Pour (re)découvrir les 1001 facettes de Méliès

Voici plusieurs années que le talentueux et prolifique Alexis Michalik a créé son Cercle des Illusionnistes, un spectacle sur le thème de la magie à travers l’histoire de Jean-Eugène Robert-Houdin, magicien novateur du XIXe siècle, et Georges Méliès, le grand inventeur du trucage au cinéma. Plus confidentiel, mais tout aussi délicieux, un spectacle intitulé Méliès, Cabaret magique sera présenté cet été au Festival Off d’Avignon par la Compagnie du Théâtre à Bretelles.

Ils sont cinq sur scène : deux conteurs, deux musiciens, un magicien pour nous chanter les mille et un visages de Georges Méliès. L’exercice était compliqué, voire périlleux, tant la vie et l’oeuvre de ce génie prolifique offre de pistes et de sources d’inspiration.

Méliès Cabaret magique, Avignon festival off, critique coup de coeur Pianopanier@Samuel Zucca 

Le spectacle est rythmé par des séquences de projection de films de Méliès  : une vingtaine de films pour la plupart méconnus, principalement en relation avec l’illusionnisme. Car c’est Méliès le cinémagicien qui est au coeur de la pièce. Entre escamotage de dames, danseuse microscopique et Eclipse de soleil en pleine lune, le choix des séquences nous révèle les multiples facettes de cet artiste hors norme.

Méliès Cabaret magique, Avignon festival off, critique coup de coeur Pianopanier

“Avec sa soudure, il vient tout juste d’inventer le montage.”

Mais les projections ne sont pas les seules jolies surprises que nous réserve Anne Quesemand. Elle s’est entourée de Laurent Grynszpan qui a composé spécialement pour le spectacle. Il interprète lui-même ses morceaux au piano, seul ou à quatre mains avec Betsy Schlesinger lorsque celle-ci ne joue pas d’autres rôles. Saluons ici le talent de ces deux « musicomédiens ».

Et puis, magie pour magie, la compagnie a eu la bonne idée de faire monter sur scène, sortir de l’écran, apparaître subrepticement Sylvain Solustri, figure emblématique, co-fondateur du Musée de la magie et comédien. Chacune de ses interventions sera l’occasion de faire participer le public, mais n’en dévoilons pas trop… laissons la magie opérer.

Ce charmant spectacle pluridisciplinaire ne sera présenté qu’en seconde partie de Festival, à partir du 20 juillet, mais les parisiens pourront se rattraper à la rentrée où il sera repris au Théâtre de la Vieille Grille.

Méliès Cabaret magique, Avignon festival off, critique coup de coeur Pianopanier

MELIES, CABARET MAGIQUE
À l’affiche de L’Espace Alya du 20 au 30 juillet 2017 – 19h
Texte, jeu, accordéon, bugle, bruitages : Laurent Berman et Anne Quesemand
Musiques originales : Laurent Grynszpan
Magie en alternance :  Sylvain Solustri
Piano : Laurent Grynszpan et Betsy Schlesinger

Attrapez la « Queue du Mickey » ! ou l’hypothèse farfelue du bonheur

Dans les années 80 les téléphones étaient fixes, à cadran et munis d’un écouteur qu’on collait à son oreille pour guetter la conversation, au coude à coude avec celui qui avait décroché. On portait sans ironie des pulls en laine sans manche sur des chemises à motifs, des jeans taille haute et des sacoches banane. On écoutait de la musique sur des radio-cassettes. Les réseaux sociaux n’étaient pas virtuels. On disait « c’est sensass ».

Quelque part par-là, un petit groupe d’auto-proclamés « Malheureux Anonymes » va tenter, avec beaucoup de maladresse et plus ou moins de réussite, de « décrocher » du malheur. Ce soir-là, Vincent-François-Paul, Gérard-Philippe, et Michellemabel (et une Jakikénédy d’autant plus factice qu’en plus d’être en carton elle n’est même pas Jackie Kennedy) interrompent leur séance de rire-thérapie pour accueillir un nouveau venu, Norbert. Ensemble, ces drôles de personnages testeront des ateliers de joie, des expériences de bien-être, ils essaieront d’élaborer un mode d’emploi, une recette, pour être enfin heureux.
La Queue du Mickey - photo 01

« Tu te reconnectes à la joie,
tu dis « oui » à le rire »

Clowns piteux, ils se prennent perpétuellement les pieds dans le tapis. Les objets leur tendent des pièges – comme si la vie n’était pas assez compliquée comme ça ! Egarés au milieu d’un plateau trop grand pour leurs solitudes, ils cherchent parfois refuge sur un canapé gonflable : le piètre siège s’obstine à les mettre sans cesse en déséquilibre au moindre mouvement. Leurs perruques leur donnent un air irréel, leurs vêtements ne leur vont pas tout à fait. Leurs sacoche, sac-banane, baise-en-ville, minuscules remparts, les encombrent. Le téléphone sonne toujours au mauvais moment…

