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Tempête sous un crâne - Camille et Claire

Reprise au TGP de Tempête sous un crâne : du théâtre populaire !

Tempête sous un crâne – spectacle vu le 26 mars 2016
À l’affiche du Théâtre Gérard Philippe jusqu’au 10 avril
D’après Les Misérables de Victor Hugo
Adaptation : Jean Bellorini et Camille de La Guillonnière
Avec Mathieu Coblentz, Karyll Elgrichi, Camille de La Guillonnière, Clara Mayer, Céline Ottria, Marc Plas, Hugo Sablic

“Il y a un spectacle plus grand que la mer, c’est le ciel ; il y a un spectacle plus grand que le ciel, c’est l’intérieur de l’âme.” Les Misérables, Victor Hugo

Et l’intérieur de l’âme, par la magie du théâtre, ça peut tenir sur quelques planches, et dans la voix et le corps d’une poignée de comédiens. Avec les matériaux de la rue, loupiotes de bal populaire, pétales de papier, bonnets de laine et baskets… Avec la fougue de la jeunesse, des voix et des corps d’aujourd’hui nous parlent de cet hier comme d’un aujourd’hui.

À jardin : piano, accordéon, guitare et basse électriques (Céline Ottria); à cour : batterie (Hugo Sablic); au centre du plateau, “première époque”, un lit aux montants de fer, un arbre nu de bois de récup’, deux acteurs (Camille de La Guillonnière et Clara Mayer), “seconde époque” (période parisienne, au cœur des émeutes de 1832), trois autres s’y ajoutent (Mathieu Coblentz, Karyll Elgrichi, Marc Plas), un vélosolex – car la fébrilité et la mobilité s’emparent de cette époque; à l’avant-scène, à deux reprises, une grande flaque de pétales rouges, flaque de fleurs gaies ou du sang des combats. Des lumières précises et élégantes structurent l’espace et le temps. La musique, contrepoint sensible, parfois s’empare d’une scène et c’est le chant de Céline Ottria, quelques notes d’accordéon, un riff de guitare, le rythme sourd d’une percussion qui vont faire battre les cœurs à l’unisson.

Tempête sous un crâne - émeute
© Pierre Dolzani

“Lueurs qui passent”

Dans le chaos de sentiments et de passions qui défendent une barricade, il y a de tout; il y a de la bravoure, de la jeunesse, du point d’honneur, de l’enthousiasme, de l’idéal, de la conviction, de l’acharnement de joueur, et surtout, des intermittences d’espoir.” Chapitre XIII, “Lueurs qui passent”
Ce “tout” qui fait ce chaos de sentiments, c’est le même qui foisonne au cœur de cette représentation : bravoure – il en faut pour relever le défi de l’adaptation de ce chef-d’œuvre ! et pour affronter l’apprentissage et la restitution de ce texte monumental, jeunesse – les comédiens en débordent, enthousiasme, idéal… De la légèreté aussi, car, malgré le poids du titre, et le tragique du sujet, dans cette Tempête sous un crâne s’égrènent aussi traits de malice et sourires.

On peut s’inquiéter, les premières minutes, de la radicalité du parti pris : face au public, sagement debout côte à côte, quoique perchés en léger déséquilibre sur le lit, deux comédiens narrent cette Tempête. Mon jeune voisin, format “à l’américaine” (“oversized” de partout, baskets, jean, embonpoint, tchatche) prévient sa prof, un rang au-dessus : “Les Misérables, j’avais déjà pas lu, ouais, ça craint trop, m’en fous, moi je dors, mais bon, faut savoir, j’ronfle à cause de mon gros bide et de mes grosses narines”. Ohoh, prometteur. Entracte : “m’dame, sérieux, j’avais dis que j’allais pas aimer, j’ai pas dormi, ça va, c’est pas mal”. Héhé ! Bravo à lui d’avoir “laissé sa chance” au spectacle, et bravo aux artistes d’avoir tenu éveillé ce gaillard pas gagné d’avance. Du théâtre populaire ! et “populaire” est un grand et beau mot, qui n’exclut pas l’exigence.

Première période, Camille de la Guillonnière et Clara Mayer, à deux, se répartissent le récit, tour à tour Jean Valjean, narrateur, Fantine, parfois les deux de concert – car Jean Valjean, Fantine… c’est tout un chacun : grande simplicité du dispositif, mais quelle gymnastique mentale incroyable – qu’en conteurs vibrants ils savent nous faire oublier…
Plus tard ils seront cinq comédiens sur le plateau, la narration sera plus souvent bousculée par des moments dialogués, incarnés.

