Presse du 17 mai : Le Testament de Marie et Les Peintres au charbon

Le Testament de Marie, de Colm Toíbín, m.e.s. Deborah Warner, avec Dominique Blanc - Théâtre de l'Odéon-Europe - © Carole Bellaïche

1. Dominique Blanc irradie d’une “humanité bouleversante” dans un Testament de Marie diversement perçu :

“Dominique Blanc incarne Marie avec une sublime vérité et bouleverse le public. Sobriété, humanité, délicatesse : Deborah Warner a réussi le spectacle parfait. Dans un décor stylisé, Dominique Blanc porte toute la douleur de la mère qui a perdu son enfant et se retrouve dépossédée de son amour. Le regard triste, ardent, elle paraît si proche, si humaine, tout en assumant la dignité et la grâce de l’icône. Marie rendue à la terre, aux hommes et à l’effroi du monde : tel est le sens de ce spectacle fulgurant, qui ne cherche pas à choquer les croyants, mais rend simplement son humanité à la femme qui fut au coeur d’un des plus grands mystères de tous les temps. Les Echos

“Loin de la Vierge iconique et dématérialisée, Dominique Blanc donne à ce corps “fait de souvenirs autant que de sang et d’os” une réalité concrète. Profonde et subtile, faisant passer tous les sentiments, émotions et blessures, dans sa variété de jeu, de la révolte à la douleur, elle interroge l’humanité. Le Journal du dimanche

“On suit Marie dans son récit très personnel de l’engrenage fatal qui a mené son fils vers la mort. Dans sa bouche, tout est à la fois familier et très différent. Dominique Blanc fait de Marie un personnage infiniment vivant, proche de nous dans son indignation et son chagrin. Bien que profane, le texte de Colm Toibin n’attente nullement au sentiment religieux. Mais elle ouvre au public des strates vertigineuses de réflexion, sur la religion, la fabrication de l’Histoire, le rôle muet dévolu aux femmes, les soubresauts contemporains. Tout, de la mise en scène au jeu virtuose de Dominique Blanc, concourt à en faire une pièce rare. Le Point

“Marie, c’est Dominique Blanc. Mater dolorosa profane, d’une profondeur, d’une humanité bouleversante. Un jeu d’une grande subtilité, d’une grande profondeur. Deborah Warner signe une mise en scène se jouant de l’iconographie traditionnelle qu’elle détourne avec humour. Elle désacralise sans état d’âme ce qui de loin ou de près participe de la fabrication de l’Histoire officielle, se concentre sur la parole de Marie. C’est cela qui est mis en scène avec un juste dépouillement qui n’est pas austérité. Et ça, cette fable, ce stabat mater, c’est aussi l’histoire contemporaine qui se rappelle à vous sans crier gare. Un fauteuil pour l’orchestre

“Une mise en scène rythmée, sans effets spectaculaires, en prise directe avec le réel. Avec talent, Dominique Blanc porte ce monologue comme une partition, en délivrant les fractures palpables de cette mère déchirée avec vitalité, densité, et parfois des accents bouleversants. Une évocation de Marie, qui n’a pas pour but de stigmatiser les croyances, mais de faire entendre la profonde humanité d’une femme. Webthéâtre

“Colm Toíbín a-t-il voulu associer dans ce monologue de 2011 l’image du Christ aux actuels terroristes ? Faire de Marie, leur mère symbolique à tous ? Si assimiler Jésus aux terroristes est absurde, la pièce provoque habilement. Deborah Warner en fait un show surdimensionné. Forcée à d’inutiles virtuosités, Dominique Blanc se défend. Télérama Sortir

“La nouvelle dont est adaptée la pièce aurait fait scandale il y a cent ans. Aujourd’hui la subversion chatouille tout juste… Si le texte vaut, c’est plutôt pour ses accents terriens, son incarnation dans les détails du quotidien… Ce que la pièce décrit, c’est une rivalité de voix : celles des apôtres, qui souhaitent un récit d’évidences propre à enflammer la croyance, et celle d’une femme en colère, qui n’a vu dans la passion de son fils que «la pire espèce de catastrophe». Seule en scène du début à la fin, Dominique Blanc lui donne très charnellement corps, avec ses grands yeux interloqués et son pas décidé, occupant sans mal tout l’espace. Hélas, la mise en scène, très démonstrative décalque les tableaux connus jusqu’à tourner à vide. Deborah Warner fait très bien appel à l’émotion des spectateurs, mais sollicite un peu moins leur intelligence. Libération

“Pas de quoi troubler. Encore moins choquer. A priori ce monologue de Colm Toibin a de quoi séduire. Détaché des discours officiels, il invite à un autre regard… Las. Le charme s’épuise vite sous l’effet de trop de lourdeurs et raccourcis faciles. Privé d’un minimum de hauteur et de distance, le texte vire à l’anecdote. Un sentiment renforcé par les effets appuyés de la mise en scène et de la direction d’acteur. Loin d’un jeu en épure qu’elle maîtrise à la perfection, Dominique Blanc s’agite, s’exténuant et exténuant le spectateur dans une vaine course au quotidien. Sans doute, laisse-t-elle, par instants, affleurer une humanité vraie. Trop peu pour convaincre. La Croix

“Dans une scénographie somptueuse, Dominique Blanc, débit précis et clair, restitue chaque seconde [de cette histoire mythique], avec le calme et la gravité qui lui sont propres. Marie, simple femme qui n’a rien compris à cette révolution mystique, nous interpelle frontalement par le témoignage de sa propre histoire. On peut être très touché par ce texte iconoclaste, qui pulvérise le mythe de Marie et de Jésus par une relecture terriblement actuelle. On peut aussi s’interroger sur l’intérêt de cette narration qui revisite les moments clés de la crucifixion, sans susciter pour autant chez nous plus de surprise ni d’émotion. Sauf à admirer une grande comédienne. Artistik Rezo

 

Les Peintres au charbon, de Lee Hall, m.e.s Marc Delva, avec le collectif La Cantine - Théâtre 13 - © Suzanne Rault-Balet

1. Au Théâtre 13, Les Peintres au charbon, un conte humaniste mis en scène et interprété avec une belle énergie :

“Un beau conte populaire à la Ken Loach. Dommage que la traduction de Fabrice Melquiot soit si littéraire : on aurait aimé ressentir mieux et plus fort le verbe des mineurs. Reste la mise en scène inventive du jeune Marc Delva — espace bifrontal, tableau-vidéo, toiles transparentes ou blanches… Il place le public au coeur de ce beau conte populaire que les acteurs incarnent avec fièvre. Télérama

“Une scénographie certes contraignante mais efficace, qui renforce encore l’aspect humaniste du propos. La pièce sait jouer habilement de la corde humoristique sans jamais tomber dans l’outrance ou la caricature. La longue marche vers l’appropriation du geste artistique est nullement décrite comme un chemin bordé de roses. On perçoit au contraire toute la difficulté de la chose, les retours en arrière durables ou non, les frustrations possibles. Mais on voit surtout l’immense ressource créatrice dissimulée au sein de chaque homme pour des raisons tenant plus à la réalité sociale qu’à l’héritage génétique. Le spectacle est bien mené, sans faiblesse ni relâchement. À la fin du spectacle, les mineurs chanteront Working class hero, de John Lennon, hymne de circonstance saluant une épopée humaine qui fait chaud au cœur. Marianne

“Dans une mise en scène dynamique de Marc Delva, en un temps resserré qui nous embarque sur la dizaine d’années qui vit émerger le mouvement pictural du Ashington Group – groupe de mineurs artistes du milieu du XXe siècle -, les Peintres au charbon réveille le spectateur en lui rappelant que, au-delà de l’accès à l’Art avec un grand A, la colère et l’injustice doivent servir d’outil. Car c’est bien la colère qui pousse ces mineurs à peindre, à s’exprimer, à témoigner. Un moment plus qu’à propos, tenu par une jeune équipe prometteuse. La Vie

“Le sujet, toujours d’actualité, est intéressant, mais la pièce est longue. Les acteurs surjouent inutilement pour interpréter le prolo d’époque. Le spectacle est plaisant, mais demanderait à être resserré sur les rapports entre les mineurs et l’art. Télérama Sortir

“C’est une équipe jeune qui s’attaque à cette formidable pièce de l’auteur de “Face de cuillère” ou “La Cuisine d’Elvis”. La plupart n’ont pas l’âge des rôles mais qu’importe. Ils sont tous absolument crédibles en quelques minutes. On retient donc de ce spectacle le bel engagement et l’esprit “fraternel” qui y règne. Malgré des redondances dans le texte un poil bavard de Lee Hall (et c’est là son unique défaut), on ne lâche pas ces attachants comédiens qui défendent avec fougue et talent sur plus de deux heures le destin extraordinaire de ces mineurs anglais dans ce portrait social et engagé. Une bien belle réussite. Froggy’s delight

“Avec le spectacle du collectif La Cantine, l’on est au cœur de la mine : le sas d’entrée embaume la fumée ou le charbon. L’important est de donner à chaque personnage son caractère, sa différence. Les acteurs savent trouver la rudesse, le sens de l’affirmation, l’émotion sous la carapace, tandis que, dans le rôle du prof, Paul Emile Pêtre exprime à la fois le décalage culturel et la complicité. Les rôles de femmes sont particulièrement bien tenus. La troupe est jeune, manque parfois un peu de technique, mais elle porte l’oeuvre dans la sincérité et la vérité, avec pas mal d’imagination. L’implication de cette troupe a quelque chose de l’engagement dans lequel les mineurs d’Ahington se sont impliqués. D’où un fort sentiment d’authenticité, et une nervosité qui rend la soirée passionnante comme un feuilleton. Webthéâtre

Revue de presse 10 mai : La journée d’une rêveuse, Après la répétition et “31”

 

 

La journée d'une rêveuse, Copi, Pierre Maillet, Marilu Marini, Pianopanier, Rond-Point

1. Pierre Maillet reprend au théâtre du Rond-Point La journée d’une rêveuse de Copi, l’histoire d’une femme totalement monopolisée par ses rêves :

– “L’actrice joue les clowns gais et tristes, vole sur la scène avec grâce comme ses personnages rêvés, transforme la mélancolie de Copi en un grand sourire argenté. Et lorsqu’elle se change derrière un rideau de fortune, l’exilée, « l’étrangère », n’hésite pas à brocarder le FN. Copi, c’est l’antithèse des valeurs d’extrême droite : un combat permanent contre les régimes autoritaires, contre les conventions, pour la liberté sexuelle et pour la liberté tout court. Les Echos

“Il n’est pas un geste, un souffle, un regard, qui ne témoigne, en Marilù Marini, d’un savoir d’instinct porté par l’amour de l’être absolu de l’autre qu’elle joue. Rien de forcé, toutefois, dans son jeu. Tout semble couler de source dans son corps délié par la danse, si ardemment souple, sur son visage aux traits fins, infiniment mobile.L’Humanité

T – La rêveuse dont il est question est évidemment le double du chantre et trublion de la cause homosexuelle des années 1970, aristocratique touche-à-tout, dandy moqueur et carnassier. Le spectacle mêle ses textes – pas toujours bien choisis ou trop dilués ici –, raconte la dictature en Argentine comme l’exil en France.” – Telerama

“Alliant sens du burlesque et profondeur, Marilù Marini touche ici à ce qu’il y a de plus précieux dans l’univers de Copi : un rire franc et audacieux, à l’occasion irrévérencieux, qui transperce le réel pour dessiner le chemin d’un ailleurs poétique. Dans la mise en scène au millimètre de Pierre Maillet, cet ailleurs voit se déployer et grandir les accents d’une mélancolie très touchante.La Terrasse

