Les Chatouilles ou la danse de la colère Andrea Bescond

Les Chatouilles ou la danse de la colère : résili-danse

Copyright : Stefan M. Photography

“Andréa Bescond nous fait entrer dans une danse aussi émouvante qu’énergisante, une danse dont on ne ressort pas indemne, une danse qu’il serait criminel de ne pas accepter : la danse des Chatouilles…”

Voici un spectacle que j’ai découvert à Avignon l’été dernier et qui m’avait “mis les poils”… Sortie de la salle en larmes, il m’avait fallu un bon moment pour m’en remettre. Comment vous en parler sans trop dévoiler le contenu de ce “Seule en scène”? Simplement en vous présentant la comédienne, Andréa Bescond, visage d’ange sur morphologie d’athlète. Envoûtante, rieuse, révoltée, belle, sauvage, enragée, fragile : Andréa est le personnage principal de sa pièce, la petite Odette.

Andréa a écrit le spectacle “les Chatouilles ou la danse de la colère“ et a demandé à Eric Métayer de la mettre en scène. Il la connaît bien : il partage sa vie depuis 10 ans… Des mois et des mois de travail à deux, des producteurs qui croient en ce projet “casse-gueule”… et enfin le Chêne Noir, salle emblématique d’Avignon pour 20 représentations “coup de poing”. Au départ, Andréa vient de la danse. La danse qui est très présente dans son spectacle. Et Andréa danse tellement bien.

Ce spectacle nous touche au plus profond. Il nous touche autant que le ferait une petite fille de six ans qui nous prendrait par la main…

Pourquoi se précipiter voir  “ les Chatouilles” ?

1 – Pour le thème central : ce spectacle est un formidable moyen d’aborder le sujet encore trop souvent tabou de la pédophilie.
2 – Pour Andréa Bescond qui incarne une bonne vingtaine de personnages, dont un flic légèrement borné, l’immense artiste Noureev, une fillette en proie à ses démons, un professeur de danse haut en couleur, une psychanalyste plutôt sensée, un junkie totalement paumé… Andréa est une comédienne drôle et touchante, en même temps qu’une formidable danseuse!
3 – Pour “avoir les fameux poils” et vous laisser embarquer dans la danse de la colère et de la résilience.

LES CHATOUILLES OU LA DANSE DE LA COLÈRE
De et avec Andréa Bescond
Mise en scène : Eric Métayer
Vu à Avignon en juillet 2014
À l’affiche du Théâtre du Chêne noir du 3 au 21 juillet 2024

INTERVIEW

LES CHATOUILLES (BAweb 2’30”) from Bonne Idée Prod on Vimeo.

Le Premier Sexe à Avignon-Reine Blanche : un joyeux manifeste du masculin pluriel

Maman lui promet : « Toi aussi plus tard tu tromperas ta femme et tu la feras souffrir ». Papa le rassure : « J’aurais dû être PD comme toi. Mais les nichons m’auraient trop manqué ». Élevé par une « armée d’amazones », grandi entre des hommes pas souvent admirables et des femmes jamais admirées, pas facile de trouver sa place au masculin quand on « ressemble à Charlotte Gainsbourg dans L’Effrontée (si elle était vilaine et grosse) ».
« Le Premier Sexe », en écho au « Deuxième Sexe » de Beauvoir, dont il reprend les étapes pour structurer son seul-en-scène, en une allègre tentative de déjouer la grosse arnaque de la virilité.
 

© Marie Charbonnier

Mickaël Délis questionne masculinité, misogynie et homophobie, étaye son propos des réflexions de Bourdieu, Beauvoir, Héritier… d’une écriture vive, savante et pleine d’humour, dans une mise en scène modeste et élégante – un acteur, un tabouret, un texte, une lumière précise, un tableau noir pour en ap/prendre plein les zygomatiques, un trapèze pour s’envoler.
Se prenant comme sujet d’observation, il remonte le chemin de sa construction. Bambin-fillette, ado complexé, jeune homme tiraillé entre l’homophobie subie et son propre rejet des effeminés, jusqu’à l’adulte devant nous, corps, esprit et jeu déliés.
Autour de lui, des personnages pittoresques, joliment incarnés, chéri.e.s, famille… et – non des moindres – son psy, présent à intervalles aussi réguliers dans le spectacle que dans son agenda… Autant de soutiens ou de baffes qui l’ont fait avancer dans son acceptation de soi, sa compréhension de sa singularité comme de son appartenance à des grands schémas psychosociologiques.

Un spectacle d’une grande honnêteté dans son introspection sans fards, et d’une joyeuse intelligence. On se réjouit de sa fraîcheur et son acuité, de sa vitalité généreuse.
À découvrir : le deuxième volet : “La Fête du slip“, dans le même théâtre.

