Interview d’Elise Noiraud

Interview d’Elise Noiraud – 22 juin 2016
De la Comédie de Paris au Festival d’Avignon, son seule en scène Pour que tu m’aimes encore fait salle comble.

“Qu’y a-t-il d’universel dans l’intime ? Une question qui me passionne et que je tente d’aborder dans mes spectacles sur l’enfance, sur l’adolescence.”

Elise Noiraud a commencé à aimer le théâtre très jeune, ses premières expériences de scène remontent à l’enfance. Comme souvent lorsqu’on choisit de faire ce métier. Après des études de lettres, elle passe quatre années aux Ateliers du Sudden, une école de théâtre parisienne dirigée par Raymond Acquaviva. Comédienne à la base, l’envie d’écrire et de porter des projets la ramène sur les bancs de la faculté : pendant deux ans elle suit un master sur le thème de l’autofiction théâtrale et du traitement de la parole familiale sur une scène de théâtre. Elle travaille sur les seuls en scène de trois artistes qu’elle admire énormément et qui ont “retravaillé l’intime” dans leurs spectacles : Philippe Caubère, Guillaume Gallienne et Gérard Potier. Elle enchaine avec un master “mise en scène et dramaturgie”, tout en commençant à écrire son premier spectacle, La Banane américaine, que l’on peut considérer comme le premier volet de Pour que tu m’aimes encore.

Elle aime la scène et la place de comédienne. Elle continuera d’exercer ce premier métier avec passion. Mais en parallèle, elle a de plus en plus envie de raconter et de porter des histoires. Qui donneront lieu soit à des seules en scène, soit à des spectacles portés par d’autres équipes – comme son adaptation théâtrale du film Les Fils de la terre, spectacle pour lequel elle a remporté le prix du Jury du Théâtre 13 en 2015.

“Rêver un spectacle comme on a envie de le rêver, cela donne une grande liberté”.

Son rêve secret à elle : écrire la troisième partie des histoires d’Elise et monter la trilogie dans l’intégralité. Une sorte d’épopée autofictionnelle, un “retravail de la vie sur scène”. Un peu à la manière de son idole Philippe Caubère…

Interview de Brontis Jodorowsky

Interview de Brontis Jodorowsky – 24 juin 2016
De retour au Festival d’Avignon avec son fantastique seul en scène Le Gorille

“Je suis à un tournant de ma vie.”

Il fait partie d’une famille d’artistes mondialement connue. Une famille dont l’histoire est liée à plusieurs pays, plusieurs cultures. “Ta patrie, ce sont les semelles de tes chaussures” lui disait son père Alejandro Jodorowsky quand il était enfant.
Ces origines multi-culturelles ont sans doute forgé la personnalité et le caractère de Brontis. Ouvert, généreux, curieux, philosophe, sensible… impossible de ne pas tomber sous le charme ! Acteur de cinéma renommé au Mexique, il était, jusqu’ici, surtout connu en France dans le milieu du théâtre (il a fait partie pendant longtemps du Théâtre du Soleil). Les choses sont en train de changer et on s’apprête à le découvrir de plus en plus sur grand écran.
C’est ce moment qu’il a choisi pour reprendre un rôle qui lui a valu un énorme succès, en France et à l’étranger. Le rôle du Gorille, dans l’adaptation que son père a faite de la nouvelle de Kafka. Il sera à l’affiche du Théâtre des 3 Soleils pendant tout le festival, à 15h40 et il ne faudra surtout pas le louper…

Interview de Sandrine Molaro

Interview de Sandrine Molaro, comédienne – 10 juin 2016
Nomination au Molière 2016 de la révélation féminine pour son interprétation dans Madame Bovary
Un spectacle de sa Compagnie La Fiancée du requin qui a été créé au Théâtre de Poche-Montparnasse et sera repris au Festival d’Avignon du 7 au 30 juillet 2016 au Théâtre Actuel, tous les jours à 12h05

 

Piano Panier : Comment est né le projet Madame Bovary ?