Et pourtant, avec une ténacité sans faille et un entrain remarquable, le petit groupe cherche à déjouer les coups bas de l’existence pour se donner la chance de peut-être, un jour, sur le manège de leur vie, réussir à décrocher la « queue du mickey », pour gagner le tour gratuit, la peluche, le sourire de la jolie voisine !
Tout est bon pour essayer de gagner des points, on dévoile son animal-totem, on se remémore des souvenirs joyeux, on joue au jeu des sept familles : “dans la famille « plaisirs solitaires » je voudrais « j’écris une carte postale à mes amis »’’

« Fais quelque chose, mon p’tit Gérard, t’es tellement avachi
que quand tu bouges on dirait que t’es immobile »

La mise en scène est alerte, discrètement farfelue, sans temps morts. Les personnages semblent sans cesse animés, les exercices physiques auxquels ils se livrent pour se libérer de leurs peurs ou leurs névroses sont autant de moments un peu barges où les acteurs, sans se départir de leur sincérité, font montrent d’une belle dinguerie.

Et lorsque leur sarabande s’interrompt, c’est pour laisser placer à de vraies ruptures du temps, des moments extraits du cours de l’histoire, suspendus, d’une certaine manière sans durée.
Chacun à leur tour, les protagonistes vont aller s’enfermer dans les toilettes du local, s’y dire ses quatre vérités, soliloques désespérés et vaillants. Espace « à part », séparé du plateau par des rangées d’ampoules nues, cousines des « servantes » chargées de veiller à la nuit des théâtres. Petite bulle adoucie d’une très tendre version des « Moulins de mon cœur » en allemand. Emotion poignante des solitaires face au miroir.
On ne sait pas si c’est courir après le bonheur ou y renoncer qui est le plus dérisoire.

La Queue du Mickey - photo 04

« Il faut enfermer ta tristesse
dans le coffre-fort de ton courage »

Sous les déguisements bigarrés et la fantaisie, les comédiens sont délicats.

Yann de Monterno, « Gérard-Philippe » – petit blond au sourire volontariste-, a l’art précieux de la rupture comique; Pierre Hiessler, le regard un brin effaré, donne un relief touchant à son « Norbert » le dernier arrivé du groupe, accroché à son attaché-case comme à une bouée; Luc Tremblais est un Vincent-François-Paul au corps rond et aux mouvements aériens, sa colère nous mènera du rire au serrement de cœur d’un même élan. Florence Muller campe une Michellemabel qui tente de tenir la barque à flot : « ici, on n’est pas trop pour les personnes qui sont complaisantes avec leur tristesse », va-t-elle asséner à Norbert en guise de bienvenue… Précise et pétillante, grosses lunettes lui mangeant le visage, elle offre à sa Michellemabel malice, force et failles émouvantes.

« On a tous l’impression
de sauter de joie de l’intérieur »

Avec eux quatre, rire et sentiments peuvent littéralement coexister, bouffonnerie et rage, ridicule et tendresse – ce qui fait le charme particulier de ce spectacle, d’une fantaisie profonde. On y retrouve l’humour teinté de surréalisme, le regard acéré sur nos travers et nos faiblesses, l’utopie du « ensemble », et la poésie fantasque et douce qui animait déjà le précédent opus des auteurs, La Beauté recherche et développements.

Drôlerie et gravité se mêlent pour composer ce portrait de groupe à l’humanisme sensible. Vincent-François-Paul et les autres finiront par cesser de répondre à l’intrusif téléphone, et par déposer leurs bagages. On les quitte le sourire aux lèvres.

La Queue du Mickey - photo 02

LA QUEUE DU MICKEY
A voir actuellement à Avignon au théâtre Les 3 Soleils du 7 au 30 juillet à 15h30
Un spectacle de Florence Muller et Eric Verdin
Avec Pierre Hiessler, Yann de Monterno, Florence Muller, Luc Tremblais

Retrouvez ici Florence Muller en entretien avec PianoPanier

Flon Flon, ou La Véritable Histoire de l’humanité

« Les Epis Noirs ont l’expressivité des acteurs du muet, le muet en moins. Et de les entendre s’époumoner, déclamer, chanter, roucouler, ça réveille et ça réchauffe, ça revigore et ça réconforte. Un spectacle absurde et béat, sordide et idyllique, drôle et torturé. » Mona Chollet, Charlie Hebdo.