“Cette pièce étonnante est couplée avec d’autres dont le Río de la Plata, ce qui nous permet de rappeler ici que Copi était argentin, ce qui rime avec fantaisie débridée, mépris de la vraisemblance et goût pour le mauvais goût. Le montage de Pierre Maillet est étourdissant, joyeux, surréaliste, amusant, déjanté, un vrai feu d’artifice. Du pur Copi.” – Les trois coups

“Ce spectacle-hommage est dispensé par Marilú Marini, “comédienne-monstre”, qui investit et incarne avec une férocité cannibale la rêveuse, femme seule dans sa grande maison avec ses arbres à melons et son jardin de cadavres.” – Froggy’sDelight

2. Au Studio des Champs-Elysées, la comédie musicale 31 mise en scène par Virginie Lemoine joue les prolongations :

“Stéphane Corbin, le compositeur des neuf chansons accompagne les comédiens au plateau dans une mise en scène tout en finesse de Virginie Lemoine et dans des décors de Grégoire Lemoine qui permettent en clin d’œil de changer d’époque grâce à quelques accessoires qui nous rappellent aussi comment la société a muté technologiquement en l’espace de vingt ans. On passe du téléphone portable à clapet, au bruit strident d’un modem au démarrage à la drague sur minitel : ce sont aussi nos années qui défilent sur scène.SceneWeb

“On comprend que le studio des Champs-Élysées ne désemplisse pas, même en début de semaine, tant le moment est sympathique. C’est un spectacle de qualité comme on les aime, servi par quatre comédiens-chanteurs Carole Deffit, Valérie Zaccomer, Alexandre Faitrouni et Fabien Richard qui ont tous les quatre beaucoup de métier et de talent.Le Figaro

“Un autre atout ce sont les chansons composées par Stéphane Corbin (présent pour accompagner les comédiens-chanteurs sur scène) qui livre quelques perles dont le puissant et déchirant “Sous quel arc-en-ciel” chanté par Valérie Zaccomer, justement sur les ravages des années sida. Les chansons ponctuent toutes avec grâce le passage à rebours des années.Froggy’sDelight

TTT -Un spectacle extrêmement rythmé et porté par des comédiens de talent campant des personnages plus attachants les uns que les autres. On rit, on s’émeut, et on rit encore. Bravo.Telerama

“31 ! est une histoire qui dure 20 ans. Le fil conducteur en est la date du 31 décembre avant les douze coups de minuit de chaque année entre 1979 et 1999 ». Il y a de l’agitation dans ce chœur de filles et garçons qui semblent évoluer dans une meute de non-dits.Artistik Rezo

Après la répétition, Ingmar Bergman, Nicolas Liautard, La Tempête, Pianopanier

3. Après Scènes de la vie conjugale, Nicolas Liautard propose au Théâtre de la Tempête une adaptation scénique d’un autre film d’Ingmar Bergman, Après la répétition :

“Avec Liautard, l’enchâssement du lien comédienne-metteur en scène avec le lien amoureux signe une mise en scène efficace où on ne veut pas savoir où commence la scène et où commence la vie. Le temps semble comme bloqué par une intrication et des paroles polysémiques et des voix enregistrées.Toute la Culture

“Nicolas Liautard poursuit ainsi son étude de l’intime, qui puiserait sa vérité dans l’expérience propre des interprètes : les personnages sous les personnes, et les personnes sous les personnages. Cette « confusion », ou indétermination, est à la fois un principe esthétique et la condition du plaisir pour un spectateur devenu témoin.Sceneweb

“Nicolas Liautard (…) porte à la scène et interprète Henrik pour faire entendre avec ses deux partenaires, Sandy Boizard (Rakel) et Carole Maurice (Anna), ce texte magnifique. Sans effets spectaculaires, ni vidéos illustratives, mais en tendant un fil ténu entre la réalité de vie quotidienne, de l’amour et des sentiments, et de leurs frontières ou porosités dans la construction et l’accomplissement de la création théâtrale.WebTheatre

“Ingmar Bergman est plus connu pour sa filmographie que comme dramaturge et metteur en scène. Le théâtre était pourtant sa première passion, et on l’en remercie, car on retrouve ici la réflexion de l’auteur sur la représentation et le va-et-vient entre personne et personnage (mais on nous épargne toute considération théorique, dieu merci ). Résultat : on est suspendu à leurs lèvres, dans un ici et maintenant d’une rare intensité.” – Les5pièces

“Sandy Boizard apporte à Rakel son talent, son humanité et sa présence qui dynamisent le plateau. En toute cohérence, Nicolas Liautard est un metteur en scène sobre et adéquat. Carole Maurice interprète Anna. Ingmar Bergman, qui fut autant sinon davantage metteur en scène de théâtre que cinéaste, confiait être lassé par la difficile quête que représente le théâtre, celle d’une interprétation et d’une illusion qui touchent à l’émotion ou la vérité. La Terrasse

“Pour théâtraliser ce petit biodrame intervenant dans “la grande famille du théâtre”, Nicolas Liautard a opté pour une mise en scène clivante en terme de registre, et quasiment sexuée, au demeurant cohérente au regard de la partition “sexiste” de Bergman affirmant la suprématie de l’homme et du metteur en scène. Distanciation pour lui, réalisme humoral pour elles.” – Froggy’sDelight

Revue de presse du 3 mai : Votre Maman, L’Abattage rituel de Gorge Mastromas, Eric von Stroheim

Votre Maman, de J.C. Grumberg, m.e.s. Charles Tordjman, avec Catherine Hiegel, Bruno Putzulu, Philippe Fretun et Paul Rias - Théâtre de l'Atelier - photo © Ch. Vootz @ Ch. Vootz

1. Un voyage poignant dans la mémoire, avec Votre Maman, de Grumberg, emporté par une Catherine Hiegel remarquable :

“La pièce est brève, mais elle dit beaucoup. Mise en scène avec justesse, elle commence sur le mode comique grinçant, puis, dans les dernières scènes, on est plongé dans la tragédie de la mémoire qui s’étiole, de la disparition physique et mentale des derniers témoins de la Shoah. Catherine Hiegel est remarquable dans ce rôle ardu. Sans pathos, avec grâce, presque légèreté, elle incarne la fin de vie brouillée d’une femme qui a beaucoup aimé, beaucoup souffert… morte juste avant d’avoir tout oublié. Le dernier échange entre le fils et sa mère nous laisse la gorge serrée. Les Echos

“La maman en question n’a plus toute sa tête, mais garde de la répartie. Campée par la formidable Catherine Hiegel, elle ne s’en laisse pas conter… On rit à ses frasques, avant que le sourire ne se fige, au fur et à mesure que la pièce file vers son sujet glaçant : les souvenirs épars de la Shoah qui remontent à la surface dans la mémoire trouée de la mère. Vieille dame indigne, rebelle et fragile, Catherine Hiegel est bouleversante dans le rôle de la mère. Une pièce brève et forte. Le Parisien

“Jean-Claude Grumberg sait dire sans raconter. Dans Votre maman, comme dans ses autres pièces sur le sujet, le passé est là, présent et indicible. … En un instant, [Catherine Hiegel] impose une présence, un personnage, une vie. L’une de nos plus grandes actrices. Le Monde

“Un spectacle attachant dont la loufoquerie fait fonction de masque pudique, servi par la mise en scène de Charles Tordjman, sobre et parfaitement accordée au rythme du texte et par des comédiens de grand talent. Catherine Hiegel est parfaite dans le rôle de la vieille dame. Le fils est interprété par Bruno Putzulu, très touchant ; il exprime avec justesse le désarroi et la solitude de son personnage… Cette nouvelle collaboration entre Grumberg et Tordjman confirme les affinités électives entre ces artistes qui ont l’art de traiter avec légèreté et grâce les sujets les plus graves. Webtheatre

“On retrouve l’humour noir de l’auteur servi par des comédiens talentueux et attachants. Bruno Putzulu, ancien pensionnaire de la Comédie-Française, retrouve son ancienne doyenne et circule entre eux une tendresse communicative. Le public rit beaucoup jusqu’au final où les gorges se serrent. Grumberg continue ici son travail sur le devoir de mémoire, tellement nécessaire. Toute la culture

“Une pièce toute en finesse. Catherine Hiegel et Bruno Putzulu forment un duo mère-fils des plus touchants. Jean-Claude Grumberg, par petites touches délicates et pudiques, drôles et virant à l’absurde, crée une atmosphère toute en vulnérabilité… L’auteur une nouvelle fois écrit sur la thématique qui tisse histoire et intimité, hantise et légèreté, brouillant le temps et l’espace. La mise en scène souligne au plus près les contours de cet univers, qui laisse affleurer l’émotion à travers l’humour et la subtilité. La rencontre entre Catherine Hiegel, d’une finesse sans pathos, et Bruno Putzulu, qui rayonne de tendresse, bouleverse le public. Artistik Rezo
 

L'abattage rituel de Gorge Mastromas, de Dennis Kelly, m.e.s. Maïa Sandoz - © Danica Bijeljac @ Danica Bijeljac

2. Maïa Sandoz monte avec vivacité L’Abattage rituel de Gorge Mastromas, une comédie grinçante et actuelle :

(à noter, actuellement, par Chloé Dabert, une autre mise en scène du même texte se joue au Rond-Point)

“Dennis Kelly est un esprit féroce qui met face aux réalités du moment. Maïa Sandoz met en scène avec malice. Aurélie Vérillon, fine et vive, est éblouissante. Adèle Haenel, qui aime travailler avec Maïa Sandoz, est, elle aussi, excellente, avec ce mélange de gravité et d’humour qu’elle distille avec délicatesse. Leurs camarades, unis et très personnels, servent avec vivacité le propos. Aussi noire soit l’inspiration de Dennis Kelly, le spectacle ne pèse pas. Il est souvent très drôle. On rit franchement. Maïa Sandoz a le sens des mouvements, des accélérations, des transformations rapides des images. Du théâtre libre, joyeux, enjoué qui repose sur une liberté bien tempérée. Figaroscope

“Dennis Kelly sait l’art d’éveiller aux turpitudes et au cynisme politique, économique de notre société libérale pas si avancée, qui pervertit volontiers l’individu. Maïa Sandoz a monté musicalement le texte à la structure éclatée, où le temps n’existe plus, où la forme labyrinthique reste énigmatique. Elle a opté pour un chœur d’acteurs, où les voix plurielles racontent, comme dans un kafkaïen procès, ce drôle de personnage tragique… Les acteurs jouent collectif et bien. On ne peut s’empêcher d’aimer particulièrement Adèle Haenel, farouche et rebelle. Télérama Sortir

“Cette pièce permet de voyager à l’intérieur de l’incarnation et de la mise à distance, offrant une grande richesse de déploiement aux interprètes.
entretien avec Maïa Sandoz La Terrasse

“La personnalité polymorphe de George est distribuée entre six acteurs, comme un chœur antique, qui font tourner la parole de sa biographie… Sur un plateau tournant, tel un ring, se déroulent des affrontements, professionnels, amoureux, familiaux… Abattage ? Oui, le sang coule, balafre les victimes, tache les mains. Indélébile. …le rire peut fuser, complice, amer, coupable de participer de cette mascarade généralisée qu’est notre société. Spectacle efficace, sans temps mort, d’une santé dérangeante propre à déciller les aveuglements contemporains. Spectacles Sélection

“La forme est très jubilatoire pour les comédiens. Elle est chorale. Les comédiens, galvanisés, sont excellentissimes. Aurélie Vérillon, idéal Tanagra, possède une très forte présence et un sens des nuances, des passages, tout à fait impressionnant. Adèle Haenel que l’on avait vue déjà excellente, entre les mains de Maïa Sandoz, possède le charme et la fantaisie qui conviennent. Les garçons aussi sont tous engagés, audacieux, libres et rigoureux à la fois, tous. On rit beaucoup. La pièce est très allègre, mais répétons-le très cruelle. Un théâtre d’aujourd’hui dans le fond comme dans la forme. Rare, si rare ! Le Grand Théâtre du Monde, Armelle Héliot
 
