Revue de presse, 23 novembre : Rumeur et petits jours, La Nuit des taupes, Richard III Loyauté me lie, Hamlet Transgression

Rumeur et petits jours, Raoul Collectif, Théâtre de la Bastille, © Céline Chariot © Céline Chariot

1. Rumeur et petits jours, Raoul joue Collectif, au Théâtre de la Bastille jusqu’au 18 mars :

“On dirait la tribune du « Masque et la Plume » sauf que l’objet de l’émission est incertain… C’est potache, parfois très drôle, parfois moins. Derrière la blague, il y a une réflexion sur le groupe, le collectif, au théâtre comme dans la vie. Les Raoul semblent d’accord avec Winston Churchill, pour qui « la démocratie est le pire des régimes, à l’exception de tous les autres déjà essayés dans le passé ». Figaroscope

“Quel plaisir ! un spectacle à la fois très grand public, à mourir de rire, et âprement politique, sans jamais que le propos ne soit frontal.
Le risque d’un tel spectacle, c’est qu’il soit statique, chacun derrière la table du studio. Il ne l’est pas. Ne serait-ce que parce que les membres, animés par la colère, ne peuvent s’empêcher de se lever, s’invectiver, s’auto-exclure… Mais surtout parce qu’au milieu de la représentation, une Tina sort du corps de Robert, celui-là même qui conspuait le libéralisme. Tina comme «There is no alternative», la célèbre formule de Margaret Thatcher. Tina n’est pas une personne, même si elle se déploie sur scène. C’est une formule, et c’est toute l’intelligence de Raoul collectif d’en avoir fait un personnage comique, à la Amanda Lear, plutôt qu’une idée à démonter…
Libération

“TT Pas évident de faire rire des intellectuels fatigués dans une société fermée sur ses préjugés… Raoul Collectif y parvient avec un esprit dada incendiaire et convainc qu’il existe toujours une alternative à l’épuisement de penser… Sarcastique et déglingué, le collectif belge met à sac les idées toutes faites avec un humour ravageur. Réjouissant. Télérama Sortir

“La bande des cinq belges qui composent le « Raoul Collectif » a pris la scène de la Bastille d’assaut avec un sens de l’humour et de la provoc à toute épreuve. La charge est menée à fond de train, avec forcément des moments plus faibles que d’autres, vu qu’il est difficile de tenir un tel rythme sans déraper ou sans ralentir. Mais ne cherchons pas des poux dans la tonsure des membres d’un collectif qui balance un cocktail molotov humoristico-idéologique sur la scène du théâtre Bastille, où la filière belge a ses entrées depuis si longtemps. Des spectacles de ce cru, on ne s’en lassera jamais. Marianne

“Au-delà de l’amusement et des pistes de réflexion qu’elle peut faire naître, cette fantaisie donne l’impression de manquer d’audace et de complexité théâtrales. Le propos défendu par le collectif belge aurait, en effet, sans doute été plus fort s’il avait engendré une représentation dépassant le cadre de ce théâtre de genre. D’apparence loufoque mais finalement assez lisse, Rumeur et petits jours se révèle trop sage. On aurait aimé plus de liberté. Plus d’invention. En somme, plus d’anticonformisme. En s’émancipant des codes du déjà-vu, les artistes du Raoul Collectif nous auraient épargné certaines facilités… La Terrasse

“Un doux délire.
Il y a bien des manières de parler de politique, et de tenter de cerner l’impuissance et l’impasse dans laquelle nous nous enfonçons un peu plus chaque jour. Il y a celle, plus légère, mais qui n’en a pas moins sa pertinence, au vu du bel accueil public reçu par leur spectacle, du Raoul Collectif. On retrouve leur manière de se promener, surréalisante…
Le Monde

“Le club des cinq garçons loufoques du Raoul Collectif récidive. Spectacle réjouissant qui s’interroge sur une alternative au néo-libéralisme dominant. Glaçante et désopilante, Tina affirme sa primauté sur le monde contemporain, sans discussion possible. Face à ce mur dogmatique aux allures charmantes, ne reste plus qu’à se raconter des histoires … alternatives. En cela, le Collectif Raoul (donc le groupe) excelle. Jamais à court de ressources, d’imagination, d’inventivité, de drôlerie… Rue du théâtre

” S’ils se moquent des tentatives récentes, de “Podemos” à “Occupy Wall Street”, c’est avant tout parce qu’il y a en eux cette étincelle surréaliste qui caractérise bien de nombreux Belges, qui n’ignorent pas que la Belgique est le plat pays du surréalisme et du situationnisme… Occuper la scène théâtrale plutôt que Wall Street, contester par le rire, proposer par la poésie, c’est le programme du Raoul Collectif dans ce “Rumeur et petits jours” qui s’inscrit dans cet air du temps théâtral qui ausculte le politique et le social. Le Raoul Collectif cherche une voie théâtrale de contestation qui ne se contente pas du constat et brandit à nouveau l’étendard d’une utopie collective la plus joyeuse possible. Froggy’s delight

La Nuit des taupes - Philippe Quesne - Amandiers - © Martin Argyroglo © Martin Argyrolo

2. La Nuit des taupes : Philippe Quesne nous entraîne dans une exploration ludique mais profonde, au Théâtre des Amandiers jusqu’au 26 novembre :

“A la fois drolatique et inquiétante, la pièce est une performance qui se fonde sur l’imbrication entre le scénique et le scénographique, sans le secours d’une narration claire ou d’un jeu théâtral incarné. Formé aux arts plastiques, Philippe Quesne fait naître une écriture de plateau hétéroclite et bricolée et bâtit des mondes ou des écosystèmes où habitent des communautés insolites. Souligné par des lumières très réussies, le voyage suit son cours à travers diverses saynètes et diverses situations, plus ou moins évocatrices et frappantes… La Terrasse

“Réjouissant. Philippe Quesne cache une inquiétude lucide sous un masque fantaisiste et désinvolte, capable de donner vie à l’inanimé et de faire vivre un plateau par la grâce exquisément malhabile d’interprètes plus occupés à découvrir l’espace où il les parachute qu’à tenir les rênes d’une narration trop bien ficelée. A l’homme jetable, Philippe Quesne oppose une réjouissante humanisation de l’animal. Les Inrockuptibles

“Le metteur en scène Philippe Quesne explore avec malice et poésie ce qui se trame dans les sous-sols. Cette représentation singulière, un brin utopiste, file la métaphore : et si, à l’image de la taupe, nous trouvions nous aussi des refuges pour échapper à ce qui pèse sur nos épaules ? Philippe Quesne aime plonger le public dans des univers décalés, bucoliques et animaliers. Sa représentation, même souterraine, est un véritable bol d’air. La Vie

“Philippe Quesne est un homme de théâtre plasticien par qui tout peut arriver…Y compris cet insensé et burlesque spectacle à base de taupes (les acteurs y sont devenus invisibles dans leurs costumes de fourrure !)
Malgré quelques longueurs, l’aventure théâtrale pose de passionnantes et jubilatoires questions sur l’imaginaire des grottes, du sous-sol, des abris. Sur nos origines donc, comme sur nos fins dernières… Seul Philippe Quesne prend encore le risque aujourd’hui de spectacles aussi fous…
Télérama Sortir

“On dit parfois que la dramaturgie ne supporte pas les temps morts. Je crois à l’inverse que le théâtre permet de dilater le temps. Je suis persuadé que les théâtres ont cette fonction dans l’espace public d’être un lieu où il est encore possible de réfléchir ensemble.
[Enfant, je] collectionnais les insectes, et j’élevais notamment des phasmes, ces insectes qui survivent grâce à un paysage dans lequel ils se fondent. Sont-ils une métaphore de la vie de l’artiste ? Quand il y a un danger, ils cessent d’être repérables. Au théâtre aussi, j’aime ralentir la vitesse du monde, me fondre dans le décor, arrêter le tumulte, et vivre et faire vivre un voyage immobile.
Libération

“On dit parfois que la dramaturgie ne supporte pas les temps morts. Je crois à l’inverse que le théâtre permet de dilater le temps.”

