, là, présents.

“Des Forges de Sainte-Colombe à Arcelor Mittal,
récit de la débandade de la métallurgie française.”

Un fond de scène barré par ce qui sera l’horizon des métallos, la petite maison, les murs de l’usine. À l’avant, un panneau permettra de marquer l’avancée du temps : à chaque génération, on y accrochera une petite marionnette faite des fils qu’on fabrique dans l’usine, vêtue d’un “bleu de travail”, l’aîné, le premier “tréfileur” de la génération suivante.
Du théâtre-document, un texte écrit et mis en scène avec beaucoup de cœur et de gaité par Patrick Grégoire, nourri des entretiens menés par Raphaël Thiéry, qui porte aussi tous les rôles des pères successifs (ou des fils, qui deviendront des pères…), avec une belle faconde et une grande finesse.
On va traverser 150 ans de la vie d’une usine métallurgique, 7 générations d’ouvriers de fiction qui vont en raconter l’histoire particulière (politique, économique, affective) – bien sûr écho de l’histoire générale du monde ouvrier.

Sujet grave et forme légère.

Un décor modeste et astucieux, qui “enferme” les 5 acteurs à l’avant-scène devant ses panneaux de bois, comme un décor de marionnettes. La mise en scène se joue avec malice des codes du théâtre, laissant ses acteurs présenter leurs personnages successifs ou commenter leurs déboires “bon, là, j’suis la sage-femme parce que la fille n’est pas encore née, alors faut bien que je serve à quelque chose. C’est bizarre d’accoucher sa grand-mère de sa mère, allez poussez madame, allez”, faisant surgir leurs visages de pans découpés dans le décor comme des diables hors de leur boîte…
Le propos est réaliste, le sujet rude, mais le ton est volontiers allègre, la forme fantaisiste : l’humour, le burlesque soulignent la vitalité des hommes autant que la cruauté de la société.
Raphaël Thiéry joue les hommes de la famille, Michèle Beaumont, pétillante, joue les mères, Jacques Arnould, vif et fin, sera le col blanc, l’ingénieur, Lise Holin, au jeu polymorphe, mobile et malicieux, accouchera sa grand-mère de sa mère et sa mère d’elle-même avant d’apparaître comme aînée de la 6e génération; l’usine, entité vorace, dévoreuse d’enfants et elle aussi fragile, trône sur le plateau. Maquillage expressionniste, couvre-chef-couronne de fil de fer, Alexis Louis-Lucas, perché sur une structure qui le transforme en haut-fourneau, donne corps et voix à l’usine, bruiteur précis de ses rouages. “Figurez-vous monsieur l’curé que mes ouvriers croient qu’un jour je leur appartiendrai” “Eh bien, figurez-vous que mes fidèles croient qu’un jour le ciel leur appartiendra” “Ahahahah !”

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Alexis Louis-Lucas, Lise Holin © Yves Nicot

On a sa dignité dans la famille : le grand-père à son fils :
la grillagerie, ça sert à fabriquer du grillage, et le grillage, ça sert à protéger la propriété privée. Et nous on est communiste de père en fils, alors on travaille pas à la grillagerie.”

Les temps changent…
L’usine geint : “en ’36, j’avais déjà passé 100 ans, je n’avais jamais connu de grève, quand on m’a remis en marche j’ai senti mes premières douleurs…” et ce n’est pas fini… “Je n’ai pas bien vécu la guerre. C’est pendant la guerre que les communistes ont développé l’esprit de sabotage. Et moi, l’idée qu’il sortait de moi des choses défectueuses, moi, ça m’faisait du mal”…
Les hommes sont à la guerre ou au STO, les femmes entrent à l’usine, la cadette va être embauchée à la grillagerie, le père serre les dents.

On ferme la clouterie, l’ingénieur est muté à Paris “ça veut dire que désormais ceux qui vont décider connaîtrons plus l’usine. Lui, il la connaît encore, il y a travaillé, mais les prochains…”, les Forges de Sainte-Colombe deviennent l’Aciérie de Neuves-Maisons Châtillon, en ’65 ça sera “Tissmetal” “ça m’plait, ça fait jeune”
Puis la Société des tréfileries de Châtillon-Gorcy, Chiers-Châtillon-Gorcy, Tecnor, Trefil Union…
Restructuration au chronomètre, opération pour cause de soixanthuitite, évolution rationalisation, un ouvrier pour deux machines, fini le temps pour l’ouvrier avait “sa” machine, qu’il bichonnait, qu’il remettait entre les mains de son fils à son départ à la retraite, fini le temps où l’ouvrier connaissait sa machine, son rythme, ses faiblesses… “Une petite saignée de rien du tout pour vous rajeunir”, ablation de la câblerie, c’est maintenant les années 80′, 90′, les temps changent…

Le père à son fils :
Tu passes ton bac et tu dis rien à ton grand-père.”

