« La Chute des anges », et l’envol des êtres : magistrale leçon de ténèbres de Raphaëlle Boitel

Le rideau s’ouvre, le noir et le silence se font, soyeusement.
Une maigre forêt de perches armées d’un projecteur-œil encadre la scène, vaguement inquiétante dans sa sècheresse et ses angles, entités mécaniques et autonomes, épiantes et directives.

Des longs manteaux noirs tombent des cintres, des cintres tombent des cintres, des cintrés se glissent dans les manteaux, étranges marionnettes, cousines de celles de Philippe Genty – cet homme en fond de plateau, ces deux femmes sans doute, visage dissimulé sous un voile de cheveux, corps désarticulés, acrobates danseurs clowns désespérés. Trois drôles de petits humains, trois anges déchus, qui tentent d’apprivoiser la pesanteur.
Des mains cherchent leur tête, des corps cherchent leur axe, de êtres cherchent leur centre et leurs limites.

© Georges Ridel

Bientôt leurs compagnons d’infortune vont les rejoindre, arpentant le plateau en un mathématique mouvement perpétuel, Quad beckettien chaotique où comme par accident quelques pas se déploient en acrobaties, se prolongent en torsions de dos courbés jusqu’à l’impossible. Circassiens virtuoses ou non, les interprètes ont tous la même netteté dans le geste, et la même densité dans la présence.

Une ange aurait-elle la nostalgie des cieux, une humaine aurait-elle le souvenir d’une jeunesse plus lumineuse ? Une des anges se détache du chœur, tourne son visage plein d’appétits vers un soleil artificiel, lui adresse une mélopée chantante, un fouillis de mots, un esperanto d’espoir. C’est elle qui poussera le plus loin les tentatives d’échappée, les désirs d’envol.

Les noirs sont profonds comme les notes de contrebasse qui vibrent dans l’espace, ciselés de graphiques lumières dorées – presque des lumières de « théâtre noir », qui découpent de fines lames dans l’obscurité, de fines lames de réalité et de vie dans la poix des contraintes, dans l’ombre des assujettissements et des surveillances. La composition sonore d’Arthur Bison est de même dense, prenante, sophistiquée et organique, avec des grondements sourds de tempête et des vivacités de clairière après la pluie.

Les silhouettes dessinent des calligraphies, des ombres chinoises, creusent des tourbillons dans la fumée. Une femme plus âgée passe avec une opacité tranquille de vieux chaman. Un vertigineux numéro de mât chinois époustoufle et émeut, élévation et chute, élévation et chute, tragique destinée en réduction.

© Marina Levistskaya

Dans cette esthétique de fin du monde, il y a aussi de la cocasserie, une guerre des « chut » rigolarde, des moments de sourires au milieu des décombres : deux tubes métalliques arrachés à une des machines feront une paire d’ailes de fortune, sait-on jamais (spoil : ça ne suffira pas). L’image est drôle, et déchirante. Très drôle aussi, et très tendre, un « pas de deux » à quatre, deux des êtres tentant tant bien que mal d’en animer deux autres, tâtonnant, expérimentant, réinventant les gestes les plus simples…

Le danger peut rôder dans les objets, les perches se démantibulent, pourchassent, ordonnent, menacent – en contrepoint un majestueux gramophone offre sa beauté incongrue et une occasion de bouffonnerie légère, un rail suspendu s’envole au-dessus des spectateurs avec la souplesse et la joie des balançoires de l’enfance.

Ce monde de métal glacé et oppressant, univers sombre troué de somptueuses mordorures (magnifique scénographie et création lumières de Tristan Baudoin), Raphaëlle Boitel le peuple d’êtres faits de servitude et de pesanteur, mais surtout de curiosité et d’empathie, qui vont trouver, ensemble, un chemin vers la liberté.

Danse contemporaine et équilibrisme, contorsion et hip-hop, prouesses techniques et clowneries délicates, mât chinois et métaphysique, on ne distingue plus où une discipline s’exprime, où l’autre prend le pas, tant Raphaëlle Boitel les pétrit, les étire et mêle pour en faire le vocabulaire et la grammaire de son propre langage, extrêmement maîtrisé, poétique, gracieux, in-quiet et tendre.
« Dans la chute, il y a toujours la question de la manière dont on s’en relève. » précise Raphaëlle Boitel à La Terrasse : elle donne une beauté hypnotisante aux deux, à la chute et à la manière dont on s’en relève.
C’est onirique, envoûtant, et bienfaisant.