Sandrine Molaro : Le point de départ, c’est lorsque j’ai joué la Ronde de Schnitzler au Théâtre de Poche-Montparnasse, dans une mise en scène de Marion Berry. J’y interprétais le personnage d’Emma, la femme mariée. Je n’avais pas lu Madame Bovary à l’époque. J’ai donc découvert le roman en tant que femme, ce qui change considérablement les choses à mon sens. Jusque-là, j’avais l’image d’une Madame Bovary éthérée, souffreteuse, mélancolique… A la lecture, j’y ai surtout vu de la rage de vivre, de la détermination et un refus total de toute forme de concession. L’année dernière, Gilles-Vincent Kapps et moi avons monté notre propre compagnie -La Fiancée du Requin-, et ce projet sur Madame Bovary s’est imposé à nous. Se confronter à une héroïne, coller sur les mots de Flaubert un corps de chair, injecter de la vie dans ce qui appartient au papier : autant de défis qui nous enthousiasmaient. Nous avons alors travaillé avec Paul Emond pour créer une adaptation fidèle à notre vision du roman et nous avons eu la chance de rencontrer lors d’une première lecture toute l’équipe du Poche-Montparnasse et leur amour inconditionnel du théâtre. Ils ont été séduits et ils nous ont soutenus et aidés tout au long de l’aventure.

Piano Panier : Imaginiez-vous qu’un tel succès serait au rendez-vous ?

Sandrine Molaro : Nous avions tout de même un peu peur, avouons-le. Nous avions conscience de nous attaquer à une sorte de mythe, un monstre littéraire. Mais tout a été finalement très simple, doux, fraternel. Nous nous sommes entourés de gens qui ont fait de ce projet une évidence.
L’avantage du Théâtre de Poche-Montparnasse, c’est que les retours du public, on les a en direct. Beaucoup de gens sortent bouleversés, beaucoup de femmes. Je pense qu’elles sont touchées par le parcours de l’héroïne et par les thématiques qui la traversent. Des thématiques qui sont encore d’actualité : l’appel du plaisir, du désir, le besoin d’émancipation. La langue de Flaubert, d’une incroyable poésie, côtoie le côté rock and roll de notre adaptation. Il se dégage du spectacle une sorte d’énergie subversive assez joyeuse, au-delà de la mélancolie. De nombreux scolaires sont venus et ont été touchés par notre adaptation, c’est chouette de pouvoir leur communiquer une lecture du roman moins conventionnelle, et cette idée que tout est une question de point de vue sur les choses de la vie.

Piano Panier : Le spectacle part dans quelques jours à Avignon ?

Sandrine Molaro : Oui, nous jouerons tous les jours au Théâtre Actuel à midi cinq ! Je me réjouis de faire Avignon, c’est pour moi un moment de Fête !

Piano Panier : Une belle tournée en préparation ?

Sandrine Molaro : Oui, il y a déjà pas mal de dates, nous commencerons la tournée au mois de janvier 2017.

Piano Panier : Quels sont vos autres projets pour la saison prochaine ?

Sandrine Molaro : À la rentrée, nous reprendrons les dimanche et lundi TRAIN TRAIN è pericoloso sporgersi à la Comédie Bastille, un spectacle qui a été créé aux Béliers d’Avignon l’été dernier. Une pièce écrite par David Talbot, qui joue Charles Bovary et que j’ai co-mise en scène avec lui et Gaelle Hebert. Forcément le succès de Madame Bovary appelle d’autres projets, d’autres envies. On se rend compte que nous avons compris plein de choses du plateau grâce à cette aventure, ça nous donne envie de recommencer. Mais en même temps j’adore aussi être dirigée et rester à la place de comédienne… On verra ce que l’avenir nous prépare !

Piano Panier : Un coup de cœur théâtre ?

Sandrine Molaro : J’aime infiniment le TG Stan pour son insolence et son immense liberté sur le plateau !

Piano Panier : Un coup de blues ?

Sandrine Molaro : La tristesse de quitter un endroit que l’on a aimé… le Poche-Montparnasse et les âmes qui le font vivre avec passion !

Piano Panier : Un coup de bol ?

Sandrine Molaro : La chance d’avoir rencontré les quatre chics types avec qui je raconte chaque soir l’histoire de Madame Bovary : Gilles-Vincent Kapps, Félix Kyzyl, Paul Granier et David Talbot.