“A l’aveugle, on s’engouffre avec ces taupes pour découvrir, stupéfait, un royaume en sous-sol, allégorie d’un monde certes replié sur lui-même mais complètement délirant. On fait son trou dans la superbe et ingénieuse scénographie figurant une grotte de carton-pâte… Toutes aussi farfelues que réflexives, les taupes de Caveland nous invitent dans leur terrier pour mieux reconsidérer notre rapport au monde et à l’existence. C’est bien l’enjeu de la proposition ludique et utopique de Philippe Quesne.
Ces mammifères mal aimés deviennent des compagnons irrésistiblement attachants et même électrisants lorsque, affranchis de tout, ils jouent de la batterie, de la guitare et du thérémine dans un esprit rock underground onirique jusqu’au bout de la nuit.
Toute la culture

“Cette plongée dans un univers parallèle nous permet d’observer les mœurs les plus intimes de ce peuple de mammifères à la vue approximative. Elle nous permet surtout d’admirer l’incroyable univers visuel et sonore qu’a construit l’actuel directeur du théâtre Nanterre Amandiers… Nous découvrons un univers fascinant, uniquement fait de bruits et de sons. Passé l’effet de surprise et d’amusement, ces 24h passées dans la vie d’une troupe de taupes s’avèrent une expérience aussi euphorisante que perturbante. La nuit des taupes est d’abord une invitation magnifique à la divagation et à l’expérience sensorielle. Un fauteuil pour l’orchestre

richard III royauté me lie, shakespeare, Jean Lambert-wild, Élodie Bordas, Aquarium, Cartoucherie

3. Un Richard III, Royauté me lie forain, bariolé et fantasque, au Théâtre de l’Aquarium jusqu’au 3 décembre :

TT Éblouissant spectacle. Une œuvre collective pour mettre en scène un Richard III burlesque dans une scénographie poétique et brillante, où l’on ne sait plus si l’on est dans un théâtre, un cirque ou une foire. C’est magique. Un spectacle ingénieux et poétique où, malheureusement, le texte est souvent écrasé par toute cette inventivité. Télérama Sortir

“La truculente scénographie de Stéphane Blanquet et Jean Lambert-wild offre un écrin magique à deux comédiens éblouissants.
On rit au spectacle d’une méchanceté si aboutie et on tremble d’être caution d’une telle infamie ! Le théâtre est rendu à sa vertu cathartique : l’histoire du fléau de sa race est une tragédie vertigineuse et frémissante. On retrouve l’originalité corsetée par une maîtrise hallucinante des arts de la scène des précédents spectacles de Jean Lambert-wild.
La Terrasse

“Entretien avec Jean Lambert-wild RFI

“L’oralité des mots m’est importante, comment un mot va “crocher” dans la langue, c’est physique, il y a une “physicalité” des mots”

“Un Richard III étonnant, épatant, d’une invention formidable, une machine à jouer, un théâtre de foire tragique et sanglant, un jeu expressionniste et bouffon… Deux sacrés monstres s’enfonçant dans la folie d’une représentation non moins génialement monstrueuse. Jean Lambert-wild et Elodie Bordas. Deux heures d’une création radicale, étonnamment claire et lumineuse dans la noirceur poisseuse. C’est un cauchemar burlesque que souligne la scénographie de Stéphane Blanquet, ce castelet infernal, palais du rire figé dans un rictus d’horreur, mais peuplé de fantômes étranges… Un fauteuil pour l’orchestre

“Jean Lambert-wild a choisi de placer les cruelles aventures de Richard dans une espèce de “Palais des Merveilles” dans lequel chaque niche contient une surprise que l’on ne devine jamais et que l’on attend à chaque fois avec un plaisir toujours renouvelé. Création de Stéphane Blanquet, cette véritable œuvre d’art est en soi, une des raisons de ne pas manquer ce “Richard III” qui n’a pas peur de la beauté.
Si l’on voulait initier à l’art dramatique quelqu’un qui n’aurait jamais mis les pieds dans un théâtre, le “Richard III” de Jean Lambert-wild serait le spectacle idéal, le spectacle total. Car, outre le verbe shakespearien et les surprises visuelles, il serait confronté à deux véritables athlètes qui se dépensent sans compter pour montrer combien une représentation théâtrale peut être magique et loin du réel quotidien.
Froggy’s delight

“Un spectacle créé par une équipe ultra talentueuse, qui fait confiance au travail et aux idées poétiques pour nous donner à sentir, simplement mais sûrement. Quelques scènes apparaissent un peu longues, du fait d’un trop-plein de texte et d’images shakespeariennes. Mais on est très heureux qu’à d’autres moments, Richard s’adresse à nous frontalement, de façon burlesque… Malgré la sobriété des effets, fureur et emportement se manifestent. C’est que le spectacle sait faire confiance aux artistes, et à leur talent, pour nous étonner. On le remercie grandement. Toute la culture

Hamlet Transgression, Shakespeare, Jacques David, Laurence Malherbe, Dominique Jacquet, Christophe Séchet, photo © Claire Acquart © Claire Acquart

4. Hamlet Transgression, une forme courte et dense, en prélude à Richard III… au Théâtre de l’Aquarium jusqu’au 3 décembre :

TT On est sous le charme, même si l’on ne comprend pas tout. La tension tragique est sensible sur le plateau et dans la salle. Cette courte pièce, qui s’apparente davantage à une performance, est d’une grande poésie et constitue un très beau geste artistique. Télérama Sortir

“Sur le plateau deux comédiennes portent les mots du prince du Danemark, en les clamant les chantant les hurlant et un miracle se produit. La difficulté à vivre, la mélancolie de Hamlet que secrètement chacun de nous partage avec lui dévoile son visage et de ce partage émerge en nous une joie optimiste.
Les deux comédiennes sont divines, quasi célestes. Ces 35 minutes de bonheur nous font du bien. Il se sera produit dans la petite salle du Théâtre de l’Aquarium une chose extrêmement rare entre hallucination et rêve éveillé.
Toute la culture

“Touché en plein cœur par la dualité des sentiments et de leur jeu, on sort exsangue de cette joute verbale lyrique et mortifère, de cette petite folie bouleversante qui secoue l’âme. Tour à tour, vers chantés et parlés se mêlent en une puissante litanie qui nous trouble et nous ébranle.
Fasciné par le talent ciselé des deux artistes, on est séduit par cet étrange OVNI qui allie l’art opératique et l’art théâtral avec virtuosité et ingéniosité, par cette douce et poétique aliénation des âmes solitaires qui s’unissent en un cri étourdissant et universel.
BSC News

Revue de presse du 16 novembre : Disgrâce, Les Cahiers de Nijinski, La Cuisine d’Elvis et L’éveil du chameau

Disgrâce Affiche La Colline

1. Au Théâtre de la Colline, Jean-Pierre Baro met en scène Disgrâce de J.M. Coetzee, un drame brûlant sur fond d’Afrique du Sud :

– “Jean-Pierre Baro adapte avec efficacité, conviction, mais aussi quelques maladresses, le formidable roman du prix Nobel sud-africain J.M. Coetzee. Un spectacle donné pour un mois dans la petite salle du théâtre de la Colline (…) Les comédiens, dotés d’une forte présence, ne jouent pas toujours juste -évitant de peu le mélo. On passe ainsi à côté de l’aventure passionnée entre Lurie et Mélanie. En revanche, la scène finale de la disgrâce -et du « pardon »- où Lurie vient s’expliquer avec Mr Isaacs, la père de l’étudiante séduite (Jacques Allaire), fait mouche.Le public de la Colline semble en tout cas conquis et fait un bel accueil à ce gros travail collectif. Ne serait ce que pour (re) découvrir le texte du prix Nobel sud-africain incarné sur scène avec envie, il faut aller voir cette Disgrâce.” – Les Echos

– “Porté par une belle distribution, ce Disgrâce n’avait pas forcément besoin de cet artifice ni de touches oniriques pour être à la hauteur du roman et dire le déclin de l’Occident. Sensible à chaque mot de David Lurie, ce constat traverse en effet le spectacle. Lequel, malgré ses défauts, résonne fortement dans une France où le rejet de l’Autre nourrit les campagnes électorales.” – TimeOut

– “Ecrit en 1999, le roman n’a rien perdu de sa portée âpre et dérangeante. Ses tensions et ambiguïtés sont restituées avec justesse et nuances, de façon intelligible et sensible, par Cécile Croustillac, Pierre Baux et le reste de la distribution. Quelques surlignages seraient bien dispensables mais le propos non univoque reste fortement interrogateur.” – SceneWeb

– “Jean-Pierre Baro n’a pas su transcrire la substance du roman ; peut-être parce que trop bouleversé par cette lecture, il n’a pas réussi à s’en emparer vraiment ; il en a fait un spectacle d’un style très ordinaire, simplificateur, truffé d’effets inappropriés et inopérants (…) Il ne reste qu’à (re)lire le roman pour en retrouver toute la singularité parfois dérangeante.” – WebTheatre

– “Baro a fait de Disgrâce une pièce complexe qui porte en elle toute l’histoire en fusion d’un pays à peine né à lui-même. On pense parfois à l’irrémédiable enchaînement des faits bruts de “Vu du pont” d’Arthur Miller qui vont conduire à la catastrophe. On a surtout devant soi un vrai travail théâtral dont on garde longtemps l’écho, celui des œuvres nécessaires, qui font sens tout en touchant profondément.” – Froggy’s Delight

– “La force acérée du trait chez Coetzee tient à sa complexité profonde, qu’un trio d’acteurs traduit avec brio. Le face-à-face de Lucy, la fille (Cécile Coustillac), et de David, le père (Pierre Baux), est d’une tension remarquable : elle s’accrochant à la terre, prête à y expier des siècles de culpabilité coloniale ; lui discourant toujours, s’en remettant à l’Etat si loin du bush. Le ­dialogue de Lucy avec Petrus, son assistant noir copropriétaire de la terre, interprété par Fargass Assandé, y est d’une ambiguïté puissante. Avec autant d’atouts, il n’était pas utile d’encombrer le spectacle de postures dansées, qui font souvent figure d’emplâtres…” – Télérama