Marie-Hélène Guérin

© Sophian Ridel

LA CHUTE DES ANGES
Un spectacle de la Cie L’Oublié(e) – Raphaëlle Boitel
vu au Théâtre du Rond-Point, Paris
Mise en scène et chorégraphie Raphaëlle Boitel
Collaboration artistique, scénographie, lumière Tristan Baudoin | Musique originale, régie son et lumière Arthur Bison | Costumes Lilou Hérin | Accroches, machinerie, complice à la scénographie Nicolas Lourdelle
Interprètes Alba Faivre ou Marie Tribouilloy, Clara Henry, Loïc Leviel, Emily Zuckerman, Lilou Hérin ou Sonia Laroze, Tristan Baudoin, Nicolas Lourdelle

DATES DE TOURNÉE 2023-2024
• 29 septembre au 7 octobre 2023 – Célestins, Théâtre de Lyon (69)
• 10 et 11 octobre 2023 – Le Volcan, Scène nationale du Havre (76)
• 8 et 9 décembre 2023 – Théâtre de Suresnes Jean Vilar (92)
• 12 décembre 2023 – Centre culturel Jacques Duhamel, Vitré (35)
• 15 et 16 décembre 2023 – Le Théâtre, centre national de la marionnette de Laval (53)
• 20 et 21 décembre 2023 – La Passerelle, Scène nationale de Saint-Brieuc (22)
• 16 et 17 janvier 2024 – Théâtre de Lorient, CDN (56)
• 25 et 26 janvier 2024 – Théâtre de Cornouaille, scène nationale de Quimper (29)
• 17 et 18 mars 2024 – TCM, Théâtre de Charleville Mézières (08)

23 (ou 36) fragments de ces derniers jours : Ordem, Progresso e Amor !

« Les répétitions de ce spectacle appelé 23 fragments de ces derniers jours ont commencé à Brasilia au début de l’année 2019. Elles listent comme points de départ des hypothèses pour un monde en pièces. Construire un spectacle, donc, pièce par pièce, fragment par fragment, dans un pays qui littéralement traite avec la destruction. Essayer de comprendre, puisqu’il n’est donné de transformer que ce que nous comprenons. »

Maroussia Diaz Verbèke, circographe*, a composé ce spectacle mosaïque avec 3 femmes artistes du collectif Instrumento de Ver et trois artistes de Rio, Recife et Salvador de Bahia. Entre 2019 et 2022, entre le Brésil et la France, s’est inventé ce spectacle protéiforme. C’est l’arrivée de Bolsonaro au pouvoir qui a poussé ce spectacle a continué sa croissance hors de son territoire de naissance. Et qui va nourrir aussi leur travail. Trapézistes, acrobates, fakir, voltigeurs, danseurs, clowns… et citoyen.ne.s ! Et jeunesse vivante !

Ces 23 Fragments de ces derniers jours sont autant de débuts, fins, souvenirs des années passées, ils s’intitulent « Toute l’année 1998 », « 36 janvier de je ne sais plus quelle année », « ce 1er octobre 2021 », ou « Heure d’une grande ville où existent des pics anti-humains »…
Les 23 Fragments seront 36, car 23, finalement c’était trop peu. 23 36 fragments choisis parmi mille qui ont permis à leurs créateur.rice.s de supporter la dureté de ce temps. 23 36 fragments comme autant de revendications, protestations mais surtout envies, élans, désirs, luttes, éclats de rires. 23 36 fragments qui racontent le Brésil d’aujourd’hui, multiple et en mouvement.

Sur la scène du Monfort, on a disposé un tapis circulaire, on y retrouve la piste de cirque, on y échappe à la lecture frontale, les artistes entourent la piste, les spectateurs entourent les artistes, le théâtre entoure les spectateurs, la ville/la société entoure le théâtre…
Une litanie, rapidement, donne l’axe, les axes, du spectacle, celle la liste des choses fragiles : « coquilles d’œufs, écran de téléphone, démocratie, droit à la propriété des terres par les populations originelles de l’Etat brésilien, cœur, coquillages, boucle d’oreille… » : importe l’intime, importe le minuscule, importe le monde.

Pour ceux qui s’en souviennent, la forme fragmentaire, numérotée et dés-ordonnée des 23 Fragments… peut rappeler les incroyables Notes on the circus, du collectif Ivan Mosjoukine. Maroussia Diaz Verbèke faisait partie de l’aventure, la parenté est des plus naturelles.

Dès le début du spectacle, les artistes apportent les accessoires qu’ils utiliseront plus tard, en une oulipienne parade d’objets aussi banals qu’inattendus. Défilent donc boîtes de Légo®, bouteilles de verre, rampes d’ampoules, céleris, une édition de la Constitution du Brésil, légèrement écornée, photo grand format de cafard, poulpe en plastique, paillassons, ad libitum. Lumières plein feu, objets à vue, artistes autour du plateau, on ne joue pas le mystère, pourtant les surprises ne manqueront pas !

Une partition musicale enlevée, à la fois très brésilienne et sans folklore, où samba, fanfares recifiennes et sons électro se métissent, électrise la représentation. Maïra Moraes, fakir moderne, traversera la piste sur maintes choses inconfortables tandis que Julia Henning se perchera sur des empilements qui méritent qu’on retienne (et tout le monde retient) son souffle ; André Oliveira DB, extrêmement vif, fera tenir sa danse effrénée sur la Constitution brésilienne, format poche, édition 1988. Lucas Cabral Maciel, technique et farfelu, se déchaînera en d’échevelés frevo ; Béatrice Martins brisera des milliers de bulles sous ses pieds de contorsionniste contemporaine ; Marco Motta, avançant en équilibre sur une bouteille, nous emportera dans les notes troublantes de sa trompette.

