Interview de Guillaume Barbot

Pianopanier a rencontré Guillaume Barbot au Théâtre du Rond-Point, juste avant l’une des représentations de son spectacle On a fort mal dormi 
L’occasion de revenir sur une belle aventure qui est loin d’être terminée…

Piano Panier : Comment parleriez-vous du spectacle ?

Guillaume Barbot : En fait, j’ai plus tendance à parler du livre de Patrick Declerck, Les Naufragé, et du choc que j’ai eu à lire ce livre. Parce que ce n’est pas un spectacle sur les clochards. C’est un spectacle sur Patrick Declerck qui parle des clochards et la différence est fondamentale. C’est par son regard que l’on a accès à cette faune un peu étrange des clochards de Paris.

Piano Panier : Patrick Declerck est-il intervenu dans la création ?

Guillaume Barbot : Pas du tout. Nous nous sommes rencontrés avant, depuis il est venu une dizaine de fois voir le spectacle mais il n’avait aucune volonté d’intervenir et c’est tant mieux.

Piano Panier : Quels sont les retours des spectateurs ?

Guillaume Barbot : C’est un spectacle qui met une claque, indéniablement. Les gens en sortent un peu sans le souffle. Et souvent, ceux qui restent discutent avec Jean-Christophe Quenon, le comédien. Ils se mettent à lui raconter leurs propres rencontres avec des clochards. On a tous une histoire de clochard dans notre vie !

Piano Panier : Ce comédien, Jean-Christophe Quenon, est formidable, comment l’avez-vous choisi ?

Guillaume Barbot : Je ne connaissais pas Jean-Christophe avant de l’auditionner. Ce n’était pas le meilleur en audition mais c’était celui qui, à mon avis, allait être le meilleur le jour de la représentation. Je sentais qu’on allait pouvoir s’apporter des choses mutuellement, se “boxer”. Au bout d’une semaine de répétitions, sans prétention, j’ai su qu’on allait faire un très beau spectacle tous les trois : Patrick Declerck, Jean-Christophe et moi. On a énormément travaillé pendant un an, mais le trio était là depuis le départ.

Piano Panier : Le spectacle a déjà été joué une soixantaine de fois…

Guillaume Barbot : Oui, une belle tournée se prépare, et il retourne à Avignon, dans un nouveau théâtre, Le Théâtre des 2 galeries, où il sera programmé à midi quinze. Nous jouons aussi ce spectacle en appartement, en extérieur, dans des lieux incongrus pour toucher le maximum de publics et susciter le débat.

Piano Panier : Comment définiriez-vous votre façon de faire du théâtre de sensation, au sein de votre Compagnie Coup de Poker ?

Guillaume Barbot : Depuis une douzaine d’années que ma compagnie existe, pour tous mes spectacles, je pars d’une matière non théâtrale et je réfléchis à la façon dont elle peut devenir théâtrale. Le point de départ peut être un film, un roman, un livre sociologique, des souvenirs, des musiques, ou un thème, comme pour mon prochain spectacle. Et la musique a toujours une place importante dans nos créations, On a fort mal dormi étant une exception.

Piano Panier : Pouvez-vous nous dire quelques mots de votre future création, AMOUR ?

Guillaume Barbot : Nous allons travailler sur le thème de l’amour comme puissance révolutionnaire, autour de différents textes d’Alain Badiou, André Gorz, Jacques Higelin… et à partir d’un documentaire italien (D’Amore Si Vive tourné par Silvano Agosti). Au plateau, il y aura quatre acteurs, deux danseurs et deux musiciens (quatre hommes et quatre femmes). De façon très schématique, notre écriture aura pour but de dire qu’il est important aujourd’hui de croire en l’amour, même si cela devient presque politique, en tous cas subversif d’affirmer cela… Le spectacle sera créé à l’automne prochain au Théâtre de Villejuif puis au Théâtre de la Cité Internationale où je suis artiste associé.

Piano Panier : Un coup de coeur ?

Guillaume Barbot : Un moment précis dans le spectacle Ce qui demeure d’Elise Chatauret, qui est l’un des plus forts que j’ai vécus au théâtre. Et le mois dernier, ici au Rond-Point, Aglaé de Jean-Michel Rabeux.

Piano Panier : Un coup de gueule ?

Guillaume Barbot : Je viens de lire un article sur certains CDN qui ne remplissent par leur mission de théâtre public en ne versant pas tout l’argent dans la création et dans le travail de territoire. On se demande où va l’argent ; certains directeurs, certaines compagnies ont tendance à oublier qu’ils ont un devoir par rapport à cet argent qui n’est pas le leur.