– “Coetzee nous pose des questions tellement extrêmes, qu’il crée en nous un choc de la pensée.” – Jean-Pierre Baro pour La Terrasse

 

 Les cahiers de Nijinski

© François Rousseau

2. Reprise des Cahiers de Nijinski au Théâtre National de Chaillot, spectacle pour un comédien et un danseur mis en scène par Brigitte Lefebvre et Daniel San Pedro :

– “Dans une scénographie toute blanche, incurvée comme une immense vague, le couple masculin évolue en constant déséquilibre, sur la crête des mots et des sentiments. Pas de danse ni de musique, juste celle des corps statiques ou en mouvement, l’un en blanc, l’autre en gris. La sobriété est celle d’un diamant brut. Clément Hervieu-Léger, de la Comédie-Française, corps gracile et délicatesse infinie, nous distille une vérité d’une intimité bouleversante et juste, dans un enthousiasme lumineux et sacrément vivant. Une réussite totale que ce spectacle d’une absolue vérité.” – ArtistikRezo

– “La palette de jeu de Clément Hervieu-Léger est magnifique. Il passe de la colère à la réflexion, du calme à la nervosité, sans vaciller. Il est très différent de Redjep Mitrovitsa qui a incarné le rôle en 1993 au Festival d’Avignon, sans trop en faire, avec la retenue qu’il convient.” – SceneWeb

– “Le danseur Jean-Christophe Guerri, ancien danseur du Ballet de l’Opéra de Paris, et le comédien Clément Hervieu-Léger, pensionnaire de la Comédie-Française, sont les interprètes des Cahiers Nijinski, tant par leurs corps que par leurs voix. Ils évoluent sur un plateau pentu et volontairement inconfortable, témoignage de la difficulté de vivre et de la fragilité de Nijinski, conscient au moment de la rédaction de son journal d’être à la frontière alors entre deux mondes. Cette double incarnation permet au spectateur de mieux saisir les facettes du danseur à ce moment de sa vie entre, poésie et folie, entre conscience et inconscience.” – WebTheatre

– “Sur la scène au sol très penché et inconfortable, Clément Hervieu-Léger de la Comédie-Française, à l’origine du projet, et Jean-Christophe Guerri, ancien danseur de l’Opéra de Paris, « évoquent l’univers mental » du danseur. Le premier porte sa voix, mais ne l’incarne pas. Le second, presque totalement silencieux, se meut, danse à peine. Il résonne par sa présence, porte le comédien, l’assiste comme un petit enfant, l’accueille ou lui résiste, toujours en retenue. Loin d’une représentation grossière de la schizophrénie et de l’émotion à gros flots, ces artistes se font les passeurs d’une fougue mêlée de fragilité.” – La Croix

– “Le jeu des corps et des regards, l’extrême présence des deux interprètes, le minimalisme percutant de la scénographie nous aspirent totalement dans les pensées de Nijinski, et l’on ressort de ce spectacle vacillant, ébranlé, comme après un tour de montagne russe. Accrochez vos ceintures, préparez-vous pour le décollage ! ” – Les5pièces

– “Nijinski oscillait vraisemblablement entre deux contraires : une énergie très puissante qui s’imposait à lui et une énergie très brûlante qu’il avait en lui.” – Brigitte Lefebvre pour La Terrasse

 

La Cuisine d'Elvis Rond-Point

3. Au Théâtre du Rond-Point, Pierre Maillet met en scène La Cuisine d’Elvis, une comédie dramatique de Lee Hall :

– “Entre le naturalisme glauque, le réalisme social et la kitscherie watersienne qui semblent constituer le triangle dramaturgie adéquat, Pierre Maillet, comédien et metteur en scène co-fondateur du collectif d’acteurs le Théâtre des Lucioles, a choisi… une quatrième voie aussi judicieuse qu’efficace. Et quasiment une quatrième dimension en optant pour le registre de la tragi-comédie paradoxale qui sied à la partition qui s’apparente à un conte pour adultes traitant de la pathétique condition humaine avec happy end à la clé que l’auteur lui-même d’épilogue insupportablement facile.” – Froggy’sDelight

– “Cécile Bournay, excellente dans le rôle de Jill avec ses cheveux mauves mal coiffés et son air renfrogné, est manifestement plus âgée que son personnage, et ce décalage donne d’autant plus de caractère à cette ado torturée, au point d’en devenir un élément comique. Avec cette Cuisine d’Elvis, Pierre Maillet mélange tragique et comique dans la même gamelle, pour nous servir un drame tout à fait délicieux. ” – Les5pièces

– “Souvenirs d’un temps ancien ou métaphore d’un monde où le King montre sa face sombre ? Autant dire une famille détruite, foutraque, que Pierre Mailet met en scène avec une grande précision et une infinie humanité.” – Télérama

– “L’une des grandes qualités du travail de Pierre Maillet est de prendre au sérieux chaque espace du texte, aussi loufoque soit-il, pour en rendre compte avec minutie, et ainsi se tenir à distance des facilités de la parodie. Il fallait des comédiens de tout premier ordre pour donner chair à la vérité de ces destins brouillés, ces destins à la dérive. Tous les quatre se révèlent exemplaires. Moins connue que ses partenaires, Cécile Bournay est une révélation.ijinsky oscillait vraisemblablement entre deux contraires : une énergie très puissante qui s’imposait à lui et une énergie très brûlante qu’il avait en lui.” – La Terrasse

 

 L'éveil du chameau Atelier Affiche

4. L’éveil du chameau au Théâtre de l’Atelier, une comédie sentimentale avec Barbara Schulz et Pascal Elbé :

– “Barbara Schulz nous conduit, par l’énergie et le rayonnement de sa présence, dans chacune des scènes qui composent la pièce. Sans en faire trop, sans jouer la surdose de la mère de famille guindée, elle impose à Pascal Elbé sa séduction de maîtresse femme démoniaque, qui semble dominer l’échiquier. Face à elle, Pascal Elbé fait des prodiges dans la posture du baroudeur beau garçon revenu de tout, qui a fait le tour du monde et des femmes, peu enclin à s’en laisser compter par une emmerdeuse donneuse de leçons morales.” – ArtistikRezo

– “Si, quelquefois, on a le sentiment que Murielle Magellan construit son intrigue à gros traits, on finit par ne pas l’en blâmer, car elle rend une copie divertissante et d’une vraie modernité dans son “happy end” ambigu. Servie par des comédiens convaincus et au meilleur de leur forme, “L’éveil du chameau” n’est pas à dédaigner.” –  Froggy’sDelight

– “Notre plaisir se source du talent de ces comédiens (Valérie Decobert n’est pas en reste) qui incarnent le magnifique texte de Magellan. « Encore une histoire d’amour ! » pourrait écrire Jean Claude Grumberg auquel l’écriture de Magellan fait penser. Une histoire d’amour une nouvelle fois imprévisible et rendue possible là par l’émergence d’un père. Une pièce délicieusement romantique et trés actuelle, à ne pas rater.” – TouteLaCulture

– “Les ingrédients sont réunis pour une bonne petite comédie française – jusqu’au décor réaliste mais à l’image de la vie de l’homme qui y habite : dérangé. On attend le moment où les deux personnages vont oublier ces histoires que tout oppose pour laisser libre cour à leurs pulsions sexuelles, ce qui arrive invariablement. Mais là où « L’Éveil du chameau » se démarque d’un téléfilm où le sujet pourrait être tout aussi bien traité, c’est dans la tension et la profondeur que chacun des deux acteurs met dans son personnage. Derrières ces principes renaissent des sentiments légers oubliés depuis les premières passions ressenties. Un sujet grave qui devient un moment de théâtre drôle et léger.” – SceneWeb

– “Elle, c’est Barbara Schulz, toute en finesse et élégance, elle a des principes et le fait savoir. Pascal Elbé parvient à rendre sympathique son personnage de macho humanitaire sans humanité. Valérie Decobert, la maîtresse-secrétaire apporte un peu à la fois de piment et de tendresse à l’histoire. Ajoutez une fin qui laisse la porte ouverte à nos imaginations, et voilà un spectacle plutôt agréable à suivre.” – Reg’Arts

– “Le texte est vraiment plat (Murielle Magellan). Les personnages sont caricaturaux et stéréotypés : l’homme macho et vulgaire, la femme hystérique. Les comédiens n’ont pas grand-chose à défendre. Pourtant va s’opérer chez l’homme une métamorphose. Qui se fait brutalement, sans que rien dans le jeu ne la prépare. Dommage. C’est plat, lisse et conventionnel. On ne rit pas, on a plutôt envie de se mettre en colère.” – Télérama

Revue de presse du 9 novembre : The Foutainhead, M’man, Jankelevitch… et la future Cité du théâtre

1. À l’Odéon-salle Berthier, The Foutainhead : Ivo von Ove en grand architecte quasi incontesté de l’art théâtral et de la direction d’acteur !