Piano Panier : Un coup de foudre ?

Sandrine Molaro : “Un appétit de l’inconnu qui vous pousse dans l’orage, poitrine ouverte et tête avant” : l’amour vu par Flaubert.

Piano Panier : Et un coup de génie ?

Sandrine Molaro : Flaubert, toujours ! Génie d’entre deux mondes…

 

Critique du spectacle à lire ici

Interview de Chloé Lambert et Julien Boisselier

Interview de Chloé Lambert, auteure et comédienne et de Julien Boisselier, metteur en scène et comédien – 8 juin 2016

Leur spectacle La Médiation est à l’affiche du Théâtre de Poche-Montparnasse jusqu’au 17 juillet 2016

 

“C’est ma première pièce, surtout la première qui se joue vraiment et c’est fondamental parce que vous pouvez écrire tant que vous voulez, si ce n’est pas joué, cela n’existe pas.” – Chloé Lambert

Lorsque Chloé Lambert a fait lire le texte de sa pièce La Médiation à Julien Boisselier, elle ne pensait pas qu’il lui proposerait de la mettre en scène. Et lorsque Julien a fait cette offre à Chloé, il n’était pas certain que la jeune auteure accepterait. Tout est donc parti d’une sorte de coup de tête. Premier d’une série de coups de tête qui ont jalonné leur aventure commune.

Au-delà de son expérience d’auteure, Chloé Lambert a la chance d’incarner l’un des rôles de sa “pièce quatuor” : celui d’Anna, cette mère exclusive, souvent hystérique et dont les excès nous font hurler de rire. Jouer son propre texte représente une expérience certes étrange et déroutante, mais sans doute inoubliable. Elle appréhendait d’ailleurs ce moment où elle allait incarner ses mots à elle, ce texte sorti de son imaginaire. Il aura fallu l’entière confiance et la détermination de Julien Boisselier pour la rassurer et la convaincre.

De son côté, Julien déclare avoir eu la chance, le luxe, de mettre en scène des auteurs toujours vivants, et même présents à ses côtés. Faire travailler “Chloé actrice” pour l’amener à se détacher de “Chloé auteure”. Trouver cette zone où l’auteure n’est plus auteure mais juste actrice, cette zone où d’un coup tout se rassemble : un challenge qu’il a relevé avec brio.

“Si je continue à mettre en scène, et j’en ai très envie, j’aimerais pouvoir continuer à travailler en collaboration étroite avec les auteurs”, assure-t-il.

Sa plus grande récompense : que la presse ait parlé majoritairement de la pièce, preuve qu’il avait su mettre en avant le texte de l’auteure sans la trahir.

“Nous sommes un peu le papa et la maman de la pièce”, plaisante Chloé Lambert.

De papa et de maman, de la place de l’enfant : c’est avant tout de cela que parle La Médiation. Chloé Lambert évoque un cadre où l’on régresse, un cadre qui ramène le spectateur à l’enfant qu’il est toujours, l’enfant qu’il a été. “Et s’il y a au moins une place où l’on peut se retrouver, c’est la place de l’enfant”. Souhaitons donc longue vie à ce premier enfant, et guettons les prochains qui ne manqueront pas de nous charmer tout autant…

 

Interview de Thomas Le Douarec

Interview de Thomas Le Douarec, metteur en scène et comédien – 25 mai 2016
Actuellement à l’affiche de la Comédie des Champs-Elysées avec son adaptation du Portrait de Dorian Gray
Reprise du spectacle à Avignon du 7 au 30 juillet 2016 au Théâtre La Condition des Soies, tous les jours à 18h30

 

“C’est la quatrième adaptation que je fais du roman d’Oscar Wilde (…) Je pense que toute œuvre d’art est le fruit d’une obsession…” – Thomas Le Douarec

Thomas Le Douarec a toujours eu l’intime conviction que Le Portrait de Dorian Gray est la meilleure pièce de théâtre qu’Oscar Wilde ait écrite. “Je suis persuadé qu’il aurait aimé en faire une pièce de théâtre, et qu’il n’aurait pas pu le faire à l’époque” déclare-t-il.