Perché sur une malle de voyage, Pierre Lericq commence par le commencement.
Au début, il n’y avait que Dieu, et du vent qui soufflait au milieu de rien. Dieu, qui trouve que son existence tout seul au milieu du vent qui souffle au milieu de rien est un peu monotone, crée Boucieu-le-Roi, Ardèche. Ça semble une bonne idée mais comme rien ne s’y passe, ça ne désennuie pas tellement plus. Dieu va se lancer dans l’expérience de sa vie (et de la vie en règle générale, à bien y penser) : il crée l’homme (à son image) et la femme (dont il est assez content).
Evidemment, « ils se sont vus, ils se sont plus, ils se sont vaincus et c’est là que les ennuis ont commencé vraiment. » Alexandre et Manon, son Ève-anescente, son Ève-anouie, sont heureux, et Dieu continue de s’enquiquiner, il vire jaloux, ni une ni deux, il crée le Mal, ce sera Pierre, le frère d’Alexandre.

Flon Flon

« Pierre, proxénète à Paris, vient visiter son frère Alexandre
dans son village d’Ardèche. Il séduit sa femme, Manon, enceinte.
Il l’enlève. Il la met sur le trottoir, il la tabasse. Elle l’aime.
Elle aime aussi son mari, qu’on enferme à l’hôpital psychiatrique.
On rit énormément.
 » résume avec pertinence Bertrand Dicale, journaliste qui connaît la chanson.

On a donc : Dieu, Boucieu-le-Roi en Ardèche, Paris, Alexandre, Manon et Pierre : la vie avec toutes ses complexités va pouvoir se déployer, s’embrouiller, s’inventer, ils vont s’aimer, se tromper, se quitter, se maltraiter, s’aimer encore l’un l’autre, ou l’un l’autre autre, ou l’autre l’autre, à deux, à trois.
A « jardin », trois musiciens épatants, entre folk des Balkans, bal musette et mélodies lancinantes : Marwen Kammarti au violon, Svante Jaccobson à la contrebasse, Fabien Magni à la guitare et l’accordéon. Pour tout décor : deux malles de voyage qui deviendront estrades ou percussions ; un lustre baroque ; deux guirlandes d’ampoules nues ; des éclairages précis, sobres, élégants, beaux noirs profonds ou lumières rasantes et chaudes de fin d’après-midi.

Les cascades de jeux de mots font surgir une enfantine poésie qui d’un regard, d’un rythme, va se muer en folie douce, en folie furieuse, en gravité poignante ; Les Epis Noirs savent laisser naître un bref jaillissement de trivialité ou d’ironie au détour d’un moment tendre, et du mot suivant l’effacer.
Chansons émouvantes ou cocasses (ou les deux) se mêlent étroitement au récit. Lionel Sautet (accordéon, malle et voix), vif-argent, fin et tendre, Manon Andersen (mise en scène, pipeau, malle et voix), intense et généreuse, Pierre Lericq (textes, musiques, mise en scène, guitare et voix), farfelu autant qu’enflammé, chantent, jouent, dansent, musiquent eux aussi.
Avec une humanité débordante et fougueuse, tous trois, avec la complicité joyeuse de l’orchestre de poche, nous embarquent dans leur cabaret fantasque un peu barje, cette « folle histoire de la création du monde », qui est avant tout la folle histoire de la naissance de l’amour et de l’invention de tous ses possibles.
On en ressort ragaillardi, avec une furieuse envie d’aimer.

Flon Flon, ou La Véritable Histoire de l’humanité
A voir actuellement à Avignon au Pandora du 7 au 30 juillet 2017 à 13h20
Un spectacle de Pierre Lericq

Mise en scène
 Manon Andersen
Avec Pierre Lericq, Manon Andersen, Lionel Sautet
et les musiciens Marwen Kammarti, Svante Jaccobson, Fabien Magni

 

Un Marivaux acidulé qui donne la pêche !

Succès oblige : nous republions ici notre critique d’un spectacle découvert à sa création, et qui depuis, a fait bien du chemin… Entre le Festival d’Avignon 2016 et le Festival d’Avignon 2017, la pièce a connu une très belle saison au Lucernaire, puis dans le ravissant écrin du Théâtre Michel, et 2018 le voit revenir à Avignon pour un nouveau festival, au Théâtre du Roi René !

La Compagnie La Boîte aux Lettres, née en 2009 de la rencontre de Salomé Villiers, Bertrand Mounier et François Nabot nous propose une mise en scène pop et acidulée qui a su conquérir de nombreux spectateurs.

Rappelons l’argument de départ de la pièce de Marivaux : Silvia accepte difficilement d’être mariée par son père à un inconnu. Pour observer tout à loisir le caractère de ce fameux prétendant, elle endosse le costume de sa suivante Lisette. Péripéties et rebondissements seront au rendez-vous, jusqu’à ce que l’amour finisse par triompher, par jeu et par hasard !…

Le jeu de l'amour et du hasard, Salomé Villiers, Marivaux, Compagnie la Boite aux lettres, Théâtre mIchel, Pianopanier@ Julien Jovelin 

Le parti pris de Salomé Villiers, qui met en scène et interprète le rôle de Silvia était de donner un côté « rock » à la pièce de Marivaux. Ainsi les costumes d’époque sont-ils remplacés par des tenues mode tendance « psychédélique ». De même, la musique nous entraîne du côté des Sonics et des Troggs. L’usage de la vidéo apporte également un petit côté décalé au spectacle.