Marie-Hélène Guérin

 
 

LE PREMIER SEXE
De et avec Mickaël Délis
À voir au Théâtre Avignon – Reine Blanche du 3 au 21 juillet 2024
Mise en scène Mickaël Délis, Vladimir Perrin, collaboration artistique E. Erka, C. Le Disquay, E. Roth, collaboration à l’écriture C. Larouchi, lumière J. Axworthy

Il n’y a pas de Ajar

C’est quoi Delphine Horvilleur ?
Rabbin libéral, revuiste, animatrice, autrice plutôt d’essais, médiatisée, elle se colte dans Il n’y pas de Ajar à l’écriture de fiction théâtrale.
Elle est soutenue par la présence très impressionnante de l’actrice et metteuse en scène Johanna Nizard, qui seule en scène, magnifie, dans la cour des grands, le texte de Delphine Horvilleur.

L’idée de départ est d’imaginer qu’Emile Ajar alias Romain Gary aurait eu un fils imaginaire, reclus dans une cave, qui soliloquerait, avec philosophie comme on dit, pour un visiteur imaginaire, de son rapport avec son père, avec Dieu, avec sa judéité et avec sa laïcité, avec la société et beaucoup de questions identitaires qu’elle pose, comme par exemple, celle du genre ou des communautarismes ou du monde des « pareils », avec le langage, avec la psychanalyse, pour conclure sur l’esquive des assignations déterministes.

Mais il faut d’abord rappeler qui était Romain Gary. Romain Gary est un écrivain français qui a obtenu deux prix Goncourt (ce qui est impossible) en écrivant sous pseudonyme, celui d’Emile Ajar, son second prix Goncourt et d’autres livres. Il s’est également attribué d’autres pseudonymes dont la pièce de Delphine Horviller ne parle pas. Romain Gary s’est suicidé en se tirant une balle dans la gorge, révélant par ce fait le pot au rose de ses multiples identités.

@ Pauline Le Goff

L’ensemble de ce seule-en-scène a la profondeur des réflexions d’une intellectuelle qui se laisse aller au délire littéraire, ouvrant des portes que l’écriture sérieuse d’essais ne lui a pas permis jusqu’ici. Et sa puissance créative crée un personnage gouailleur à la logorrhée intarissable, sûr de lui, drôle, attachant et plein d’humanité.
Il s’agit du fils d’Emile Ajar, Abraham Ajar, initiales A.A, qui est interprété par Johanna Nizard, qui, elle aussi, se transforme sous nos yeux ébahis de spectateurs et nos oreilles attentives. Ses travestissements et ses dénudements, au sens propre comme au sens figuré, nous réjouissent et sa puissance vocale et oraculaire, passant d’une voix de fausset à une voix de stentor, au physique d’une reine toute-puissante à celui d’un baroudeur des sous-sol de la ville, en passant encore par des mystifications que je vous laisse la primeur de découvrir.

La multiplicité de la personnalité, le refus des assignations à un moi unique et fort qui nous enfermerait forcément, et l’acceptation d’être plusieurs, de ne pas se laisser déterminer, c’est la thèse de nombreux écrivains comme Virginia Woolf ou comme le philosophe Gilles Deleuze et le philosophe-psychanalyste Felix Guatari ou encore, l’écrivain Fernando Pessoa et ses nombreux hétéronymes. Mais ce sont tous des gens qui ont mal fini…

Ce que Delphine Horviller extrait de la pensée d’Emile Ajar, est qu’au-delà du sang et de l’inné, là où intervient l’acquis, et notamment la transmission littéraire, serait la voie royale contre les assignations et serait notre véritable identité. Nous sommes ce que nous lisons.

@ Pauline Le Goff

Le plateau évoque un no man’s land fait de poteaux de miroirs et de couvertures de survie chiffonnées en guise de sol, le tout reflétant la lumière sourde des projecteurs et nous plaçant dans un univers atemporel et glacé. On se serait presque imaginé près d’un fleuve, sous un pont ou quelque chose comme ça, mais il m’aura fallu l’explicitation du texte pour savoir que la scène se situe dans une cave.

Il y a beaucoup de choses sur « le fait d’être juif » dans ce spectacle et peut-être que ce n’aurait pas été la question centrale de Romain Gary s’il avait pu répondre, et pendant un bon moment, on a l’impression d’être justement dans une pièce traitant d’un problème communautaire.
Quelque chose du moi pré-penseur, de la peau analysée par Didier Anzieu, est en jeu dans ce texte et dans sa représentation théâtrale.

Un spectacle original, puissant, drôle, qui nous fait réfléchir, avec des partis pris à l’emporte-pièce, dans lesquels l’identification sera aisée à trouver.