Eric von Stroheim, de Christophe Pellet, m.e.s. Stanislas Nordey, avec Emmanuelle Béart, Thomas Gonzalez, Laurent Sauvage - Théâtre du Rond-Point - © J.L. Fernandez @ JL Fernandez

3. Stanislas Nordey met en scène au Rond-Point, Eric von Stroheim, de Christophe Pellet, trio troublant :

“Stanislas Nordey magnifie l’audacieux poème érotique de Christophe Pellet. Cru, porté par un trio de feu, le spectacle bouscule et bouleverse. Le jeu puissamment distancé des comédiens décuple la force des mots. La pièce devient opéra des sens, porté par trois acteurs en apesanteur. Laurent Sauvage émeut dans la peau du « harder » fatigué. Thomas Gonzalez a l’allure d’un dieu grec, venu sur terre pour se frotter à la nature, à la vie. Emmanuelle Béart est sublime en maîtresse-femme blessée, mélange d’autorité, de tristesse et de sensualité. On ne sort pas indemne de ce court spectacle énigmatique et troublant. Les Echos

“Portés par une mise en scène formidable, les trois comédiens rayonnent. La langue, démonstrative ou elliptique, fait toujours à elle seule spectacle. Comme dans le meilleur du grand répertoire. Pellet cherche. Nordey cherche. Ses acteurs cherchent. Et leur quête partagée rayonne. Tous trois ont choqué, troublé, fasciné, apaisé le public. Avec un lyrisme, une émotion qu’on n’avait encore jamais vus dans les spectacles de Stanislas Nordey, en pleine maîtrise d’un art électrique et fulgurant. Et ce lyrisme-là emporte et embrase. Télérama

“Comme souvent dans le théâtre de Stanislas Nordey, il y a les mots, la densité de l’écriture. Pourtant, dans « Erich von Stroheim », c’est autre chose qui marque de son empreinte les enjeux de la représentation. C’est un corps. Le corps nu du jeune acteur Thomas Gonzalez. Il impose sa présence physique au sein d’une scénographie alliant dépouillement et monumentalité. On est loin, dans cette mise en scène d’une grande intelligence, des recettes éculées qui dévêtissent certains interprètes pour provoquer les rires ou mettre à mal les pudeurs. La nudité que convoque ici Stanislas Nordey est ample, exigeante, agissante. Stanislas Nordey trouve le point d’équilibre entre stylisation et corporalité. Son « Erich von Stroheim » regorge d’une puissance insolite. La Terrasse

“La pièce est violente, âpre et audacieuse, elle dérange, taraude et questionne. Le propos est radical, le texte parfois cru. La mise en scène tendue de Stanislas Nordey renforce le poids des mots. Enchâssé, sinon écrasé par le décor spectaculaire qui s’ouvre et se referme comme un objectif, le texte accuse ses (quelques) fragilités mais le huis clos y résonne obstinément. Formidablement présente et engagée, Emmanuelle Béart incarne cette femme dominatrice avec une force magistrale face à ses deux valeureux partenaires. Le Journal du Dimanche

“Stanislas Nordey cadre le désert sentimental de ce trio sexuel dans la démesure lyrique de deux immenses battants qui s’ouvrent et se ferment en n’embrassant que des espaces vides. Le strip-tease des âmes s’avère une voie sans issue, une fabrique de coquilles creuses, qui dénonce notre monde de la marchandisation… La désillusion est sans appel pour ceux qui osent tomber le masque. Romantiques s’abstenir. Les Inrocks

“Une écriture incisive, âpre, violente, rythmée. Un poème noir, à l’humour féroce et à la langue fragmentée qui interroge en creux le monde d’aujourd’hui, la relation à l’autre, le désir et le travail. Il questionne aussi l’enfance fracassée et la perte d’innocence. Stanislas Nordey orchestre d’un geste sûr et puissant cette danse de mort dont la fureur des mots magnifiquement rendus, résonne de cette compromission impossible. Des corps qui habitent la langue et une langue qui percute le corps, telle est la partition que servent à merveille les trois comédiens dans un abandon aussi troublant que poignant. Bravo. Publik’Art

Revue de presse 26 avril : Baal, Songes et métamorphoses, Trois précédé de un et deux

Baal, Bertolt Brecht, Christine Letailleur, Théâtre de la Colline, Pianopanier

1. La mise en scène par Christine Letailleur au Théâtre de la Colline de Baal, l’une des oeuvres de jeunesse de Bertolt Brecht, ne convainc pas la critique :

” Si on met de côté le trio formé par Stanislas Nordey, Vincent Dissez et le jeune Youssouf Abi-Ayad (Johannes) qui, fort des singularités de chacun, trouve le juste ton, les huit autres comédiens flottent dans un entre-deux maniéré. L’abus de cris (ponctués de quelques ricanements démoniaques) n’arrange rien à l’affaire. Les Echos

“Le spectacle n’est pas assez sulfureux. Il est froid et décousu. Christine Letailleur fait jouer les comédiens sur le ton de la tragédie. C’est souvent assez insupportable. Le plateau dépouillé devrait permettre à la poésie de Brecht de remplir l’espace. Ce n’est pas le cas.”Sceneweb

“La scénographie a beau être fort léchée, elle ne sauve pas le spectacle d’un déséquilibre lié à l’hypertrophie du rôle de Baal, comme si ce dernier faisait subir à la pièce le même sort que ceux qu’il humilie au fil du temps.Marianne

“Et c’est un Baal surprenant, notamment pour ceux qui ont vu le film réalisé par Volker Schlöndorff en 1969, et dans lequel Rainer Werner Fassbinder jouait le côté bestial et jouisseur de Baal avec une violence opaque et dérangeante. Stanislas Nordey n’a a priori ni le physique ni l’âge du rôle, avec son allure christique de grand jeune homme de 50 ans.Le Monde

“La qualité de la mise en scène tient dans les couleurs somptueuses et tragiques des cieux à l’arrière-plan et dans le jeu d’ombres chinoises portées par les personnages sur les décors dépouillés, tout cela accompagné d’un subtil bruitage de vent.” – La Croix

“Surchargée d’élans d’exaltation, d’effets d’opacité et de clairs-obscurs, cette mise en scène de Baal n’offre que très peu d’espace à de possibles ambivalences. Elle nous enferme dans une vision plus sombre que sombre de la pièce. Une vision monocorde qui génère des longueurs et quelques passages à vide.La Terrasse

“On peut récuser le nihilisme iconoclaste et irrévérencieux de la pièce. On peut sourire de la figure au romantisme un peu morbide de l’écrivain maudit. On ne peut être insensible au souffle poétique de la langue de Brecht dans ce Baal (1919). On sera séduit par la mise en scène puissante et sobre, à sa façon, de Christine Letailleur, et par la performance de Stanislas Nordey.” – Les trois coups

“Si l’on est hermétique au jeu très physique de Stanislas Nordey, à sa gestuelle prévisible et à sa manière bien particulière de dire un texte, on n’ira sans doute pas jusqu’au bout des 2 h 30 de son quasi “seul en scène”. On pourra, au contraire, être fasciné par son infatigable conviction à porter les mots des grands auteurs.” – Froggy’sDelight

“Stanislas Nordey est un interprète exceptionnel qui ne donne jamais le sentiment de jouer. Il est ce Baal en rupture, aimant et odieux parfois, fuyant toujours on ne sait quelle vérité sur lui-même qu’il ne veut absolument pas voir. Certaines scènes sont plus bouleversantes que d’autres. Celles avec la mère, notamment, et celles de la solitude, de l’abandon à la mort. Il y a dans Baal quelque chose de Woyzeck, quelque chose d’une tragédie du sacrifice.” – Le Figaro

 

Songes et Métamorphoses, Guillaume Vincent, Ateliers Berthier, Odéon Théâtre de l'Europe, revue de presse, Pianopanier

2. Aux Ateliers Berthier de l’Odéon, Guillaume Vincent propose une variation spectaculaire autour du Songe d’une Nuit d’été de Shakespeare et des Métamorphoses d’Ovide :

“La forme flamboyante n’empêche pas d’aborder les questions de fond : l’âpreté de l’existence, l’art et l’amour qui transcendent les genres, la violence des sentiments… Le metteur en scène insuffle une envie sauvage à ses comédiens, tous excellents : des plus jeunes (Elsa Agnès, Elsa Guedj, Hector Manuel, Makita Samba), aux plus aguerris – tel Gérard Watkins, époustouflant en Puck survolté. Les Echos

“Paradoxalement, dans les deux parties du spectacle, même si ces scènes restent efficaces (elles le sont dans leur principe même), les moments où l’on voit les acteurs répéter ou donner un spectacle finissent par tomber à gros sabots dans ce qu’elle dénoncent : un chapelet de poncifs ou de gags attendus. Enfin, le montage zapping de l’ensemble bloque le souffle de la mise en scène qui en manque donc.Le Blog de Mediapart

“On rit, on tremble, les yeux écarquillés. On se laisse ainsi transporter par les décors magnifiques, les transitions ingénieuses et surprenantes, les chants envoûtants, comme des enfants à qui on raconte une vieille histoire. Une histoire un peu terrifiante, un peu datée, mais dont on sent la force qui traverse le temps. C’est beau, c’est grand, c’est spectaculaire, proche de nous et haut aussi, très haut.Les trois coups

“Guillaume Vincent s’inspire des comédiens de fortune du Songe, en rendant hommage au théâtre amateur : Narcisse est joué par des enfants ; de jeunes comédiens se glissent dans la peau de faux lycéens pour interpréter Myrrha. On assiste à un « work in progress » qui oscille sans cesse entre répétition et représentation, monde réel et monde magique. La scénographie, ingénieuse, joue de cette ambiguïté – un mélange de MJC et de Palais des mirages.Les Echos

“Ces questions, qui hantent notre théâtre contemporain et auxquelles il ne donne pourtant jamais de réponse, sont trop souvent la seule chose qui nous reste à la sortie des salles. Mais ce qui fait la réussite de ce « Songes et métamorphoses », c’est qu’en plus de son succès à les illustrer à travers la complexité de son écriture et la grande cohérence de sa forme, on y prend à bras-le-corps la joie, l’amour, la tristesse ou la colère.I/O Gazette

“Suivant la plume du metteur en scène qui montre parfaitement au passage combien peuvent nous parler encore et toujours aujourd’hui les récits classiques d’Ovide, le spectacle saute de représentation théâtrale en work in progress avec une habileté et une fluidité consommées, et compose en même temps une fête, une parenthèse de liberté, un moment où l’on peut regarder le monde dans son désordre dionysiaque, et une véritable ode au théâtre, à un art qui s’adresse autant à l’innocence de l’enfance qu’aux tréfonds les plus sombres de la psyché.La Terrasse

Trois précédé de un et deux, TGP, Mani Soleymanou, revue de presse Pianopanier

 

3. Trois, précédé de un et deux, la géniale trilogie du québécois d’origine iranienne Mani Soleymanlou se joue au Tarmac jusqu’au 29 avril :

“La pièce brasse les idées, parfois aussi les clichés, n’évite pas quelques raccourcis, mériterait d’être un peu resserrée, mais elle est honnête, habile et ne fait jamais douter des bonnes intentions de ses auteurs. SceneWeb

“La démarche est passionnante. En ces temps troublés et inquiets où nos repères se dissolvent, cette aventure, belle et enthousiasmante, est traversée d’une vitalité revigorante et nous invite à penser le monde.WebTheatre

“L’ingéniosité de ce dispositif est malheureusement une des seules vraies qualités (la scénographie en est une autre) de ce qui prend vite les traits d’une inoffensive comédie «feel good». Un registre qui n’a rien de problématique en lui-même si l’auteur n’avait eu d’autres ambitions. Au rang desquelles : créer une odyssée drôle et émouvante sur la diversité culturelle et discourir sur une quête des origines qu’il juge visiblement nécessaire (au point de friser l’injonction). Libération