On bascule du franc rire au souffle coupé, du ludique au virtuose. Toujours, dans une égale gaité, une tenace joie de vivre.

Petit à petit, le texte reflue, les fragments se déploient, les corps s’envolent, le spectacle gagne en intensité. On quitte le sol, les artistes se font aériens pour de magnifiques numéros de trapèze, de corde, de vol, émouvants de beauté – combinaisons rares de souplesse et de puissance, poétiques prouesses d’une grâce saisissante. Il émane d’eux une exultation communicative, une sensation de « pouvoir » – pouvoir être libre, pouvoir s’affranchir des limites des possibilités de la physiologie humaine, de la pesanteur, de ce qui réduit et contraint.

« L’amour pour principe, l’ordre pour base, et le progrès pour but; tel est le caractère fondamental du régime définitif que le positivisme vient inaugurer. » Auguste Comte, Système de politique positive (1852)

Sur la « photo de famille », aux côtés d’Ordre et Progrès, la troupe invite Amour – comme le proposait Auguste Comte il y a bientôt 2 siècles. Et puis finalement pourquoi ne pas inviter aussi Mémoire, Multiplicité, Joie, Enthousiasme ?
Avec leurs 23 Fragments, en effet, Maroussia Diaz Verbèke et les 6 artistes interprètes et créateurs, invitent Mémoire, Multiplicité, Joie, Enthousiasme sur le plateau, en armes allègres et toniques contre la violence et le désespoir, pour qu’un « précieux après » ait son lever du jour, pour faire vaincre le collectif, la fête, le plaisir partagé ! Alors… adhérons à leur programme hautement réjouissant ! Allons nous faire réchauffer à leur générosité, enchanter à leurs folies, égayer à leur farce et leur poésie !

Marie-Hélène Guérin

 

*Circographie [siʁkɔɡʁafi] n.f. (2015 ; néologisme de Maroussia Diaz Verbèke en open source)
Écriture ou mise en scène spécifique d’un spectacle de cirque. Forme verbale : circographier. (veut aussi dire « soyons fous » en brésilien du Nord, mais c’est un hasard.)

23 FRAGMENTS DE CES DERNIERS JOURS
Au Théâtre Silvia Monfort – Paris – Du 12 au 16 décembre 2023
Tout public à partir de 8 ans
Circographie* Maroussia Diaz Verbèke
Assistante à la circographie* Élodie Royer
Interprètes créateurs Lucas Cabral Maciel, Julia Henning, Beatrice Martins, Maíra Moraes, Marco Motta et André Oliveira Db
Régie générale Thomas Roussel | Conception technologique Bruno Trachsler | Création lumière Diego Bresani et Bruno Trachsler | Recherche musicale Loic Diaz Ronda et Cícero Fraga | Recherche scénographie Charlotte Masami Lavault | Technique costumes Emma Assaud | Chargé de production Marc Délhiat
Photographe João Saenger
Graphiste Lisa Sturacci

Dicklove : « Corps poétique, corps politique »

Les Singulier.e.s, festival des « créations plurielles » invite chaque année à des voyages inattendus, à la découverte de formes atypiques et de personnalités rares. Les disciplines s’y croisent, s’y télescopent ou s’y métissent.

L’artiste de mât chinois Juglair, accompagnée avec une grande pertinence par le musicien Lucas Barbier, clôture en beauté cette édition avec Dicklove, spectacle transversal, transdisciplinaire, transgenre queer et réjouissant.

La scène-piste est lovée au milieu des spectateurs, c’est du premier rang qu’une voix légère et enjouée s’élève, pour quelques confidences d’enfance d’une écolière qui courait trop vite, et qui laissait toujours passer un ou deux garçons devant, parce que, quand même, « les pauvres ! ». Mais la jolie-voisine-toute-simple quitte les rangs des spectateurs, met les pieds sur scène et entame une folle succession de transformations, dont chaque étape contient toujours des traces des autres.

On rit beaucoup. Car Juglair, joueuse, taquine nos repères, bouscule les genres, glisse de l’une à l’un, de l’un.e à l’autre en un mouvement de bassin, un déplacement d’épaule, et c’est un rire d’étonnement qui crépite dans la salle. Mais on jubile aussi de franches scènes de comédie – l’évacuation du Président par hélico pour fuir une horde de féministes en mauve (et de Gilets jaunes en gilets jaunes) est irrésistible !