“Un savoir-faire et des comédiens éblouissants, et, parfois, une dimension spectaculaire qui phagocyte la représentation.
La confrontation enfiévrée et exacerbée semble parfois manquer de nuances, comme si elle était prisonnière de sa dimension spectaculaire, très frontale et radicale. Peut-être parce que la dimension technique, certes impeccablement maîtrisée, est trop envahissante. Certaines scènes – celles où Roark (Ramsey Nasr) dessine et celle où il détruit des logements sociaux qui ne lui conviennent pas – sont vraiment très belles, et les comédiens comme à l’accoutumée dans cette troupe d’excellence sont tous éblouissants.
La Terrasse

“Ivo van Hove ne prend pas parti, laisse le spectateur se faire sa propre morale.
Au fond, des musiciens s’agitent autour de leurs instruments et consoles. La fièvre créatrice, au centre du roman, a gagné toute la scène. L’architecture devient spectacle : croquis dessinés sous nos yeux et projetés en vidéo. Même les scènes d’amour, filmées en vue plongeante, ont un côté arty. Mais au-delà des images, c’est l’intensité du jeu, le naturel des comédiens, qui fascine et bouleverse… Ivo van Hove nous convainc presque que le théâtre en dit plus long que le cinéma. Avec « Fountainhead » il démontre à ceux qui l’ignoraient encore qu’il est un grand des scènes d’Europe.
Les Echos

“En adaptant « The Fountainhead », de la philosophe et romancière américaine Ayn Rand, le Flamand Ivo van Hove pose de façon éblouissante la question de la création, et des choix possibles de l’artiste.
La mise en scène très cinématographe de van Hove est à la fois simple et spectaculaire… Il a aussi cet art du rythme et de la rupture. On garde littéralement les yeux rivés sur la scène durant les quatre heures que durent le spectacle, en néerlandais surtitré ! Mais on ne s’ennuie pas une seule seconde, tenu par cette histoire à rebondissements multiples comme une bonne série télé, grâce aussi à la limpidité et à l’intensité du jeu des acteurs.
Culture Box

“Ivo Van Hove architecte d’un grand spectacle.
Un théâtre absolument passionnant servi par de très grands acteurs excellemment dirigés. Une adaptation magistrale du roman controversé d’Ayn Rand qui ose questionner sans concession le statut de l’artiste dans son époque et l’essence même de l’acte de créer.
La mise en scène propose une forme grandiose qui cependant n’anéantit pas le jeu inouï des acteurs.
Toute la culture

“Chez Ivo van Hove, tout part toujours du texte, c’est le moteur de sa puissance scénique, laquelle nous emmène très loin… Au bout de trois heures, la fatigue de lire des sous-titres se fait sentir mais, oublions cela, c’est une soirée d’une très grande richesse, excitante au possible. Comme toujours dans les spectacles d’Ivo Van Hove, les acteurs sont de premier ordre. Théâtre et Balagan / Obs

“Un interminable feuilleton scénique de 3h45… Pourquoi faire court quand on peut faire long, si long ? Dans la manière du brillant patron du Toneelgroep d’Amsterdam de s’installer si impérialement dans l’espace et le temps, se ressent souvent comme une volonté de pouvoir sur le public. Et en plus, il y a cette frime si agaçante sur le plateau. Passe l’usage, bien contrôlé et intéressant des écrans vidéo, mais ces machines qui ne servent à rien, ces techniciens derrière écran, comme derrière une tour de contrôle !… Télérama

mman-affiche

2. Au Petit Saint-Martin, Fabrice Melquiot offre un duo troublant : M’man, porté par deux acteurs en état de grâce :

“Magistralement interprétée par Cristiana Reali et Robin Causse, la tragi-comédie de Fabrice Melquiot émeut et fait rire. Fabrice Melquiot, 40 et quelques années, écrit depuis longtemps et dans des formats et registres très différents. Il est fin, sensible, il a acquis du métier sans jamais perdre l’élan et la sensibilité… Le Figaro

“Le rôle de M’man est taillé sur mesure pour Cristiana Reali [qui] déploie avec brio toute la palette du personnage. Robin Causse incarne avec sobriété le fils étouffé/désespéré. Charles Templon met en scène avec élégance ce duo théâtral troublant. Les Echos

“Les deux comédiens réunis sont magnifiques, et Charles Templon, qui les dirige, peut compter sur ces deux fortes natures. Cristiana Reali est vive, profonde, sait passer d’une humeur à l’autre aussi vite que Brunella. Robin Causse est beau, touchant, fin, singulier. Ils parviennent à éviter toute équivoque, car ils sont sincères et aiment leurs personnages. On rit beaucoup mais on a le cœur serré. Figaroscope

“Cinq conversations jalonnent les rapports d’une mère et de son fils durant une dizaine d’années. Leurs liens sont fusionnels, c’est-à-dire à la fois aimants et totalement agressifs. La pièce de Fabrice Melquiot analyse ces rapports avec précision : la fusion maladive, la solitude féminine, l’absence du père. Robin Causse fait un fils excédé mais juste et sobre. Télérama Sortir

“Les mères abusives hantent les familles et les théâtres. La louve aime l’agneau en le déchirant à petits coups de dent.
Grand écrivain moderne que Melquiot ! Jusqu’à maintenant il n’avait pas eu trop de chance avec les théâtres privés parisiens. Cette fois, à la Porte Saint-Martin, l’accord est trouvé. Charles Templon met en scène “M’man” comme autant de rounds où l’amour se casse les dents à force d’être envahissant. Templon place les deux personnages dans un rapprochement confiné avec une drôlerie toujours terrible. Cristiana Reali compose un mère toujours infernale et toujours tendre : c’est l’un de ses grands rôles, elle va au plus profond d’une vérité humaine. Robin Causse est avec délicatesse l’enfant qui a grandi sans qu’on lui donne le droit à l’âge adulte : l’acteur a beaucoup de charme, de douceur et de fragilité…
WebThéâtre

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3. Vladimir Jankélévitch, la vie est une géniale improvisation : au Lucernaire, Bruno Abraham-Kremer donne vie à une pensée !

TT Qu’il parle de musique, de l’instant, de la mort, de l’intuition ou de l’amour, le propos est constamment passionnant et accessible aux néophytes. Bruno Abraham-Kremer nous offre une heure et demie d’intelligence et de joie. Télérama Sortir

“Le titre, déjà, donne envie de l’aimer, ce spectacle : La vie est une géniale improvisation. A peine lu, l’esprit part en vadrouille… Si le spectacle de Bruno Abraham-Kremer est si vivant, si humain, c’est d’abord que la forme de la correspondance le permet : c’est un Jankélévitch plus accessible, plus intime que dans les écrits théoriques qui s’exprime ici. Si tout ce qui se dit ici est aussi vivant, aussi saisissant, c’est d’abord grâce au talent d’acteur de Bruno Abraham-Kremer. Il n’incarne pas Jankélévitch lui-même, mais le mouvement de la pensée qui, chez le philosophe, était inséparable de celui de la vie. Et c’est bouleversant. Le Monde

“Un hommage éblouissant à un libre penseur. Un moment de théâtre truculent et pénétrant !
Le conteur inspiré fait vivre les écrits, se mettant à la place des deux rédacteurs dans des pantomimes habitées. Les dernières minutes révèlent la grande sagesse d’un homme hanté par les souvenirs de la barbarie. Pour une émotion à couper le souffle.
La pièce se conclut par une légitime et méritée salve d’applaudissements. Nul besoin d’être féru de philosophie pour apprécier ce moment de théâtre entier et habité. La salle était comble, n’hésitez pas à réserver votre place pour admirer les talents de conteur du comédien hors pair et la philosophie si cruellement actuelle de cet esprit libre.
PublikArt

“Abraham-Kremer et Corine Juresco (co-auteur dont il convient d’applaudir le choix difficile de collecte et de sélection) nous donnent à voir un Jankélévitch toujours malicieux et souriant à la vie, une sorte de Nietzsche sans la névrose… Toute la culture

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4. À noter aussi : on parle de la future Cité du théâtre :

“Un grand projet réjouissant… Côté Berthier, c’est la révolution. La Comédie-Française, l’Odéon et le Conservatoire vont occuper les 20 000 mètres carrés du site, dont l’architecture autorise tous les rêves. Le Monde

“Cette Cité du théâtre « est un projet qui vient de loin », rappelle la ministre de la culture, Audrey Azoulay… Le financement de l’étude est déjà assuré mais le projet devra survivre aux prochaines échéances électorales… La Croix

Revue de presse du 2 novembre : La Pluie, Moi et François Mitterrand, La Peur et Espia a una mujer que se mata

 La pluie affiche Lucernaire

1. La re-création de La Pluie de Daniel Keene par le Alexandre Haslé, un moment fort à vivre au Lucernaire :

– “TTT – Par la force poétique des mots, des images et de la musique yiddish, Alexandre Haslé nous embarque dans une ambiance crépusculaire, là où la vie et la mort se frôlent. On ne sort pas indemne de ce voyage bouleversant dans une histoire à laquelle l’actualité fait encore un douloureux clin d’œil.” – Télérama Sortir