…l’usine n’est plus l’héritage qu’on veut transmettre à ses enfants, de toutes façons, quelle fierté à appuyer sur des boutons, de toutes façons elle a de plus en plus mauvaise mine, de toutes façons plan de restructuration, départs en pré-retraite, démontage des ateliers…
Au début du XXe siècle l’usine de Sainte-Colombe-sur-Seine employait jusqu’à 1000 personnes. Dans les années 1970 encore 600 personnes y travaillent. Repris par le groupe Arcelor Mittal en 2006, le site ne compte plus qu’une cinquantaine de salariés et une quinzaine d’intérimaires… Les « dégraisseurs », on ne les voit pas, mais ce sont eux qui gagnent. Trefil Union est devenu Trefil Europe, Arcelor, Arcelor Mittal… Même le « restructurateur » a été mis en pré-retraite… les temps n’en finissent pas de changer…

Cinq acteurs, quelques pans de bois, beaucoup d’intelligence et d’humanité : Métallos et Dégraisseurs donne une parole précise autant que vivante à ce monde ouvrier si peu loquace, à cette mémoire discrète et pourtant nécessaire ; on en sort aussi vivifié qu’édifié.

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Michèle Beaumont, Lise Holin, Raphaël Thiery © Yves Nicot

Métallos et Dégraisseurs – spectacle vu le 11 juillet 2016
A l’affiche du Chapeau d’Ébène jusqu’au 30 juillet
Ecriture et mise en scène : Patrick Grégoire
Avec 
Jacques Arnould, Michèle Beaumont, Lise Holin, Alexis Louis-Lucas et Raphaël Thiery

Pour l’amour de Grisélidis

C’est l’histoire de Griselidis Real, décédée en 2005, femme de lettres et d’arts, célèbre prostituée de Genève, révolutionnaire et politique, qui portera sa voix libre et anarchiste aux plus hauts échelons du pouvoir. Coraly Zahonero a eu une révélation le jour où elle a entendue Griselidis Real pour la 1ère fois. Et puis elle a tout lu, tout écouté d’elle, l’a rencontrée : “Il m’est apparu avec une absolue certitude que sa parole était nécessaire et qu’il fallait la faire entendre. Nous allons tenter de faire s’élargir les cœurs et les esprits comme elle disait, et peut-être changer le regard des spectateurs sur ces femmes dites putains dont Grisélidis Réal fut une inoubliable égérie”. 
Moments intenses dont seul le théâtre a le secret. Instants de trouble où les regards se croisent sans se voir, les mots décochés comme des flèches transpercent les esprits… les cœurs aussi !

Griselidis, d'après Grisélidis Real, de et avec Coraly Zahonero, Petit Louvre, Avignon OFF 2016@Jean-Erick Pasquier

On ne sait plus si la pièce est jouée ou bien tout simplement vécue, la schizophrénie vitale du personnage nous enveloppe ; la confusion est totale, l’art au sommet ! GRISELIDIS est bien plus qu’une pièce de théâtre, plus qu’une interprétation magistrale, c’est une véritable expérience de ré-incarnation, d’une portée politique inouïe comme seules les femmes intelligentes en ont le génie. Une claque et une caresse, un verbe droit fort et beau, des notes de musique bouleversantes qui y font écho pendant que Griselidis se délie, s’enivre, se ressource… Son cri nous marque au fer de sa liberté. Liberté, c’est le mot qui résonne le plus fort en nous à l’issue de cette rencontre hors du temps. Liberté de disposer de son corps, liberté de l’affirmer, liberté de se dresser face aux menteurs et de conspuer l’hypocrisie sociale et la religion. Courage de parler librement de ses souffrances et de ses jouissances. Liberté de dire ce que les autres n’osent murmurer. On la prend dans nos bras cette liberté Madame et on vous remercie de l’incarner aussi magnifiquement !

Jean-Philippe Renaud

Griselidis, d'après Grisélidis Real, de et avec Coraly Zahonero, Petit Louvre, Avignon OFF 2016

À l’affiche du Théâtre du Petit Louvre du 8 au 30 Juillet 2016 – 18h15
De et avec Coralie Zahonero de la Comédie-Française
Relâche les 14, 21 et 28 juillet