“Un, deux, trois, Go au TGP car il ne faut absolument pas manquer cette pièce. Si vous hésitez encore un tout petit peu , sachez qu’il est assez rare d’assister à une standing ovation, et que ce fut le cas.” – Les5pièces

“Il y a d’abord Un, monologue autofictif. Puis il y a Deux, duo avec le Québécois Emmanuel Schwartz. Il y a enfin Trois, qui réunit trente-cinq interprètes issus d’horizons divers. La Terrasse

“L’instrumentalisation politique de la question identitaire a transformé cette quête humaine en un terrain miné, mais nous l’arpentons avec dérision et humour.” – Mani Soleymanlou pour La Terrasse

Revue de presse du 19 avril : Ubu, Biopigs, Bajazet

Ubu, Alfred Jarry, Olivier Martin-Salvan, Bouffes du Nord, © Sébastien Normand @Sébastien Normand

1. Un Ubu survolté aux Bouffes du Nord :

“La farce potache d’Alfred Jarry peut paraître désuète, difficile à lire pour un théâtreux du XXIe siècle, et pourtant « Ubu » tient le coup… La saga de ce roi crétin, qui tue tout le monde, reste un manifeste « anar » et antitotalitaire efficace. Et surtout, elle constitue un formidable matériau de théâtre. Le jeu burlesque, sans temps mort, orchestré par un Olivier-Ubu survolté décuple l’humour farcesque. Les gags font mouche. Nos cinq musclés jouent la carte de l’absurde, de la gaudriole, du mauvais goût assumé, sans sombrer dans la grossièreté. Gesticulant et transpirant une heure durant, ces marionnettes nous ont bien divertis, en faisant un sort aux champions de la tyrannie. Les Echos

“Les cabrioles de cette séance d’aérobic en folie, éclairent des répliques que l’on croirait taillées pour Trump et Madame. Quel homme cet Olivier [Martin-Salvan] ! Ce qui est le plus frappant, c’est sa légèreté. Il en joue, s’en joue. Figaroscope

“Structure scénique légère, comédiens survoltés aux dégaines d’hurluberlus… Le metteur en scène Olivier Martin-Salvan adapte les pièces d’Alfred Jarry avec rage et drôlerie. Ce que la pièce peut avoir de théorique dans sa déstructuration affichée est renouvelé dans une forme joyeuse qui dégraisse et dynamise le texte. On rit face à ces comédiens aux dégaines d’hurluberlus, aux mimiques insensées, aux yeux terrorisés. On retrouve son effronterie enfantine. En s’amusant de la pièce, Oliver Martin-Salvan et sa bande lui ont rendu d’irrésistibles nerfs. Télérama

“Comme dans un combat de boxe, tout va très vite et les coups fusent. Face à cette farce irréelle ayant le don de s’éterniser à grande vitesse, on se sent évidemment amusé, peut-être lourdement diverti mais, aussi, étrangement captivé, saisi de ne pouvoir s’empêcher de penser aux plus ubuesques des dirigeants actuels, à commencer par Donald Trump… A la fois tenue et défoulée, rigoureuse et déjantée dans sa forme, cette performance restera dans les annales des innombrables variantes offertes au mythique despote. Le Journal du dimanche

“Avec cette farandole de corps hurlants et dégoulinants, les comédiens repoussent la limite du grivois, titillant la limite du supportable et réaffirmant la cruauté de ce personnage immonde. Emportés par leurs gémissements et les éclats de rire du public, on passe un moment des plus absurdes, et on applaudit la troupe pour son énergie et sa folie de rigueur. La Vie/span>

“L’enjeu est de pouvoir représenter l’avidité guerrière du pouvoir dans son entêtement, dans cette tension entre grotesque et cruauté, entre farce potache et quête pulsionnelle et tragique. L’univers choisi permet de mettre en scène la méchanceté des jeux d’enfance – et Ubu est à maints égards un grand enfant -, la puissance des pulsions, le goût irrépressible du pouvoir et une forme d’abrutissement radical. Mais une fois passés l’effet de surprise et ses ressorts, ce qui prend le pas sur tout le reste, c’est la gesticulation et sa répétition lassante. La scène finale que l’on n’espère pas prophétique a beau avoir un certain style, l’exercice a ses limites et, au fil du spectacle, la métaphore perd de sa vigueur. La Terrasse

Biopigs, cie Zerep, Rond-Point

2. Au Théâtre du Rond-Point, Biopigs, spectacle farfelu, dont la folie vivifiante peut tourner à l’exercice de style ultra-référencé :

“L’heure est au kitsch avec ce spectacle farfelu écrit par la folle compagnie du Zerep. La performance, haute en couleur, s’ouvre ainsi dans un déluge de costumes et de perruques face à une sorte d’immense sculpture représentant vaguement la silhouette dégoulinante de Jabba the Hut. Une performance survoltée. Time Out

“Ils ne sont que trois pour faire défiler une galerie de personnages fantasques. A force de perruques et de pirouettes, ils réinventent — encore mieux que d’habitude — un art jouissif du clown pour dire que notre monde est une farce. Télérama Sortir

“Spectacle sans queue ni tête comme sait en faire la compagnie du Zerep, Biopigs est tellement déroutant qu’il risque de vous perdre en route. Il y a des moments hilarants mais aussi des chorégraphies répétitives et beaucoup de passages où le sens de l’humour à la fois absurde et référencé de Xavier Perez et Sophie Boussiron perd le spectateur. Tout n’est pas réussi. Et la succession de saynètes instaure un rythme soutenu et une forme de zapping où la vitesse d’enchaînement fatigue quelque peu l’attention. La Terrasse

“Une caricature un peu vaine. Rompus à la pratique du mauvais esprit, jusqu’au malaise, le duo d’agités formé par Sophie Perez et Xavier Boussiron depuis une quinzaine d’années officie au croisement du spectacle vivant et des arts plastiques. Sous des applaudissements mécaniques a lieu un déboulonnage en règle des vieilles lunes du théâtre contemporain, de Chéreau à Nordey, et d’un esprit de sérieux qui plombe parfois le répertoire comme l’institution. L’actualité récente l’a montré, notre besoin de caricature est inextinguible, tout comme la mise en perspective critique et le dynamitage. Une fois établi, ce constat ricanant et un peu vain signale peut-être pour la compagnie du Zerep l’épuisement d’un système, surtout quand la création collective menace à tout moment d’engloutir la verve des trois interprètes, inaudibles. Libération

Biopigs est conçu comme la succession de fin de spectacle que focalisent les saluts faussement improvisés et la réception des applaudissements. Le tout est estampillé de l’humour provocateur et référencé de Sophie Perez et Xavier Boussiron dans une énergie aussi furieuse que généreuse. A l’abri d’une esthétique baroque et outrancière qui renvoie à l’envers du décor, la compagnie du Zerep éprouve pour mieux s’en moquer mais aussi les revisiter, les formes de la représentation théâtrale. Un geste salutaire. PublikArt

“Habituée du grand n’importe quoi, avec “Biopigs”, la compagnie du Zerep ne déçoit pas : costumes kitsch à souhait, scènes trash et humour caustique, tous les ingrédients sont réunis pour concocter un cabaret déjanté dont seuls Sophie Perez et Xavier Boussiron ont le secret. Hommage, critique, parodie ou moquerie ? On hésite tant la compagnie se fait un malin plaisir à déjouer les codes du genre, à tordre le cou au bon goût… Nombreux sont, en effet, les moments hilarants dans Biopigs. Mais, s’il est bien connu que la culture c’est comme la confiture, l’étalage et l’accumulation de références a de quoi désorienter le spectateur… A la fin, toute en queue de poisson, les applaudissements du public – le vrai, cette fois-ci – paraissent bien timides comparés à ceux qui ont ponctué la représentation. Signe peut-être du sentiment de lassitude face à un tel zapping… Toute la culture

 

Bajazet, Racine, m.e.s. Eric Ruf, Vieux Colombier, Comédie-Française

3. Au Vieux-Colombier, Eric Ruf présente Bajazet, de Racine :

“La situation politique est assez confuse, mais on ressent bien les forces, la fureur, la haine et l’amour qui lient les personnages. Dans sa mise en scène, Eric Ruf utilise des armoires de bois pour délimiter le cœur du sérail, lieu intime. L’ensemble est bien mené. Clotilde de Bayser (Roxane) et Denis Podalydès (Acomat) sont excellents. Télérama Sortir

“Tout n’est que grâce, suggestion, fantasme, aveu arraché ou consenti. Les acteurs de cette tragédie sont portés par la fluidité de l’alexandrin racinien qui rajoute une touche de poésie dans une histoire où Atalide et Bajazet sont les seuls êtres mus par d’autres sentiments que la volonté de pouvoir. Marianne

“La scénographie sert parfaitement la mise en scène minutieuse, propice à l’exposition d’une tragédie dont l’authenticité exotique sert de miroir à une Cour occidentale semée, elle aussi, de chausse-trapes. Où conduisent le pouvoir jaloux d’Amurat, l’ambition traitresse d’Acomat, l’amour contrarié de Bajazet, la jalousie morbide de Roxane et l’amour inconditionnel d’Atalide sinon à la destruction ? Leur état d’esprit, à son paroxysme dès le début, se déploie et s’enflamme, chaque acte ponctué par quelques mesures de musique. Pas le moindre ennui, pris que nous sommes par le déroulement des actes dévastateurs commis, et la tragique fatalité du dénouement. Spectacles Sélection

“Comme à son habitude, Racine déploie ici la ferveur magnifique d’un texte qui déshabille les passions. Dans cette pièce rarement donnée, Clotilde de Bayser et Denis Podalydès sont éblouissants de maîtrise et de vérité scénique. Eric Ruf, qui signe ici la mise en scène et le décor, crée une atmosphère austère et douce à la fois, que les costumes de Renato Bianchi, longues robes souples et fuselées et costumes contemporains, rendent intemporelle. Entendre ce texte vibrant d’émotions réfrénées et explosives, c’est une expérience délibérément salutaire et réjouissante. Artistik Rezo

“C’est pour remplacer « La Cruche cassée », déprogrammée après la défection du metteur en scène, que l’administrateur du Français a choisi de monter au débotté « Bajazet ». Avec la même distribution que celle prévue pour la pièce allemande. Les comédiens-français, habitués à l’alternance, se sont coulés dans le moule et le spectacle proposé apparaît abouti. Classique, élégant, il ne nous a pas fait vibrer pour autant. Dans sa scénographie, Eric Ruf a su rendre avec justesse l’atmosphère de « huis clos » du sérail. Les comédiens évoluent avec précaution dans ce précieux capharnaüm, magnifié par un saisissant clair-obscur. Denis Podalydès, fabuleux dompteur de texte, apprivoise et soumet les alexandrins… Mais faute d’une intensité réellement partagée, le spectacle ne parvient pas à captiver. De belles images et l’inspiration de Denis Podalydès ne suffisent pas à assurer le triomphe de « Bajazet ». Les Echos

“La mise en scène d’Éric Ruf est alourdie d’une scénographie conceptuelle. Et la tragédie se perd dans les détails. Le Figaro

Revue de presse 12 avril : Intra-muros, La résistible ascension d’Arturo Ui et SAMO

Intra-Muros, alexis Michalik, Théâtre 13, revue de presse Pianopanier

1. Alors que sa pièce Edmond joue à guichet fermé au Théâtre du Palais-Royal, le prolifique Alexis Michalik présente sa nouvelle création, INTRA-MUROS,  pour la réouverture du Théâtre 13 :

” Comme les détenus de la pièce, les spectateurs bouche bée finissent par croire au happy end qui s’ébauche. Mais, à la fin, ce n’est pas le soleil de la liberté qui inonde la prison, seulement la lumière dorée, artificielle, des projecteurs. Le théâtre comme une lueur dans la nuit sans fin des taulards. Les Echos