Adolescent déjà, le roman l’interpelle, les dialogues brillants et si plein d’esprit le fascinent. Ce qui le touche le plus dans ce récit ? La quête de la beauté, omniprésente dans la vie et l’œuvre de ce formidable dandy qu’était Oscar Wilde.
En 1996, il propose une première adaptation assez classique au Festival d’Avignon. Très vite derrière, il monte au Théâtre Rive Gauche une version très contemporaine qui sera une belle réussite. En 2011, il en fait une comédie musicale. Succès à Avignon, mais semi-échec lors de la reprise parisienne au Vingtième Théâtre. Déçu, vexé, têtu, rageur, orgueilleux, déterminé, frustré, Thomas Le Douarec remet l’ouvrage sur le métier.
Bien lui en a pris ! La version actuelle qui a été créée au Lucernaire en janvier 2016 et que l’on peut (re)-découvrir ces jours-ci à la Comédie des Champs-Elysées conquiert public et critique.

“Je ne m’attendais vraiment pas à un tel succès, je l’ai fait pour prendre une revanche personnelle par rapport à la comédie musicale”.

Thomas Le Douarec interprète dans sa pièce le rôle de Lord Henry – l’observateur, le marionnettiste, celui qui tire les ficelles. Une manière de conserver la place du metteur en scène qui lui est plutôt agréable et naturelle. Dans un grand éclat de rire, il déclare qu’il va s’arrêter là, même s’il rêverait de faire une adaptation cinématographique de son “œuvre fétiche”.

Il n’est cependant pas à cours de projets, puisqu’il est déjà en train de répéter son prochain spectacle sur l’hypnose. Une pièce – Duel sous hypnose – qu’il a co-écrite avec les deux protagonistes Kevin Finel et Théo Duverger et qui sera créée cet été à Avignon au Cabaret Le Rouge-Gorge.

“Une expérience unique à vivre, interactive, dans laquelle le spectateur devient acteur”.

Souhaitons à Thomas le même succès que celui qu’il a connu avec Les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus. Et surtout, surtout, prenons exemple sur lui : gardons toujours à l’esprit que “le succès, c’est l’échec de l’échec”...

EmilieIncertiFormentini

Interview d’Emilie Incerti Formentini et Guillaume Vincent

Interview d’Emilie Incerti Formentini, comédienne et de Guillaume Vincent, auteur metteur en scène et comédien – 29 avril 2016

Leur spectacle Rendez-vous gare de l’Est est à l’affiche du Théâtre du Rond-Point jusqu’au 26 juin 2016 puis en tournée (dates ici)

“Nous n’aurions pas pu faire ce spectacle il y a dix ans… Ce spectacle est possible parce que je connais Emilie et parce qu’elle me connait.” – Guillaume Vincent

Huit ans déjà que le projet “Rendez-vous gare de l’Est” a débuté. Point de départ : une série d’interviews réalisées par Guillaume Vincent auprès d’une malade atteinte de schizophrénie. D’une matière de près de 200 pages, il a eu envie de créer un spectacle.
Et plutôt que de parler de la maladie, il a décidé de tracer le portrait de cette femme. De raconter son histoire. De nous installer dans son quotidien. De raconter les à-côtés, les petits riens de son existence.

D’une collaboration artistique très étroite entre l’auteur et la comédienne Emilie Incerti Formentini est né un texte fort, percutant, saisissant, inoubliable. Le fruit inconscient de leur propre rencontre et de nombreuses années de travail en commun.

“Rendez-vous gare de l’Est, je n’aurais pas pu le faire avec quelqu’un d’autre que Guillaume. C’est quelque chose de très fort entre Guillaume et moi” déclare Emilie.

170 dates de tournée à ce jour pour un spectacle débuté “en catimini” avec une lecture aux Bouffes du Nord – histoire de “valider cette envie de projet”. Après la création à la Comédie de Reims, le Festival d’Avignon fut sans doute le déclencheur d’un formidable bouche à oreille qui les fit voyager du TNS à la Criée, de Montréal au Théâtre du Nord de Lille, en passant par des lieux plus intimistes comme la Maison d’arrêt de Fresnes ou la cafétéria de l’hôpital psychiatrique de Sainte-Geneviève des Bois.

