La Vie trépidante de Laura Wilson : very good trip

Tout commence comme un rêve improbable. 4 micros nous font face.

À gauche, un coin très rock : Hervé Rigaud et sa guitare électrique, un arsenal de pédales à effets sonores à ses pieds. Au centre et à droite, Philippe Lardaud et Régis Laroche encadrent Isabelle Ronayette. Laura Wilson, c’est elle.

Au son des riffs inspirés d’Hervé Rigaud, les trois comédiens nous proposent tout de go plusieurs versions de « Laura trucidant son patron », en mode cinémascope.

Godzilla, Kill Bill, et d’autres blockbusters y passent et sont autant de sources d’inspiration pour réinterpréter ce rêve éveillé que Laura nous balance en pleine figure dès le début de la pièce.
Le ton est tout de suite donné : nous allons partir pour un bien curieux voyage. Car Laura va très mal. Les ennuis volant toujours en escadrille, en quelques jours, sa vie bascule. Elle perd son travail, la garde de son enfant, son appartement. Parviendra-t-elle à remettre sa vie en marche ? À rencontrer l’amour ? À retrouver l’espoir ?

La vie trépidante de Laura Wilson, Jean-Marie Piemme, Jean Boillot, Festival Avignon, Théâtre 11 Gilgamesh-Belleville, coup de coeur Pianopanier

Le sujet du chômage, du déclassement, de la garde partagée d’un enfant, de la “reconstruction sociale”, pourtant ancrés dans une actualité quotidienne, ne sont pas si souvent proposés comme thèmes de théâtre. Peu d’auteurs, d’ailleurs, s’y frottent sans nous noyer, au mieux, dans un océan d’ennui, au pire dans une mare mielleuse de pathos.
Rien de tout cela ici : le dramaturge belge Jean-Marie Piemme a écrit un texte étonnamment tonique, furieusement moderne et malicieusement original.

Nous suivons Laura dans sa quête d’un nouvel amour, dans les questions existentielles liées à sa nouvelle inactivité, dans sa lente descente d’un ascenseur social décidément bien grippé.
Ce n’est jamais sombre, mais toujours, paradoxalement, empli de vie, d’énergie, et d’un furieux espoir.

La vie trépidante de Laura Wilson, Jean-Marie Piemme, Jean Boillot, Festival Avignon, Théâtre 11 Gilgamesh-Belleville, coup de coeur Pianopanier

« We Can Be Heroes »

La mise en scène de Jean Boillot, alliée à la scénographie innovante de Laurence Villerot y est pour beaucoup et participe grandement au plaisir qui nous prend à suivre cette vie si trépidante.
On n’énumérera pas toutes les très belles trouvailles de ce duo, pour ne pas déflorer le plaisir du lecteur de ces lignes.
On notera seulement combien l’emploi d’un simple smartphone peut faire passer l’émotion du point de vue d’un enfant, jouer les confesseurs psychologues, ou, étonnamment, déployer les grandes qualités d’une comédienne en cadrant son œil très serré.

Les trois comédiens qui entourent l’énergique Hervé Rigaud, auteur des compositions musicales inspirées qui ponctuent la pièce, sont absolument parfaits : Philippe Lardaud et Hervé Laroche passent sans coup férir de l’ami gay au play-boy aventurier de pacotille, en passant par l’ex-collègue transi et le patron goujat. Ce n’est jamais forcé, toujours juste et délicat.

Isabelle Ronayette est tout simplement exceptionnelle en Laura Wilson qui prend des coups mais qui se bat, qui se bat, qui se bat… comme une vraie héroïne de la vie quotidienne.

Cette rafraîchissante création est une magnifique surprise, et cette vie trépidante est à embrasser sans hésiter quand elle frappera à votre porte, au cours de la longue tournée qui l’attend – et qu’elle mérite amplement.

Stéphane Aznar

La vie trépidante de Laura Wilson, Jean-Marie Piemme, Jean Boillot, Festival Avignon, Théâtre 11 Gilgamesh-Belleville, coup de coeur Pianopanier

LA VIE TREPIDANTE DE LAURA WILSON
À l’affiche du CDN La Commune à Aubervilliers du 10 au 18 janvier 2019
Un texte de Jean-Marie Piemme
Mise en scène de Jean Boillot
Avec Philippe Lardaud, Régis Laroche, Hervé Rigaud et Isabelle Ronayette

À retrouver en tournée jusque fin avril 2019 :
22 janvier – Le Préau, CDN de Vire – Normandie / 26 janvier – Espace Culturel André Malraux, Kremlin-Bicêtre / 29 janvier – Transversales, Verdun / 1 et 2 février – Equilibre / Nuithonie, Fribourg (Suisse) / 6, 7 et 8 février – Comédie de l’Est, CDN de Colmar-Alsace / 13 au16 février – Théâtre National de Liège (Belgique) / 28 février et 1er mars – Opéra Théâtre de Metz / 7, 8, 9 mars – Théâtre National de Nice – CDN de Nice / 14 mars – Théâtre de la Madeleine, Troyes / 16 mars – Bords II Scènes, Vitry-le-François / 28 mars – ATP Vosges, Epinal / 4 avril – Le Nouveau Relax, Scène conventionnée de Chaumont / 9 avril – Théâtre d’Aurillac / 24 avril – Le Manège, Scène nationale de Maubeuge

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