Mais le plus important reste le texte, la langue de Marivaux n’ayant pas besoin d’être modernisée tant elle demeure contemporaine. Et cette langue est servie par une troupe de comédiens réellement talentueuse. Salomé Villiers campe une Silvia touchante dans son désarroi, Raphaëlle Lemann une Lisette époustouflante de justesse, Philippe Perrussel un Orgon tout en nuances, François Nambot un Dorante séduisant de sincérité, tandis qu’Etienne Launay et Bertrand Mounier rivalisent de drôlerie.
Ensemble, ils nous font rire, nous émeuvent, nous étonnent et nous enchantent.

Le jeu de l'amour et du hasard, Salomé Villiers, Marivaux, Compagnie la Boite aux lettres, Théâtre mIchel, Pianopanier@ Karine Letellier 

Trois raisons d’aller faire un petit tour au Théâtre du Roi René :

1 – Pour découvrir ou redécouvrir ce texte toujours aussi moderne de Marivaux – sans doute l’une de ses plus belle pièce.
2 – Pour les comédiens réunis par Salomé Villiers, avec mention spéciale « aux filles » : Salomé Villiers et Raphaëlle Lemann sont bourrées de talent.
3 – Rien de tel pour chasser « le spleen du dimanche soir » : testé pour vous, l’effet est garanti, sur les grands et les petits ! Un Marivaux acidulé et bourré de peps, puisqu’on vous le dit !

LE JEU DE L’AMOUR ET DU HASARD
À l’affiche du Théâtre du Roi René du 6 au 29 juillet 2018 19h05
Une pièce de Marivaux
Mise en scène : Salomé Villiers
Avec : Etienne Launay, Raphaëlle Lemann, Bertrand Mounier, François Nabot, Philippe Perrussel et Salomé Villiers

Livret de famille, une création d’Eric Rouquette

Voici l’un de mes coups de coeur, déjà présent au Festival Off d’Avignon 2015 et 2016. Un spectacle qui a été créé au Théâtre du Pavé de Toulouse en septembre 2015 et que j’ai découvert lors d’une des deux représentations parisiennes exceptionnelles. Avignon est donc une « vraie-fausse » création pour cette pièce écrite et mise en scène par Eric Rouquette (« Signé Dumas »).

Je pense à « Fenêtre sur cour », parce que le fabuleux décor d’Olivier Hébert installe le spectateur, malgré lui, dans la posture du voyeur. Un voyeur qui assiste aux retrouvailles de deux frères que tout semble opposer. Deux frères qui s’étaient perdus de vue et sont contraints de passer une partie de la nuit ensemble, suite à la subite disparition de leur mère. L’occasion de revenir sur des blessures anciennes, de s’affronter, de tenter de se retrouver.

© Justine Ducat
 

En chaque « spectateur/voyeur » résonnent ces thèmes de fratries cabossées. Ces histoires de familles, ces secrets que l’on a enfouis, ces névroses plus ou moins graves : nous sommes forcément touchés par les mots d’Eric Rouquette. D’autant plus que ces mots sont chuchotés, clamés, hurlés, scandés, murmurés par deux comédiens tout en finesse. Christophe de Mareuil et Guillaume Destrem incarnent le cadet Jérôme et l’aîné Marc. Celui qui semble « avoir réussi » et celui qui semble se « foutre de cette réussite ». Le premier affolé par la disparition de la mère, le second prenant l’événement avec une indifférence mi-douteuse mi-provocatrice.

Les deux comédiens sont parfaits. Ils se connaissent, ils ont déjà partagé la scène. Ils se retrouvent pour cette belle aventure. Un peu comme deux frères qui auraient tant à se dire. Tant à dire sur eux, sur nous-mêmes aussi. On se croirait dans un film de Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui. Un de ces films où l’on navigue si subtilement entre rires et larmes. Un de ces films qui nous content des histoires si intimes qu’elles nous rapprochent, l’air de rien, de nos proches…

Avant qu’il n’y ait plus de place, bouche à oreille oblige, réservez au Théâtre Essaïon ce Livret de famille et soyez touché :

1 – Touché en tant que frère, fils, fille, mère, père… les histoires de famille résonnent forcément en chacun de nous.
2 –  Touché par la finesse de jeu des deux comédiens : Christophe de Mareuil et Guillaume Destrem nous embarquent avec brio dans ce huis-clos émouvant.