Isabelle Buisson,
Les Ateliers d’Ecriture à la Ligne

Il n’y a pas de Ajar
Au 11 – Avignon du 2 au 21 juillet 2024
de Delphine Horvilleur
Mis en scène par Arnaud Aldigé et Johanna Nizard
Avec Johanna Nizard

À la ligne, un seul-en-scène puissant et sensible à la Huchette

Y’a de la joie à la Huchette !
La chanson revient comme un mantra et s’impose comme une évidence.
C’est l’histoire vraie* de Joseph, ouvrier intérimaire.
Malgré des études de Lettres brillantes, Joseph se retrouve sur la ligne de production d’un abattoir breton. Un boulot inattendu ! Mais bon, « l’usine c’est pour les sous » .
Alors, va pour l’inattendu ! Suivons la ligne. Suivons Joseph !
Mais suivre Joseph dans son quotidien, c’est comprendre que la ligne, même implacablement droite, n’est pas le chemin le plus court entre l’homme et son accomplissement. Suivre Joseph, c’est entrer « en usine » comme d’autres entrent en religion. C’est croiser des collègues hauts en couleurs, des chefaillons bas de plafond, des odeurs putrides, des sons à vous crever les tympans. C’est s’exposer à la souffrance des corps, celle des hommes épuisés, celle de bêtes suppliciées. C’est se demander chaque jour pourquoi on le fait et chaque jour y retourner sinon, ça manque ! Suivre Joseph dans son quotidien, c’est écrire tout ça, cette expérience, cet épuisant foisonnement de vie et de mort mêlées ! Écrire pour témoigner, parce que c’est nécessaire, jusqu’à ce que la fatigue, l’inhumaine fatigue vienne à bout de cette nécessité. Parce que l’Usine, ça épuise tout. Tout, sauf la dignité, le partage, la solidarité… les rêves ! Tout sauf la joie. L’indicible, l’incompréhensible joie. La joie comme tuteur devant les vicissitudes de la vie ouvrière. La joie qui tient debout.
Au centre du plateau, le guitariste Tonio Matias accompagne et ponctue le récit de rythmes, de notes, de chants. Double musical de Joseph, frère de labeur. Compagnon précieux pour route sinueuse.
Autour de lui, sur tous les fronts, d’une humanité rayonnante et combative, Grégoire Bourbier incarne Joseph. Une performance puissante et digne, sensible et engagée. Il frappe fort et juste. Bravo ! La mise en scène de J-P Daguerre est au cordeau ! Millimétrée, précise, empathique.
C’est sûr, Y’a de la joie à la Huchette !

CLDDM

*(Joseph Ponthus, décédé prématurément en 2021, a publié « A la ligne », roman autobiographique, en 2019).

À LA LIGNE
Au Théâtre de La Huchette, du mardi au samedi à 21h jusqu’au 26 juin 2024
De Joseph Ponthus
Adaptation Xavier Berlioz, Grégoire Bourbier, Frédéric Warringuez
Avec Grégoire Bourbier, accompagnement musical Tonio Matias ou Valerio Zaina
Musiques et arrangements : Tonio Matias
Mise en scène : Jean-Philippe Daguerre
Lumière : Moïse Hill
Régie : Yves Thuillier
Durée : 1h05

Backlash, au Théâtre de Belleville

Backlash, littéralement, c’est le contrecoup. En 1991, l’Américaine Susan Faludi a employé le terme pour titre de son essai féministe : Backlash : la guerre froide contre les femmes.
L’expression, passée dans le langage courant, désigne les réactions conservatrices et masculinistes face aux progrès des droits des minorités et en particulier ceux des femmes, et revient dans l’air du temps avec le retour de bâton réactionnaire post-MeToo.

Un lundi matin, un homme américain, qui fut mieux classé professionnellement, qui fut plus heureux en famille et en ménage, un homme américain nouvellement chômeur, divorcé papa d’un ado qu’il perd de vue entre deux vacances scolaires, amoureux d’une Courtney pas méchante mais qui ne s’en laisse pas conter, découvre un nouvel espace d’empowerment masculin, un endroit où il va enfin se sentir de nouveau bien, de nouveau puissant, de nouveau agissant. Un lundi matin, un homme américain, un peu désabusé, pas mal désoeuvré, errant dans le vortex de google, tombe sur Angry Alan.
 

Angry Alan, gourou des Men’s Rights, prend les hommes dans ses bras, dans ses rets, dans les filets de son discours à la fois lénifiant et belliqueux.
À ceux qui n’ont pas le secours d’une pensée politique élaborée, d’un soutien familial ou professionnel, d’une souplesse de caractère ou d’une force mentale pour trouver d’autres réponses à leur désarroi, Angry Alan offre le réconfort d’une cause à leur rage et leur faillite : le gynocentrisme. Pas la dureté d’une société capitaliste où compétitivité et narcissisme tiennent lieu de vertus. Pas la solitude, pas le manque d’échanges. Les femmes, voilà l’ennemi.
Avec un ennemi commun, on peut redresser la tête, se serrer les coudes et se sentir fier.
Angry Alan redessine la carte d’une société où les hommes seraient les grandes victimes. Maltraités par les femmes, et par voie de conséquence par la justice, le monde du travail, les médias, la culture. Asservis. Cantonnés aux tâches subalternes. Mal payés. Séparés de leurs enfants par les juges des affaires familiales lors des divorces. Pointés du doigt à chaque blague déplacée. Rabroués. Moqués, vilipendés. Victimes. Et les victimes ont le droit légitime de se défendre. S’organiser. Prendre les armes s’il le faut. L’instinct de survie dictera jusqu’où il faudra aller.
Angry Alan fait payer cher le billet d’entrée à ses colloques masculinistes et antiféministes, mais chacun jette son obole pour la grande cause anti-gynocentriste, pour la consolation, pour la confraternité.