Piano Panier : Un coup de blues ?

Guillaume Barbot : Tous les soirs, quand je sors du Théâtre du Rond-Point, que je rentre chez moi, et que je croise au minimum deux ou trois clochards…

Piano Panier : Coup bas ?

Guillaume Barbot : Je ne pense pas avoir beaucoup de traîtres autour de moi, je suis hyper bien entouré !

Piano Panier : Coup de foudre ?

Guillaume Barbot : Ma femme, tous les jours.

Piano Panier : Coup de génie ?

Guillaume Barbot : Jean-Christophe, il en a au moins un par soir sur scène.

Piano Panier : Coup d’envoi ?

Guillaume Barbot : Ma prochaine création : les répétitions d’AMOUR commencent en ce moment à la Ferme du Buisson.

Piano Panier : Coup de sang ?

Guillaume Barbot : On va parler d’amour, donc j’espère qu’on aura des coups de sang d’amour !

Piano Panier : Coup de bol ?

Guillaume Barbot : J’ai beaucoup de chance ; j’ai “la petite étoile au-dessus de la tête”, comme dit ma maman.

Piano Panier : Coup d’essai ?

Guillaume Barbot : J’aimerais bien essayer de monter un spectacle avec des acteurs de pays différents, aucun ne parlant la même langue.

Piano Panier : Coup de tête ?

Guillaume Barbot : Je suis quelqu’un d’entêté, je ne lâche jamais rien.

Piano Panier : Coup de théâtre?

Guillaume Barbot : Le coup de théâtre, ce serait que la parole qu’on donne dans le spectacle On a fort mal dormi soit entendue politiquement.

Interview de Nâzim Boudjenah

Interview de Nâzim Boudjenah, pensionnaire de la Comédie-Française – 4 mars 2017

“Pour moi, les choses ni ne commencent ni ne finissent…”

Nâzim Boudjenah explique ne rien prévoir et ne jamais fonctionner à l’envie : les choses “lui tombent dessus”, tout le temps, toujours. Ainsi, le spectacle Intérieur qu’il a récemment mis en scène au Studio-Théâtre de la Comédie-Française était en lui bien avant qu’il ne commence à travailler sur sa création.

J’ai sans arrêt des images, des sortes de bulles qui apparaissent dans mon esprit”. C’est sans doute l’une de ces bulles qui, après s’être déposée, a pris la forme d’un spectacle d’une beauté et d’une poésie saisissantes.

Effectivement, ce qu’il a créé à partir du texte de Maurice Maeterlinck restera dans la mémoire de tous les spectateurs qui ont assisté à la pièce. Un peu à l’image d’un tableau qu’on garde dans un coin de son cerveau…

Reste à attendre d’autres bulles, d’autres émotions, d’autres tableaux… signés Nâzim Boudjenah !

 

Interview de Pierre Cassignard

Interview de Pierre Cassignard – 13 février 2017
Actuellement à l’affiche de deux spectacles : Darius et C’est encore mieux l’après-midi

“Ce qui me fascine : le pouvoir de suggestion qu’on peut rencontrer sur une scène.”

Ce qui lui a donné envie de faire ce métier ? Yves Montand, qu’il a vu dans l’une de ses revues à l’Olympia… C’était en 1981. Quelques années plus tard, il débute une carrière de comédien qui ne connaîtra jamais de réelle pause.

Très sollicité, toujours fidèle, fonctionnant aux coups de cœur, Pierre Cassignard travaille énormément. Par exemple, il se retrouve aujourd’hui à l’affiche de deux spectacles parisiens. Deux spectacles radicalement différents. Faire monter les larmes dans Darius au Théâtre des Mathurins, puis enfourcher un moto-taxi pour endosser au Théâtre Hébertot le costume du député dans la  folle comédie de Ray Cooney : voici le genre de défi qu’aime relever Pierre Cassignard.

Moi je ne connais qu’une famille : les gens travailleurs, gentils et enthousiastes !”. Rencontre avec un comédien qui se définit lui-même – et on le croit ! – comme “un vrai gentil”…

 

Interview de Didier Long

Interview de Didier Long – 26 janvier 2017
Au sujet de son spectacle Rimbaud-Verlaine au Théâtre de Poche-Montparnasse

“J’ai arrêté de jouer à partir du moment où ma carrière de metteur en scène s’est emballée.”

Un quart de siècle qu’il n’était pas remonté sur une scène de théâtre. Non pas qu’il se fut éloigné du monde du spectacle vivant, bien au contraire, mais il avait privilégié le rôle du metteur en scène, comme en témoigne son CV plutôt… prolifique !