On y est surtout intensément ému par la grâce et la beauté de quelques fragments, un lent tournoiement au mât chinois, un maquillage dont les spectateurs sont le miroir; on y est saisi par une transe électro, un pole dance acrobatique, une chanson hypnotisante ; on y est peut-être aussi troublé ou impressionné par la fluidité des métamorphoses de l’artiste.
« Je suis femme qui se déguise en homme qui se déguise en femme, femme qui se ressemble à un homme quand elle s’habille en femme, homme qui se déguise en femme, drag, personnage, une fiction, un clown, un danger, un rêve, ou toi, ou toi, … » Juglair, brouillant les frontières, est tout cela, successivement ou en même temps. Elle interroge son genre, son expressivité, mais avant tout notre regard, nos regards, aux un.e.s et aux autres, sur le genre.

Performance circassienne, théâtrale, intime et politique, manifeste festif pour la multiplicité, expression singulière, chant libératoire et inclusif, Dicklove est une fête du multiple, de l’altérité – celle des autres, et celles de soi. Ce n’est sans doute pas militant : c’est tout simplement nécessaire, vivant et joyeux !

Marie-Hélène Guérin

 

 

DICKLOVE
Vu au 104 dans le cadre des Singulier.e.s
Création et interprétation : Juglair
Création et interprétation sonore : Lucas Barbier
Regards extérieurs et dramaturgiques : Claire Dosso et Aurélie Ruby
 | création et régie lumière : Julie Méreau
 | construction : Max Heraud, Etienne Charles et La Martofacture | 
costumes : Léa Gadbois-Lamer
 | administration, montage de production, diffusion : AY-ROOP | remerciements à Marlène Rostaing, Jean-Michel Guy et Johan Piémont alias Luna Ninja
Photos © Aurélie Ruby

À voir au festival SPRING les 24 et 25 mars à Cherbourg (50)

Machine de cirque : remède à la mélancolie !

Cinq jeunes circassiens québécois enflamment la Scala !
La jeune compagnie canadienne Machine de cirque, déjà passé par ici (en 2019) et repassé par là (jusqu’au 2 janvier) vient secouer le public, de 5 à 105 ans – ravi et qui en redemande. D’éclats de rire en frissons, d’instants de poésie en prouesses virevoltantes, ils ne s’accordent (et ne nous accordent) aucun répit.
 

 
Sur le vaste plateau, patiente une spectaculaire scénographie, une fabuleuse “machine de cirque”, quelque chose comme un drôle de chantier délaissé pour la nuit, de bric et de brocs, avec lampadaire, échafaudages, antenne et câbles électriques, bâches et seaux, un chantier délaissé par ses ouvriers, mais déjà tout bruissant de grondements citadins, d’éclairages crépitants, de fumées mouvantes. La machine piaffe d’impatience à la perspective d’être bientôt animée par une bande de farfadets joueurs et inventifs bien décidés à exploiter le moindre recoin de cet agrès urbain. Un compère créateur de son, poly-instrumentiste, batteur fou – voire fou furieux, souffleur d’accordéon à bouche, percussionniste sur dos, sur tubes, sur tout ce qui peut se marteler, frapper, scander, guitariste, fredonneur, les accompagnent, les rythment et les dopent – si besoin était…
Les cinq jeunes gens, gaillards athlétiques ou sveltes échalas, envahissent l’espace de haut en bas, de bas à haut, de long en large, offrant une prestation généreuse et allègre. Du cirque sans clown, mais où l’humour du clown est partout, tressé aux acrobaties les plus techniques, aux fantaisies sonores ou visuelles les plus excentriques.
 

 
Un cycliste lunaire se lance dans une aérienne danse sur un vélo rouge vif et léger, défiant toutes les lois de la pesanteur d’un air rêveur. Au trapèze, à la planche coréenne, escaladant les trois étages de l’échafaudage, enchaînant d’impressionnantes suites de vrilles, jonglant aux quilles ou… à la serviette de bain – savoureuse burlesquerie !, rivalisant d’audace et de fantaisie, ils gardent toujours une magistrale fluidité, une inaltérable fraîcheur et un sens du collectif réjouissant.

Leur agilité rieuse, leur complicité, leur rapidité tout en souplesse feraient presque oublier la virtuosité dont ils font preuve. C’est beau, tonique, gai, joyeux, époustouflant. Le public s’enthousiasme, se bidonne, s’émerveille, et finit en ovation debout. Cette Machine de cirque offre un beau cadeau : du plaisir ! Ne nous en privons pas !

Marie-Hélène Guérin

 

MACHINE DE CIRQUE
à La Scala
Direction artistique Vincent Dubé
Avec Guillaume Larouche , Thibault Macé, Samuel Hollis , Laurent Racicot et en alternance Raphaël Dubé (du 15 au 24 octobre) et Tom Prôneur (du 25 octobre au 2 janvier)
Composition musicale et interprétation, en alternance : Frédéric Lebrasseur (du 15 au 24 octobre), Olivier Forest (du 25 octobre au 27 novembre) et Steve Hamel (du 28 novembre au 2 janvier)
Photos © L’Œil du loup

Jeunesse : Ça barde à la sainte-Barbe

Jeunesse est un spectacle formidable, métaphorique, transcendant, porté par la nouvelle ciselée sans aucune psychologie, si ce n’est l’idéalisme, du grand Joseph Conrad, par la narration tout en nuances du comédien conteur, Frédéric Gustaedt, et par les entrechats des jeunes chats barbus, qui dansent et sautent sur les mâts du bateau, sur lequel le spectateur est charrié.