Angry Alan n’est ici qu’une image sur un écran, comme il l’est pour Danny et tous les followers de sa chaîne vidéo. Il est interprété avec une finesse glaçante par Guillaume Trotignon, filmé dans un élégant noir & blanc.
 

C’est Danny qui occupe la scène. Danny et son inextinguible soif de chaleur humaine. Son pathétique besoin de justification. Sa terrible nécessité d’un monde binaire, simple à décoder. Hommes, femmes, victimes, bourreaux, ce qui mérite et ce qui ne mérite pas. Danny pris au piège de la réthorique masculiniste, dont le manichéisme l’empêchera d’entendre le monde plus complexe et plus nuancé de son enfant, qui cherche à conquérir de nouvelles libertés, de nouvelles façons d’être soi. Danny qui payera son aveuglement un prix incommensurable. Le “backlash”, le contrecoup, a lui aussi son contrecoup.

Acteur au jeu très sûr et très juste, à l’incarnation fluide et concentrée, Philippe Bodet offre la normalité de son grand corps d’adulte et l’expressivité déliée de son visage à ce Danny en chute libre. Il fait basculer ce gars de la bonhomie du pote qui traverse une mauvaise passe avec vaillance, à la joie naïve de se découvrir des frères de combat, puis à la joie mauvaise de se découvrir un ennemi à affronter. On le voit se défaire sous nos yeux, croire trouver un sens à sa vie puis le perdre.

Le beau ciel projeté sur un large cyclo de l’ouverture du spectacle laisse place, en alternance aux vidéos youtube d’Angry Alan, à un habillage vidéo très graphique, souvent intéressant, mais disparate, qui aurait gagné sans doute à trouver une forme plus homogène, qui aurait densifier l’attention.
Mais cela n’altère ni la réception du texte de Penelope Skinner, à l’écriture rapide, dont la dureté est allégée par un humour piquant et un sens précis du quotidien, ni la perception du jeu à vif, débordant de sincérité, de Philippe Bodet.

Ce qui est beau, et fort, c’est que texte et interprétation ne jugent pas Danny. Guillaume Doucet et Bérangère Notta, qui ont amené ce texte sur scène dans une traduction de Guillaume Doucet, ne cherchent pas le procès, ils cherchent l’humain.
L’autrice et le comédien font de Danny un être de chair et de vie, d’espoirs et de peines, un être fragilisé emporté par une spirale qu’il rêvait salutaire et qui, nourrie de haines de soi et des autres, ne pouvait être que destructrice. 
Une descente aux enfers, implacable, pudique et subtile, magnifiquement incarnée.

Marie-Hélène Guérin


 
BACKLASH
Un spectacle du Groupe Vertigo
Au théâtre de Belleville jusqu’au 30 mars 2024
Un texte de Penelope Skinner
Traduction Guillaume Doucet
Conception Guillaume Doucet et Bérangère Notta
Interprétation Philippe Bodet
Avec la participation de Guillaume Trotignon
Création lumière Juliette Besançon | Création sonore Maël Oudin | Régie Adeline Mazaud
Administration Marine Gioffredi, Hélène Lega, Chloé Montel

Photos Caroline Ablain

Production Théâtre de Belleville & Le Groupe Vertigo
Coproduction L’Archipel Pôle d’action culturelle (Fouesnant), Pont des Arts (Cesson-Sévigné), Pôle Sud (Chartres de Bretagne)
Soutiens DSN Dieppe Scène Nationale – Dieppe, Centre Culturel Juliette Drouet – Fougères, EVE – Scène Universitaire – Le Mans, Théâtres L’Arche-Le Sillon – Pleubian-Tréguier, Espace Beausoleil – Pont-Péan, La Manekine – Pont-Sainte-Maxence, Le Strapontin – scène de territoire de Bretagne pour les arts du récit – Pont-Scorff, Le Tambour – Rennes
Avec le soutien de la Ville de Rennes et de la Région Bretagne
Le groupe vertigo est conventionné par le Ministère de la Culture – DRAC Bretagne

La femme à qui rien n’arrive : Quand quelque chose arrive, ce n’est jamais.