“Avec Intra muros Michalik, reprend le principe du Porteur d’histoires conçu à partir d’improvisations qui tenait du feuilleton à la Dumas et du roman à suspens. On retrouve le même savoir-faire dans ce dernier spectacle mais pour la première fois on est déçu car le propos est un peu court.WebTheatre

“Avec Intra Muros, Alexis Michalik, dont Edmond fait toujours les belles soirées du Théâtre du Palais-Royal (jusqu’en juillet), confirme qu’il sait aussi ciseler des univers intimes et leur donner une présence tactile. Du beau travail d’artisan. L’Humanité

“Cinq comédiens, un musicien, des tables, des chaises, un lit, quelques costumes… et des récits qui vont s’enchaîner, des histoires s’entremêler et s’assembler comme un puzzle, à faire éclater le huis clos et repousser les murs de la prison.Le JDD

T – Alexis Michalik est follement doué pour tresser les histoires les plus folles avec une maestria et une humanité confondantes. On retrouve ainsi un plaisir quasi enfantin devant ses spectacles à la bonne franquette, aux décors et aux costumes comme bricolés ; mais aux intrigues surprenantes et magiques, comme dans les contes.” – Telerama

“Porté par cinq formidables comédiens (Jeanne Arenes, Bernard Blancan, Alice De Lencquesaing, Paul Jeanson et Faycal Safi) et un musicien — Raphaël Charpentier, qui orchestre et bruite en direct les scènes, créant des habillages sonores sur mesure —, ce récit contemporain est un puzzle dont on reçoit les pièces dans un astucieux et intrigant désordre.Le Parisien

“Le rythme est encore assuré par la présence sur le plateau du musicien Raphaël Charpentier qui accentue l’intensité du jeu et supplée l’épure des décors par des bruitages : pour signifier le passage par les différents sas d’entrée de la prison, pas besoin d’une logistique démentielle, les sons de portes blindées nous immergent aussitôt dans l’atmosphère carcérale.” – Les trois coups

“Sous réserve d’un dénouement un peu trop prévisible, cette nouvelle pièce, sans atteindre toutefois l’émotion du “Le Porteur d’histoire”, est néanmoins à la hauteur des attentes du public.” – Froggy’sDelight

“Comme souvent chez Michalik, ce n’est pas le décor – spartiate – qui crée l’ambiance de la pièce, mais le jeu rythmé et naturel des comédiens, une écriture cinématographique réduite à l’essentiel. Des histoires qui se répondent, des intrigues qui se croisent et des destins trempés dans la tragédie aux accents grecs.” – Time Out

 

La résistible ascension d'Arturo Ui, Bertolt Brecht, Katharina Talbach, Comédie-Française

2. La résistible ascension d’Arturo Ui entre au répertoire de la Comédie-Française avec la mise en scène burlesque de Katharina Thalbach :

“Si cet Arturo Ui emporte l’adhésion, c’est surtout grâce à la performance des comédiens français, à leur acmé. Et d’abord grâce à la prestation méphistophélique de Laurent Stocker, métamorphosé en clone hybride du Führer et d’un malfrat du Bronx. Moustache frémissante, mèche folle, voix tour à tour gouailleuse et métallique, il campe un Arturo ravageur et vibrionnant. Les Echos

“Parce qu’il voulait faire entendre Brecht aujourd’hui par quelqu’un qui lui redonne vie en partant du plateau, Eric Ruf a demandé à Katharina Thalbach de signer la mise en scène. C’est une première en France pour cette femme étonnante, qui n’a pas connu Brecht (elle avait 2 ans quand il est mort, en 1956), mais a grandi au Berliner Ensemble, dirigé par Helene Weigel, dont étaient membres ses parents, deux grands artistes, la comédienne Sabine Thalbach et le metteur en scène Benno Besson.Le Monde

“Et là où se situe le tour de force, c’est de parvenir à imprégner toute la scène et tout le texte de cette ambiance. Rien ne redescend, aucun comédien n’a la permission de relâcher la pression. Ils seront effrayants et ridicules, rien d’autre. On ne reconnaît parfois plus les traits des acteurs, et c’est tant mieux ! Ils sont méconnaissables, mis au service d’Arturo Ui, et non plus comédiens au Français. Un fauteuil pour l’orchestre

“La troupe de la Comédie Française réalise là une performance magnifique tant dans le jeu que dans la dynamique physique que demande un décor verticale avec une toile d’araignée géante faite de câbles et un sol  aux inclinaisons variables qui découvre des trappes dans un plan de la ville.Reg’Arts

“L’âme du Berliner Ensemble est présente sur le plateau. Les maquillages expressionnistes, les perruques et la musique arrangée par Vincent Leterme donnent à cette production une touche brechtienne revendiquée. Tout l’inverse de l’autre spectacle actuellement en tournée avec Philippe Torreton, plus contemporain et plus engagé. Scene Web

“La mise en scène enlevée de Katharina Thalbach souligne le côté grotesque, intranquille et avide de pouvoir d’Arturo Ui et de ses  sbires. Elle emprunte à l’imagerie clownesque des films de gangsters américains, aux codes de  la tragédie élisabéthaine et du théâtre de foire.Publik’Art

“Le théâtre de Brecht, comme celui de Shakespeare, a l’exigence d’être là pour tous.” – Katharina Thalbach pour La Terrasse

SAMO, Basquiat, Laetitia Guedon, Koffi Kwahulé, Pianopanier, La Loge

3. Laëtitia Guedon, la toute nouvelle directrice des Plateaux Sauvages, présente son projet SAMO, a tribute to Basquiat, à laLoge, en attendant une tournée :

“Avec ce spectacle, soufflé par la musique de Nicolas Baudino et Blade MC Alimbaye, au croisement du hip-hop et du jazz de Charlie Parker, Laëtitia Guédon ouvre aussi les bras aux habitants d’Aubervilliers. Le Monde

“Créée à la Comédie de Caen, où Laëtitia Guédon est artiste associée, la pièce mêle théâtre, danse, musique, vidéo et parait formellement hétérogène. En se nourrissant du métissage salutaire des arts comme des cultures, elle est à l’image de la ligne artistique qu’entend mener la jeune metteuse en scène sur Les Plateaux sauvages dont elle prend la direction. SceneWeb

“La mise en scène mixe, comme le fait le street art, des composantes hétéroclites : une musique métisse, entre jazz, electro et beatbox ; un texte à la rhétorique multiple, rythmique, prosodique, poétique ; et une gestuelle énergique, entre boxe et danse.Ouest France

“Danseur, comédien et musiciens prennent en charge des fragments de la prime jeunesse de ce fils de bonne famille devenu enfant de la rue. La vidéo, signée Benoit Lahoz, vient se superposer à ce sextet éclectique.I/O Gazette

” Nostalgique de l’époque où son père peignait sur les murs d’Aubervilliers, elle se penche dans sa nouvelle création sur la jeunesse du peintre Basquiat. La Terrasse

“Ce qui m’intéresse aussi, à travers cette pièce, c’est d’interroger l’identité de l’artiste noir dans le monde occidental.” – Laëtitia Guedon pour Telerama

Revue de presse 29 mars : Le Pas Grand Chose, Vera, Timon d’Athènes

Le Pas Grand Chose @ Joanne Azoubel

1. Au Théâtre Monfort, Le Pas Grand Chose, les vertiges pataphysiques de Johann Le Guillerm :

” Sur quelle planète vit Johann Le Guillerm ? La sienne, assurément, comme tout artiste digne de ce nom. Sur cet astre-là, les lois communes n’ont plus cours… Le monde leguillermien est devenu tellement riche, qu’il fallait bien un nouveau spectacle pour faire le point. Le voilà : il s’appelle « Le pas grand chose », il est absolument réjouissant. Le Monde

“Captivant. Il joue sur les mots, sur les codes, mêle Raymond Devos au professeur Nimbus sans jamais se départir de son sérieux ou chercher la complicité avec son public. C’est vertigineux. C’est décalé, insolite, absurde, complétement imprévisible, mais construit avec une logique désarmante. Le Figaro

“Introduction à une pensée des plus singulières, la pièce invite à réinventer le monde à partir de presque rien. Et il le fait bien. Derrière une carriole-établi de son cru avec caméras, lampes articulées et tiroirs multiples, Johann Le Guillerm s’empare du genre bien connu de la conférence théâtrale. Il relève [le défi] en donnant à son exposé une forme aussi hybride que sa pensée. Dans « Le Pas Grand Chose », le point ne marque pas la fin d’une histoire : il rebat les cartes d’ « Attraction » et en ouvre un nouveau chapitre, tout aussi étonnant et poétique que les autres. La Terrasse

“Le travail artistique de Johann Le Guillerm tisse une toile complexe autour d’un projet global (Attraction) recoupant plusieurs entités qu’il appelle « des monstrations ». Un spectacle sur piste, des outils d’observation, des sculptures et performances et un spectacle-conférence : Le « Pas Grand Chose ». Une conférence hallucinée – pour ne pas dire hallucinante – qui participe à renouveler les codes du cirque contemporain avec humour et de nombreuses expériences scientifiques. Time Out

“Le sujet est ardu, les termes employés parfois savants du registre scientifique, la voix monocorde et le visage impassible. On comprend que ce sera douloureux ! Les explications sont très longues, tout est disséqué, les expériences sont menées en temps réel et parfois ratées et /ou décevantes. Et l’absurde éclate aussi sûrement que les éclats de rire du public. Car c’est hilarant. Ce curieux mélange déroutant est plein d’humour froid et salvateur. Son sens de l’absurde est délectable. Son personnage est loufoque d’austérité ! Un fauteuil pour l’orchestre

 

Vera, affiche Abbesses

2. Aux Abbesses, Vera, une comédie grinçante de portée par une fantastique Karin Viard :

“Karin Viard, époustouflante et irrésistible. Si l’on rit deux heures durant, il y a une grande mélancolie dans ce spectacle. On passe par les douleurs de vivre, les questions sans réponse. Très bien entourée, Karin Viard donne une dimension tragique à sa Vera. Elle est d’une vérité confondante. C’est la Maillan pour la puissance comique, c’est une Casarès jouant un drame pour la puissance émotionnelle. Une des plus belles interprètes de sa génération. Le Figaro

“Découpée et rythmée au couteau, la comédie – énergiquement mise en scène – enchaîne les séquences comme pour un film. Vera y tombe de solitude en solitude, professionnelle, familiale, personnelle… Dans ce rôle terrifiant, Karin Viard est exceptionnelle de vitalité ébréchée. Télérama Sortir

“Ce conte, narrant la grandeur et la décadence d’une petite Tchèque sans provisions, est ouvertement « théâtralisé » par le duo Vigier/Di Fonzo Bo : les tableaux s’enchaînent dans un tourbillon échevelé… On regarde sans ennui les prouesses de la scéno’, et des comédiens… on suit le fil plaisant d’une pièce qui n’est pas déplaisante ; certaines images sont de vraies trouvailles ; souvent, toutefois, tant de vibrionnage crispe un peu… Il est peu de dire que la pièce doit tout entière sa réussite à ses acteurs, et surtout à ses actrices. Helena Noguerra compose une galerie de personnages féminins redoutables. Karin Viard incarne Vera avec la gourmandise et la férocité qu’on lui connaît. Vera présente donc, grâce à Karin Viard, un magnifique portrait de femme. Un fauteuil pour l’orchestre

“Grandeur, décadence… et humour ! Une comédie grinçante parfaitement maîtrisée. L’efficacité de la comédie tient également à son rythme. L’enchaînement des scènes se fait à la manière de plans cinématographiques. L’omniprésence de la vidéo confirme cette esthétique, laissant penser que le travail du dramaturge est empreint de son expérience de réalisateur. Plus la pièce avance, plus l’intrigue se condense. Les intermèdes chantés ponctuent les changements de décor en même temps qu’ils provoquent un décalage comique. On ne s’ennuie pas une seconde pendant les deux heures que dure la pièce. Les Trois Coups