Ce spectacle magnifique vous fera gîter et rouler, tant l’atmosphère vous place d’abord à l’arrière puis au cœur de la scène, devenue le pont de La Judée, le premier bateau sur lequel Marlow sera Second lors d’une traversée plusieurs fois avortée, vingt ans avant de nous la raconter, jusqu’aux effluves fleuris et sucrés de l’Orient. Le ton est sans appel dès que Marlow (comme Marlowe et Shakespeare ?) franchit le ponton, un recueil de Shakespeare en main, croisant les lettres de La Judée peintes sur la coque, la devise « Do or die ». Et c’est bien ce qui va se passer pendant toute cette traversée. Agir ou mourir…

La traduction et l’adaptation de « Jeunesse », par Guillaume Clayssen, mêle une superposition de vocabulaire actuel, contemporain, bienvenu, comme le mot « fringue » qui donne un coup de jeunesse à ce récit, à une conjugaison un peu surannée au passé simple et à l’imparfait.
Ce qui est formidable avec Joseph Conrad, c’est que le récit avance au rythme de l’action, de l’écope, du pompage, du gite, du roulage, du tangage, des mers lisses ou blanches d’écumes, de l’invasion des rats à bord, sans complaisances, sans considérations psychologiques, sans commentaires, on est littéralement embarqué pour cette traversée infernale qui sera la première de Marlow et la dernière de La Judée.
Le jeu et la narration de Frédéric Gustaedt sont tout bonnement époustouflants de nuances, de vérité intérieure, de variations, d’amusements, de susurrations et d’esclandres. On entend l’esprit cocasse de Joseph Conrad, qui s’arrêtent sur des moments épiques, burlesques, inattendus, comme le dernier gueuleton des marins à bord de La Judée, tandis que celle-ci brûle anéantie par l’incendie de sa cargaison. Pendant ce temps, Marlow, avec ses deux aides, attend, dans la chaloupe brinquebalée, que le capitaine inconsolable daigne quitter son navire et que les marins en aient fini avec leur gueuleton sous les flammes.

Le dispositif scénique est à la fois simple et compliqué, enfin que l’on juge simple par sa sobriété, son épure. Il est fait des mâts de La Judée, sur lesquels les acteurs circassiens, Raphaël Milland et Johan Caussin, parfois accompagnés de Samuel Mazzotti (son), également sur scène avec son matériel, évoluent acrobates comme des félins graciles, souples et agiles, dans une chorégraphie soutenue par une musique planante, chamanique ou électrisante, à l’évocation du meilleur du rock’n’roll des années soixante-dix. La création musicale participe aussi de l’ambiance et nous plonge à la fois dans la beauté, la dureté et la folie de la mer.
La création lumière, sortie tout droit d’un récit nuiteux d’un port insalubre, joue en rase-motte sans gélatines et tire du sol les ombres et les presque morts de La Judée.

Un spectacle où le face-à-face entre la parole et le corps nous saisit et nous donne envie de lire ou relire Joseph Conrad. Qu’auront voulu nous dire Joseph Conrad et Guillaume Clayssen, qui, c’est sûr, se sont compris ? Qu’on ne voit bien la vie qu’à travers les yeux de la jeunesse ? Qu’être marin est un métier de solidarité comme le sont les métiers du spectacle ?
Le Théâtre L’Echangeur, à Bagnolet, est très facile d’accès, tout prêt du métro Galliéni ou du bus 102, arrêt Charles de Gaulle. Sur place, vous pourrez dîner et boire un verre.
On espère que L’Echangeur prolongera la programmation de ce spectacle sans pareil.

 

JEUNESSE – adaptation de la nouvelle de Joseph Conrad
Au Théâtre de L’Echangeur, Bagnolet
Traduction et mise en scène Guillaume Clayssen
Avec Frédéric Gustaedt (Marlow alias Conrad), Julien Crepin (le capitaine, créateur lumière), Raphaël Milland (premier chat acrobate, équipage sur scène), Johan Caussin (second chat acrobate, équipage sur scène), Samuel Mazzotti (créateur son, équipage sur scène)
Jusqu’au 6 octobre 2018