Une femme seule, très seule, vit entre réalité domestique et réalité virtuelle, elle ne travaille pas, elle n’a pas d’amant ou de mari ni d’ami, encore moins d’enfant. Sa seule fenêtre vers l’extérieur est une machine, son ordinateur, par lequel, elle trie ses courriers quotidiens une fois ses tâches domestiques achevées, courriers pour la plupart indésirables, jusqu’au moment où elle va identifier dans le lot des indésirables, un désiré qui lui rappelle qu’elle doit commander son stock de patates annuel. Elle en est toute troublée, d’autant qu’elle n’a pas été prévenue par quelque missive préalable de l’imminence de la commande à passer, comme il se devrait, car ELLE vit de beaucoup d’habitudes et n’aime pas que celles-ci soient perturbées. Aussi s’attèle-t-elle immédiatement à l’exécution de son passage de commande qui va l’entraîner vers la folie dans laquelle la technologie nous plonge, qui était, du reste, déjà bien entamée. Pourtant, ELLE, c’est son nom, est très prudente. Il ne lui arrive jamais rien et elle ne voudrait surtout pas qui lui arrive quelque chose. Elle se contente parfaitement de son univers fait de patates à éplucher et de machines en tout genre, de la friteuse en passant par la machine à laver le linge.

L’autrice, Léonor Chaix, a su parfaitement identifier et montrer les rouages déshumanisés de la technologie et du marketing, unis main dans la main, qui ne tournent pas ronds et nous rendent chèvre et soumis à leur diktat. Dans un langage qui va de glissements sémantiques en décalages verbaux, en détournements de mots, à des expressions consacrées ou réinventées, elle nous emmène aux portes de la jubilation langagière, du lapsus et du contresens voire du bug comme le ferait une machine qui planterait.

L’écriture, le style, le projet tout à fait maîtrisés de Léonor Chaix créent un personnage devenu objet de la société et de sa tyrannie technologique. Quelque chose de Kafka ou encore du Brazil de Terry Gillian nous est donné à entendre pendant cette heure où l’interprète seule en scène ne s’encombre pas d’accessoire, d’une mise en scène de grands mouvements ou même de mise en lumière compliquée, mais d’un jeu où la direction d’acteur se lit sur le visage, dans les stigmates du corps et par la voix. C’est vraiment le brio du texte, ciselé, très abouti et de son interprétation de variations vocales, de schizophrénie ambiante qui portent ce spectacle de bout en bout, où la sobriété règne, où tout est fade comme la vie d’ELLE et où tout déjante tout à coup quand Big Brother s’en mêle et décide qui lui arrivera quelque chose à ELLE. Mais quelque chose est forcément à craindre quand on souhaite que rien n’arrive. Et ce qui arrivera sera de taille.

Même si à titre personnel, j’ai préféré la première partie du spectacle et du texte donc, plus en phase avec nos réalités, plus politique quelque part, je n’ai pas détesté, loin de là, la dernière partie complètement délirante, exagérée, dans laquelle le devenir de ce personnage nous entraîne.

On sent également dans le texte des influences oulipiennes, même Raymond Devos aura été convoqué ou encore le non-sens anglais, l’absurde ; tout est finesse qui nous fait rire, parce qu’on rit beaucoup à écouter et à observer ELLE et cela nous renvoie à nous-même et à la servitude et la violence qui nous tiennent.

Isabelle Buisson

 

© Camille Sauvage

La femme à qui rien n’arrive
De et par Léonor Chaix
Mise en scène Anne Le Guernec
A La Scala Paris du 6 février au 20 mars 2024

Ex Machina : une pour toutes, toutes pour une !

temps de lecture 4 mn

C’est une mastress of ceremony à la fois onctueuse et piquante qui nous accueille en lieu et place des traditionnel.le.s ouvreur.se.s, dérivant des précautions d’usage habituelles en instructions plus fantaisistes.
Élégance et gouaille, rouge à lèvres rouge et robe de velours d’un noir suave, elle enchaîne avec une improbable (et impeccable) interprétation a cappella de Une femme avec toi , tube des années 70 dont on (re)-découvre mi-amusé mi-effaré le texte.
 

Le ton est donné, avec Ex Machina, Carole Thibaut va parler d’être femme (avec ou sans toi), avec beaucoup de gaieté. Car, oui, on peut faire un spectacle féministe, rageur ET joyeux.
Le « deus ex machina » du titre, c’est ce fameux « dieu descendu de de la machine », le machin macho censé dénouer les drames et redonner sens et ordre au monde, qu’elle nous propose d’envoyer valser.

Carole Thibaut – actrice, metteuse en scène, autrice, directrice d’institutions (actuellement, elle dirige le CDN de Montluçon) – part/parle d’elle-même pour nous interroger sur la place qu’occupent les femmes – comment les femmes, avec leur corps, leurs envies, leurs faiblesses et leur(s) pouvoir(s), peuvent se mouvoir dans la société et dans l’espace de notre monde contemporain ?

Suivant un découpage en chapitre aux intitulés explicites (« La Chevalière » « Puberté » « Sexualité et séduction » « La vie de couple (hétéro) » « Le Théâtre »), elle nous embarque dans un seule-en-scène protéiforme, soutenu par des créations vidéos (Benoît Lahoz) et sonores (Karine Dumont) dont on peut souligner la richesse et l’adéquation.

