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20 000 lieues sous les mers : le fabuleux monde de Némo

En ce moment, en plein coeur de Paris, il est possible d’embarquer pour un fabuleux voyage sous-marin. Et ce ne sont ni vidéo 3D ni installation high-tech qui vous entraîneront à 20 000 lieues sous les mers. Car Valérie Lesort-Hecq et Christian Hecq ont eu l’idée géniale de recourir à la complicité de marionnettes pour nous faire vivre cette aventure.
Des marionnettes en latex qui s’invitent à la Comédie-Française : il ne faut pas louper ça!

2OOOO lieues sous les mers_Louis Arène© Brigitte Enguérand / coll. Comédie-Française

Nul besoin d’avoir lu le roman de Jules Verne : les néophytes plongeront à 20 000% autant que les fans du récit. On admire l’ingéniosité du Capitaine Némo interprété par un Christian Hecq tout en retenue et parfait dans son côté misanthrope. On fait la connaissance de trois compères débarqués par hasard et par accident sur le fameux Nautilus. Christian Gonon en belliqueux Ned Land, Nicolas Lormeau en Professeur Aronnax, Benjamin Lavernhe en désopilant serviteur de ce dernier. On sursaute et l’on bondit de son siège à plusieurs reprises, de peur de se faire accoster par des créatures aussi inquiétantes que poulpes criminels, poissons lanternes et araignées de mer géantes. On pleure de rire face aux pitreries de Flippos – étonnant Noam Morgensztern- et du Sauvage – Thomas Guerry, extérieur à la troupe, reprenant le rôle créé par Elliott Jenicot sur la saison précédente. Tout au long du périple, on se laisse entraîner par la voix chaude et envoûtante de Cécile Brune.

20 000 LIEUES SOUS LES MERS

On part très très loin, on découvre une sorte de quatrième dimension, une matrice insoupçonnée. En bref, on accomplit un réjouissant, un passionnant voyage, et c’est pour ce genre de voyage que l’on hante les salles de spectacle. Un immense merci à Valérie Lesort-Hecq et à Christian Hecq pour leurs talents de magiciens ! Leur équipage un peu dingue nous transforme, le temps d’une soirée, en créatures subaquatiques…

Le seul bémol de ce “20 000 lieues sous les mers”, c’est qu’il est très compliqué de trouver des places pour y assister. Accrochez-vous, cela vaut le coup, tellement c’est une réussite :

1 – Réussite dans l’adaptation du roman de Jules Verne : un véritable “condensé de fidélité”.
2 – Réussite dans la mise en scène et l’interprétation : le plaisir que les comédiens du Français prennent à ce voyage est palpable et contagieux.
3 – Réussite dans la conception et la manipulation des fameux “poissons-marionnettes”, prodigieusement mis en lumière par Pascal Laajili, l’un des maîtres en la matière.

Ce spectacle a reçu le Molière 2016 (bien mérité) de la création visuelle.


20 000 lieues sous les mers
Á l’affiche du Théâtre du Vieux-Colombier – du 25  janvier au 12 mars 2017 (20h30, dimanche 15h)
Adaptation et mise en scène : Valérie Lesort et Christian Hecq
Avec : Christian Gonon, Christian Hecq, Nicolas Lormeau, Benjamin Lavernhe, Noam Morgensztern, Thomas Guerry et la voix de Cécile Brune

Les Rustres Bruno Rafaeli

Les Rustres jubilatoires de Jean-Louis Benoit

Les Rustres – Spectacle vu le 13 décembre 2015
A l’affiche du Théâtre du Vieux-Colombier jusqu’au 10 janvier 2016
De Carlo Goldoni, mise en scène Jean-Louis Benoit

©Christophe Raynaud de Lage coll. Comédie-Française

On adore détester ces Rustres et voir leurs épouses se rebeller peu à peu contre tant de rudesse et de grossièreté. 

En cette période de fin d’année, il est toujours agréable de programmer des sorties théâtre en famille.
Ne manquant pas à sa réputation, la Comédie-Française propose actuellement deux spectacles jubilatoires. Côté Studio-Théâtre, il ne faut pas louper la reprise du Loup de Marcel Aymé dans une mise en scène de Véronique Vella, avec l’excellent Michel Vuillermoz. Côté Vieux-Colombier, vous avez rendez-vous avec les Rustres de Carlo Goldoni, dans une mise en scène jouissive de Jean-Louis Benoit.