Photo Victor Clayssen

Un Poyo Rojo : un concentré d’énergie et de sensualité

Lorsqu’on s’installe dans la salle du Théâtre Antoine – ils sont déjà là, les bougres…- on ne sait pas trop ce qu’on vient voir. On se souvient d’avoir été frustré la saison précédente : la blessure d’un des deux artistes avait entrainé l’annulation du spectacle. Blessé comment, pourquoi ? De quoi s’agit-il au juste ? Match de boxe ? Combat de coq ? Lutte endiablée ? Mise “à mâle” ?
Un Poyo Rojo c’est tout cela à la fois. Mais c’est par dessus tout une danse de vie. Une ode à l’amour, à la passion, à la miraculeuse relation qu’entraine une si forte proximité. Car ces deux-là se connaissent par cœur, à tel point que leurs corps s’attirent tels des aimants.
Dès les premières minutes, une douceur brutale règne sur le plateau. Alfonso Barón et Luciano Rosso se défient du regard, se jaugent tels des animaux avant d’enchaîner les figures, d’entrer dans la danse qui les mènera au combat. Mi-comédiens mi-danseurs, ils font de chaque micro parcelle de leurs corps un simple prodige.

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© Paola Evelina

Les prémices de ce spectacle inclassable se déroulent dans un silence total. S’il n’était couvert par l’écho de leur souffle court, on entendrait battre leurs cœurs à l’unisson.
Et puis d’un coup, des sons de radio s’en mêlent, crachotés par une chaine portative délicieusement old-school. Dès lors, les pas de danse de nos deux compères seront calés sur la programmation retransmise en direct. Quelle est la part d’improvisation ? Trouvent-ils l’inspiration à force de faire défiler les stations, alternant flash info, tubes disco et standards de la chanson française ? Ou bien cherchent-ils, à force de zapper sur les ondes, le morceau qui s’accordera le mieux au déroulé du spectacle ? Peu importe, seul le résultat compte : ils parviennent ainsi à nous intégrer totalement dans l’immédiateté de leur pas de deux. Peu à peu l’alchimie qui les unit gagne du terrain : l’énergie communicative d’Alfonso et Luciano se loge en chacun de nous et cela fait un bien fou !

un-poyo-rojo-Pianopanier

Ils arrivent tout droit de Buenos Aires où ils jouent à guichet fermé depuis 2008, 3 raisons d’aller les découvrir au Théâtre Antoine :
1 – Ils dansent comme des dieux ; dieux du stade, dieux de l’arène, dieux de la scène.
2 – Mais il serait réducteur de les classer dans la catégorie “danse contemporaine” : ils nous offrent un succulent moment de théâtre qui fait la part belle à l’improvisation.
3 – La jolie surprise tient au troisième personnage : une radio vintage qui nous connecte aux joies du direct…

 

UN POYO ROJO – À partir du 7 février 2018 au Théâtre Antoine (mercredi au samedi, 19h)
Conception et Mise en scène : Hermes Gaido
Avec : Alfonso Barón et Luciano Rosso

Quelques objets, des notes de musique… un grand spectacle

On les avait quittés il a 4 ans (déjà !) sur le plateau du 104 qu’ils avaient magistralement mis à mal. Leur performance dans ce Notes on the Circus du collectif Ivan Mosjoukine était de celles qui restent gravées à jamais dans un ADN de spectateur.

Ils étaient quatre à l’époque. On retrouve ici l’un des deux couples : celui que forment la charismatique Vimala Pons et l’énigmatique Tsirikaka Harrivel. Découvrir le bazar inouï installé sur le plateau du Monfort, tenter de déchiffrer la carte que les artistes ont deposée sur votre fauteuil en guise de programme, se laisser prendre par la montée d’adrénaline que provoque le compte à rebours (“Revue numéro 8 dans 5 minutes, début de la revue dans une minute”…) constitue un avant-goût génial et prometteur.

Les deux artistes circassiens ont commencé par composer les musiques de leur nouveau spectacle. La bande son mêle trompettes, claviers, clarinettes, synthé et autres arrangements éclectiques. Elle est jouée en direct par nos deux compères, elle donne le “la” et met un point d’orgue à chaque séquence.

Grande, Vimala Pons, Tsirihaka Harrivel, Monfort, Pianopanier

“Ce morceau ne fait pas partie du spectacle mais c’est celui que je préfère.”

Il s’agit bel et bien d’une “Re-vue”, au sens propre, au sens littéral du terme : sur les quelques 90 minutes que dure le spectacle, certains passages, certains numéros seront répétés, “ce qui a déjà été vu” tamponnera le “jamais vu”. Le tout formant une ronde infinie, une sorte de mouvement perpétuel que souligne la dernière séquence.  En plus de la musique, le duo est allé puiser son inspiration dans une foultitude d’objets aussi hétéroclites que surprenants : coin cuisine, toboggan géant, énormes bouquets de fleurs, pupitre, télévision, sac de sports, raquettes de tennis…

Tsirihaka Harrivel suspend les battements de nos coeurs lorsqu’il s’élance une première fois pour une glissade inclassable. Une deuxième, une troisième, une dixième fois, il se retrouvera suspendu au-dessus de nos têtes, nous habituant peu à peu à cette chute qui ne cesse de se rembobiner.