Lors de la présentation de saison 2016-2017 du Théâtre du Rond-Point, Jean-Michel Ribes prévenait que la saison actuelle n’était pas terminée et que la rencontre avec Emilie Incerti Formentini était “un moment exceptionnel à ne pas rater”. Car cette comédienne incroyable de sensibilité nous trouble, nous émeut, nous fait peur, rire, douter, espérer. Elle nous embarque en se livrant totalement et superbement. Qui ne l’a pas vue sur scène ne sait pas encore tout à fait ce qu’est une grande comédienne…

On la retrouvera bientôt dans Songes et Métamorphoses, un spectacle qui sera créé à la Comédie de Reims avant de s’installer à l’Odéon Théâtre de l’Europe. Spectacle qui n’est autre que la dernière création d’un certain… Guillaume Vincent !

Christophe Montenez portrait

Interview de Christophe Montenez

Interview de Christophe Montenez, pensionnaire de la Comédie-Française – 9 avril 2016
Bientôt dans la Cour d’Honneur du Festival d’Avignon 2016 dans Les Damnés mis en scène par Ivo van Hove

 

“Mon parcours a été une belle succession de coups de théâtre, il me reste à accomplir et transformer l’essai…” – Christophe Montenez

Le magazine Vogue le classait dernièrement parmi “ces six nouveaux acteurs qui seront les stars de demain”. Dans un peu plus d’un mois, tous les projecteurs de la planète théâtre seront braqués sur ce comédien de 27 ans. Car c’est lui qu’Eric Ruf a choisi pour incarner le personnage de Martin Von Essenbeck dans le spectacle Les Damnés qui fera l’ouverture du prochain Festival d’Avignon. Un spectacle signé Ivo van Hove, l’un des plus brillants metteurs en scène du moment. Un spectacle qui marque le grand retour de la Comédie-Française au Festival d’Avignon et sera repris à la rentrée Salle Richelieu.

Repéré par Murielle Mayette-Holtz en 2014, Christophe Monterez a eu très peu de temps pour accepter son premier rôle au sein de la troupe du Français. Le rôle du fougueux Damis, dans la mise en scène du Tartuffe de Galin Stoev. A l’époque, Christophe est le benjamin de la troupe, entouré de bienveillance et d’attention de la part de tous ses camarades de jeu.

“Humainement j’ai fait de sublimes rencontres, il y a un échange intergénérationnel tellement enrichissant dans cette maison”.

À peine deux ans plus tard, il n’est “déjà plus le dernier sur le trombinoscope” de la Comédie-Française. Il a enchaîné les projets divers et variés : outre son Damis, il a été distribué dans Un Chapeau de paille d’Italie, Lucrèce Borgia, le Misanthrope, les Rustres… Il fut un magnétique Al Kooper dans le petit bijou qui lança la saison 2015-2016 du Studio-Théâtre – Comme une pierre qui… de Marie Rémond et Sébastien Pouderoux.
Des projets un peu plus hybrides, très fondateurs, l’amènent vers la danse – l’Autre de Françoise Gillard – ou le chant – le Cabaret Léo Ferré de Claude Mathieu.

Aux portes du succès, il garde la tête froide, il sait rester stable, pragmatique et humble. Toujours connecté à son collectif Les Bâtards Dorés fondé avec quatre anciens de son Ecole de Théâtre.

“C’est hyper important pour moi de garder un pied dans ce collectif, cela contribue à mon équilibre”.

Il semble sincèrement étonné de la vitesse à laquelle les projets se sont enchaînés pour lui. Modestement, il évoque une succession de coups de chance. Et pourtant, il suffit de l’avoir vu une fois sur un plateau pour comprendre qu’il n’est pas uniquement question d’heureux hasards dans cette histoire. Christophe Montenez brûle les planches autant qu’il crève l’écran – il a tourné dans Le Soldat Vierge, un court métrage d’Erwan Le Duc qui était sélectionné pour la Semaine de la Critique au Festival de Cannes.