“L’écriture de Petr Zelenka lorgne vers celle de Fassbinder, sans la même saveur. C’est une comédie chic, avec parfois des bons mots un peu faciles. On sourit, on se demande si on ne s’est pas trompé de salle… Et puis la profondeur ressurgit dans la deuxième partie du spectacle. La mise en scène d’Elise Vigier et de Marcial Di Fonzo et le talent de Karin Viard retournent la situation. On assiste à la déchéance de Véra. Contraste saisissant. Karin Viard se transforme. La comédienne se donne à 200% sur le plateau. Et avec cette troupe bondissante, elle parvient à effacer les quelques faiblesses du texte. Scene Web

“Histoire séduisante sur le papier, mais qui tourne bien mal sur scène. Certes, le sujet était fait pour Karine Viard. Elle se démène comme elle peut pour donner vie, chair, âme et souffrance à son personnage, au point parfois d’en faire des tonnes. Mais la pauvreté du scénario, l’invasion des clichés, l’excès des facilités formelles transforment cette histoire en farce d’un goût douteux. Résultat : tout le monde descend aux enfers avec Karine Viard, y compris ceux qui sont venus assister à ce spectacle tape à l’œil. Marianne

 

Timon d'Athènes, affiche + Patrick Catalifo

3. À La Tempête, Timon d’Athènes : une occasion de découvrir cette pièce peu jouée, aux résonances actuelles :

“Entre crise financière, crise des institutions et crise morale, le texte de Shakespeare résonne parfois jusqu’au rire jaune. Le jeu des comédiens est à la hauteur du défi, et Patrick Catalifo, en Timon, est impeccable dans ses excès de naïveté joyeuse comme de violence. On regrette les transitions dansées et la partition jazz un peu criarde du début de la pièce, qui heureusement se fond ensuite dans la mise en scène sobre et ingénieuse de Cyril le Grix. La Vie

“Le propos de Shakespeare est plus amer que jamais dans cette tragédie, aucune illusion, aucun pardon. La mise en scène joue avec efficacité sur le vide d’une humanité vraie, accentué par le flot des paroles.  Le plateau est immense, inhabité… les personnages y virevoltent, flatteurs ou agressifs. Le mouvement est incessant, scandé par les stridences de la trompette et du saxo, rythmé par le lancinant staccato des percussions. Emouvant Patrick Catalifo-Timon, aussi vibrant dans le sourire des jours heureux que dans l’imprécation du désert. L’ensemble de la troupe imprime un rythme asphyxiant à une folie collective. Et chaque témoin de ces déchirements quitte le lieu, renvoyé sans pitié à la désespérance du non-amour et à l’impossibilité de la générosité. Spectacles Sélection

“Excellent. Points forts : la beauté et l’intelligence de ce texte peu connu, montrant l’aveuglement d’un homme qui bascule d’une générosité béate à une misanthropie extrême. Des comédiens caméléons qui incarnent à eux seuls tout un peuple. Le décor est grandiose, un groupe de jazz ajoute une atmosphère urbaine à la pièce. Une pièce peu connue de Shakespeare, à découvrir dans cette mise en scène puissante, et bien interprétée. Culture Tops

“Dénonciation d’une société patriarcale mue par l’esprit de lucre et le mensonge. Le moins que l’on puisse dire est que Patrick Catalifo sait exploiter les ressources du texte lui-même. Il est un comédien shakespearien. Il est puissamment aidé par la mise en scène de Cyril le Grix. La pièce de Shakespeare n’a rien perdu de son allant et le public ovationne. La Revue du spectacle

” On a un peu l’impression d’assister à une œuvre didactique et presque édifiante de Brecht… L’émotion est absente. L’intelligence en berne. Une pièce, en tout cas, rarement montée et qu’on a, là, l’occasion de découvrir. C’est déjà beaucoup. Le Figaro

Revue de presse du 22 mars : Je crois en un seul Dieu, Soudain l’été dernier et Mon Coeur

Je Crois En Un Seul Dieu, une pièce de Stefano Massini mise en scène Arnaud Meunier avec Rachida Brakni au Théâtre du Rond-Point, revue de presse Pianopanier

1. La comédienne et réalisatrice Rachida Brakni seule en scène dans Je crois en un seul Dieu de Stefano Massini au Théâtre du Rond-Point :

– “Avec sa virtuosité, sa sensibilité, son humanité, Rachida Brakni s’avère idéale pour ce triple rôle. Arnaud Meunier la dirige simplement, justement, sans jamais forcer le trait. Massini lui-même évite tout pathos, toute rhétorique vaine, tout jugement moral.” – Les Echos

– TT – Happé par l’actrice Rachida Brakni, seule en scène dans une boîte-écrin à l’obscurité profonde, le spectateur ne peut guère se laisser distraire pendant une heure et demie. Il est cerné par ce récit à trois voix assumé par une seule, cet entrelacs de paroles de femmes venues de la terre où s’affrontent Israéliens et Palestiniens.” – Telerama Sortir

– “Seule sur scène, la comédienne donne toute l’intériorité nécessaire au théâtre-récit de Stefano Massini. Un théâtre à hauteur d’êtres qui dévoile – de façon très factuelle, comme documentaire, sans préconçus ou jugements – les pensées et les parcours de ces femmes dont les destins vont se rejoindre.” – La Terrasse

– “Le texte de Stefano Massini est tout sauf manichéen, il ne prend partie pour aucune de ces femmes. Malgré le titre, la présence de la religion n’est pas écrasante, et c’est un sacré coup de force. Après les attentats qui ont endeuillé la France, ce qui se passe au Moyen-Orient ne nous est plus étranger. Les yeux de Rachida Brakni sont aussi les yeux de toutes les victimes innocentes du terrorisme odieux.” – SceneWeb

– “L’auteur a souhaité que ce soit une seule comédienne qui interprète les trois rôles. Comme les trois volets d’un même destin de femme. Rachida Brakni leur prête sa voix, sa fragilité, sa sensibilité, sa force aussi.” – Les trois coups

– “Sur le grand plateau de la Salle Renaud Barrault, devant d’immenses tapisseries d’Aubusson, des écrans géants ou des chœurs d’enfants, décor traditionnel des salles de réunion des mairies, les personnages plus vrais que nature n’apparaissent que mus par leur propre intérêt. Seule Isabelle Carré, “Notre Élue”, choisit de s’abstraire du jeu social dans une attitude d’impassibilité en héroïne hitchcockienne. Sacrifice qui nous laisse quelque peu sur notre faim.” – Artistik’Rezo

– “Le contrastre entre le jeu très froid, presque inexpressif, d’Isabelle Carré et celui du reste de la distribution peine à créer le malaise que suggère le texte. Censée confiner au fantastique, l’irréductible intégrité de Notre Elue apparaît en effet sous les traits d’une grande banalité qui, au lieu de captiver, ont tendance à reporter l’attention sur l’Opposant, incarné par un Patrick Chesnais délicieux.” Time Out

“Entourés d’une belle troupe de seconds rôles, tous crédibles (Jean-Charles ClichetJan HammeneckerAgnès PontierChristelle Tual), les deux comédiens sont inoubliables dans cette pièce aux confins du fantastique, aussi captivante que burlesque, qui sonde l’inconscient des protagonistes et laisse une impression troublante de malaise sur le monde politique.” Froggy’sDelight

 

Soudain l'été dernier, Tennessee Williams, Stéphane Braunschweig, Odéon Théâtre de l'Europe, Pianopanier

2. Soudain l’été dernier, la première mise en scène à l’Odéon-Théâtre de l’Europe de l’administrateur Stéphane Braunschweig est saluée par la critique :

– “C’est sur un décor luxuriant et surprenant que s’ouvre Soudain l’été dernier, qui voit Stéphane Braunschweig revenir en grande forme : le nouveau patron de l’Odéon-Théâtre de l’Europe signe sa meilleure mise en scène depuis longtemps, pour son premier spectacle en tant que directeur de la prestigieuse maison.” – Le Monde

“Stéphane Braunschweig a su déjouer les pièges tendus par cette pièce fiévreuse – voire carrément malade – de 1958, adaptée au cinéma par Mankiewicz en 1960 (…) Comme à l’accoutumée, sa scénographie est un des éléments clefs du spectacle : la façon dont il transforme son jardin paradisiaque en jungle menaçante, puis en cellule psychiatrique est prodigieuse.Les Echos

La pièce est parfaitement maîtrisée, sans pour autant échapper aux limites inhérentes à l’oeuvre de Tennessee Williams, l’une des moins abouties de l’auteur. Le spectacle de Stéphane Braunschweig en souffre inévitablement.” – Marianne

“La direction d’acteur est millimétrée et la distribution pour les rôles principaux judicieuse. Dans un emploi de prédilection, Marie Rémond campe parfaitement la victime, jouet d’un destin tragique, et Luce Mouchel s’avère magistrale en grande bourgeoise obséquieuse, époustouflante en femme confrontée à la décompensation psychotique et pathétique en mère dévastée.“- Froggy’sDelight

“Luce Mouchel est une Mrs Venable impressionnante, à la fois autoritaire et blessée dans son orgueil de mère qui oscille sans cesse entre folie et lucidité morbide, et sent son ascendance sur tous lui échapper. Elle navigue sans cesse d’un état l’autre, furieuse de sentir son emprise, son empire s’effriter. L’Humanité

– “Marie Rémond est l’interprète de Catherine à l’innocence fracassée. Éperdue et perdue entre cauchemar et réel, mensonge et vérité, tout en tension, elle hypnotise, notamment dans son ultime long monologue. Envahie par sa parole. Habitée.” – La Croix

“Dès le début la pièce est tendue vers l’ultime monologue de Catherine que joue une Marie Rémond fragile, enfiévrée, come hallucinée, habitée par son souvenir traumatisant dont on ne sait s’il est réalité ou fantasme. Menée comme un thriller psychologique, la pièce, un peu datée, s’achèvera sur une ambiguïté irrésolue.” – WebTheatre

– “Stéphane Braunschweig livre une version psychanalytique de cette pièce plus complexe qu’elle ne parait. On peut être dérouté par cette mise en scène en apparence sage, si peu active. Mais elle vibre d’une tension interne qui intrigue captive de bout en bout.” – Un fauteuil pour l’orchestre

“Braunschweig orchestre d’une main de maître, à l’abri d’une scénographie saisissante et pièce cardinale du spectacle dont il signe aussi  la conception,  cette vérité difficile à advenir où les enjeux hantent chacun des protagonistes.” – Publik’Art

“On retient notre souffle jusqu’à la phrase finale du médecin qui livre son diagnostic, mais faut-il le croire ? Stéphane Braunschweig réussit avec ce spectacle un coup de maître. On ne soupçonnait le Hitchcock qui sommeillait en lui !SceneWeb

“Ce qui est intéressant dans cette pièce, c’est que les personnages ne vivent pas du tout dans le réel. Ils vivent dans un autre monde.” – Stéphane Braunschweig pour La Terrasse

Mon Coeur, Pauline Bureau, La Part des Anges, Bouffes du Nord, Pianopanier

3. Le Théâtre des Bouffes du Nord accueille jusqu’au 1er avril la pièce-choc de Pauline Bureau, Mon Coeur, autour de l’affaire du Mediator :

“Dans «Mon Cœur», pièce créée à partir de rencontres avec différentes victimes du médicament coupe-faim, Pauline Bureau relie le désastre sanitaire révélé en 2010 à ses préoccupations féministes.” – Libération

“Cultivant une esthétique sobre et onirique, rappelant les univers de Joël Pommerat et de Julien Gosselin, Pauline Bureau met en scène avec fluidité cette âpre épopée, usant avec parcimonie d’images fortes (le malaise dans la boîte de nuit, Claire titubant sur un fil). Les Echos