 

Petite fille initiée tôt à la domination des hommes par un paternel ordonné et ordonnant, ado fille-garçon qui tombe amoureuse de garçons-filles (dans les années 80, on n’a pas de mots pour sortir de la binarité, sans mots on ne peut élaborer ni conscience de soi, ni pensée politique, trop tôt pour sortir de la binarité de genre), femme dans des « milieux d’homme » (bref, dans le monde du travail occidental) … On la suit d’âge en âge, de premiers pas en croche-patpatriarcaux, de Charybde en Scylla, de plafonds de verre en je-m’débrouille-très-bien-merci. Pour évoquer la représentation des femmes dans les rôles de pouvoir, pointer du doigt cet équilibre fragile qui demande un contrôle permanent, une intégration des règles tacites, Carole Thibaut convoque Marylin Monroe et Ingrid Bergman, la psychanalyse et la culture pop, convoque sa colère et son humour.
 

Conférence, cabaret, confidence, freakshow – entre écriture ciselée et improvisations un brin dingues, entre baroque et trash, vêtue/dévêtue avec humour et impertinence par Malaury Flamand, Carole Thibaut se métamorphose pour retracer son apprentissage de la domination et sa quête de libération/liberté.
Avec bain de sang et violoncelle baroque, avec faux seins, fausses fesses, fausses hanches et autodérision, avec éclats de rire, désordre et violence, elle délivre une dyonisiaque, pugnace et revitalisante incantation à sortir de la machine, une performance indéniablement spectaculaire, d’une générosité et d’une liberté folles !

Marie-Hélène Guérin

 

EX MACHINA
Écriture, mise en scène et interprétation Carole Thibaut
À voir au TNP Villeurbanne du 30 janvier – 3 février

Texte, mise en scène et jeu Carole Thibaut
Assistanat à la mise en scène Liora Jaccottet
Création sonore Karine Dumont | Création lumière Yoann Tivoli | Création vidéo Benoît Lahoz | Création costumes Malaury Flamand assistée d’Ophélie Reiller
Régie générale et lumière Guilhèm Barral | Régie plateau de création Léo Laforêt et Laurent Lureault
Dialogues artistiques et amicaux Pascal Antonini, Caroline Châtelet, Marion Godon, Elsa Granat, Vanasay Khamphommala, Philippe Ménard et autres
Photos © Héloïse Faure

 

Production Théâtre des Îlets – Centre Dramatique National de Montluçon
Coréalisation Les Plateaux Sauvages
Avec le soutien et l’accompagnement technique des Plateaux Sauvages
Ex Machina est publié chez Lansman Éditeur

Wall Street malgré moi : une fable moderne folle et drôle, au Funambule Théâtre

Le petit et accueillant Funambule Théâtre, perché dans le XVIIIe arrondissement de Paris, accueille un seul-en-scène jouissif qui s’arme d’absurde, d’humour et de tendresse contre la mécanique vorace de l’ultralibéralisme.
2028. Elu manager du siècle, l’homme le plus riche de la planète a Wall Street à ses pieds, et est le dos au mur. Bondissant de succès industriels en overdose d’argent, il doit se démener pour rompre ce « cercle vicieux de la win » qui le mène à l’AVC (accident vénal cérébral) et l’éloigne de sa famille et ses valeurs de jeunesse. Pas si simple…

Dans une mise en scène rythmée d’Anne Bouvier, Christophe de Mareuil, drôle, grave, joueur, cynique, attendrissant, incarne le piteux et flamboyant héros et la dizaine de personnages qui l’entoure. Il campe avec une précision et une allégresse délectables sa piquante épouse, le vice-président de son empire tout en veulerie, la farfelue richissime Mouna… Le texte composé à six mains et trois têtes affutées par l’interprète, Stéphane Guignon et Carole Greep, est brillant, on rit beaucoup et de toutes les couleurs, jaune tant le fond est inquiétant et réaliste, vert comme les billets qui lui servent de drogue…
Antoine Lhonoré-Piquet a offert à cette vive « fable morale » une élégante scénographie qui envoie notre héros dans une BD en crayonné noir et blanc réalistico-baroque, nous baladant des habitacles feutrés des bagnoles de luxe de Rusquin aux méandres de son cerveau en surchauffe. Pour Richard Rusquin, moderne roi Midas, pas de Dyonisos pour lever le miracle-malédiction : il va devoir se débrouiller tout seul. Croisons les doigts pour qu’il trouve le moyen de s’extraire de la « matrice financière » qu’il nourrit et qui le nourrit – et l’empoisonne, en même temps que le reste de la planète : de son salut dépend le nôtre !
En attendant l’issue fatale ou heureuse (allez voir, vous saurez !), savourons ce seul-en-scène jouissif qui pousse l’absurdité d’un système jusque dans ses derniers retranchements, et, sur le terreau de l’ironie et de la farce, fait finalement place à l’émotion.