– “Alexandre Haslé maîtrise avec grâce le dédoublement physique qui permet au comédien d’ancrer son récit dans l’ici et maintenant. Sans un mot en plus de ceux de Hanna, aussi beaux que sporadiques. Créé il y a quinze ans, alors que Daniel Keene était presque inconnu en France, ce premier spectacle de la compagnie Les lendemains de la veille n’a pas pris une ride. Non seulement parce que le marionnettiste l’a transformé, mais aussi du fait de la tragédie méditerranéenne actuelle.” – La Terrasse

– “Pour donner vie à Hanna et aux fantômes qui la hantent, Alexandre Haslé a eu l’excellente idée de créer des marionnettes à partir des personnages de Daniel Keene . Le résultat est bouleversant, poignant, troublant, captivant, presque hypnotique. Encore un spectacle dont on ne ressort pas indemne.” – Les5Pièces

– “Les marionnettes font corps avec l’acteur, dans l’esprit de la grande Ilka Schönbein avec laquelle il a travaillé trois ans (entre autres pour l’extraordinaire Métamorphoses), une magicienne qui se confondait avec ses créations. Haslé donne volontairement à voir la technique, dialogue en silence avec les marionnettes, figures à part entière douées d’une telle vie qu’on s’attend à les entendre parler.” – Webtheatre

– “L’attention du publics attirée par les marionnettes dont se revêt le comédien avant d’être déposées respectueusement sur scène. Leurs faciès sont douloureux, leurs gestes sont mesurés. Une pièce toute en symboles, loin de l’agitation de notre époque et privilégiant le poids des souvenirs.” – Publik’Art

– “Au service de ce texte sublime et exigeant, le travail de marionnettiste d’Alexandre Haslé est d’une rare délicatesse. Les marionnettes grandeur nature, façonnées de ses mains, dotées de masques terriblement expressifs, prennent littéralement vie sur le plateau, alors même que tous les changements et toutes les manipulations se font à vue: les spectateurs, captifs du rêve, se laissent emporter en toute confiance.” – Toute la Culture

– “Le spectacle est presque pantomime tant il est économe de mots, car est difficilement décibel l’abime dans lequel fait plonger la barbarie, et s’octroie juste quelques inserts musicaux qui évoquent tant la musique klezmer que celle du compositeur Anton Karas (…) Le spectacle est placé sous le signe d’une triple esthétique, qui subjugue autant qu’elle perturbe, et sublime le caractère magique de l’art marionnettique.” – Froggy’s delight

 

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2. Olivier Broche interprète au Théâtre du Rond-Point Moi et François Mitterrand, un texte désopilant de Hervé Le Tellier sur le rapport au pouvoir :

– “Sous les photos officielles des présidents successifs (celle de François Mitterrand a la meilleure place), Hervé Laugier s’adresse au pouvoir. Personnage tendre, lunaire, naïf, comme sorti d’un dessin de Sempé, Olivier Broche est ce magnifique anti-héros qui met de la poésie dans sa vie. C’est infiniment malin, irrésistiblement fin et drôle.” – Le JDD

– “Moi et François Mitterrand est d’abord une performance du comédien Olivier Broche qui s’empare d’Hervé Laugier, le faux alter ego de l’oulipiste écrivain Hervé Le Tellier, et fait oublier qu’au départ, ce récit – double inversé des Exercices de style de Queneau puisqu’ici il s’agit de projeter un milliard d’affects différents sur un texte identique – n’a pas été écrit pour la scène.” – Libération

– “Ce qui pourrait apparaître comme une amusante pochade est en fait un survol historique des 35 dernières années à travers les personnalités joliment croquées de quatre présidents. La mise en scène de Benjamin Guillard est à la hauteur de l’humour et de la tendresse du texte dont la dérision est toujours bienveillante. Olivier Broche nous régale une heure durant dans cet exercice littéraire digne des Exercices de style de Queneau ou des Diablogues de Dubillard.” – Webtheatre

– “Outre le comique de répétition et les jeux de mots, drôles, que sait très bien placer Hervé Le Tellier, le plus intéressant paraît bien ce petit monsieur (Olivier Broche), si solitaire et perdu qu’il s’invente une vie à travers ses nouveaux amis. Il est plein d’imagination, devient complètement fou et absurde quand il devine l’écriture de François, après sa mort, derrière celle des lettres types.” – Télérama Sortir

– “Olivier Broche use avec brio d’un talent comique extraordinaire : on rit du début à la fin, et la moquerie ne vient jamais gâter l’immense plaisir pris aux cocasseries du texte et à la précision jubilatoire de la langue. Laugier est un tendre ; Olivier Broche lui offre une humanité bouleversante. Bureau, fauteuil, piano et vidéoprojecteur : la mise en scène fait avancer le méticuleux mémorialiste dans les étapes de son récit avec un remarquable sens du rythme et du suspense. Le bonheur à être hilare est immense.” – La Terrasse

– “Tout le sel de la pièce tient au contraste entre la triste banalité des missives bureaucratiques et la chaleur de l’expéditeur, persuadé de nouer une amitié singulière avec le chef de l’Etat (…) Le spectateur voit défiler à travers la correspondance fictive toute l’histoire politique depuis 1983, des écoutes pratiquées par François Mitterrand pour protéger sa famille secrète au “Casse-toi pauvre con” de Nicolas Sarkozy. ” – Le Parisien

– “L’opus est porté par l’interprétation, voire l’incarnation, ébouriffante de Olivier Broche qui, sous la direction de Benjamin Guillard, évite tous les écueils et tentations du seul en scène notamment celui du numéro d’acteur.
Jolie prouesse à son actif que de camper aussi efficacement un personnage qui navigue avec fébrilité entre des états et des sentiments antinomiques, lucidité, dérision, fantasme, forfanterie et auto-apitoiement, et une édifiante fresque politique.” – Froggy’s delight

 

 la peur affiche Théâtre Michel

3. Après une tournée et deux festivals d’Avignon, la mise en scène de La Peur d’Elodie Menant s’installe au Théâtre Michel :

– “On assiste au vacillement d’un couple qui ne se comprend plus… jusqu’au dénouement, véritable coup de théâtre. Cette pièce, à l’esthétique cinématographique, s’inspire de l’univers d’Hitchcock, notamment du remarquable film Fenêtre sur cour. Un spectacle palpitant.” – ArtistikRezo

– “Elodie Menant joue sur toutes les cordes du suspens pour amener une fin que l’on se gardera de dévoiler, au terme d’une pièce qui monte en tension de minute en minute. Quand Zweig et Hitchcock font bon ménage, il n’y aucun risque de divorce.” – Marianne

– “Les ambiances musicales bien choisies (avec des extraits de publicités des années 50) et la scénographie imaginative et évolutive d’Olivier Defrocourt concourent à faire cette pièce un bon moment de théâtre avec beaucoup de suspens. Mais Elodie Menant n’est pas allée au bout de son travail d’adaptation. Le jeu reste trop caricatural et trop appuyé.” – SceneWeb

– “Cherchant une atmosphère inquiétante à travers le personnage de la maître-chanteuse, les jeux de lumière et une scénographie mobile jouant comme un piège, Elodie Menant ne parvient à créer ni suspense ni angoisse. Le jeu de l’actrice, tellement « boulevardier », transforme la nouvelle en un spectacle amusant, léger et superficiel.” – Telerama Sortir

– “La pièce fascine jusqu’à son dénouement. Les affinités de Zweig avec les thèses de se compatriotes psychiatres viennois mènent la pièce dans une atmosphère pesante qui fait mouche. On ne perd pas une miette de cette pièce claustrophobie et passionnelle.” – Publik’Art

– “L’ingéniosité de la mise en scène d’Elodie Menant alliée à la qualité du texte de Zweig bâtit pièce à pièce le puzzle de cette angoissante histoire, en en dynamisant le récit et en faisant très lentement monter le suspens, nous proposant une atmosphère tendue et étouffante (…) Dès les premières scènes, les comédiens admirablement bien dirigés, lancent les chevaux à grande vitesse et le rythme ne faiblit pas. Dans le rôle d’Irène, Hélène Degy accomplit une très belle performance et traduit avec subtilité l’évolution de son personnage. Elle est magistrale.” – Froggy’s Delight

– “Pour ma mise en scène, je me suis inspirée des films d’Hitchcock, des années 1950, de l’univers du cinéma.” – Elodie Menant pour La Terrasse

 

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4. Guy Delamotte présente, à l’Epée de Bois, sa mise en scène d’Espía a una mujer que se mata, une adaptation d’Oncle Vania de l’Argentin Daniel Veronese :