On vous aura prévenus : de la scène à l’écran, de Cannes à Avignon, ce jeune homme est déjà une étoile…

 

Joséphine Serre portrait

Amer M : le “coup du destin” de Joséphine Serre

Interview de Joséphine Serre, auteure, metteure en scène et comédienne – 22 avril 2016
Au sujet de son spectacle Amer M créé à La Loge le 11 avril 2016

“Une suite de formidables hasards, depuis le jour où j’ai retrouvé dans ma boite aux lettres le portefeuille d’un certain Amer M, Algérien Kabyle arrivé en France en 1954…”

Ce projet lui aura pris trois ans, entre le moment où elle trouve les papiers d’un certain Amer M et la création à La Loge de ce spectacle “coup de cœur”. Comme c’est écrit, comme c’est raconté dans la pièce : le point de départ, c’est ce portefeuille que Joséphine Serre découvre dans sa boite aux lettres. A partir de là, elle prend des notes, écrit un journal, observe les vieux chibanis de son quartier.

En mai 2014, elle décide de faire un voyage en Algérie. Pour s’inscrire dans les espaces et se mettre dans la temporalité de cet homme dont elle a décidé de raconter l’histoire. Là-bas, elle rencontre des gens qui pourraient ressembler à ce fameux Amer M. Des gens aux parcours de vie chaotiques. Suspendus entre deux rives, entre deux terres, entre deux familles. “C’était très chaleureux, ça me faisait plaisir de pouvoir parler avec des Algériens”.

Peu à peu, la nécessité de parler de cette histoire entre la France et l’Algérie domine. Raconter la colonisation, la guerre d’indépendance, l’évolution des mentalités, l’impact sur notre actualité. “Cette histoire de membre amputé, comme dit Benjamin Stora, qu’on se trimballe tout simplement en tant que Français”. Cette histoire qui s’enracine très loin dans notre passé collectif. A travers le biais du sensible et de l’intime, Joséphine Serre nous fait prendre la mesure de ce qu’on ne connait pas forcément. Ou alors pas aussi bien qu’on pourrait, pas aussi bien qu’on voudrait…

“Ce spectacle est important pour moi car c’est un regard intime, humain sur les questions universelles et atemporelles liées aux frontières, ces questions qui sont traversées par l’actualité. C’est un phénomène inéluctable. Les frontières sont imaginaires, elles sont dans nos têtes. Les gens bougent, le monde est bouleversé.”

En germe dans ses précédents textes, la question des réfugiés, des immigrés, des frontières traverse de bout en bout Amer M. Une question qui se pose de plus en plus fortement au XXIème siècle. Une question sur laquelle on n’a pas fini de buter, réfléchir, méditer, chercher, approfondir, débattre, argumenter, batailler, analyser… À tous les niveaux, tout le temps, partout… Jusque sur les scènes de théâtre.

Lors de son périple initiatique, Joséphine Serre avait rencontré des Algérois et les avait invités à venir voir son spectacle. Ils ont fait le voyage en sens inverse, direction La Loge – ce lieu parisien qui favorise la jeune création et permet de découvrir de véritables pépites comme celle-ci. La Loge qui n’était pas, dans l’esprit de Joséphine et de sa compagnie l’Instant Propice, une fin en soi mais un point de départ. Le point de départ d’une tournée qu’on espère la plus longue possible. Une tournée qui passera sans doute… par l’Algérie !

À suivre donc, et de très très près…

 

Salome_Villiers_portrait

Interview de Salomé Villiers

Interview de Salomé Villiers, metteur en scène et comédienne – 9 avril 2016
Au sujet de son spectacle Le Jeu de l’amour et du hasard à l’affiche du Lucernaire jusqu’au 4 juin 2016, puis au Festival d’Avignon

 

“Je suis curieuse et avide de propositions. J’aime surprendre. Je suis très friande des coups de tête, en tant que metteur en scène et en tant que comédienne”.

Actuellement à l’affiche du Lucernaire dans une version acidulée du Jeu de l’amour et du hasard qu’elle met en scène, Salomé Villiers y interprète une brillante et pétillante Silvia.

Elle a commencé à travailler sur ce projet il y a trois ans, dans une distribution et un format différent. “A la base, c’est une histoire de potes” ! Des anciens du Conservatoire qui créent leur compagnie (La Boite aux Lettres). Très vite, Salomé propose de monter cette pièce de Marivaux que, paradoxalement, elle n’aimait pas lorsqu’elle l’étudiait.