Grande, Vimala Pons, Tsirihaka Harrivel, Monfort, Pianopanier

“Tous les chemins mènent à Rome… En est-il un qui n’irait pas ? “

Championne de porté sur la tête, Vimala Pons n’a peur de rien. Machine à laver, mannequin, colonne gréco-romaine, cercueil… jusqu’au totem qui servira de cible à son complice lanceur de couteaux : tout, absolument tout peut se déposer sur son crâne. Et lorsque, libéré de tant de poids, son cerveau donne libre cours aux humeurs, c’est à un formidable numéro de comédienne auquel on assiste. Elle passe en quelques coups de cils de geignarde à colérique, de mutine à hargneuse, de clownesque à grave. Elle est souvent tendre, parfois cruelle, toujours drôle. Son talent fou, son charisme hors norme nous fascinent et nous troublent.

L’histoire de la vie, les histoires d’une vie, les petits riens qui se mêlent aux grands sentiments : c’est finalement cela que cet ovni grave en boucle dans nos mémoires. Et cette histoire, cette ronde, ce perpétuel recommencement, ne peuvent trouver un point qu’avec le mot AMOUR. Un point qui est tout sauf final, tant la force de ce spectacle est aussi, est surtout, de nous donner envie de toujours recommencer…

GRANDE –
Du 18 avril au 6 mai 2017, 20h30 au Monfort
Un spectacle de et avec : Vimala Pons et Tsirihaka Harrivel

Quand les 7 Doigts sont 8, c’est encore meilleur !

On les avait quittés à Bobino la saison dernière, à la sortie de leur inoubliable spectacle TRACES. On les retrouve sur la scène du Bataclan, où ils présentent leur toute nouvelle création. Ce ne sont pas les mêmes 7 Doigts. Et d’ailleurs ce coup-ci, les 7 Doigts sont 8 au plateau. Quatre filles, quatre garçons, quatre couples juvéniles et déjà bourrés de talent.

Le point de départ et le fil conducteur de Réversiblec’est l’histoire de ces (très) jeunes gens qui sont partis à la recherche de leurs grands-parents.

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“Je voulais créer leurs personnages en utilisant leurs racines, les histoires de leurs familles qu’ils ne connaissaient alors même pas.”

Les murs dansent, les fenêtres ont la bougeotte, les portes se dérobent… L’espace n’a de cesse de se créer et disparaître sous nos yeux mi-amusés mi-éberlués. Extérieur et intérieur se mélangent joyeusement, les frontières, les murs, les lignes de démarcation se transforment en vagues souvenirs, peut-être même les a-t-on rêvés et n’ont-ils jamais existé…

Comme toujours dans les spectacles des 7 Doigts de la main, la musique tient une place capitale. Entre reprise de Terence Trent d’Arby et formidables arrangements musicaux de Colin Gagné, le voyage inter-générationnel tendance “passe-muraille” prend des allures tantôt rock tantôt hip-hop, voire plus classique.

Réversible, Les 7 Doigts, Bataclan, Pianopanier, cirque contemporain

“Papi, je te dédie ce moment.”

Les numéros s’enchainent au rythme des changements de tempos : les pas de deux invitent éventails et lassos, les balles de jonglage ont le format ballons rouges, une mariée contorsionniste surgit d’un lit-placard, la planche coréenne est un point de décollage idéal et le mât chinois peut accueillir nos huit compères en même temps – quand il y en a pour 7 doigts, il y en a pour huit. Aérien, poétique, enchanteur, le final déclenche automatiquement une standing ovation que les murs du Bataclan recueillent avec émotion.

On ne saura jamais à quel point le travail d’introspection et de “recherches généalogiques” a coloré ce spectacle, mais l’énergie qui se dégage du plateau est tellement intense, tellement percutante, que l’on se dit que leurs ancêtres ont bien dû souffler sur ces huit doigts-là…

REVERSIBLE
Á l’affiche du Bataclan – du 3 mars au 1er avril 2017 (du mercredi au vendredi 20h30, samedi 16h30 et 20h30)
Le nouveau spectacle des 7 Doigts
Mise en scène : Gypsy Snider
Avec : Maria del Mar Reyes, Vincent Jutras, Jérémi Lévesque, Natasha Patterson, Hugo Ragetly, Emilie Silliau, Julien Silliau, Emi Vauthey

Le Terabak de Kiev prolonge noël jusqu’au 14 janvier

Traditionnellement les fêtes de fin d’année riment avec sapin, mais aussi avec chapiteau. Direction le Monfort pour un spectacle entre cirque, magie et cabaret. Un voyage rythmé par les voix gutturales des Dakh Daughters venues tout droit de Kiev. On s’installe, on prend le temps de se restaurer (ça sent bon le fameux bortsch ukrainien), de faire connaissance, de trinquer avec ses voisins : l’ambiance est déjà dans la salle. Tout à coup débarque Yann Frisch, redingote portée à même la peau (“une idée du producteur pour mettre en valeur le corps des autres”), irrésistible négation de Monsieur Loyal, comble du non politiquement correct.

