Interview de Laëtitia Guédon

Interview de Laëtitia Guédon, Directrice des Plateaux Sauvages – 7 avril 2017

“Les Plateaux Sauvages, c’est un lieu de partage, au carrefour de la création professionnelle et de la transmission artistique.”

La première chose qui frappe lorsqu’on rencontre Laëtitia Guédon, c’est la formidable ‘énergie et il en faut pour diriger un lieu comme Les Plateaux Sauvages.

Ce nouvel établissement culturel dédié au spectacle vivant, issu de la fusion du Vingtième Théâtre et du centre d’animation des Amandiers pourra recevoir en résidence dans le XXe arrondissement de Paris, 14 compagnies émergentes ou confirmées par saison, en mettant à leur disposition des salles de répétitions, de constructions de décor ou de spectacles. En contrepartie, ces compagnies devront développer dans le quartier des projets de « transmissions artistiques » autour de leurs spectacles.

Formée à l’École du Studio d’Asnières en tant que comédienne, puis au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris en mise en scène, Laëtitia Guédon a fondé sa Compagnie 0,10 en 2006 et dirige depuis 2009 le Festival au Féminin à Paris.

Elle nous parle de son projet pour les Plateaux Sauvages, et de sa toute nouvelle création : SAMO, un spectacle sur le peintre Jean-Michel Basquiat écrit par Koffi Kwahulé.

Rencontre avec une “dévoreuse de vie”.

Interview de Stéphanie Fagadau-Mercier

Interview de Stéphanie Fagadau-Mercier, directrice du Studio & Comédie des Champs-Elysées – 10 mars 2017

“Une grosse partie de mon travail consiste à lire les trois ou quatre textes que je reçois chaque jour (…) Je ne peux pas me laisser influencer à ce niveau-là, il faut que je suive mon instinct.”

Déjà plus de dix ans que Stéphanie Fagadau-Mercier a pris la direction du Studio des Champs-Elysées, une salle qu’elle connaissait depuis bien plus longtemps encore, puisque son illustre père Michel Fagadau dirigeait cette institution (Studio et Comédie) depuis 1994.

À la disparition de celui-ci en 2011, Stéphanie refuse de vendre et se retrouve donc à la tête de deux salles qui, paradoxalement, ne se gèrent absolument pas de la même façon.

Retour sur ses succès, ses doutes, ses regrets, ses envies…

Cette jeune directrice de théâtre qui déclare suivre son instinct, on ne demande qu’à la suivre, et le plus longtemps possible !

Interview de Didier Long

Interview de Didier Long – 26 janvier 2017
Au sujet de son spectacle Rimbaud-Verlaine au Théâtre de Poche-Montparnasse

“J’ai arrêté de jouer à partir du moment où ma carrière de metteur en scène s’est emballée.”

Un quart de siècle qu’il n’était pas remonté sur une scène de théâtre. Non pas qu’il se fut éloigné du monde du spectacle vivant, bien au contraire, mais il avait privilégié le rôle du metteur en scène, comme en témoigne son CV plutôt… prolifique !

Et puis, Christopher Hampton -avec qui il avait déjà travaillé- lui a donné les droits d’adapter sa pièce Rimbaud/Verlaine – Eclipse totale. “Je n’arrivais pas à distribuer les rôles, et je me suis rendu compte que la raison principale est que j’avais très envie de jouer cette pîèce  !”. Il est donc tous les soirs sur les planches, dans la petite salle du Théâtre de Poche-Montparnasse. Et ses journées, il les passe dans un autre théâtre, celui de l’Atelier, dont il a repris les rênes en 2015.

Qu’est-ce qui fait courir Didier Long ? Qu’est-ce qui rend ses journées extensibles ? Une passion considérable, inouïe, communicative, quasi contagieuse… Rencontre avec un mordu de théâtre qui nous en parle si bien !

 

Interview d’Alice Vivier et Lucas Bonnifait, co-directeurs de La Loge

Interview du 12 octobre 2016
Alice et Lucas co-dirigent La Loge, “la petite salle de spectacle qui monte, qui monte”, située au 77 rue de Charonne – Paris 11ème

“Nous avons créé La Loge sans cahier des charges, sans subvention, juste avec ce que l’on pensait être juste.”