Les choses ont bien changé… Quand on la lance sur le sujet, elle ne s’arrête plus ! Elle en parle avec enthousiasme et l’on sent à quel point elle a travaillé et réfléchi sur ce texte. Elle a grandi avec cette équipe et avec cette pièce, sous le regard de Philippe Perrussel, leur professeur de Conservatoire qui joue… son père Orgon ! Résultat : une mise en scène efficace, rythmée, légère, fraîche, sensuelle, rock, exquise, qui rend le spectateur complice de l’intrigue, notamment grâce aux vidéos qui ponctuent les actes.

De l’énergie à revendre, un rire franc et communicatif, un regard ultra enthousiaste sur le monde, de vraies bonnes idées, des rencontres qui ont fait de cette années 2016 une année “bénie des dieux”, Salomé  Villiers entre sur la pointe des pieds dans la cour des grands. On a ainsi pu la voir dans “La légèreté française“, le spectacle de Françoise Petit-Balmer dans lequel elle interprétait Elisabeth Vigée-Lebrun, la portraitiste de Marie-Antoinette.

2016 sera également l’année de son premier Avignon : son Jeu de l’amour et du hasard sera à l’affiche du Théâtre du Roi-René tous les jours à 17h45 et elle enchaînera à 21h30 dans la même salle avec le Bourgeois-Gentilhomme de Matthias Fortune Droulers.

En janvier 2017, on pourra l’applaudir dans la mise en scène d’issime Chayle de L’Aigle à deux têtes au Théâtre du Ranelagh.

Et comme elle n’est pas en manque d’idées, elle travaille actuellement sur un nouveau projet, dont elle préfère ne pas trop parler, mais qui fera très certainement parler d’elle !

Pierre_Notte_portrait

Interview de Pierre Notte

Interview de Pierre Notte, auteur, compositeur, metteur en scène et comédien – 15 avril 2016
Au sujet de son spectacle Sur les cendres en avant à l’affiche du Théâtre du Rond-Point jusqu’au 14 mai 2016, puis en tournée

 

“Je crois que j’ai commencé à écrire précisément le jour où j’ai compris que j’avais des difficultés terribles à lire…”

Actuellement à l’affiche du Théâtre du Rond-Point avec sa dernière création, Sur les cendres en avant, un spectacle qu’il a écrit, mis en scène et pour lequel il a composé musiques et chansons, Pierre Notte est un “artiste complet”.

Première casquette – celle qui “coiffe” elle-même toutes les autres : Pierre Notte est auteur. Auteur par nécessité, “auteur parce qu’il ne pourrait pas vivre autrement” , auteur parce que “tout est de l’ordre de l’écriture, toujours” . Un auteur qui écrit partout, tout le temps, n’importe où… Mais pas n’importe quoi !

Ses autres casquettes découlent nécessairement et naturellement de l’écriture. La mise en scène, la composition musicale, l’organisation de l’espace sur un plateau, le travail scénique avec les comédiens et les équipes techniques ne sont que des outils. Des outils qu’il manie non sans un certain talent. Des outils aiguisés et affûtés par d’autres qualités, telles que justesse, précision, bienveillance, humilité, poésie, hauteur de vue et… amour des artistes.

Si ses textes tournent autour de certaines thématiques qui l’obnubilent (l’isolement, la place de l’individu au sein de la collectivité, le vivre-ensemble, la question de la monstruosité) Pierre Notte se renouvelle sans cesse dans la forme : de duos en pièces chorales, de contes en pièces chantées, il évoque un roman en préparation…

Ce qu’il préfère faire dans la vie : mettre en scène un texte qui n’est pas un des siens (comme récemment La Noce de Jean-Luc Lagarde). “Je monte mes textes parce que je veux qu’ils existent”. Et cependant de nombreux metteurs en scène, français ou étrangers se sont emparés de ses œuvres. Permettant ainsi des rencontres assez exceptionnelles. Brice Hillairet (qui va monter Ma folle otarie à Avignon cet été), Anne-Laure Liégeois, Jean-Claude Cotillard, Noémie Rozenblat, Valéry Warnotte… ils sont de plus en plus nombreux à être touchés par son univers. Et nous avec.