Sabine Aznar

INTERVIEW

LIVRET DE FAMILLE
À l’affiche de l’Essaïon Théâtre du 7 au 30 juillet 2017 – 12h45
Texte et mise en scène : Eric Rouquette
Avec Christophe de Mareuil et Guillaume Destrem

 

L’enfance de l’art : Elise Noiraud, Philippe Maymat, deux monologues, deux enfances

Affiche Pour que tu m aimes encore

Pour que tu m’aimes encore
À l’affiche actuellement à Avignon au Théâtre Transversal (ex-Ateliers d’Amphoux) du 6 au 29 juillet 2018 à 14h20
De et avec Elise Noiraud

 

T es pas ne - Theatre de Belleville

T’es pas né, histoire de frangins
À l’affiche du Théâtre de Belleville jusqu’au 1er juillet 2016
De et avec Philippe Maymat
Mise en scène Laurent Fraunié

 

Vous avez envie de vagabonder sur les chemins de l’enfance ? Elise Noiraud comme Philippe Maymat se proposent de vous prendre par la main et vous emmenez en balade. Chacun seul en scène, puisant tous deux dans leurs propres souvenirs pour en faire la matière d’une enfance archétypale, une enfance-miroir de nos enfances de petits Français de la classe moyenne d’après le baby-boom. Une femme, un homme, deux époques – deux bandes-sons ! – deux âges : elle a 13 ans « et demi », il a 7 ans, deux voyages un peu différents, un peu similaires…
Pour_que_tu_m'aimes@Baptiste Ribrault Pour que tu m’aimes encore : Elise Noiraud © Baptiste Ribrault

« Pour que tu m’aimes encore »

ou « de Céline Dion en tant que symbole des affres adolescents entre 1995 et 1998 (on se souviendra fort à propos de « Mommy », de Xavier Dolan) »

Elise a 13 ans et demi. C’est elle sur l’affiche, c’est elle qui, en ces années 90’, adule Cécile Dion, c’est elle qui fera une « choré » sur « Pour que tu m’aimes encore » avec ses meilleures copines pour la fête de fin d’année de l’école, c’est d’elle dont on nous promet le portrait.
Et c’est bien elle qui avancera vers l’adolescence au fil de ce solo tonique et sensible. Pourtant c’est autant sa mère et tout son monde de collégienne qui vont se déployer sur le plateau nu, habillé simplement d’une chaise et des lumières judicieuses de Manuel Vidal. Elise Noiraud croque avec justesse et une grande expressivité Tony, l’amoureux secret, les professeurs, les meilleures copines, une chargée de mission du Conseil régional, s’attarde sur la maman à la maturité tourmentée, laissant à chacun le temps d’exister, de prendre forme – au risque de s’éloigner – peut-être sciemment ? – de l’émotion, de prendre de la distance avec le cœur du sujet, cette demoiselle en pleine construction qu’elle était alors.
Difficulté de communication, mais aussi fugace tendresse partagée, avec sa mère, complicité du trio des copines, comment faire avec l’autorité, avec les premiers émois amoureux, avec son propre corps, Elise tâtonne, cherche, expérimente… Deux acmés de son apprentissage de la liberté, deux pics d’intensité du spectacle aussi : la boum : « y’a des grands qui fument des cigarettes » – l’exaltation de la danse, la jouissance du regard admiratif des autres – ah encore une fois on se retrouve happé par un moment de danse sur du Céline Dion, Xavier Dolan, Elise Noiraud, cessez cette conspiration !, la frustration d’en être arrachée prématurément par une mère dont on ne sait si elle est plus inquiète qu’envieuse, ou l’inverse… et le voyage scolaire : « on est en Pologne, tout près de la Russie, et je ne veux pas rentrer – tout est différent, même la pluie est différente ». Le voyage est raconté au mégaphone, petit drapeau rouge à la main, sur l’air de la Maknovtchina, c’est le premier voyage « de grande », tout est neuf, ce qu’on voit comme son propre regard, c’est la femme libre qu’elle deviendra qui transparaît sous sa carapace d’ado, c’est le goût de l’ailleurs qui naît.
T es pas ne ! Theatre de Belleville T’es pas né : Philippe Maymat © Pierre Grosbois

« T’es pas né, histoire de frangins »

ou « comment faire quand on a un grand frère »