Ils sont à la tête de cette petite salle située en fond d’une improbable cour du 11ème arrondissement parisien depuis sept ans. Ils ont démarré ensemble à “La Petite Loge” (une salle de 17 mètres carrés dans le 9ème arrondissement) à 22 ans avant de s’installer rue de Charonne. Ensemble, avec cette passion commune pour le spectacle vivant, de l’énergie à revendre et un credo basé sur le “travailler uniquement avec des gens dont le moteur est le plaisir”, ils ont créé un lieu assez unique. Une salle dédiée à la jeune création, qui permet aux artistes de travailler librement dans un espace modulable et dont le modèle économique est basé sur le partage des recettes. La Loge peut être un formidable tremplin pour ces jeunes compagnies : le lieu est bien connu des professionnels qui viennent repérer les nombreux artistes qui sont programmés ici chaque année. Depuis 2009, une équipe s’est constituée autour d’Alice et Lucas, des partenariats se sont créés avec des lieux tels que le 104, la Ferme du Buisson, l’Odéon-Théâtre de l’Europe.  “Sept ans c’est un cycle”, et si le bilan est plus que positif, il semble que les prochaines années se dessineront dans une Loge encore un peu plus grande, à l’image des projets d’Alice et Lucas qui ne cessent de croître. To be continued… On n’a pas fini d’entendre parler de La Loge !

 

 

 

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Interview de Christian Benedetti

Interview de Christian Benedetti, metteur en scène et comédien, directeur du Théâtre-Studio d’Alfortville
Au sujet de son dernier spectacle, La Cerisaie à découvrir jusqu’au 14 février 2016 au Théâtre du Soleil – Cartoucherie de Vincennes (Lire l’article en ligne)

“La Cerisaie est une pièce de troupe sur la temporalité, pièce chorale à la choralité dynamité, joyeux bordel qu’il faut arriver à décrypter, collisions saisies au hasard. Une pièce qui met en scène des espaces d’incompréhension”

On ne présente plus Christian Benedetti. Sa biographie est impressionnante. Metteur en scène et comédien de renom, enseignant dans plusieurs écoles de théâtre françaises et européennes, créateur et directeur depuis près de vingt ans du Théâtre-Studio d’Alfortville. Certaines rencontres ont coloré son parcours : Antoine Vitez, Anatoli Vassiliev, Marcel Bluwal, Aurélien Recoing, Sylvain Creuzevault, Edward Bond, Sarah Kane. A cette liste d’amis artistes, on serait tenté d’ajouter… Anton Tchekhov. Tellement il semble proche de lui. A force de côtoyer le génie, il s’est lancé dans un pari aussi fou que jubilatoire de monter l’intégralité de son œuvre.

Après avoir mis en scène la Mouette, Oncle Vania et les Trois Sœurs, après avoir présenté la trilogie dans la continuité – au Théâtre de la Criée à Marseille puis dans son Théâtre d’Alfvortville – il poursuit avec la Cerisaie. Le résultat est à la hauteur de nos attentes. . C’est sans doute parce qu’il accepte ces espaces d’incompréhension qu’il nous ouvre aussi largement la pensée de l’auteur. Créant lui-même des espaces essentiels pour tout spectateur fan de Tchekhov !…

 

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Interview de Jean Robert-Charrier

Interview de Jean Robert-Charrier, directeur du Théâtre de la Porte Saint-Martin et du Théâtre du Petit-Saint Martin

 

Le benjamin des directeurs de théâtre parisiens n’a pas fini de nous surprendre et c’est tant mieux!

Avec un brin d’auto-dérision qui dénote d’une humilité plutôt rare dans le métier, il se compare à une “midinette”. Capable de s’émerveiller face à la beauté du monde et de ressentir plusieurs coups de cœur dans une même journée. Coups de cœur pour des comédiens, des auteurs, des metteurs en scène, des spectacles… Car depuis 7 ans qu’il dirige le Théâtre de la Porte Saint-Martin, son quotidien est empli de rencontres, projets, prises de risques, négociations, déceptions, discussions, paris… tous en lien avec les planches. Une forme de boulimie de travail, beaucoup de ténacité, une bonne dose de sang-froid, une sorte de flair, d’intuition, une perpétuelle remise en cause, une réelle et sincère empathie, une ouverture et curiosité d’esprit – autant de traits de personnalité qui ne sont pas étrangers à sa fulgurante ascension.