– “Quelle est la part du théâtre dans la vie, si on se démaquille quand partent les visiteurs et qu’on reprend les comptes quand les péroraisons des intellectuels sont terminées ? Y a-t-il quelque chose de véritablement sérieux dans le sérieux retrouvé après la fête ? La représentation est-elle jamais terminée, même quand les acteurs cessent apparemment de jouer ? Quand on assiste à une pièce où ils jouent avec une telle aisance des codes de leur art, on se laisse prendre au vertigineux plaisir d’en douter, au point de se demander – et tout Tchekhov est là – si c’est la vie ou le théâtre qu’on a vu…” – La Terrasse

– “C’est une version sous haute tension, explosive, tendu toujours et pourtant d’une humanité lucide et féroce, innervée d’une vie brûlante et fragile. Le Panta Théâtre réussit quelque chose d’infini précieux et audacieux, au plus près de l’adaptation de Daniel Veronese, et comme ce dernier, celle de trahir avec raison Tchekhov, car il n’y a pas meilleure adaptation que trahison, et d’en extraire cette modernité qui fait de lui notre contemporain.” – Un Fauteuil pour l’orchestre

– “Tchekhov ne jugeait pas ses personnages, aussi englués soient-ils dans leur médiocrité, Veronese non plus. Le spectacle de Delamotte ne traduit pas la force et la pertinence du travail de Veronese sur cette pièce, véritable condensé de tensions, qui parle de décadence sociale, de misère humaine, de désir et de désespoir, d’art et de politique.” – Webtheatre

– “On peut dire que si l’on n’est plus vraiment chez Tchekhov, on reste au cœur de son esprit, complété par l’apport singulier de Veronese, par sa touche originale, son sens des mots et du jeu, si bien servis par les acteurs. A la sensibilité russe de Vania, Veronese le latino apporte une touche de poésie baroque, et c’est magique.” – Marianne

– “La mise en scène vive, emportée, haletante de Guy Delamotte suit le rythme intense de la première scène qui est une course. Toute la pièce est une course autour et dans le décor qui représente la cuisine de la maison plantée comme un radeau au milieu du grand plateau nu – à la fois scène et seul abri possible dans l’immensité. Une histoire transportée dans les années 60’ avec ses néons, sa table en formica, son jukebox.” – Reg’Arts

– Espia a una mujer que se mata est un beau spectacle qui a l’avantage de rendre vraiment un bel hommage à la pièce dont il s’inspire. Les variations opérées sur le texte original ne sont pas gratuites et l’on est impatient d’en connaître plus d’un auteur qui sait jouer avec dextérité avec un des chefs d’oeuvre de l’art théâtral.” – Froggy’s delight

– “Le théâtre est là pour poser la question de notre présence au monde, de notre présence aux autres. C’est l’une des choses qu’il nous a paru important d’explorer à travers ce spectacle.” – Guy Delamotte pour La Terrasse

Revue de presse du 26 octobre : La Vie (titre provisoire), Philippe Caubère, La Mort de Danton, Le Personnage désincarné

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1. Un François Morel délicatement charmeur dans La Vie (titre provisoire) : un moment, sinon fort, au moins délicieux :

“TTT – Le bonbon de la rentrée dont on ne saurait se passer. Un kaléidoscope de chansons comme une touchante et authentique collection d’ex-libris du grand livre de l’existence. Tendres, mélancoliques ou franchement poilantes – irrésistible Petit Jésus tu m’as déçu -, on se régale des mélodies composant ce récital aux couleurs jazz, mis en scène par Juliette sous la forme d’un hommage facétieux au music-hall. Télérama Sortir

“L’artiste réveille le souvenir des récitals d’autrefois – à Bobino, à l’Olympia… – avec drôlerie, distance et modestie… Les mélodies sont légères, les arrangements malins, « vieux style » avec ce qu’il faut de modernité pop et jazzy… Les textes de Morel n’ont rien d’explosif, ils sont comme à l’accoutumée, subtils, fantasques, doux et un brin fêlés. Le chanteur a la voix sûre, animée d’un léger trémolo. Plus touchant à la scène qu’en disque, La Vie (titre provisoire) distille un beau parfum d’humanité lucide. Les Echos

“Un nouveau récital, placé sous le signe du désenchantement. Pas question, pour autant, de s’abandonner à la morosité. Le spectacle, mis en scène par sa vieille copine Juliette, garde toute la candeur, la tendresse, l’humour du comédien-chanteur-poète qui manie comme pas deux la relation avec son public. Le récital s’égrène comme une farandole de vignettes, de saynètes poivre et sel qui, à chaque fois, révèlent un micro-état du monde et de ses habitants… Rue du Théâtre

“Juliette met en scène ce cabaret tendre, projet humaniste de réconciliation durable avec le fait d’exister. Quel bonheur de retrouver François Morel, dans une mise en scène malicieuse de sa complice Juliette. Accompagnés par des musiciens aux petits oignons, François Morel distille donc ces petits moments de bonheur. Des airs aux teintes d’Alain Souchon, comme « La vie », d’autres plus personnels et à chaque fois de jolies découvertes. Certes quelques titres pâtissent d’une écriture qui laisse un peu perplexe, mais foin de ces réserves, l’excellence de l’ensemble l’emporte haut la main. Regard en coulisse

“Pas tant nostalgique que tendre, le registre du tour de chant suit une égale ligne inspiratrice, la même tonalité musicale, sans émergences ni grands reliefs ou moments forts… Certains textes accrochent davantage, comme Petit Jésus, tu m’as déçu, plus sarcastique, où l’on retrouve l’esprit de ses chroniques de France Inter, mais ce dernier spectacle de chansons ne convainc pas totalement et laisse sur sa faim… Avec Une chanson populaire, “un refrain tout bête”, il clôt son hommage à la chanson et à la vie, comme on l’aime, ni plus, ni moins. Le Journal du dimanche

“François Morel déroule un tour de chant tendre et lumineux, les facettes de la vie, de ses incohérences et de ses moments de grâce aussi. Scéniquement, cela aurait mérité quelques fulgurances et quelques surprises dans la mise en scène. Si le ton, l’unité et le côté classique vaguement rétro du spectacle sont indéniables, on a tendance à retomber en intensité… Un fauteuil pour l’orchestre

“Certaines chansons, dans leurs mélodies, ont un peu trop le côté cabarets branchés-intellos des années 50-60; et je n’étais pas le seul à m’ennuyer, de ce fait, par moments. Ce spectacle peut-il toucher les moins de 30 ans ? J’ai dit mes petites réserves, mais la présence de François Morel est tellement forte, tellement généreuse, tellement fusionnelle avec le public, qu’il l’emballe et fait une fin triomphale. Sur le fond, Morel est, comme Houellebecq, un poète obsédé par la mort, mais sa réponse à lui, c’est la tendresse et l’humour. Laissez-vous embarquer, vous passerez un moment rare. Culture Tops

“François Morel dispense les titres de son album dans une mise en scène minimaliste et dépourvue de caractère… Sans effet scénique, si ce n’est le tempérament de comique de François Morel qui resurgit dans de mini-intermèdes humoristiques et le pousse à quelques esquisses d’imitations de Charles Aznavour à Jacques Chirac, le spectacle se déroule sur un rythme de thé dansant pour troisième âge heureux… Froggy’s delight

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2. Caubère se démultiplie à l’Athénée – deux solos : Bac 68 et La Danse du Diable, la mise en scène de L’Asticot de Shakespeare, de Clémence Massart : des retrouvailles appréciées !

“Entretien croisé Philippe Caubère/Clémence Massart La Terrasse

Jouer l’irruption de 68 et de ce mouvement de libération est très important dans la situation actuelle qui ressemble – je trouve – à celle d’alors.

“Des textes très écrits pour des récits drôles et touchants… Philippe Caubère, tel le magicien de L’Illusion comique de Corneille, va nous faire voir, revoir le passé, va faire vivre, revivre des personnages que l’on connaît ou non, que l’on reconnaît ou non, des personnages d’une humanité touchante, fragiles et cocasses, des êtres entravés qui cherchent leur liberté… Le Figaro

TT Les jeunes spectateurs, qui n’ont pas pu découvrir les solos biographiques de Philippe Caubère voilà trente-cinq ans, se régaleront de cette fulgurante adaptation d’un des meilleurs épisodes de sa feuilletonesque autofiction théâtral… Tableau de la France des années 60, de la vie provinciale, de la jeunesse enfiévrée de l’époque, cette tranche de vie et d’histoire(s), écrite avec truculence, permet à Caubère d’éblouir et de réjouir en quelque deux petites heures, qui passent comme un rêve de théâtre. Télérama Sortir

“Dans ce spectacle qu’il joue depuis plus de quarante ans, Philippe Caubère interpelle parfois le public pour s’interroger sur ses quatre décennies passées et pour rappeler qu’il y a longtemps il ironisait sur la possibilité qu’un de ses spectacles puisse traverser le temps sans dommages. C’est pourtant ce qui arrive… Ce qui frappe, c’est l’énergie de Caubère, la maîtrise toujours égale avec laquelle il entraîne chaque spectateur dans son ailleurs personnel. On rit franchement, d’un beau rire sain… Le spectateur est devant lui, pantelant et médusé car il sait qu’il peut déjà dire à la cantonade : “j’y étais”. Dire que c’est admirable et à ne pas manquer est la moindre des choses. Froggy’s delight