WALL STREET MALGRÉ MOI
Au Théâtre le Funambule les mercredis jusqu’au 4 janvier
Texte de Stéphane Guignon, Carole Greep et Christophe de Mareuil
Mise en scène Anne Bouvier
Avec Christophe de Mareuil
Création lumières et animation graphique Antoine Lhonoré-Piquet
Un spectacle de la compagnie Le Théâtre des Possibles
Photos © Manu Marques

on n'est pas là pour disparaître © Christophe Raynaud de Lage

On n’est pas là pour disparaître

Au Théâtre des Halles, en ce moment, brille une pépite, précieuse, aux froids et doux reflets de nacre : On n’est pas là pour disparaître. Un spectacle puissant qui s’insinue dans l’esprit et y creuse un chemin profond, porté par l’insaisissable et saisissant Yuming Hey.

On démarre sur une fausse piste, comme un polar. En fond de scène, sur un vaste tulle blanc, se projettent en phrases incisives le déroulé de ce qui semble un fait divers, une date, des coups de couteau, une tentative de meurtre, une victime, un coupable ? L’interrogatoire policier dérive et nous entraîne ailleurs, vers d’autres interrogations.

On n'est pas là pour disparaître © Christophe Raynaud de Lage

« À l’asile où il est placé, monsieur T. attend, ou plutôt il ne sait pas qu’il attend. »

Monsieur T. est atteint de la maladie d’Alzheimer. Monsieur T. est dépossédé de lui-même, de son intériorité, de son futur, de son passé par la maladie de A.
De son présent même. De ses mots, de ses liens.
Aux phrases nettes, lettres blanches sur fond noir, qui nous apportait faits et informations sur le crime, sur la maladie, succède un étrange et beau paysage vidéo (création Justine Emard), évoquant de l’imagerie médicale aussi bien que des territoires mouvants et rhizomiques, où l’on sent qu’il est facile et risqué de s’égarer. Nous entrons dans l’espace mental de monsieur T., dans les méandres du cerveau altéré et de la vie brouillée de monsieur T.

Noir. Lumière. Apparaît Yuming Hey qui se fait narrateur, enquêteur, monsieur T., la femme de monsieur T, le corps médical.
Débit de mitraillette, murmure fébrile, cheveux ras, la silhouette comme son jeu : fine et souple.
Comme il faisait vivre à l’intérieur de sa chair et de sa voix les multiples strates d’être d’Herculine Barbin (m.e.s. C. Marnas), il se fait porte-parole, porte-sens, porte-sensation des un•e•s et des autres protagonistes avec la même justesse, la même acuité. De Monsieur T. il se laisse traverser par la logorrhée entre folle lucidité et déroute éperdue ; à madame T., broyée et solide, il donne une concentration toute en retenue ; aux autres personnages il prête la bonne distance.

Pieds ancrés au sol, il a le corps statique mais mobile – voix, expressions, tension du corps, rythmes, regard, tout se meut et s’ajuste au gré des personnages. La métamorphose est minimale mais saisissante.
Yuming Hey a une maîtrise remarquable de son art, sa virtuosité de chaque instant jamais ne passant devant la finesse et la sensibilité de son incarnation.
Il se fait ombres et lumières, poursuivant de son jeu délicat la belle qualité d’absence de jugement qu’on trouve dans le texte.

On n'est pas là pour disparaître © Christophe Raynaud de Lage

« Vous ne pouvez pas savoir ce que c’est,
de ne pas pouvoir nommer les choses »

Dans la mise en scène limpide et tendue de Mathieu Touzé, tout concourt à densifier la représentation. La création lumière rigoureuse de Renaud Lagier et Loris Lallouette, atmosphère blanche, crue, d’hôpital, est troublée de projections vidéos très évocatrices, alternant séquences de chiffres, lettres, mots, pendant les voix off, ou ombres fluctuantes, comme des lumières sous des branchages, pendant les monologues ou les soliloques des personnages. Quelques notes de guitare, sèches, sourdes, comme trois coups de théâtre, comme des battements de cœur, happaient le spectateur dès l’ouverture du spectacle. Rebecca Meyer accompagnera en direct ce voyage d’une guitare électrique hypnotique, rôdant en sourdine ou égrenant des mélopées discrètement répétitives.
Rien ne surligne, ne paraphrase, tout est écho, caisse de résonance, amplificateur.

Il y a de la violence dans ce texte, dans les profondeurs de l’égarement de monsieur T, dans le désordre qu’il crée autour de lui. Pourtant, échappant salutairement à tout pathos, l’adaptation du texte de la passionnante autrice Olivia Rosenthal par Mathieu Rouzé laisse place à un contrepoint piquant, porté par la voix (off) ample et presque rieuse de Marina Hands, qui s’amuse de la liste des maladies portant le nom d’un médecin, ou propose d’un ton badin de petits exercices cruels… « Imaginez que vous ne puissiez pas ne pas oublier une personne de votre entourage. Qui oublieriez-vous ? »

« Il m’oublie.
Je me demande s’il peut se servir de la maladie pour avoir une vie neuve,
avec des moyens limités, certes, mais une vie légère », dit madame T.