Rappelons que ce jeune Tourangeau est “monté à la capitale” pour y entreprendre des études de théâtre. Après une sorte de révélation qu’aurait provoquée chez lui un certain… Laurent Terzieff ! Afin de payer son cursus – qu’il abandonnera rapidement, privilégiant la pratique à la théorie – il travaille comme ouvreur au Théâtre de la Porte-Saint Martin. Il a 20 ans et s’il ne se doute pas qu’il prendra la direction du théâtre en question 5 ans plus tard, il fait tout pour. Depuis, il trace un parcours sans faute, dans un souci de qualité et de professionnalisme qui sont peut-être la seule ligne de programmation clairement identifiable de son lieu. Ou plus exactement de ses lieux, car il est aussi à la tête du théâtre du Petit Saint-Martin et dirigeait le théâtre de la Madeleine jusqu’à fin 2015.

Le Songe d’une nuit d’été mis en scène par Nicolas Briançon, c’est lui. La Beauté recherche et développements, bijou de spectacle écrit par Florence Muller et Eric Verdun, c’est lui. Le succès de la Cage aux folles avec Christian Clavier et Didier Bourdon, c’est lui. Le Roi Lear avec Michel Aumont à la Madeleine, c’est lui. L’adaptation française de Constellations, la pièce de Nick Payne qui connut un énorme succès à Londres, c’est lui. La main tendue au théâtre subventionné, c’est encore lui – il accueille d’ici quelques jours la fascinante mise en scène de Cyrano de Bergerac par Dominique Pitoiset. L’auteur de deux pièces de boulevard à succès (Divina et Nelson) c’est lui aussi…

On l’aura compris, midinette ne rime pas, chez lui, avec naïveté, nonchalance ou insouciance. Et lorsqu’il déclare que les attentats l’ont marqué au point de vouloir “aller encore plus vite, encore plus loin”, forcément, on a envie de continuer à le suivre…

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A la tête du Poche-Montparnasse…

Interview de Charlotte Rondelez et Stéphanie Tesson – 2 octobre 2015
En direct du Théâtre de Poche-Montparnasse qu’elles dirigent avec Philippe Tesson

 

Grâce à une complicité née d’une passion commune pour le théâtre, ces deux-là ont repris les rênes d’un lieu qui monte qui monte…

Elles se connaissent depuis près de quinze ans. Depuis bien plus longtemps que cela, elles ont pour passion commune le théâtre.
Charlotte Rondelez, diplômée de l’Essec, n’est pas restée bien longtemps en entreprise. A 27 ans, pressentant que sa place est sans doute ailleurs, elle suit une formation intensive de comédienne, et rejoint en parallèle un centre culturel de la Ville de Paris. Elle y rencontre plusieurs compagnies, puis crée la sienne et monte ses propres spectacles… Et voilà : sa place, elle l’a trouvée ! Près de 15 ans plus tard, son CV est plutôt impressionnant, tant dans le rôle de comédienne que dans celui de metteur en scène, et d’auteure (To be Hamlet or not en 2013). Elle a été dirigée à plusieurs reprises par Stéphanie Tesson, notamment dans Ribes en Campagne, Fantasio, et ses Fantaisies bucoliques, microscopiques et potagères…
De son côté, Stéphanie, fille du célèbre journaliste et patron de presse Philippe Tesson, est ancienne élève de l’ENSATT. Metteur en scène et auteure, chef de troupe et comédienne (très remarquée notamment dans Histoire d’un merle blanc d’Alfred de Musset), Stéphanie privilégie les univers de la fantaisie, de la poésie et de l’humour.
Depuis 2013, ces deux filles d’exception dirigent donc le théâtre de Poche-Montparnasse aux côtés du propriétaire…Philippe Tesson. En un an de travaux, elles ont réussi à donner un “coup de peps” à ce lieu historique de la rive gauche. Véritable théâtre d’art et d’essai, “le Poche” est aussi un point de rencontre privilégié avec les artistes. Au fond de l’impasse, il est possible d’embarquer chaque soir pour des aventures aussi variées qu’enrichissantes, à l’image de leurs hôtesses…

Frederic Franck

Interview de Frédéric Franck, “l’homme de l’ombre”…

Refuser de tomber dans la médiocrité. Ne jamais cesser de faire confiance aux artistes. Garder comme ligne de conduite son amour des auteurs. Les chercher, toujours et partout, ces artistes qu’il vénère. Se battre pour une certaine idée du théâtre. S’insurger contre toute idée de “caste” à l’intérieur de cette grande famille du théâtre. Se placer en-dehors des ridicules clivages entre public et privé. Rejeter avec véhémence les médias, les tenir en grande partie responsables de l’appauvrissement de l’offre culturelle.