Et puis, Christopher Hampton -avec qui il avait déjà travaillé- lui a donné les droits d’adapter sa pièce Rimbaud/Verlaine – Eclipse totale. “Je n’arrivais pas à distribuer les rôles, et je me suis rendu compte que la raison principale est que j’avais très envie de jouer cette pîèce  !”. Il est donc tous les soirs sur les planches, dans la petite salle du Théâtre de Poche-Montparnasse. Et ses journées, il les passe dans un autre théâtre, celui de l’Atelier, dont il a repris les rênes en 2015.

Qu’est-ce qui fait courir Didier Long ? Qu’est-ce qui rend ses journées extensibles ? Une passion considérable, inouïe, communicative, quasi contagieuse… Rencontre avec un mordu de théâtre qui nous en parle si bien !

 

Interview de Valérie Lesort et Christian Hecq

Interview de Valérie Lesort et Christian Hecq – 10 février 2017
Au sujet de leur spectacle 20 000 lieues sous les mers au Théâtre du Vieux-Colombier

“On se complète bien dans l’écriture (…) on rêvait de retravailler ensemble.”

Dans la famille Hecq, lorsqu’on demande Monsieur et Madame, on est certain de passer un moment bourré de sourires complices et de joyeux éclats de rires.

D’un côté, Valérie Lesort, plasticienne au CV impressionnant. De l’autre côté, Christian Hecq, comédien belge entré à la Comédie-Française en 2008, aussi inoubliable en Bouzin qu’en Obéron ou Lunardo.

Réunis autour d’un projet commun, ces deux-là sont capables de créer de la magie, de l’émerveillement. Qui n’a pas vu 20 000 lieues sous les mers ne peut comprendre comment l’alchimie entre Valérie et Christian a pu donner naissance à un spectacle total. Leur adaptation apporte la dose d’humour qui manque au roman de Jules Verne, la mise en scène – dans un décor impeccable d’Eric Ruf – foisonne d’idées ingénieuses, les marionnettes nous plongent tout naturellement dans les fonds marins et nous font redevenir des enfants.

Rencontre avec deux sacrés personnages qui n’ont pas fini de nous faire voyager !

Interview de Cesare Capitani

Interview de Cesare Capitani – 25 janvier 2017
Au sujet de son spectacle Moi, Caravage au Lucernaire

“Le Caravage a eu une vie tellement romanesque ! D’ailleurs il y a eu un roman, et même plusieurs !” – Cesare Capitani, auteur, comédien et metteur en scène

Diplômé de l’École de Théâtre « Paolo Grassi » de Milan (anciennement École du Piccolo Teatro) Cesare Capitani est tombé follement amoureux de Paris lors d’une tournée et a décidé de s’y installer sur un coup de tête.
Il est l’auteur de Rhapsodie, pièce de théâtre, ainsi que d’une adaptation théâtrale du roman d’Umberto Eco, Le Nom de la rose, et d’une série de nouvelles primées en Italie.

Suite au succès de son spectacle “Moi Caravage” autour de la vie du célèbre peintre italien, Cesare a créé un Seul en scène sur le personnage de Galilée. Face à l’accueil très enthousiaste du public, une tournée de ces deux spectacles le mènera prochainement sur les routes de France, et… d’Italie !

En parallèle, il travaille à sa prochaine création “Promenade… in Italia”, une sorte de parcours poétique, musical, théâtral, littéraire… Une immersion dans la culture et les traditions de nos “chers voisins”, un zoom sur les différences entre Italiens et Français, un clin d’oeil aux clichés concernant ces deux cultures. Car Cesare est définitivement italien ET français !

Interview de David Nathanson

Interview de David Nathanson – 17 janvier 2017
Au sujet de ses deux spectacles : D’autres vies que la mienne au Théâtre de la Reine Blanche et L’Ecorce des rêves à la Manufacture des Abbesses

“Cette histoire me touche beaucoup, c’est l’humanité qui me touche, l’humanité de ces gens-là .” – David Nathanson, auteur, comédien et metteur en scène

Le récit d’Emmanuel Carrère “D’autres vies que la mienne” touche tous les gens qui le lisent parce qu’il fait forcément écho à des choses personnelles. David Nathanson ne pense pas être plus impliqué que d’autres lecteurs mais “il se trouve qu’il est comédien et qu’il a eu envie de porter cette histoire sur scène.