Qui sont-ils exactement, ces rustres? Trois compères sauvages, grossiers, pingres, rustiques, impolis, bourrus…et tellement drôles à la fois. Le trio interprété par l’inégalable Christian Hecq – génie comique du moment – le désopilant Bruno Raffaeli et le bougonnant Nicolas Lormeau fonctionne à merveille. L’intrigue est assez simple : Lunardo (Christian Hecq) veut marier sa fille Lucietta (Rebecca Marder, nouvelle recrue du Français) à Filippetto (Christophe Montenez) qui est le fils de son ami Maurizio (Nicolas Lormeau). Il veut les marier, mais sans qu’ils se soient rencontrés au préalable.

Chez Goldoni, les femmes sont aussi sensées, philosophes et généreuses que leurs époux sont mufles, goujats et bornés. La plus hardie et téméraire de toutes, Felice (formidable Clotilde de Bayser) incarne une sorte de féministe avant l’heure qui mène son mari (le doyen Gérard Giroudon) par le bout du nez. C’est elle qui manigancera une entrevue entre les deux jeunes gens. C’est grâce à son audace que ses amies (Céline Samie et Coraly Zahonero) se rebelleront contre leurs rustauds de maris. C’est elle qui aura le dernier mot, laissant entendre la voix de Goldoni à travers son plaidoyer final. Une voix qui prône ouverture aux autres, bienveillance et hauteur de vue… Une voix qui résonne en nous bien après le spectacle.

Au Vieux-Colombier, on échauffe ses zygomatiques en même temps qu’on médite sur la nature humaine :

1 – Jean-Louis Benoit qui connaît bien la maison de Molière y revient avec une gaieté communicative.
2 – L’alchimie entre l’intelligence de ce metteur en scène et le talent de la troupe parvient à transcender le “génie Goldoni”.
3 – En à peine deux scènes, et quelques mois après sa brillante interprétation dans Comme une pierre qui… Christophe Montenez confirme ici l’étendue de son talent.

 

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Revue de presse du 2 décembre 2015 : Les Rustres, Les glaciers grondants, Un fils de notre temps et C’est la vie

 

1. Au Théâtre du Vieux-Colombier, il semble que l’on rie beaucoup en compagnie des Rustres de Goldoni :

– “Une comédie sur l’opposition des sexes et des générations, mais également une réflexion sur la peur du changement.” – France TV Info

– “On ne dira jamais assez l’excellence de la troupe de la Comédie-Française et la nouvelle recrue Rebecca Marder, qu’Eric Ruf a engagée sans hésitation après audition, a prouvé qu’elle était digne de la maison.” – Le Point

– “Entre principe de réalité et rêves, on aura passé deux heures à rire.” – Toute la Culture

– “Tout comme Goldoni se différenciait de la commedia dell’arte par le respect de l’écrit, le metteur en scène s’empare de la pièce sans la caricaturer ni lui surajouter d’effets scéniques.” – Artistik Rezo

– “Jean-Louis Benoit joue habilement sur trois fronts : la farce tendance commedia dell’arte (la folle course-poursuite dans la maison de Lunardo avec les cloisons qui vacillent est un must) ; la bataille entre les sexes (une joute acharnée) ; et la critique sociale (mordante).” – Les Echos

 

2. Quelques jours après l’ouverture de la COP 21, David Lescot présente sa nouvelle création au Théâtre des Abbesses, Les glaciers grondants :

– “Pour incarner le climat, le metteur en scène a choisi des éléments «déchaînés» : acteurs, danseurs, musiciens, acrobates, prêts à faire tomber la foudre, à créer un art des catastrophes, des précipitations et des embellies.” – Le Parisien

– “Ces glaciers grondants déploient une large palette de panoramas sans vraiment réussir à faire œuvre.” – La Terrasse

– “Dans les faits, pas moins de deux années d’enquête ont été nécessaires pour écrire la pièce.” – Sciences et Avenir

– Interview de David Lescot pour France Inter

 

3. Au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis, reprise d’Un fils de notre temps, l’adaptation par Jean Bellorini du dernier roman d’Odön von Horvath :

– “Du roman d’origine contant la courte carrière d’un jeune soldat du Reich avant la guerre, le metteur en scène Jean Bellorini a fait un chant choral à quatre voix.” – Telerama

– “Les images que parvient à faire naître ce spectacle à l’impeccable économie scénique et à la beauté sidérante sont poignantes et cruelles, poétiques et délirantes, drôles et bouleversantes.” – La Terrasse