– “Pas une seule larme de pathos dans ce récit acéré mais une narration organisée sur plusieurs espaces et portées par différentes voix. Et au coeur de tout, Irène Frachon jouée à merveille par Catherine Vinatier. Une héroïne des temps modernes prête à tous les sacrifices et à toutes les démonstrations, un portrait de femme qui n’est pas sans rappeler les “modèles” de Pauline Bureau.  Une galerie de personnages à prendre en exemple. Un théâtre réellement citoyen.” – Time Out

– Mon cœur, est un choc théâtral dont nous ne sortons pas indemne. Cela nous parle, nous touche, donne des frissons d’effroi.  Nous met K.O debout. Pauline Bureau est une artiste citoyenne qui, à travers le théâtre atteint, par l’outil de la fiction, à la brutalité réaliste d’un scandale sanitaire.” – Le Blog de Mediapart

“Quand le spectacle prend fin, on applaudit les acteurs évidemment, on applaudit la technique parfaite, mais on applaudit aussi l’audace et la démarche d’affronter les grands qui voudraient faire taire les petits. Car dans cette histoire, c’est bien de cela dont il s’agit.” – Sortir à Paris

“Le savoir-faire de la jeune metteure en scène, auteure de pièces pour les enfants (Dormir cent ans) comme pour les adultes (Sirènes, Modèles), s’épanouit dans cette tragédie contemporaine.
Quoi de plus théâtral que ce collège d’experts alignés sur scène, avec ses personnalités méfiantes, voire hostiles comme l’avocat du groupe Servier, qui réclame toujours plus d’expertises pour retarder la procédure?
.” – Le Parisien

T – Contrairement au film La Fille de Brest, qui se concentre sur le personnage d’Irène Frachon, médecin qui s’est battue pour la suppression du Mediator, médicament toxique des laboratoires Servier, Pauline Bureau adopte le point de vue d’une victime. Elle met en scène la progression de la maladie dans toute sa vérité, la destruction qu’elle opère sur le corps, la famille, la vie entière.” – Telerama Sortir

“Alors que se profile pour 2018 le procès de cette célèbre affaire, Pauline Bureau mêle une nouvelle fois son écriture de plateau à l’évocation de « vies brutes », en compagnie de huit comédiens qui endossent une vingtaine de rôles.La Terrasse

– “Défendu par une distribution de premier ordre où l’on distingue notamment Catherine Vinatier (poignante en Irène Frachon), Yann Burlot (très touchant dans le rôle de l’avocat) et Marie Nicolle qui porte le personnage de Claire Tabard avec une justesse impressionnante, ce spectacle ne peut laisser indemne.” – Froggy’sDelight

– “Bulle et Maria, ce sont deux actrices qui ont inscrit, de manière différente, quelque chose théâtralement.” – Christine Angot pour Le Figaro

Revue de presse du 15 mars : Honneur à Notre Elue, Le Cas Sneijder et Un amour impossible

Honneur à notre élue, Marie N'Diaye, Frédéric Belier-Garcia, Théâtre du Rond-Point, revue de presse Pianopanier, Isabelle Carré, Patrick Chesnais

1. Avis mitigés de la critique pour Honneur à Notre Elue, d’après le roman de Marie N’Diaye, actuellement au Rond-Point :

“Scénographie démesurée, utilisation de micros, texte controuvé, comédiens flottants… Au Rond-Point, la nouvelle pièce de Marie NDiaye déçoit.Le Figaro

– “La première a eu lieu le 1er février, et c’était un événement attendu, comme toutes les créations des pièces de Marie NDiaye, la première auteure à être entrée de son vivant au répertoire de la Comédie-Française, à 35 ans.” – Le Monde

– “Ce parti pris grandiose et volontiers onirique fonctionne à certains moments – lors de l’arrivée quasi fantastique des faux parents de l’élue, notamment -, mais il a tendance à diluer les quelques aspérités et saillies du texte. La direction d’acteur n’arrange rien : le jeu doublement distancié – par le phrasé et l’usage des micros hf – engendre une monotonie qui rend le spectateur extérieur.” – Les Echos

– “L’écriture à la fois lyrique et concrète de Marie Ndiaye étudie à merveille les relations entre les êtres, dans ce qu’elles ont de plus complexes. La distribution, très homogène, les changements de décors, très rythmés, accompagnent cette fine étude de personnalités littéralement consumées par la politique, dans ce qu’elle a de plus intègre ou de plus détestable.” – Ouest France

– L’auteur choisit une posture, celle de l’innocence, et observe les conséquences sur l’élection à venir, qui verra l’opposant gagner. La pièce n’est pas vraiment convaincante et la mise en scène lourde, jouant sur des éléments fantastiques faciles et ne laissant percer aucun trouble, aucun mystère.” – Telerama Sortir

– “Dommage que la mise en scène de Frédéric Bélier-Garcia ne donne pas plus d’ampleur au trouble et au mystère qui la composent. On reste ici, essentiellement, dans la lumière crue du quotidien. Et on passe à côté des cavités, des zones d’ombre et de déséquilibre qui font la singularité de cette tragi-comédie à dimension onirique.” – La Terrasse

– “La mise en scène de Frédéric Bélier-Garcia met en lumière les nuances du texte de Marie NDiaye dans un décor grandiose, avec d’énormes reproductions de tapisseries dans sa première partie, puis dans le gymnase de la commune ensuite. Dommage qu’il introduit quelques personnages secondaires peu utiles, comme une majorette ou un chœur d’enfants, façon d’ancrée la pièce dans la réalité de la vie quotidienne de la cité. Le récit n’a pas besoin de cela car Marie NDiaye signe une grande pièce sociale et politique.” – SceneWeb

– “En ces périodes pré-électorales, le spectacle pourrait nous offrir une fable délicieuse. Malheureusement, la mise en scène ne parvient pas à nous embarquer au cœur du système. Les luttes de pouvoir nous ennuient plus qu’elles ne nous passionnent, et ce n’est pas seulement parce qu’on est lassé de Nos Elus.” – Les5pièces

– “Sur le grand plateau de la Salle Renaud Barrault, devant d’immenses tapisseries d’Aubusson, des écrans géants ou des chœurs d’enfants, décor traditionnel des salles de réunion des mairies, les personnages plus vrais que nature n’apparaissent que mus par leur propre intérêt. Seule Isabelle Carré, “Notre Élue”, choisit de s’abstraire du jeu social dans une attitude d’impassibilité en héroïne hitchcockienne. Sacrifice qui nous laisse quelque peu sur notre faim.” – Artistik’Rezo

– “Le contrastre entre le jeu très froid, presque inexpressif, d’Isabelle Carré et celui du reste de la distribution peine à créer le malaise que suggère le texte. Censée confiner au fantastique, l’irréductible intégrité de Notre Elue apparaît en effet sous les traits d’une grande banalité qui, au lieu de captiver, ont tendance à reporter l’attention sur l’Opposant, incarné par un Patrick Chesnais délicieux.” Time Out

“Entourés d’une belle troupe de seconds rôles, tous crédibles (Jean-Charles ClichetJan HammeneckerAgnès PontierChristelle Tual), les deux comédiens sont inoubliables dans cette pièce aux confins du fantastique, aussi captivante que burlesque, qui sonde l’inconscient des protagonistes et laisse une impression troublante de malaise sur le monde politique.” Froggy’sDelight

“Certaines scènes pourraient entièrement être mises dans la bouche de certaines personnalités politiques.” – Isabelle Carré pour  France Info

Le Cas Sneijder, Jean-Paul Dubois, Pierre Arditi, Didier Besace, Théâtre de l'Atelier, Pianopanier

2. Au Théâtre de l’Atelier, Didier Bezace adapte et met en scène Le Cas Sneijder, un roman de Jean-Paul Dubois, avec Pierre Arditi dans le rôle titre :

“Bien entouré – par Sylvie Debrun (Anna) Morgane Fourcault (Marie), Thierry Gibault (le patron de DogDogWalk), Didier Bezace « himself » (Wagner-Leblond, l’avocat), sans oublier le sémillant chien Fox (Charlie) ! Pierre Arditi-Paul Sneijder nous mène sans faillir jusqu’au bout de ce voyage tragi-comique, invitation à prendre la tangente, à se rebeller contre une société verticale, où les ascenseurs font chuter ceux qui ne savent pas monter droit.Les Echos

TT – C’est la voix off de Pierre Arditi qui accompagne la chute de son propre personnage, qu’on voit errer pauvrement sur scène dans un espace qui s’ouvre et se ferme au gré des souvenirs, des rêves, du présent aussi. On pénètre habilement dans le cerveau dépressif d’un déserteur de la vie. Que le monde n’intéresse plus, dégoûte. Juste à partir d’une étude sur ces ascenseurs qui ont bousillé son existence…” – Telerama Sortir

“Présent lui-même sur le plateau dans l’habit d’un agent d’assurances prégnant d’humanité, Didier Bezace s’est entouré de comédiens complices de longue date, tous aussi stupéfiants de justesse.La Croix

“Ce que Didier Bezace met en scène, c’est peut-être surtout l’obstination de la pensée, la liberté du doute, contre un destin incontrôlable qui vous broie. C’est aussi la consolation fugace du rêve, quand tout vous est arraché. A travers cette quête si humaine, Didier Bezace et les siens proposent un moment de théâtre vraiment fort et émouvant. La Terrasse

“Didier Bezace a adapté le roman avec fidélité ; sa mise en scène accentue avec subtilité la dimension intérieure et fantasmatique. Avec Jean Haas, il a imaginé un espace principal, à la fois le bureau, où le personnage vit en reclus volontaire, et espace mental (…) Pierre Arditi interprète magnifiquement ce pauvre homme à la dérive, bouleversant solitaire qui soliloque sur le non-sens de la vie.” – WebTheatre

“La mise en scène savamment rythmée de Didier Bezace déploie avec force et maîtrise la chute programmée d’un homme meurtri et insoumis. Pierre Arditi, méconnaissable, incarne corps et âme cet anti héros revenu de tout dont la solitude éperdue qui embrasse celle de la condition humaine, nous étreint.” – Publik’Art

“Le récit de Jean-Paul Dubois est comme une leçon de vie, à la fois dramatique et critique envers la société. La noirceur et l’humour de son écriture font jaillir un personnage attachant. Pierre Arditi tout en fragilité – bien loin des rôles de séducteur qu’on lui connaît – donne de la profondeur à ce Sneijder transformé par cet accident de la vie.SceneWeb

Un Amour impossible, Christine Angot, Célie Plauthe, Odéon-Berthier, Pianopanier, Maria de Medeiros, Bulle Ogier

3. Le passage à la scène du roman de Christine Angot Un Amour impossible, c’est à Odéon-Berthier dans une mise en scène de Célie Pauthe :

“Pour le théâtre, c’est Célie Pauthe (ex-assistante de Stéphane Braunschweig, Ludovic Lagarde…) qui, après l’avoir dévoré d’une traite, a obtenu les droits du livre. Devenue partie prenante du projet, Christine Angot a voulu signer l’adaptation et les dialogues. Cette démarche donne en fin de compte un spectacle limpide et singulier qui, bien qu’un peu froid et pas franchement gai, doit sa belle et haute tenue à ses deux interprètes, Bulle Ogier et Maria de Medeiros.” – Le JDD

“Maria de Medeiros incarne avec clarté et une juste colère Christine enfant, adolescente et jeune femme adulte. Tout juste lui reprochera-t-on de jouer un peu toujours sur les mêmes notes cristallines. Bulle Ogier est remarquable de douleur rentrée, mère maladroite, revenue de tout, femme niée, mais debout – bouleversante à la fin quand elle ouvre son coeur à sa fille. Les Echos