Dits, clamés, fredonnés, joués, chantés, les mots de Victor Hugo nous parviennent avec clarté, vigueur, on n’en perd pas une goutte. Comme une réduction en cuisine : on a concentré les sucs. Réaliste peinture de la société; engagement politique – autant dans ses romans qu’à la tribune de l’Assemblée nationale; finesse, tendresse du regard sur les passions humaines, tout y est de l’écriture d’Hugo et de l’épopée des Misérables. Les comédiens se partagent ses mots puissants, et au passage les gorgent de leur propre sève, nous les renvoient comme rafraîchis, étonnamment vivifiés. Ils vont s’entasser tous les cinq sur le vélosolex pour raconter le déploiement des émeutes à travers Paris, et ils le feront une joie vorace. Et dans cette fiévreuse course des vies et de l’Histoire, Jean Bellorini et Camille de La Guillonnière et la troupe ont su préserver des bulles de poésie; des morceaux de papier rouge seront lancés en l’air et mettront un temps infini à redescendre, suspendant l’attention à leur douce retombée, Marius-Mathieu Coblenz trouvera, perdra, retrouvera des raisons de vivre, Marc Plas entamera une danse étrange, désossée et solitaire, Clara Mayer, petit Gavroche pétillant et bravache, tombera sur la barricade avec vaillance et on en aura le regard troublé, Karyll Elgrichi, longue tige brune sera une Eponine dure et déchirante.
Allez palpiter avec eux.

 

Revue de presse du 2 décembre 2015 : Les Rustres, Les glaciers grondants, Un fils de notre temps et C’est la vie

 

1. Au Théâtre du Vieux-Colombier, il semble que l’on rie beaucoup en compagnie des Rustres de Goldoni :

– “Une comédie sur l’opposition des sexes et des générations, mais également une réflexion sur la peur du changement.” – France TV Info

– “On ne dira jamais assez l’excellence de la troupe de la Comédie-Française et la nouvelle recrue Rebecca Marder, qu’Eric Ruf a engagée sans hésitation après audition, a prouvé qu’elle était digne de la maison.” – Le Point

– “Entre principe de réalité et rêves, on aura passé deux heures à rire.” – Toute la Culture

– “Tout comme Goldoni se différenciait de la commedia dell’arte par le respect de l’écrit, le metteur en scène s’empare de la pièce sans la caricaturer ni lui surajouter d’effets scéniques.” – Artistik Rezo

– “Jean-Louis Benoit joue habilement sur trois fronts : la farce tendance commedia dell’arte (la folle course-poursuite dans la maison de Lunardo avec les cloisons qui vacillent est un must) ; la bataille entre les sexes (une joute acharnée) ; et la critique sociale (mordante).” – Les Echos

 

2. Quelques jours après l’ouverture de la COP 21, David Lescot présente sa nouvelle création au Théâtre des Abbesses, Les glaciers grondants :

– “Pour incarner le climat, le metteur en scène a choisi des éléments «déchaînés» : acteurs, danseurs, musiciens, acrobates, prêts à faire tomber la foudre, à créer un art des catastrophes, des précipitations et des embellies.” – Le Parisien

– “Ces glaciers grondants déploient une large palette de panoramas sans vraiment réussir à faire œuvre.” – La Terrasse

– “Dans les faits, pas moins de deux années d’enquête ont été nécessaires pour écrire la pièce.” – Sciences et Avenir

– Interview de David Lescot pour France Inter

 

3. Au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis, reprise d’Un fils de notre temps, l’adaptation par Jean Bellorini du dernier roman d’Odön von Horvath :

– “Du roman d’origine contant la courte carrière d’un jeune soldat du Reich avant la guerre, le metteur en scène Jean Bellorini a fait un chant choral à quatre voix.” – Telerama

– “Les images que parvient à faire naître ce spectacle à l’impeccable économie scénique et à la beauté sidérante sont poignantes et cruelles, poétiques et délirantes, drôles et bouleversantes.” – La Terrasse

– “On retrouve, ici, tout l’art du théâtre de Jean Bellorini : direct et populaire, tissé d’émotion et d’intelligence, pour frapper au cœur, cogner au ventre.” – La Croix

– “Tour à tour chœur ou orchestre – violon, trompette, claviers et guitare sont présents sur la scène –, le quatuor déploie dans une commune respiration la diversité des résonances personnelles que le propos suscite et, par là, en révèle l’universalité.” – France Culture

– Interview de Jean Bellorini pour La Terrasse

 