“Montrant une énergie époustouflante, l’auteur-acteur transformiste infatigable y déploie une foule de rôles hilarants… L’acteur-auteur, transformiste génial, frise la schizophrénie. Car il ne se contente pas d’incarner mais d’être tous les personnages de ces séquences et séances psy-théâtrales hilarantes… une logorrhée ahurissante qui semble n’avoir pas de fin (et parfois ni queue ni tête), où l’absurde le dispute au cocasse. Rue du théâtre

“Je n’ai pas connu 68, ni au bac, ni ailleurs. Je n’ai pas connu la Diane, ni Gérard Philipe. Mais je connais Caubère et ses monologues à mille voix, sa précision, ses visages… Dans le jeu que Caubère invente, tout a une voix. Ferdinand, sa mère, son prof, sa voiture… On rit, beaucoup, on assiste aussi à de vraies perles d’écriture… Bien sûr, on peut trouver les trois parties inégales en terme de poids, de construction, la plus satisfaisante étant le passage – enfin – de Ferdinand à l’oral du bac… Mais Philippe Caubert est Philippe Caubert, avec son ton, son écriture, et sa simplicité… Un fauteuil pour l’orchestre

“Clémence Massart est une comédienne insolite et libre qui mène sa carrière comme elle l’entend. Elle s’est essayée à tout “LA” Massart, étonnante, directe, sans fioriture. Ses apparitions sont toujours d’une extrême originalité. Vision guillerette sur la mort, il fallait le faire et Massart l’a fait ! C’est drôle, convaincant, on aurait presqu’envie de prendre rendez-vous avec cet asticot là pour être mangé dans la joie… Clémence Massart est un ovni, un monument, une gueule, un physique, une personnalité unique dans son genre. Elle a de nombreux aficionados dont vous ferez partis, à coup sûr, si vous allez voir ce spectacle où l’on meurt volontiers… de rire. Théâtrothèque

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3. François Orsoni met en scène La Mort de Danton de Büchner : les critiques saluent l’entreprise, sans dissimuler quelques retenues :

“Il faut saluer la mise en scène de François Orsoni ainsi que la prestation des acteurs… On regrettera l’intrusion verbale dans la pièce d’extraits de Michel Houellebecq, d’Angélica Liddell et de Pierre Michon, qui viennent plus brouiller les esprits qu’éclairer le propos. C’est une maladie infantile du théâtre moderne que de confondre l’audace et le confusionnisme, le dépoussiérage et l’embrouillage. « Faire, c’est bien, refaire, c’est mieux », disait Jean Vilar. Mais attention à ne pas défaire. Certes, on n’en est pas là avec cette « Mort de Danton » bien troussée, mais un brin de sobriété dans l’innovation ne nuirait pas au succès qu’elle mérite. Marianne

“On est saisi par la belle froideur du dispositif. Les lumières oniriques contribuent à donner des nuances fiévreuses et sépulcrales au poème tragique de Büchner. François Orsoni part donc d’une belle idée pour mettre en scène la chute de Danton, happé par la spirale sanglante de la Révolution, tout autant que par sa mélancolie et son indécision (à la Hamlet), mais une idée qui s’avère hélas inaboutie. Elle est ici survolée, presque désincarnée, malgré de bonnes intentions. Le spectacle reste à l’état de « work in progress », manque de véritable parti pris et d’intensité. Promis à une longue tournée (passant par le Théâtre de la Bastille en février-mars), il gagnera peut-être avec le temps, on l’espère, en puissance et en clarté. Les Echos

“François Orsoni a choisi une très belle traduction. Peut-être même la plus belle qui ait été écrite à ce jour. Très bon choix donc… François Orsoni choisit en effet de faire jouer les acteurs sur une zone subtile, une zone-frontière située entre la personnalité de chaque comédien et le moment où il prend le masque. C’est un choix périlleux, car les comédiens peuvent être tentés de retourner à leurs fondamentaux et à leurs facilités pour se rassurer. Et c’est – de fait – ce qui arrive souvent. On peut regretter que la signature de la mise en scène ne soit pas plus affirmée, et ne se détache pas davantage d’images maintes fois éprouvées. Théâtrorama

“Si le parti-pris de François Orsoni brouille un peu les pistes et transforme les personnages en figures, il est clair que son propos est de nous rendre sensible la fulgurance du texte de Büchner et de nous faire percevoir tout ce qui y palpite de déchirante humanité. En cela le spectacle est une réussite et mérite toute notre attention en dépit de quelques enjolivures inutiles, telles les lunettes noires de Danton ou l’injection, même subtile des textes de Houellebecq, Angelica Liddell, Pierre Michon qui n’ajoutent rien à la modernité de Büchner. Webtheatre

Le Personnage désincarné

4. Arnaud Denis, metteur en scène et comédien apprécié, prend le risque de l’écriture avec un Personnage désincarné qui retient l’attention :

“Une pièce étrange, prenante, dérangeante. C’est un thème familier : le théâtre dans le théâtre. Mais Arnaud Denis imagine une situation très cruelle. C’est très bien joué par les trois comédiens. Marcel Philippot avec sa manière classique, son timbre ferme, son autorité. Audran Cattin avec quelque chose de frais, de très convaincant et sensible. Grégoire Bourbier avec sa sincérité. C’est bien, très bien, mais on ne peut s’interdire d’être noué par cette situation, cette imagination tellement sombre… Armelle Héliot, Le Grand Théâtre du monde

“D’abord, on a l’impression d’une reprise un peu conventionnelle et cérébrale des thèmes du théâtre de Pirandello : un acteur sort de son rôle et se rebelle contre l’auteur… Rien de très neuf dans tout ça. Sauf qu’Arnaud Denis est intelligent et qu’il est en perpétuel déséquilibre entre toutes les conventions du théâtre, dans une écriture comme en spirale. Après donc une première moitié trop attendue, le spectacle se transforme en quelque chose de plus original, de plus profond, de plus émouvant, qui retient davantage l’attention. Télérama Sortir

“À partir d’un postulat original qui s’apparente à une réflexion sur l’art du théâtre, l’auteur Arnaud Denis a écrit un texte brillant à caractère universel… Riche, dense, argumentée, la pièce réussit à fédérer un large public grâce également à la qualité de la distribution… Pièce à voir et à revoir tant chaque phrase, chaque mot, incarnés avec brio, exaltent et ont du sens. Bravo ! Reg’Arts

“…La pièce qui n’aura pas lieu aurait eu pour personnage principal un jeune homme se suicidant devant une fenêtre lumineuse – prétexte à la mise en abyme – rappelant cet ailleurs impossible beckettien. La pièce de substitution sera autant un échange qu’un renouvellement : l’auteur ayant construit son personnage pourrait finalement ne s’adresser qu’à lui-même, questionnant ses propres doutes et tourmentant ses propres convictions. Marcel Philippot, Audran Cattin et Grégoire Bourbier se tiennent toujours à la lisière de la scène, entre illusion et désillusion, à frapper les trois coups en hommage à leur art, tout en explorant ses possibilités et en lui donnant de nouvelles, et riches, lettres. Théâtrorama

“Un texte bien écrit, de beaux effets de mise en scène nous faisant subtilement glisser vers l’irréel… mais si le postulat de base est ingénieux (un personnage qui s’affranchit, bousculant ainsi les codes de la création) et nous émerveille dans un premier temps, la première partie finit par tourner un peu en rond : le dialogue initial donne souvent une impression de redite. Culture Tops

Revue de presse du 19 octobre : Vivipares (Posthume), Cartographies, Avant de s’envoler, Moi, moi et François B.