– “C’est un spectacle simple, qui ne cherche pas midi à 14 heures, mais restitue le roman, devenu une pièce écrite par Christine Angot et nourrie par les discussions entre l’auteure et la metteuse en scène.” – Le Monde

– “L’écriture au quotidien de Christine Angot peine à atteindre le tragique que Célie Pauthe croit y déceler.” – Le Blog de Mediapart

“On est entre Bergman et Duras. Célie Pauthe réussit une très belle pièce sur la noirceur de l’existence guidée par les principes de la société. Une pièce à fleur de peau orchestrée par deux très grandes comédiennes.” – SceneWeb

“Inscrite dans un grand espace vide qui tient, tout à la fois, de salle de restaurant, de café, de salon, la mise en scène, réglée au cordeau, mêle, par petites touches, passé et présent, pleurs et révoltes, violence et tendresse. Avec des pics d’émotion lorsque la fille renvoie sa mère venue dîner chez elle, parce qu’incapable de supporter les non-dits. Ou bien, quand toutes deux se retrouvant, elles s’acceptent, s’étreignent.” – La Croix

TT – La rare qualité de ce texte-là, simple, direct, plutôt silencieux, est de plonger radicalement et mystérieusement au coeur de la relation tumultueuse des mères et des filles.” – Telerama Sortir

“Bulle Ogier (Rachel) et Maria de Meideros (Christine) incarnent tour à tour leurs apparences respectives à différents stades de leur vie, qui ont contribués à l’évolution de leurs rapports, pénétrées par les mots qu’elles prononcent pour les exprimer autant par leur voix que par leurs corps. Drôles, cocasses, tragiques ou meurtries, avec une sensibilité à fleur de peau, elles contribuent à instaurer une force dramatique souvent bouleversante. WebTheatre

– “Hormis le très bon choix de mobilier et son agencement, les allers et venues des techniciens et de quelques comédiens grimés en serveurs et maître d’hôtel ne parviennent pas à donner un peu d’énergie à la scénographie. Il manque à ces deux femmes quelque chose de plus intense, de plus violent et de plus passionnel, que l’on attendra malheureusement jusqu’à la fin…” – Les5Pièces

– “Bulle et Maria, ce sont deux actrices qui ont inscrit, de manière différente, quelque chose théâtralement.” – Christine Angot pour Le Figaro

Revue de presse du 8 mars : Mayday, Interview et Scènes de la Vie conjugale

 

Mayday, Julie Duclos, Dorothée Zumstein, Théâtre National de la Colline, Pianopanier

1. Retour de Julie Duclos à la Colline avec la mise en scène de Mayday, d’après le fait divers de Dorothée Zumstein :

“On est sorti de ce spectacle, troublé, impressionné même, mais un brin perplexe. Malgré ses efforts pour tirer ce fait divers vers le théâtre, grâce à une construction habile – par strates – et des envolées poétiques, l’auteur du texte, Dorothée Zumstein, n’arrive pas à s’abstraire de la glaçante trivialité du réel.Les Echos

– “L’histoire de Mary, née un jour de mai, est donc ce qui constitue le premier intérêt de Mayday. Dorothée Zumstein et Julie ­Duclos l’abordent avec toute la délicatesse requise, cette histoire qui est d’abord celle d’une enfant maltraitée, dans la spirale sans fin – mais que l’on peut aussi décider d’arrêter – de l’exclusion sociale et de la folie familiale.” – Le Monde

– “Dommage que la place du spectateur (ses attentes, son voyeurisme, sa morale) n’ait pas été davantage malmenée. Une histoire de parti pris : MayDay s’éloigne en fait du mélodrame social pour choisir le chemin de l’investigation psychanalytique, en remontant le fil du temps sur trois générations, jusqu’à dénicher le traumatisme originel.” – Libération

– “Aucune concession n’est faite, dans cette descente au cœur des drames et des déséquilibres familiaux, quant à  la dureté des trajectoires de vie qui nous sont racontées. Face à la belle scénographie conçue par Hélène Jourdan, l’oxygène vient même parfois à manquer. C’est le signe d’un spectacle d’une grande force. Un spectacle dense et sans échappatoire.” – La Terrasse

– “Tous les ingrédients du spectacle de genre sont réunis par Julie Duclos qui installe justement une atmosphère lourde et anxiogène, ni sensationnaliste ni édulcorée. Pour autant, il manque de l’inconfort et de l’intranquillité à cette nouvelle création, de quoi heurter, bousculer, déranger les spectateurs à l’abri du risque tant tout semble tenu et trop retenu.” – SceneWeb

– “Le travail dirigé par Julie Duclos s’est beaucoup fondé sur des improvisations pour mieux nourrir les personnages et revenir au texte par la suite. Cette méthode donne une réelle densité aux personnages. Les comédiennes sont habitées par l’histoire respective de leur personnage et le public le ressent. Nul besoin de gros titres pour évoquer une tragédie.” – Les Trois Coups

“Les acteurs semblent perdus dans cet espace trop imposant pour cette pièce d’où toute une série de gesticulations, de traversées errantes du plateau et de danses rageusement piétinées, voire d’étreintes avec un homme (un intrus dans cet univers) pour « meubler » l’espace et les limites du texte. Seules Marie Matheron, l’ancienne meurtrière, devenue mère, et Alix Riemer (déja remarquée dans Nos serments), la jeune meurtrière, parviennent à donner, ici et là, une certaine épaisseur à leur personnage. Le blog de Mediapart

“Dans la veine du travail de Katie Mitchell, et à la suite de la mise en scène qu’elle avait imaginée pour Nos Serments, Julie Duclos utilise la caméra comme un révélateur de scènes qui se jouent à l’abri du décor, dans l’intimité de la cuisine ou dans l’isolement de la rue. Très esthétique, porté par de sublimes actrices, MayDay interroge le destin d’une lignée de femme pour nous attraper – du côté noir et inquiétant de la force- là où l’imaginaire est le plus sensible : l’enfance.” Toute la Culture

 

Interview Nicolas Truong, Nicolas Bouchaud, Judith Henry, Théâtre du Rond-Point, revue de presse Pianopanier

2. Au Rond-Point, Judith Henri, Nicolas Bouchaud et Nicolas Truong explorent la matière singulière de l’entretien… Le spectacle Interview, créé à Avignon l’été dernier a été sensiblement remanié :

“Le noyau “dur”, (sans doute trop) longuement abordé, concerne le dispositif d’interview attaché au cinéma documentaire, en l’occurrence, la “Chronique d’un été” sur les Parisiens réalisé en 1960 par l’ethnologue-réalisateur Jean Rouch et le philosophe-sociologue Edgar Morin et la plus récente trilogie documentaire “Profils paysans” du photographe-journaliste Raymond Depardon immergé dans son milieu d’origine.Froggy’s Delight

T – Le projet est pointu. Les comédiens sont habiles à passer d’un interviewé à l’autre ; le mécanisme de certains entretiens est très bien montré (Jean Hatzfeld, Raymond Depardon).” – Telerama

“L’équipe, comédiens compris, s’est amusée à interviewer des intervieweurs, «à renverser le miroir», afin de saisir comment circule la parole et le silence, l’écoute et le bruit, les non-questions, et les réponses automatiques, et aussi «à traquer les histoires» contenues dans leurs réponses.Liberation

“Sur le plan dramaturgique, les choix de Nicolas Truong sont clairs. Il développe ici un art consommé du collage, alternant coupes franches et rusés assemblages. Le journaliste expérimenté qu’il est aussi manie avec dextérité le ciseau qui, à une époque pas si lointaine, s’utilisait pour couper les bandes magnétiques. Il en résulte une construction fluide, faite de développements denses et de respirations apaisantes. Les Trois Coups

“Les deux acteurs traversent les situations, restent toujours un poil décalés, interrogent la façon d’accueillir la parole, comment elle arrive et est reçue, comment elle se donne et s’abandonne, pourquoi et avec qui. Ils campent des personnalités disparues qui savaient se tenir en embuscade et se permettaient d’ironiser. En ce temps-là les intellectuels pouvaient se moquer d’eux-mêmes car les conseillers en communication étaient au biberon.” – Un fauteuil pour l’orchestre

“Les deux acteurs – formidables – à l’abri d’un plateau sobre, passent ainsi en revue les différentes figures de l’entretien, jonglant avec cette matière malléable, qui explore le véritable enjeu de ce ping-pong verbal entre langage formaté et parole incarnée. Du mensonge assumé au désarroi incontrôlable, de la connivence à l’agressivité, c’est aussi bien notre mémoire collective que notre actualité qui font sens dans ces échanges réactualisés où la question aujourd’hui n’est plus tant de refaire le monde, que d’arrêter de le défaire.” – Publik’Art

“A l’appui d’une très bonne retranscription d’une interview de Florence Aubenas, ce happening théâtre dissèque le métier de journaliste avec justesse : le suivisme, la notion de « bon client ». Tout est vrai. Il n’y a rien à dire. Les journalistes de la télévision sont comparés à des crapules – mes collègues apprécieront. L’interview de Jean Hartzfeld, grand chroniqueur de guerre est aussi exemplaire lorsqu’il raconte ses reportages au Rwanda.SceneWeb

 

3. Sur la scène du Théâtre de l’OEuvre, le réalisateur-metteur en scène Safy Nebbou dirige Laëtitia Casta et Raphaël Personnaz dans Scène de la vie conjugale :

“Raphaël Personnaz et Laetitia Casta se livrent peu, par peur de verser dans l’excès ou le pathos. Et la monotonie s’installe très vite. Le metteur en scène, en cherchant à éviter le naturalisme, cultive une fausse distance guindée. Les Echos

“Laëtitia Casta, sobrissime, pull rose pastel et pantalon beige, est une Marianne qui démarre la pièce tout en retenue et en finesse. Son jeu, d’une impeccable précision, tout en observation et dans l’écoute, exprime l’attente d’une femme qui vit dans le regard de son époux.” – Artistik’Rezo

“La scénographie, simple et modulable, laisse place à l’affrontement et à la liberté salvatrice de la parole. Tout est poussé, au fur et à mesure, au dénuement pour atteindre la sincérité et la vérité la plus totale. Ils parviendront alors à sortir de leur foyer, de leurs habitudes, de leurs illusions et de leur passé, pour être, ce qu’il reste.” – Le Huffington Post

À l’Œuvre, la mise en scène minimaliste de Scènes de la vie conjugale par Safy Nebbou gèle littéralement les interprètes dans leur jeu. C’est d’autant plus dommage qu’il suffirait de presque rien pour que leur vitalité s’exprime.” – Le Figaro

T – On pouvait imaginer que, les décennies passant, la vie maritale disséquée par Bergman aurait évolué, que le scénario se serait démodé : pas du tout. Et malgré une mise en scène sans invention – avec le passage obligé par la vidéo ! –, Raphaël Personnaz (un peu mièvre) et Laetitia Casta en délivrent toute la sauvagerie, l’humour et la tendresse aussi.” – Telerama

“On comprend pourquoi le film peut susciter l’envie d’adaptation théâtrale. En 1995, André Dussollier avait revisité le rôle de Johan avec élégance et distance et c’était merveille. La mise en scène de Safy Nebbou et les interprétations de Raphaël Personnaz et de Laetitia Casta sont trop sages ou pas assez décalées. Le texte n’ayant pas l’intensité ni la puissance théâtrale d’une pièce comme Qui a peur de Virginia Woolf, il lui faudrait la force d’un point de vue et des acteurs très bien dirigés pour dépasser le stade d’un aimable feuilleton télévisé. WebThéâtre

– “Le texte manque cruellement de subtilité, les dialogues sont lourds et banals. Aux acteurs donc de sauver la pièce ! Là encore, on est déçu. Si Raphaël Personnaz s’en sort bien, Laëtitia Casta joue malheureusement très (très) mal. Tous ses efforts pour être crédible tombent à plat.” – Les5Pièces