Tout cela, Frédéric Franck le porte en lui. Et cette “révolte” nous percute d’autant plus qu’il l’exprime avec une infinie douceur. Oui, lorsqu’on rencontre ce grand homme de théâtre, on est frappé par son humilité, son extrême gentillesse, la délicatesse de son propos. On le sent presque mal à l’aise, tant il fuit les projecteurs et rechigne à parler de lui. Homme de l’ombre méconnu du grand public, il aurait cependant bien des raisons d’être fier de son parcours. Plus de trente ans après avoir débuté dans le métier, il dirige depuis 2012 le Théâtre de l’Œuvre dont on peut dire qu’il “dénote” dans le paysage des théâtres parisiens. Il est également co-directeur du Théâtre Montansier de Versailles, dans le cadre d’une délégation de service public. Troisième casquette : il dirige depuis 2002 la Société Indépendante Contemporaine (SIC) société de diffusion de spectacles, qui lui permet de soutenir quelques théâtres parisiens dont il partage “l’ambition particulière”.

Le point de départ de sa saison 2015-2016 au Théâtre de l’Œuvre : l’idée d’inviter des metteurs en scène renommés familiers des plateaux gigantesques. Proposer à chacun de “peindre une miniature” sur le petit plateau historique du Théâtre de l’Œuvre. Le résultat : Serge Merlin dirigé par André Engel dans Le Réformateur, à l’affiche jusqu’au 11 octobre. Lui succèderont : Gérard Desarthe pour sa mise en scène de Home, Alain Françon pour sa mise en scène de Qui a peur de Virginia Woolf? et Peter Stein pour sa proposition de La Dernière bande de Beckett. Avouez que cette programmation alléchante donne envie de soutenir pour longtemps ce lieu tellement unique et de remercier sincèrement Frédéric Franck pour sa “désobéissance au marché” !

 

INTERVIEW

 

Olivier Meyer directeur du Théâtre de Suresnes_portrait

Olivier Meyer : pour l’amour des artistes

En rencontrant Olivier Meyer, je savais que nous avions (au moins) un point en commun… Tout comme lui, je voue une immense passion aux artistes. Je les admire, les vénère, les adore, les chéris, les adule… Ils me font rire, souffrir, rêver, sourire, pleurer, douter, réfléchir, aimer, rager, espérer. Ils adoucissent et embellissent mon existence ; je les aime, tout simplement. Depuis bientôt 40 ans, Olivier Meyer a su placer cet amour des artistes au centre de sa propre existence. 40 ans qu’il les côtoie, les repère, les aide, les conseille, les accompagne, les fait grandir.

Une dizaine d’années après avoir créé sa société de production de spectacles -Meyer Productions – il prend la direction du Théâtre Jean Vilar de Suresnes en 1990, théâtre qu’il dirige encore aujourd’hui. Trois ans plus tard, il crée le Festival Suresnes Cité Danse, qui contribue à l’émergence de toute une génération de danseurs et de chorégraphes issus du mouvement hip-hop. En 2003, il crée un département production et diffusion au Théâtre Jean Vilar – la société Meyer Production ayant cessé son activité l’année précédente. En 2005, il est nommé directeur du Théâtre de l’Ouest Parisien de Boulogne, dans le cadre d’une délégation de service public. Dix ans plus tard, il peut s’enorgueillir d’avoir fait du fameux TOP un espace de création et de liberté salué par le public et les artistes. Sa déception de l’année 2015 fut sans doute à la hauteur de cette fierté. Elle fut partagée par bon nombre de fidèles du TOP que j’avais rejoints au fil de saisons. Déception de devoir jeter l’éponge, tristesse de se séparer d’une équipe enthousiaste et soudée, colère envers certains politiques qui avaient rendue impossible la suite de l’aventure…

Lorsqu’on demande à Olivier Meyer “s’il aurait pu être un artiste”, il éclate de rire, considérant sans doute cette question un peu saugrenue…Et pourtant, à sa façon de les côtoyer, de si bien les comprendre et les aimer, il est en quelque sorte devenu l’un des leurs. Un grand merci à lui!…