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Interview de Victoire du Bois

Interview de Victoire du Bois – 11 novembre 2015

 

Rencontre avec une toute jeune comédienne dont on n’a pas fini d’entendre parler…

Douceur des traits et du propos, allure juvénile. Et puis une sorte de gravité, de sagesse, de grande maturité. Est-ce lié à son dernier rôle, celui de Sacha dans la mise en scène d’Ivanov par Luc Bondy ? Elle a rencontré ce metteur en scène dans des circonstances particulières. Elle faisait partie des comédiens qui devaient jouer dans “Comme il vous plaira” – le dernier spectacle de Patrice Chéreau. Ces comédiens “orphelins” auxquels Luc Bondy a proposé de monter Tartuffe – un spectacle qui sera repris début 2016.

Mais c’est bien le rôle de Sacha qui a “fait grandir” Victoire. Un rôle rencontré à point nommé. Un de ces rôles qui bouleversent une carrière. Il s’est quasiment imposé à elle, tant les correspondances avec sa vie sont nombreuses et évidentes. Elle évoque avec un plaisir non dissimulé cette aventure partagée avec une troupe aussi talentueuse que variée. Profondément touchée par l’inépuisable univers de Tchekhov, elle a soulevé avec lui des questions aussi essentielles que les solitudes, les tricheries, les contradictions de l’être humain…

Lorsque l’on interroge Victoire sur la suite, elle ne semble pas attendre de projets précis, elle n’exprime aucune envie particulière. Le luxe de l’acteur, selon elle, c’est justement de ne pas savoir ce qui va se passer, de rester très fortement ancré dans le présent. Il y a fort à parier que la succession de ces différents “présents” construira une carrière aussi lumineuse que la Sacha qui nous l’a révélée…

Ivanov, Berliner Mauer et Les Estivants

Revue de presse du 16 février 2015

 

 

1. Un Ivanov qui fait (presque) l’unanimité :

– “Malgré l’humeur noire, l’erreur serait de voir dans cette pièce une descente aux enfers quand l’art de Tchekhov consiste à entretisser inextricablement comique et tragique” –  Libération

–  “Une distribution d’enfer pour une pièce d’enfer – la première jouée du vivant de Tchekhov (1887) – donne un spectacle d’enfer” – Les Echos

– “Ivanov, c’est Micha Lescot, méconnaissable avec sa barbe noire, sa coiffure brute, l’antipathie qu’il dégage” – Telerama

– “On peut ne pas aimer, mais alors pas du tout, cet Ivanov que met en scène Luc Bondy”– Le Monde

 

2. Berliner Mauer : Vestiges au Théâtre Gérard Philippe de Saint-Denis

– “Pour qui aurait oublié ce que signifièrent le rideau de fer et le mur de Berlin, deux jeunes metteuses en scène, Julie Bertin et Jade Herbulot, nous rafraîchissent la mémoire” – Libération

– “Des corps en mouvement, des pensées en acte, des questions auxquelles on cherche des réponses, un théâtre qui s’invente en se faisant sans chercher à reproduire des modèles existants, mais sans en ignorer l’histoire” – L’Obs

– “Deux actes se jouent en simultané selon que l’on est du côté Est ou Ouest de la scène” – Les Inrocks

 

3. Les Estivants de Maxime Gorki entrent au répertoire de la Comédie-Française

– “La troupe du Français est au taquet. Sylvia Bergé au top. Mais la triste société de Gorki nous désole. sans que Desarthe nous console” – L’Express

– “Le metteur en scène exalte surtout la détermination des femmes, qui, avec leurs différentes sensibilités, appréhendent le mieux le délitement de leur monde petit-bourgeois” – Les Echos

– “Gorki montre comment les femmes sont parties prenantes du bouleversement de l’Histoire et de la Révolution” – Théâtral Magazine

 

 

Ivanov

Un Ivanov sublime de noirceur

Vu le 29 janvier 2015
Reprise à l’Odeon Théâtre de l’Europe du 2 octobre au 1er novembre 2015
Mise en scène : Luc Bondy

 

Copyright : Thierry Depagne

“Sur la scène de l’Odéon, Micha Lescot en Ivanov nous procure un bonheur à la hauteur du désespoir qui le hante.”

Moi qui suis une inconditionnelle de Tchekhov et qui n’hésite pas à le placer sur le podium entre Molière et Shakespeare, je n’avais encore jamais vu Ivanov!
Peut-être attendais-je inconsciemment la mise en scène qui me révèlerait cette “oeuvre de jeunesse” – rappelons que Tchekhov en écrit la première version à 27 ans. Autant vous dire que je n’ai pas été déçue de cette découverte  à l’Odéon.

Invanov, c’est l’histoire assez banale d’un être assez banal, un “monsieur tout le monde” qui sombre dans la dépression. Tchekhov disait : “Il y en a des milliers, des Ivanov… l’homme le plus normal du monde, pas du tout un héros”. 

Pour incarner cet “anti-héros”, Luc Bondy a fait appel au formidable Micha Lescot (qui était son Tartuffe la saison dernière). 1,92m de pur génie sur scène : Micha Lescot parvient à nous faire sentir la déshérence de son personnage, il se désincarne quasiment sous nos yeux, s’évanouit à mesure que la pièce avance. Il est là sans être là.  Comme si Luc Bondy lui avait demandé de jouer “le rien”, d’incarner “la vacuité”. Impossible pari, pourtant réussi!

Autour d’Ivanov, participant de son état et l’entraînant dans sa mélancolie, une distribution sans faute : Marina Hands “maladémouvante”, Marcel Bozonnet alcoolique et sous l’emprise de son épouse Christiane Cohendy, aussi richissime que radine, Chantal Neuwirth méchante et cancanière, Ariel Garcia Valdès misogyne et antisémite, Fred Ulysse joueur de cartes invétéré, Laurent Gréville affairiste rêveur… Dans cette galerie de personnages, il n’y en a aucun de “récupérable” : ils sont tous plus mesquins les uns que les autres. Sauf peut-être le médecin (il y en a toujours un chez Tchekhov). Et celle qui tente vainement de sauver Ivanov de lui-même : Sacha (Sashenka) remarquablement interprétée par Victoire du Bois.

3 raisons de prendre vos places pour cet Ivanov de Luc Bondy

1 – Que vous soyez comme moi fan de Tchekov ou non, vous ne pouvez passer à côté de sa première grande pièce – sa plus cruelle, plus désespérée, et peut-être sa plus belle.
2 – Micha Lescot livre une véritable performance : il parvient à incarner l’ennui, la mélancolie, le désespoir ; aussi impressionnant dans ce rôle qu’il l’était dans Tartuffe.
3 – Pour entourer son Ivanov, Luc Bondy a su trouver la distribution idéale, il a réussi le prodige de réunir 18 comédiens virtuoses sur la scène de l’Odéon.

 

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