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© Christophe Raynaud de Lage 

Le bar se met en mode pause, les lumières s’éteignent, les enfants se taisent, le spectacle peut débuter avec Julieta Martin, sorte d’Elastic Girl sur son mât chinois. C’est parti pour une heure trente de joie pure, d’énergie brute, de rires explosifs, d’émotions authentiques. Un acrobate accro à son balai, un monocycle recordman de trampoline, un artiste qui joue des sangles aussi bien sans jambe qu’avec, un couple de voltigeurs qui règle ses comptes dans les airs, l’inénarrable Yann Frisch et ses cartes irrévocablement magiques… Les prouesses s’enchaînent au son des cordes et autres battements de tambours. Les filles énergisantes, magnétiques, envoûtantes, stimulantes font le lien entre chaque numéro et l’on souhaite que cela dure encore et encore.

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Sous le grand chapiteau du Monfort, on rit, on frémit, on se laisse gagner par la chaleur humaine, on savoure l’instant…et lorsque les lumières se rallument au son des applaudissements enthousiastes, on prolonge par une danse, on retrouve le chemin du bar pour prolonger l’allégresse. Entre réveillon de noël et réveillon de la Saint-Sylvestre, on choisit sans hésiter le Terabak de Kiev !

 


TERABAK DE KIEV
Du 16 décembre 2016 au 14 janvier 2017, 20h30 au Monfort
Mise en scène : Stéphane Ricordel
Avec : Yann Frisch, Arthur Chavaudret, Matias Pilet, Benoît Charpe, Oscar de Nova de la Fuente, Daniel Ortiz, Josefina Castro Pereyra Soler, Julieta Martin, Marina Voznyuk, Anna Olekhnovych
Chant et musique : Les Dakh Daughters et Vlad Troitsky

Un Poyo Rojo : un concentré d’énergie et de sensualité

Lorsqu’on s’installe dans la salle Jean Tardieu du Rond-Point – ils sont déjà là, les bougres…- on ne sait pas trop ce qu’on vient voir. On se souvient d’avoir été frustré la saison précédente : la blessure d’un des deux artistes avait entrainé l’annulation du spectacle. Blessé comment, pourquoi ? De quoi s’agit-il au juste ? Match de boxe ? Combat de coq ? Lutte endiablée ? Mise “à mâle” ?
Un Poyo Rojo c’est tout cela à la fois. Mais c’est par dessus tout une danse de vie. Une ode à l’amour, à la passion, à la miraculeuse relation qu’entraine une si forte proximité. Car ces deux-là se connaissent par cœur, à tel point que leurs corps s’attirent tels des aimants.
Dès les premières minutes, une douceur brutale règne sur le plateau. Alfonso Barón et Luciano Rosso se défient du regard, se jaugent tels des animaux avant d’enchaîner les figures, d’entrer dans la danse qui les mènera au combat. Mi-comédiens mi-danseurs, ils font de chaque micro parcelle de leurs corps un simple prodige.

un-poyo-rojo-Pianopanier
© Paola Evelina

Les prémices de ce spectacle inclassable se déroulent dans un silence total. S’il n’était couvert par l’écho de leur souffle court, on entendrait battre leurs cœurs à l’unisson.
Et puis d’un coup, des sons de radio s’en mêlent, crachotés par une chaine portative délicieusement old-school. Dès lors, les pas de danse de nos deux compères seront calés sur la programmation retransmise en direct. Quelle est la part d’improvisation ? Trouvent-ils l’inspiration à force de faire défiler les stations, alternant flash info, tubes disco et standards de la chanson française ? Ou bien cherchent-ils, à force de zapper sur les ondes, le morceau qui s’accordera le mieux au déroulé du spectacle ? Peu importe, seul le résultat compte : ils parviennent ainsi à nous intégrer totalement dans l’immédiateté de leur pas de deux. Peu à peu l’alchimie qui les unit gagne du terrain : l’énergie communicative d’Alfonso et Luciano se loge en chacun de nous et cela fait un bien fou !

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Ils arrivent tout droit de Buenos Aires où ils jouent à guichet fermé depuis 2008, 3 raisons d’aller les découvrir au Rond-Point :
1 – Ils dansent comme des dieux ; dieux du stade, dieux de l’arène, dieux de la scène.
2 – Mais il serait réducteur de les classer dans la catégorie “danse contemporaine” : ils nous offrent un succulent moment de théâtre qui fait la part belle à l’improvisation.
3 – La jolie surprise tient au troisième personnage : une radio vintage qui nous connecte aux joies du direct…

 

UN POYO ROJO – spectacle vu le 20 Septembre 2016 au Théâtre du Rond-Point.
Du 13 Septembre au 8 Octobre 2016
Conception et Mise en scène : Hermes Gaido
Avec : Alfonso Barón et Luciano Rosso