Pour cela, il a fait appel à Tatiana Werner qui l’avait déjà mis en scène dans son adaptation du roman d’Edgar Hilsenrath Le Nazi et le Barbier. Après deux belles exploitations au Festival d’Avignon, le voici sur la scène du Théâtre de la Reine Blanche dont la programmation exigeante d’Elisabeth Bouchaud devrait attirer toujours plus de monde.

En parallèle, David Nathanson met en scène un spectacle “tout public à partir de 5 ans”, sa première pièce en tant qu’auteur. L’Ecorce des rêves a été créé à Paris à la Manufacture des Abbesses et sera repris à Avignon en 2017 au Théâtre du Centre. Un coup d’essai dont il peut être fier et qui lui a donné envie de poursuivre ce travail d’écriture et de création dans le cadre de sa Compagnie Les Ailes de Clarence. Bonne nouvelle : nous continuerons de suivre son travail…

Interview d’Hélène Degy et Elodie Menant

Interview d’Hélène Degy et Elodie Menant – 13 novembre 2016
Au sujet du spectacle La Peur prolongé au Théâtre Michel  jusqu’au 26 février 2017, succès oblige…

“Pour le rôle d’Irène, j’avais en tête l’image de Grâce Kelly, le côté, très féminin,  très femme. La rencontre avec Hélène fut une évidence…” – Elodie Menant, comédienne et metteure en scène

Elodie Menant qui s’était déjà emparé d’un roman de Stefan Zweig (La Pitié dangereuse) a adapté et mis en scène La Peur, en la transposant dans les années cinquante et dans une mise en scène très cinématographique. Aux côtés d’Hélène Degy qui interprète le rôle principal, Ophélie Marsaud et Aliocha Itovich forment un trio infernal.

Après avoir beaucoup tourné, le spectacle s’est installé au Théâtre Michel où il a reçu un accueil très enthousiaste qui lui a valu d’être prolongé jusqu’à fin février 2017.

“Admirable et haletant”, “mise en scène qui relève du génie”, “une jolie réussite” : une presse assez unanime qui remplit de joie Elodie et Hélène. Entretien croisé avec deux sacrées personnalités bourrées de talent…

Interview d’Anthony Magnier et Mikael Taieb – Compagnie VIVA

Interview d’Anthony Magnier et Mikael Taieb (Compagnie VIVA) – 24 novembre 2016
La Compagnie présente actuellement au Théâtre 14 une ébouriffante mise en scène du Fil à la Patte

“L’idée était de reprendre ce grand texte de Feydeau et de le ramener à sa quintessence : le jeu des comédiens…”

Anthony Magnier a créé la Compagnie VIVA en 2002. Cela fait donc 15 ans qu’il explore la modernité des grands textes du répertoire, au rythme effréné d’une création par an. La Compagnie emploie cinq personnes et fait travailler une trentaine de comédiens, comme Mikael Taieb qui interprète le fameux Bouzin du Fil à la Patte. Déjà plus de 200 représentations pour cette mise en scène décalée, dépoussiérée, ultra-moderne et irrésistible de la pièce de Feydeau.

Ils sont à Paris  jusqu’au 31 décembre 2016 et c’est plutôt rare : ils ont plutôt l’habitude de sillonner les routes de France. Si vous êtes parisien et que vous ne connaissez pas encore leur travail, courez au Théâtre 14. Si vous êtes en province guettez les dates de leurs prochaines tournées près de chez vous, vous ne le regretterez pas !

Interview de Véronique Vella

Interview de Véronique Vella du 25 novembre 2016
Elle met en scène Le Cerf et le Chien – création novembre 2016 au Studio-Théâtre de la Comédie-Française

“Depuis toutes ces années, je ne l’ai vue changer qu’en bien, la Comédie-Française !”

Lorsqu’on regarde le trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française et qu’on la découvre tout en haut, quatrième plus ancienne sociétaire actuelle, on a un peu du mal à y croire… De même qu’on a du mal à croire qu’elle fêtera bientôt ses trente ans dans l’illustre maison. Car ce qui frappe lorsqu’on rencontre Véronique Vella, c’est d’abord son allure juvénile. Son air d’adolescente, voire de petite fille, à l’image de “sa” Delphine du conte de Marcel Aymé qu’elle met en scène au Studio-Théâtre.

Et cependant, il aura bien fallu ces quasi trente années bien remplies pour enchainer tous ces rôles et réaliser toutes ces rencontres : Françoise Seignier, Michel Vitez, Marc Paquien, Daniel Mesguich, Laurent Pelly, Valère Novarina, Marcel Bozonnet, Alfredo Arias… La liste de ceux qu’elle appelle “ses petits cailloux blancs” est impressionnante et ne demande qu’à être enrichie ; to be continued…