Philippe a 7 ans en 1973, il écoute les disques de ses parents, il rêvasse devant la téloche, il fait un peu le malin parce que pas question de passer pour un bébé devant les aînés, la sœur et surtout le grand frère, à qui on voue autant d’admiration que de ressentiments… « T’es pas né », balancé par le grand pour « faire bisquer » le petit… « Mais alors, si je ne suis pas né, comment je peux être là ? » Ah, les mystères ténébreux de l’enfance, les questions étranges, tout ce qu’on se fait comme films, tout ce qu’on s’imagine, parce qu’on en sait pas (et qu’on se couperait la main plutôt que de poser la question).
Philippe Maymat nous garde au plus près du noyau familial mais a la jolie idée d’amener le monde sur le plateau comme il est entré dans son univers : par la télé, la « petite lucarne » – comme sans doute dans beaucoup de foyers de la classe moyenne de ces années 70’. On va croiser James West, Actarus, John Börg, les Shadocks, Nadia Comaneci, un pape puis un président des Etats-Unis assassinés… de quoi, en quelques noms, faire jaillir les couleurs de ces années. Comme Elise Noiraud, Philippe Maymat nous embarque aussi à l’Est – mais lui, à Moscou, et depuis le salon où l’on regarde en famille les JO ; c’est l’année du boycott des USA, du « doigt d’honneur » du perchiste polonais médaillé d’or… la magie du direct », découvre le jeune Philippe, l’Histoire qui déboule dans le salon…
Sur le plateau à peine meublé d’un tatami et d’une chaise surgiront les minuscules événements et les grandes épopées qui font grandir. On verra le minot assis par terre tourner les pages d’une gigantesque (quoiqu’invisible) Encyclopedia Universalis pour y débusquer le sens du sibyllin « et la bobinette cherra » – délicieux moment d’apprivoisement du langage. On assistera, entre francs rires et douces émotions, aux plus ou moins performantes tentatives sportives, trucs de p’tit gars, du judo, du foot, à un épique duel fraternel « y va y’avoir du grabuge ! », sur fond d’envolées à la Ennio Morricone… On comptera les heures en regardant tomber la pluie par la fenêtre, en pull qui gratte (comme il se doit) pendant les vacances de Toussaint, où l’on s’ennuie (comme il se doit)… Et peut-être qu’à la faveur d’une frayeur enfantine enfin déjouée, le petit frère va pouvoir enfin prouver au grand frère qu’il est né, lui aussi, et que ça va pas se passer comme ça ! à son tour d’être né, à son tour de devenir ado, à lui aussi le droit de boire des Monacos ! de virer un peu couillon, de tomber amoureux…
Avec l’âme et le regard candide de cet âge-là, et toute l’acuité et la sensibilité de l’adulte qu’il est devenu, mis en scène avec doigté par Laurent Fraunié, Philippe Maymat nous emmène dans ses souvenirs réels ou fantasques avec un savoir-faire délicat et discret, un jeu précis, sans fausse note, et plein de tendresse. Sa voix reste grave, une vraie voix d’homme : pour donner vie à la petite fratrie, il sait y glisser ce qu’il faut de légèreté et de virilité naissante pour que le môme de 8 ans ou l’ado bientôt muant prennent corps avec exactitude.

« De l’extraordinaire des vies normales »

Elise Noiraud – plus extravertie, peut-être plus ludique, avec une approche un brin plus sociologique dans son « portrait de groupe » autour de la figure centrale d’Élise, 13 ans et demi, Philippe Maymat – d’une façon plus intimiste sans doute, plus rêveuse : l’un et l’autre nous dessinent des vies « de tous les jours », dont chacun des spectateurs a vécu une bribe, des pans, peut se reconnaître dans le détail ou les grandes lignes, les airs populaires qui traînent dans un coin de la tête, les timidités, les fous-rires, les errements, les heures d’ennui, les enthousiasmes, le Mondial de foot de ’82 à Séville, les colos… Et, au bout de ces deux enfances « comme tout le monde » : deux artistes ! qui savent faire voir l’extraordinaire, les saveurs riches, variées, partagées et particulières de ces vies normales.

 

La claque salutaire de Pierre Notte

L’histoire de départ de cette femme, c’est l’histoire de bien trop de femmes, peut-être l’histoire de toutes les femmes… Toutes celles qui, un jour ou l’autre, voire tous les jours, ont été blessées, humiliées, meurtries. Ces histoires qui les renvoient à leur condition de femme, précisément. Ces incidents provoqués par des hommes, nécessairement, qu’ils soient leurs pères, leurs buralistes, leurs voisins…
Ce genre d’épisodes glauques -insultes verbales, agressions physiques…- la femme de l’histoire ne veut plus en parler. Un jour, elle prend le parti, purement et simplement, de se taire.

@ Victor Tonelli 

« Je l’ai vu ralentir, lui mettre une main aux fesses, et repartir en riant. »

La femme se retrouve à terre, après la main aux fesses de trop, et elle décide en se relevant de ne plus jamais adresser la parole à aucun homme. Pas plus à son compagnon qu’à son médecin, pas davantage à son patron qu’à son frère. Décision bien radicale et qui n’attire pas forcément l’empathie…
C’est en ce sens, notamment, que le texte de Pierre Notte est très réussi : il n’est en rien manichéen, pas plus que ne l’est son héroïne.
La pièce interroge, pose question sur la posture à adopter. Quelles seraient, quelles sont nos propres réactions ? Trop ou pas assez radicales ? Le silence est-il la meilleure des armes ? Sans doute pas, mais pour la femme de l’histoire il est devenu vital…

Muriel Gaudin s’est emparée du texte dense, parfois très cru, toujours extrêmement poétique de Pierre Notte avec une vitalité, une force, une énergie palpables et communicatives. Elle est non seulement cette femme qui se raconte, mais également toute une galerie de personnages masculins qui la hantent, la maltraitent, l’irritent, et parfois, mine de rien, la réconfortent…
La mise en scène très minimaliste – une table, une chaise, un verre et une carafe d’eau – concentre toute l’attention sur la palette de jeu de cette brillant comédienne.

