Le jeu de l’amour et du hasard : un Marivaux acidulé qui « donne la pêche »!

Spectacle vu au Théâtre Côté Cour le 17 mai 2015
Reprise au Lucernaire du 6 avril au 4 juin 2016
Par la Compagnie « La Boîte aux lettres »
Mise en scène Salomé Villiers

 

 

Reprise au Lucernaire de cette mise en scène qui fait la part belle à la langue toujours aussi moderne de Marivaux.

Près de deux mois après la mise en ligne de ce blog, et à six semaines du lancement du Festival Off d’Avignon 2015, il n’est que temps de consacrer une rubrique aux compagnies de théâtre qui n’en finissent pas de nous surprendre.
Voici par exemple le travail de la compagnie « La Boîte aux Lettres », née en 2009 de la rencontre de Salomé Villiers, Bertrand Mounier et François Nambot.

Rappelons l’argument de départ de la pièce de Marivaux. Silvia accepte difficilement d’être mariée par son père à un inconnu. Pour observer tout à loisir le caractère de ce fameux prétendant, elle endosse le costume de sa suivante Lisette. Péripéties et rebondissements seront au rendez-vous, jusqu’à ce que l’amour finisse par triompher, par jeu et par hasard!…

Le parti pris de Salomé Villiers, qui met en scène et interprète le rôle de Silvia était de donner un côté « rock » à la pièce de Marivaux. Ainsi les costumes d’époque sont-ils remplacés par des tenues mode tendance « psychédélique ». De même la musique nous entraîne-t-elle du côté des Sonics et des Troggs. L’usage de la vidéo apporte également un petit côté décalé à ce spectacle. Personnellement ce n’est pas ce que je retiendrai de cette mise en scène. Le plus important restant le texte : la langue de Marivaux qui n’a pas besoin d’être modernisée tellement elle demeure contemporaine. Et cette langue est servie par une troupe de comédiens réellement talentueuse.
Salomé Villiers campe une Silvia touchante dans son désarroi, Raphaëlle Lemann une Lisette époustouflante de justesse, Philippe Perrussel un Orgon tout en nuances, François Nambot un Dorante séduisant de sincérité, tandis qu’Etienne Launay et Bertrand Mounier rivalisent de drôlerie.
Ensemble, ils nous font rire, ils nous émeuvent, ils nous étonnent et nous enchantent.

Trois raisons d’aller faire un petit tour au Lucernaire

1 – Pour découvrir ou redécouvrir ce texte toujours aussi moderne de Marivaux : à mon sens sa plus belle pièce.
2 – Pour les comédiens réunis par Salomé Villiers, avec mention spéciale « aux filles » : Salomé Villiers et Raphaëlle Lemann sont bourrées de talent.
3 – Rien de tel pour chasser « le spleen du dimanche soir » : testé pour vous, l’effet est garanti, sur les grands et les petits! Un Marivaux acidulé, puisque je vous le dis!

 

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INTERVIEW

Mangez-le si vous voulez…

Inspiré de faits réels

Vu pour la première fois à Avignon en 2013
Mise en scène : Clotilde Morgièvre et Jean-Christophe Dollé – Compagnie Fouic Théâtre

 

Copyright : Gérard Flandrin

« Quand la talentueuse compagnie des “Fouic” met en scène le roman de Jean Teulé, cela donne un spectacle ultra rock à déguster sans modération… »

Mieux vaut prévenir : ce spectacle est de ceux qui dérangent, qui mettent mal à l’aise.
De ceux qui questionnent sur l’humanité. Ou plutôt sur la part d’inhumanité qui sommeille en chacun de nous…

En juillet 2013, je découvre “Mangez-le…” à Avignon, dans une salle minuscule qui affiche très vite complet, bouche-à-oreille oblige…
Je suis “scotchée”, tous mes sens en émoi. A la fois écoeurée et ravie de voir ces comédiens repousser les limites de l’ignominie.

Pour ceux qui n’ont jamais entendu parler de ce spectacle, malgré le buzz de l’année dernière, petite séance de rattrapage…
Le titre de la pièce “Mangez-le si vous voulez” est la réplique qui fait tout basculer. Car “le” n’est ni un steack, ni un éclair au chocolat.
“Le”, c’est “lui” : Alain de Moneÿs, aristocrate d’une trentaine d’années dont la seule erreur fut de se trouver sur une foire de paysans un jour de 1870.

La pièce est tirée du roman de Jean Teulé, lui-même inspiré du fait divers de Hautefaye.
Fait divers, drame criminel, “affaire” : autant de termes qui recouvrent une réalité. Celle d’un notable de province que ses voisins et amis ont lynché, torturé, immolé par le feu…pour finalement le dévorer.

Comment mettre en scène un tel supplice? Rendre compte de la bêtise humaine ? Raconter en une heure trente cette folle journée de 1870?
Les Fouic ont relevé le défi. Ils n’ont pas lésiné sur les effets de mise en scène. Offrant notamment un rôle en or à une cuisine en formica très « fifties » ainsi qu’à deux musiciens électro.

Pascal Guillaume -de la société de production Ki m’aime me suive – avait repéré cette pépite à Avignon. Il lui a offert “une seconde vie” dans son théâtre parisien, le Tristan Bernard, entre janvier et avril 2014.
Ce qui a contribué à lancer la tournée actuelle et m’a accessoirement permis d’en reprendre une bouchée!…

Trois raisons de ne pas louper le spectacle « Mangez-le si vous voulez » lorsque la tournée passera près de chez vous

1 – Pour le talent de mise en scène et d‘interprétation de Jean-Christophe Dollé et Clotilde Morgièvre. Pour leur audace, surtout – ils osent repousser les limites jusqu’à l’insoutenable …
2 – Pour les deux musiciens à qui l’on doit le côté “rock&drôle” de ce spectacle-réalité.
3 –Pour réfléchir sur notre propre part de folie, car le “drame de Hautefaye” n’est hélas qu’une illustration de cette “bascule” qui peut s’opérer en chacun de nous.

INTERVIEW

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