4. La nouvelle performance de Jean-Quentin Châtelain, c’est au Rond-Point dans C’est la vie :

– “Si vous êtes prêt à vous lancer dans le voyage d’une vie, une vie pour le moins originale et fantasque, pleine de « bruit et de fureur » mais au final apaisée, venez applaudir Jean-Quentin Châtelain et ses deux musiciens. Le spectacle vaut le détour.” – Reg’Arts

– “L’existence d’un auteur libre, entier, dont la voix sans concession est à la démesure du comédien monumental qu’est Jean-Quentin Châtelain.” – La Terrasse

– “Grégory Dargent et Claude Gomez dispensent de manière quasi ininterrompue une composition musicale non seulement très largement datée, et dont l’adéquation avec le propos laisse sceptique, mais, en sus, d’une intensité sonore assourdissante.” – Froggy’s Delight

– “Il y a une beauté de la mémoire, une pureté de la forme. Très pure aussi, la mise en scène, précise, musicale et discrète.” – Le blog du Figaro

– Interview de Jean-Quentin Châtelain pour Les Trois Coups

La maison de Bernarda Alba, Semianyki Express, Liliom et Extinction

Revue de presse du 3 juin 2015

 

 

1. La maison de Bernarda Alba à la Comédie-Française dans une mise en scène signée Lilo Baur :

– “Un huis clos féminin captivant qui dénonce le verrouillage de la société espagnole sous Franco.” – L’Express

– “La distribution est impeccable, de Martirio, la soeur dévorée de jalousie (Jennifer Decker) à l’impitoyable Bernarda (Cécile Brune).” – Le Point

– “Lilo Baur ne cache pas qu’en mettant en scène pareille pièce, elle a songé à toutes ces femmes humiliées de par le monde en raison de lois iniques ou de préceptes moraux infâme.” – Marianne

– “Tout est beau et profond dans ce spectacle où même la splendeur de la scénographie d’Andrew D Edwards, subtilement éclairée par Fabrice Kebour, n’a rien d’ornemental puisqu’elle ne fait que prolonger le geste de Garcia Lorca : conférer à l’enfer une beauté salvatrice” – Le Monde

 

2. Le nouveau spectacle de la troupe de clowns russe “Les Semianyki” débarque au Rond-Point :

– “Dans ce train en marche, rien ne fonctionne comme prévu : la cantatrice s’envole dans une pluie de confettis, deux vieilles stars du muet rivalisent de minauderie, les serveuses font trembler les bouteilles...” – Paris Normandie

– “A la manière de “La croisière (ferroviaire) s’amuse (sous la neige)”, les Semianyki se livrent à une jubilatoire farandole.” – Froggy’s Delight

– “Moins puissante que le phénoménal Semianyki (« famille » en russe), cette nouvelle création est pleine de rêve et de poésie, avec ses clins d’œil au cinéma des années 20, et démontre que la troupe sait se réinventer à un très haut niveau d’exigence.” – Telerama

– “On retrouve bien la bande des six dans ­différents personnages, du chef de train, barman ou serveuse, mais la machine comique semble s’être enrayée.” – Les Echos

 

3. Reprise de Liliom à Odéon-Berthier, dans une mise en scène de Jean Bellorini :

– “Un orchestre et une troupe unie, une délicatesse dans la direction d’acteurs, une joliesse dans les décors et les lumières (signés du metteur en scène lui-même), on retrouve dans ce spectacle la manière Bellorini, et cette manière est particulièrement en harmonie avec la pièce de Ferenc Molnar.” – Le Figaro

– “Bellorini crée un univers hypnotique entre mélodrame forain, cirque ambulant (irrésistibles gendarmes-détectives du ciel) et comédie musicale mélancolique.” – Les Echos

– “Jean Bellorini applique ses fondamentaux que sont le rejet de l’illusion théâtrale à laquelle il substitue le théâtre d’histoires à la manière de l’histoire du soir racontée aux enfants.” – Froggy’s Delight

 

4. Et reprise d’Extinction, au Théâtre de l’Oeuvre avec le formidable Serge Merlin :

– “Les aventures exceptionnelles, au théâtre, ne sont pas forcément celles qui font le plus de bruit. Ainsi en va-t-il du chemin que parcourt le comédien Serge Merlin, depuis vingt ans, en compagnie du grand écrivain autrichien Thomas Bernhard.” – Le Monde

– “Immense texte et immense acteur, épaulé avec talent par Blandine Masson et Alain Françon, qui captive plus d’une heure durant, le corps et le visage toujours en mouvement, d’une rage sourde et profonde.” – Froggy’s Delight

– “Rares sont les acteurs qui savent, comme Serge Merlin, restituer sur scène la prose de l’écrivain autrichien.” – Libération