On sort un peu sonné avec, contrairement à l’héroïne, une formidable envie de crier : allez écouter l’histoire d’une femme !

L'histoire d'une femme Pierre Notte

L’HISTOIRE D’UNE FEMME
Avignon aux 3 Soleils du 6 au 29 juillet 2018 à 13h40
Texte et mise en scène : Pierre Notte
Avec Muriel Gaudin

On a fort mal dormi… Et dormir, c’est mourir…

« Vous les appelez comment, vous, les gens qui vivent dans la rue ? »

La lumière est encore vive dans la salle Topor du Rond-Point. Au premier rang, un bonhomme à l’air jovial prend à partie ses voisins. Les réponses fusent : « les sans-abris » , « les SDF », « les gens de la rue »… Lui les appelle tout simplement les clochards. Le type en question, un grand gaillard à la barbe de père Noël, c’est Jean-Christophe Quenon. Face à nous, parmi nous, il sera tour à tour lui-même – « comédien, marié, trois enfants, habitant à Paris du côté de Stalingrad » – et Patrick Declerck – « psychanalyste, anthropologue, philosophe, écrivain – liste non exhaustive ». Ensemble, ces deux-là nous conduisent à la rencontre des clochards, un rendez-vous surprise dont nul ne sortira indemne…

On a fort mal dormi, Patrick Declerck, Guillaume Barbot, Jena-Christophe Quenon, Théâtre du Rond-Point, Pianopanier
© Cie Coup de Poker

« Jésus, c’était quoi ? Un clodo ! »

Jean-Christophe Quenon alias Patrick Declerck nous fait monter dans le bus de ramassage des SDF, direction le centre d’accueil de Nanterre. On y croise des toxicos, des alcoolos, des caïds, des simples d’esprit, des hommes, des femmes… Ils ont en commun leur puanteur, leur « bronzage crado / bronzage clodo », leurs puces, leurs poux, leurs corps blessés, abîmés, mutilés, mortifiés. Ils forment ce pan d’humanité oubliée, ces spectres qu’on croise sans jamais s’attarder, qu’on ose à peine regarder. Ce peuple négligé, ignoré, abandonné, délaissé, effacé, perdu à jamais, sans que l’on sache trop dire comment ni pourquoi…

On a fort mal dormi, Patrick Declerck, Guillaume Barbot, Jena-Christophe Quenon, Théâtre du Rond-Point, Pianopanier

« Le clochard, c’est toujours l’autre. »

Guillaume Barbot a construit ce spectacle à partir de deux écrits de Patrick Declerck – Les Naufragés et Le Sang nouveau est arrivé – deux textes dont on imagine qu’il l’ont choqué, captivé, troublé, subjugué. Sentiments que nous éprouvons à notre tour, grâce à la force d’interprétation de Jean-Christophe Quenon. On a fort mal dormi, c’est un peu, aussi, l’histoire d’un metteur en scène fasciné par deux artistes – un auteur et un comédien. Assister à la rencontre Barbot/Declerck/Quenon, c’est assister à cette sorte de petit miracle qui se produit parfois sur les planches de théâtre.

Sans chercher à nous faire culpabiliser, le trio nous amène à réfléchir sur cette question à laquelle Patrick Declerck, au bout de 15 années – soit environ 5000 consultations – n’a pas réellement trouvé de réponse : comment offrir asile à « nos clochards » ?

 

ON A FORT MAL DORMI
D’après Les Naufragés et Le Sang nouveau est arrivé de Patrick Declerck
Adaptation et mise en scène : Guillaume Barbot
Avec : Jean-Christophe Quenon
Après le Théâtre du Rond-Point, à retrouver en tournée (dates ici), et surtout en ce moment à Avignon au Théâtre des 2 Galeries du 7 au 30 juillet à 12h15

Cendrillon de Joël Pommerat : un magicien sur les grands boulevards

C’est au cœur de la magie que nous suivons le parcours étonnant de Sandra, dont la mère tombe aussi soudainement que gravement malade. Déchiffrant difficilement les derniers mots étouffés de la malade, la jeune fille se promet de ne jamais cesser de penser à sa mère plus de cinq minutes d’affilées. Elle s’enferre alors dans un deuil muet et sacrifie sa vie aux souvenirs.

Joël Pommerat, en adaptant pour la troisième fois un conte pour enfants au théâtre, signe ici une œuvre servie par des comédiens aussi drôles que touchants. Des scènes chargées d’émotion –comme le coup de foudre lors du bal, sur une interprétation grandiose de Father and Son – alternent avec des moments d’humour grinçant – en particulier grâce au comique des sœurs et de la fée.