– “On retrouve, ici, tout l’art du théâtre de Jean Bellorini : direct et populaire, tissé d’émotion et d’intelligence, pour frapper au cœur, cogner au ventre.” – La Croix

– “Tour à tour chœur ou orchestre – violon, trompette, claviers et guitare sont présents sur la scène –, le quatuor déploie dans une commune respiration la diversité des résonances personnelles que le propos suscite et, par là, en révèle l’universalité.” – France Culture

– Interview de Jean Bellorini pour La Terrasse

 

4. La nouvelle performance de Jean-Quentin Châtelain, c’est au Rond-Point dans C’est la vie :

– “Si vous êtes prêt à vous lancer dans le voyage d’une vie, une vie pour le moins originale et fantasque, pleine de « bruit et de fureur » mais au final apaisée, venez applaudir Jean-Quentin Châtelain et ses deux musiciens. Le spectacle vaut le détour.” – Reg’Arts

– “L’existence d’un auteur libre, entier, dont la voix sans concession est à la démesure du comédien monumental qu’est Jean-Quentin Châtelain.” – La Terrasse

– “Grégory Dargent et Claude Gomez dispensent de manière quasi ininterrompue une composition musicale non seulement très largement datée, et dont l’adéquation avec le propos laisse sceptique, mais, en sus, d’une intensité sonore assourdissante.” – Froggy’s Delight

– “Il y a une beauté de la mémoire, une pureté de la forme. Très pure aussi, la mise en scène, précise, musicale et discrète.” – Le blog du Figaro

– Interview de Jean-Quentin Châtelain pour Les Trois Coups

20 000 lieues sous les mers, un certain Charles Spencer Chaplin, le Roi Lear et le bizarre incident du chien dans la nuit

Revue de presse du 7 octobre 2015

 

1. Critique unanime pour la mise en scène de 20 000 lieues sous les mers par Christian Hecq au Vieux-Colombier :

– “Le capitaine Christian Hecq (Nemo froid et mystérieux) a dessiné avec précision et drôlerie les personnages.– Le JDD

– “Interprète clownesque et polymorphe, Christian Hecq s’est initié à la manipulation marionnettique en 2008, auprès de Philippe Genty et Mary Underwood.” – La Terrasse

– “Nous sommes attrapés par la beauté de la mise en scène, par l’esthétique des tableaux. On rit beaucoup. On s’émerveille comme des enfants.“- Toute la Culture

– “Si la devise de l’illustre maison est Simul et singulis (ensemble et chacun en particulier), ce projet est, de l’aveu même de Christian Hecq, plus simul que singulis.“- Théâtral Magazine

– “Interview de Christian Hecq et Valérie Lesort par Vincent Josse“- La matinale de France Musique

 

2. Bel accueil également du “biopic” de Charles Spencer Chaplin proposé par Daniel Colas au Théâtre Montparnasse :

– “Un biopic éclairant sur la vie tourmentée de Charlie Chaplin au théâtre Montparnasse, porté par le jeu éblouissant de Maxime d’Aboville.– Les Echos

– “C‘est un film théâtral que nous propose Daniel Colas qui a composé cette succession de scènes qu’il développe lui-même sur le grand plateau du Théâtre Montparnasse.” – Le Figaro

– “Nous sommes au théâtre, au cinéma, au cirque peut-être, où l’on voudra, dans un lieu imaginaire, en tous les cas, et dans lequel se déroule une histoire vraie, une histoire telle que l’imaginaire justement n’aurait jamais oser inventer.“- Artistic Rezo

 

3. Au Théâtre de la Madeleine, Jean-Luc Revol transpose la tragédie du Roi Lear dans les années folles :

– “Une transposition gonflée, mais la greffe fonctionne : voici une version moderne, rythmée, accessible à tous, d’une des plus complexes tragédies shakespeariennes, portée par un Michel Aumont au top de sa forme.– Le Parisien

– “Après Le Roi Lear vu par Olivier Py, voilà la vision de Jean-Luc Revol : Lear est un nabab du cinéma qui, en 1929, renonce à son empire et le transmet à ses filles.” – Théâtral Magazine

– “La distribution est aiguisée, menée par un Michel Aumont subtil et émouvant. Un « King Lear » attachant, à découvrir au Théâtre de la Madeleine.” – Les Echos

– “On devrait être bouleversé, emporté, touché au cœur. On est loin du compte. Et on l’est d’autant moins que Michel Aumont n’est pas encore parvenu à faire exister le roi Lear.“- Le blog de L’Express