On n’est pas là pour disparaître nous plonge dans les interstices entre ce qui reste ancré et ce qui s’enfuit. La maladie n’est pas une fin, la maladie est un mouvement. Monsieur T. a des peurs et des envies. Monsieur T. a en lui de la mort, et de la vie.
« On n’est pas là pour disparaître », rugit monsieur T. Non, vraiment, on n’est pas là pour disparaître. Et c’est dans un mouvement de vie que ce spectacle poignant et lumineux nous entraîne.

Marie-Hélène Guérin

On n'est pas là pour disparaître © Christophe Raynaud de Lage

ON N’EST PAS LÀ POUR DISPARAÎTRE
Au Théâtre des Halles, du 7 au 26 juillet
Un spectacle du Collectif Rêve concret
D’après le roman d’Olivia Rosenthal
Mise en scène et adaptation Mathieu Touzé
Avec Yuming Hey
Musique live Rebecca Meyer
Et avec la voix de Marina Hands, de la Comédie-Française
Assistanat à la mise en scène Hélène Thil, Thibaut Madani | création lumière Renaud Lagier et Loris Lallouette | création vidéo Justine Emard
Texte publié aux éditions Gallimard
Photos © Christophe Raynaud de Lage

Dicklove : « Corps poétique, corps politique »

Les Singulier.e.s, festival des « créations plurielles » invite chaque année à des voyages inattendus, à la découverte de formes atypiques et de personnalités rares. Les disciplines s’y croisent, s’y télescopent ou s’y métissent.

L’artiste de mât chinois Juglair, accompagnée avec une grande pertinence par le musicien Lucas Barbier, clôture en beauté cette édition avec Dicklove, spectacle transversal, transdisciplinaire, transgenre queer et réjouissant.

La scène-piste est lovée au milieu des spectateurs, c’est du premier rang qu’une voix légère et enjouée s’élève, pour quelques confidences d’enfance d’une écolière qui courait trop vite, et qui laissait toujours passer un ou deux garçons devant, parce que, quand même, « les pauvres ! ». Mais la jolie-voisine-toute-simple quitte les rangs des spectateurs, met les pieds sur scène et entame une folle succession de transformations, dont chaque étape contient toujours des traces des autres.

On rit beaucoup. Car Juglair, joueuse, taquine nos repères, bouscule les genres, glisse de l’une à l’un, de l’un.e à l’autre en un mouvement de bassin, un déplacement d’épaule, et c’est un rire d’étonnement qui crépite dans la salle. Mais on jubile aussi de franches scènes de comédie – l’évacuation du Président par hélico pour fuir une horde de féministes en mauve (et de Gilets jaunes en gilets jaunes) est irrésistible !

On y est surtout intensément ému par la grâce et la beauté de quelques fragments, un lent tournoiement au mât chinois, un maquillage dont les spectateurs sont le miroir; on y est saisi par une transe électro, un pole dance acrobatique, une chanson hypnotisante ; on y est peut-être aussi troublé ou impressionné par la fluidité des métamorphoses de l’artiste.
« Je suis femme qui se déguise en homme qui se déguise en femme, femme qui se ressemble à un homme quand elle s’habille en femme, homme qui se déguise en femme, drag, personnage, une fiction, un clown, un danger, un rêve, ou toi, ou toi, … » Juglair, brouillant les frontières, est tout cela, successivement ou en même temps. Elle interroge son genre, son expressivité, mais avant tout notre regard, nos regards, aux un.e.s et aux autres, sur le genre.

Performance circassienne, théâtrale, intime et politique, manifeste festif pour la multiplicité, expression singulière, chant libératoire et inclusif, Dicklove est une fête du multiple, de l’altérité – celle des autres, et celles de soi. Ce n’est sans doute pas militant : c’est tout simplement nécessaire, vivant et joyeux !

Marie-Hélène Guérin

 

 

DICKLOVE
Vu au 104 dans le cadre des Singulier.e.s
Création et interprétation : Juglair
Création et interprétation sonore : Lucas Barbier
Regards extérieurs et dramaturgiques : Claire Dosso et Aurélie Ruby
 | création et régie lumière : Julie Méreau
 | construction : Max Heraud, Etienne Charles et La Martofacture | 
costumes : Léa Gadbois-Lamer
 | administration, montage de production, diffusion : AY-ROOP | remerciements à Marlène Rostaing, Jean-Michel Guy et Johan Piémont alias Luna Ninja
Photos © Aurélie Ruby

À voir au festival SPRING les 24 et 25 mars à Cherbourg (50)