« Ma chérie… Si tu es malheureuse, pour te donner du courage, pense à moi… Mais n’oublie jamais, si tu penses à moi fais-le toujours avec le sourire. »

C’est un récit sur l’émancipation et la résilience que nous offre cet auteur-metteur en scène de génie. Saluons la subtilité avec laquelle il aborde ces sujets profonds, la direction d’acteurs, la mise en scène simple et impeccable, le travail remarquable sur les projections vidéo… Les comédiens sont d’une justesse et d’une émotion infinies, que ce soit Déborah Rouach, Caroline Dorelly, Catherine Mestoussis, Noémie Carcaud, ou encore Alfredo Canavate. Les lumières, les costumes, les effets sonores, tout contribue à la perfection de cette « pépite ».

Direction le Théâtre de la Porte Saint-Martin sur les grands boulevards parisiens : il vous reste un mois pour vous abandonner au spectacle, et laisser la « magie  Pommerat » opérer…

Nathan Aznar

CENDRILLON
À l’affiche du Théâtre de la Porte Saint-Martin du 25 mai au 6 août 2017 – 20h30, dimanche (un dimanche sur deux) 16h
Mise en scène : Joël Pommerat, d’après le mythe de Cendrillon
Avec : Alfredo Cañavate, Noémie Carcaud, Caroline Donnelly, Catherine Mestoussis, Nicolas Nore, Deborah Rouach, Marcella Carrara, Julien Desmet

Art version tgSTAN

Cette pièce de Yasmina Reza, sans doute sa plus connue, n’a pourtant pas été beaucoup jouée. Alors il y aura d’un côté les spectateurs qui ne l’ont jamais vue, cette pièce, et auront la surprise de découvrir la verve subtile, l’analyse tellement précise et juste, le propos toujours aussi actuel dépeignant les travers souvent liés à l’art contemporain. Et puis, de l’autre côté, les spectateurs qui reviendront voir la pièce, ou plutôt une nouvelle version. Ni les uns ni les autres ne seront déçus, tant Yasmina Reza a eu la riche idée d’accepter de donner les droits au collectif flamand tgStan.

Art, Yasmina Reza, TGStan, Dood Paard, Théâtre de la Bastille, Pianopanier, revue de presse @Sanne Pepper 

“Les lignes blanches. Puisque le fond est blanc, comment tu vois les lignes ? ”

C’est à cela que l’on reconnait les bonnes pièces : le texte est toujours aussi percutant, provoquant immanquablement l’éclat de rire général. L’histoire de ces trois amis prêts à en découdre, qui vont laver leur linge sale de manière irréversible, trouve forcément un écho en chacun de nous. Le point de départ, l’étincelle qui allume la mèche : l’achat par Serge d’un tableau blanc, totalement blanc, pour la modique somme de… 200 000 ! Incompréhension, agacement, colère, cynisme… son meilleur ami Marc ne supporte pas que Serge ait acheté cette toile. Car Serge achetant cette toile représente tout ce que Marc exècre chez son ami : son snobisme, sa vanité, sa suffisance. Entre ces deux-là, le troisième larron Yvan tente de ménager la chèvre et le chou. Détestant lui aussi profondément la toile, il n’ose pourtant l’avouer, de peur de froisser son ami.

Art, Yasmina Reza, TGStan, Dood Paard, Théâtre de la Bastille, Pianopanier, revue de presse

“Yvan est un garçon tolérant, ce qui en matière de relation humaine est le pire défaut. Yvan est tolérant parce qu’il s’en fout !”

Le collectif des tgStan que l’on suit depuis plusieurs années avec intérêt et qui accorde toujours une place primordiale au public s’empare du texte-phare de Yasmina Reza avec une belle inventivité. Malgré leur prononciation parfois hésitante et une mise en scène qu’on aurait aimée encore plus décalée, leur énergie communicative nous réjouit. Les trois excellents comédiens – Kuno Bakker, Gillis Biesheuvel et Frank Vercruyssen – nous placent en témoins de leurs embrouilles. Ils nous prennent à partie et bizarrement, on a du mal à choisir son camp… Chacun des trois dévoile un côté tendre et attachant ; finalement, chacun des trois pourrait être notre meilleur ami. Alors sans hésiter, on court voir ou revoir Art au Théâtre de la Bastille, la version tgStan vaut le détour et/ou le retour !

ART
À l’affiche du Théâtre de la Bastille du 2 au 30 juin 2017 (20h, relâche les 4, 5, 11, 18, 19 et 25 juin)
D’après la pièce de Yasmina Reza
Mise en scène : tgSTAN et Dood Paard
Avec : Kuno Bakker, Gillis Biesheuvel et Frank Vercruyssen