– “Une pièce aboutie, exigeante et populaire : à voir par tous !“- La Terrasse

 

4. Le bizarre incident du chien pendant la nuit, le nouveau spectacle de Philippe Adrien à la Tempête,  :

– “Inventive, soignée et finement burlesque, la mise en scène de Philippe Adrien dépeint le parcours initiatique d’un autiste surdoué, découvrant des vérités enfouies.“- La Terrasse

– “Ce texte adapté au théâtre par le dramaturge Simon Stephen à partir du roman de Mark Haddon n’est pas vraiment un whodunnit.– Libération

– “La scénographie est imaginative, le rythme enlevé (sauf une fin convenue) et les acteurs parfaits.” – Marianne

– “Epaulé par de solides comédiens (qui jouent plusieurs rôles), Pierre Lefebvre-Christopher est porté par la mise en scène onirique de son père, Philippe Adrien.” – Les Echos

– “Sur scène, s’il a la bosse des maths, Christopher est aussi multi-cabossé par le destin génétique avec yeux révulsés, tics, bégaiement, spasticité des mains et stéréotypie kinétique (belle composition du poly-handicap par Pierre Lefèvre).“- Froggy’s Delight

Un Fil à la patte ou le Système Ribadier? Les deux, off course!!

Deux spectacles vus à la Comédie-Française
Un fil à la patte (reprise) à l’affiche jusqu’au 26 juillet 2015 – Salle Richelieu
Mise en scène Jérôme Deschamps

Le Système Ribadier (reprise) à l’affiche jusqu’au 17 juillet 2015 – Vieux-Colombier
Mise en scène Zabou Breitman

 

© Brigitte Enguérand

Entre le Feydeau déjanté de Jérôme Deschamps et le Feydeau déjanté de Zabou Breitman, ne choisissez surtout pas : courez à la  Comédie-Française!!!

En ce début d’été, moment où les salles de spectacle parisiennes commencent à se vider et où les colonnes morris annoncent déjà les potentiels succès de la rentrée, il est encore possible de (re-)découvrir de véritables enchantements.
Sans aller chercher loin, les deux reprises de Feydeau à la Comédie-Française ne vous décevront pas  – quel bonheur cette alternance qui se poursuit tout le mois de juillet!

D’un côté, Rive Droite, Salle Richelieu, Christian Hecq enfile le costume du désopilant notaire Bouzin pour la cinquième année consécutive. Chacune de ses apparitions provoque l’hilarité générale. Il tourbillonne, sautille, s’entortille, se plie et se déplie, dévale et dérape : cet homme est un toon! La mise en scène de Jérôme Deschamps est réglée au cordeau. Pas un temps mort, des comédiens rivalisant de facéties, entre un Stéphane Varupenne parfait  (Bois d’Enghein), un irrésistible Serge Bagdassarian (Fontanet), un Thierry Hancisse haut en couleur (le Colonel) et un Guillaume Gallienne une fois de plus époustouflant en Miss Betting. Sans oublier les rôles féminins : Coraly Zahonero et Florence Viala se partagent celui de Lucette au rythme de l’alternance – pour un peu, on irait voir deux fois le spectacle! Une chose est sûre : Eric Ruf ne s’est pas trompé, qui a décidé de programmer pour la sixième fois cet incontournable vaudeville…

Pendant ce temps-là, Rive Gauche, sur la scène du Vieux-Colombier, ne manquez pas l’occasion de découvrir une autre pièce du même auteur. Avec une mise en scène subtile et euphorisante, Zabou Breitman confirme son formidable talent. Sa première bonne idée : avoir confié le décor au regretté Jean-Marc Stehlé. Décor que l’on ne dévoilera pas, pour ménager l’effet… Les bonnes idées et les surprises s’enchaînent tout au long de ce spectacle. Tellement bon pour les zygomatiques! Comme souvent à la Comédie-Française, la nouvelle distribution modifie sans doute le spectacle mais le résultat est tout aussi pétillant. Jérémy Lopez remplace Laurent Stocker et Anna Cervinka succède à Julie Sicard. Ils incarnent respectivement le meilleur ami et l’épouse du fameux Ribadier qui n’est autre que le truculent Laurent Lafitte.

Alors, un fil à la patte ou le système Ribadier? Franchement, il serait trop dommage de devoir choisir entre un excellent Feydeau repris Salle Richelieu et un excellent Feydeau repris au Vieux-Colombier : vous avez jusqu’à fin juillet pour jouer le jeu de “l’alternance”!

 

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