1. Au Théâtre de la Bastille, Céline Champinot propose Vivipares (Posthume), une pièce énergique et décomplexée :

– “Vivipares, ce sont cinq jeunes filles qui racontent et jouent une histoire, leur histoire du monde, dans un garage semi-aménagé où le canapé-lit jouxte les produits ménagers rangés sur les étagères (…)Les cinq jeunes femmes sur le plateau, et la menteuse en scène Céline Champinot incarnent à elles seules le dynamisme et l’énergie d’une génération d’acteurs, d’écrivains et de scénographes prête à faire du théâtre à partir de rien, ou plutôt à partir d’un pas-grand-chose fièrement exhibé sur scène – une sorte de nouveau théâtre pauvre.” – Toute La Culture

– “C’est surtout dans l’écriture que Céline Champinot se distingue. Bruts, directs, les dialogues sont sans compromis, portés d’ailleurs par des personnages connus pour leur absence de limites. A aucun moment l’auteur ne tombe dans la facilité de la provocation, et chaque mot est dense, pesé et ajusté pour faire mal. Le texte est également servi par un rythme hors du commun, la vivacité des répliques surprenant autant que la griffure des mots.”- Un Fauteuil pour l’orchestre

– “Placée sous le signe de l’hyper-réalisme kitsch, et dans une scénographie de capharnaüm récup/vintage de Emilie Roy, leur épopée burlesque se déroule en cinq épisodes d’un road-trip déjanté, géographique et théâtral, de Sophocles à Lagarde en passant par Tchekhov.” – Froggy’s Delight

– “Il faut cependant reconnaître une grande générosité de la part des actrices et un vrai talent d’écriture à Céline Champinot. Il reste désormais à diriger ce travail en direction du spectateur afin qu’il trouve sa part à l’observation de ce vivarium car pour l’instant, il se sent de trop.” –  SceneWeb

La pièce convoque Œdipe roi et Charles Bukowski, David Bowie et Judith Garlandovna, un enfant «raté» et un chien très réussi. «Je suis», disent-elles. «Je suis David Bowie», éventuellement. Elles sont gore, sanguinolentes, pleine de ketchup dans le cou, ce dont on ne s’aperçoit pas tout de suite, et disent des insanités en alexandrin.” – Libération

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2. Agrégé de géographie et comédien, auteur et metteur en scène, Frédéric Ferrer débarque au Rond-Point avec Cartographies – l’Atlas de l’antropocène :

Agrégé de géographie qui, depuis 2010, déploie ses impeccables Cartographies, autre série de conférences théâtrales aussi parfaitement compréhensibles que totalement irracontables où il est question (dans les Vikings et les satellites) de l’importance de la glace sur Terre depuis mille ans, ou (dans les Déterritorialisations du vecteur) du chemin insensé parcouru de l’Asie à la Méditerranée par le redoutable moustique-tigre.”- Libération

Sur scène, tel un faux Candide doublé d’un “savant” tournesolien et d’un détective amateur actionnant ses petites cellules grises pour découvrir la face cachée de la réalité, il délivre donc des conférences-spectacles ressortissant au genre performatif oral et à l’art de la rhétorique sur la décontraction du discours fondé, notamment, sur la sacralisation de l’objectivité scientifique.”- Froggy’s Delight

Le sel du spectacle de Frédéric Ferrer repose sur le plaisir que prend le comédien à garder pendant l’heure du spectacle un pied dans la science et un pied dans le jeu. Distillant ses impressions et ses imprécisions avec méthode, il ne sort jamais de son double rôle, et garde l’attitude parfois hilarante du scientifique exalté ou du comédien enthousiaste.”- Un Fauteuil pour l’orchestre

Frédéric Ferrer a pris le parti de faire simple quand on peut faire compliqué et le résultat est hilarant. On regrette toutefois les quelques vidéos, qui coupent notre conférencier de son public, et certaines blagues parfois trop longues pour être drôles.” – Les5Pièces

 

moi moi et François B

 

3. Moi, moi et François B. une comédie de Clément Gayet à découvrir au Théâtre Montparnasse avec François Berléand dans son propre rôle :

Moi, moi & François B. est la première pièce de Clément Gayet présentée sur les planches. Après avoir écrit une pièce pour laquelle il avait songé à François Berléand comme interprète principal, il décide de joindre à son manuscrit une lettre sous forme de dialogue entre lui et l’acteur. C’est finalement cette lettre, qu’il trouve plus réussie que le texte de la pièce qu’il vient de terminer, qui servira d’ébauche à “Moi, Moi & François B.” – Froggy’s Delight

Voilà une pièce déroutante, au sujet inhabituel, qui nous emmène aux confins de l’absurde, où un rebondissement peut en cacher un autre et qui n’est pas sans faire penser à Six personnages en quête d’auteur de Pirandello. À ce jeu de qui est qui, l’auteur montre une maîtrise parfaite et noue habilement la trame de son récit.” – Reg’Arts

Les comédiens sont  généreux et talentueux.  François Berléand est irrésistible; à l’évidence, il se régale. Il apporte ce grain de folie qui crédibilise le côté complètement loufoque de la pièce.” – Culture Tops

– “Être invisible, cela m’a façonné.” – François Berléand pour Le Monde

 

Avant de s'envoler

4. A 91 ans, Robert Hirsch remonte sur scène dans la nouvelle picèe de Florian Zeller, Avant de s’envoler au Théâtre de l’Oeuvre :

Zeller poursuit son exploration de la vieillesse. Après Alzheimer, ce sont toutes ces inquiétudes qui assaillent les seniors fragilisés, déstabilisés à l’idée de voir partir l’être aimé, méfiants lorsque l’on évoque la maison de retraite comme la moins mauvaise des solutions.” – CultureBox

Chaque spectateur, qu’il soit lui-même âgé, ou qu’il ait de vieux parents, a vécu des situations proches, et la pièce peut revêtir un aspect de catharsis pour une partie du public. Les acteurs sont tous à la hauteur de l’immense comédien qu’est Robert Hirsch, d’Isabelle Saroyan (Madeleine), 88 ans, à Anne Loiret, Claire Nadeau, François Feroleto et Léna Bréban.” – L’Express

La pièce de Florian Zeller, extrêmement bien construite, à l’apparence d’un puzzle qui juxtapose des scènes issues du présent, du passé, du réel ou du conditionnel, perdant sans doute le spectateur à la recherche d’une narration factuelle ou chronologique. Et c’est formidablement réussi.” – Artistikrezo

Le dramaturge nous fait ressentir avec beaucoup de profondeur la déstabilisation du clan familial face à l’inéluctable et la méfiance entre les membres qu’il fait naître où les certitudes de chacun sont mises à mal. Le patriarche s’arc-boutant à sa maison et à ses souvenirs intranquilles tandis que ses filles n’ont d’autres solutions que de préparer son placement en maison de retraite. La mise en scène de Ladislas Chollet instaure un trouble et une tension où chaque personnage se déjoue à sa manière du réel et de sa vérité première.” – Reg’Arts

– “Il n’y a que le théâtre qui me tienne encore en vie. Il n’y a plus que ça…” – Robert Hirsch pour Le Parisien

 

Revue de presse du 12 octobre : Edmond, La forêt qui marche et Vient de paraître

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1. Un concert de louanges quasiment à l’unisson pour Edmond, la nouvelle création d’Alexis Michalik :

– “Une épopée débridée. Un bijou… deux heures d’un spectacle jubilatoire. Douze merveilleux comédiens se partagent la trentaine de rôles… Quelle fluidité ! On installe et désinstalle en un tour de main, les décors semblent virevolter autour des comédiens. On rit, beaucoup, on s’émeut aussi, devant l’écriture du chef-d’oeuvre. Et frissonnant de plaisir, on assiste à la première de cette pièce mythique, applaudissant à tout rompre la puissance et la réussite. Tant celles de Rostand le magnifique que celles du magicien Michalik.” – Le Parisien

– “Si vous passez rue Montpensier à Paris aux alentours de 23h, vous croiserez le public réjoui… S’inspirant de faits réels et avec une verve et un talent intacts, Michalik retrace la genèse du chef d’œuvre… Le public enchanté, n’en perd pas une miette. Michalik et sa troupe nous emportent dans un tourbillon d’inventivité… Il signe avec “Edmond” un magnifique hommage au théâtre de l’âge d’or, juste avant l’invention du cinéma par les Frères Lumière. Au point qu’on ne sait plus à la fin si l’on est en train d’applaudir Rostand ou Michalik, si on est un spectateur de 1897 ou de 2016. Un grand écart dans le temps tout à fait jubilatoire. Une réussite à voir absolument.” – Culture Box

– “Artiste aux dons multiples, Alexis Michalik raconte l’histoire de la création de Cyrano de Bergerac et signe une mise en scène allègre. Ce sont Les Enfants du paradis chez les Branquignols. La troupe est excellente !” – Le Figaro

– “Lettre d’amour au théâtre. Edmond nous raconte l’effervescence créatrice de Cyrano, tel un combat épique, gagné par des artistes passionnés. Une lettre d’amour au théâtre, haletante, joyeuse et émouvante… Douze comédiens jouent tous les rôles dans un décor changeant de bric et de broc. L’esthétique est rétro, le jeu volontairement vintage, avec ce qu’il faut de dérision et bien sûr de « panache » pour faire vibrer les spectateurs.” – Les Echos

– “Il y a chez Michalik un amour du théâtre qui confine à la magie. Une manière joliment désuète de raconter des histoires, de nous entraîner dans un tourbillon de vies… La pièce s’envole habitée par des personnages attachants (Edmond et Rosemonde), charismatiques et parfois très drôles… Mais ce qui fait le sel de ce spectacle, c’est assurément la manière dont Alexis Michalik raconte cette histoire, avec enthousiasme et générosité, en véritable amoureux du théâtre (à l’ancienne). Une approche enchanteresse presque cinématographique pour raconter l’une des plus belles pièces du théâtre français, un texte sublime dont on connaît tous les célèbres tirades…” – Time Out

– “Michalik mêle le vrai et le faux dans un brassage fantaisiste où la valeur comique des situations importe plus que le souci de respecter le sérieux des archives. Peut-être y a-t-il trop d’événements mais Michalik est généreux en gags et en surprises. La troupe est comme sur le pont d’un bateau qui menace de faire naufrage et joue des dizaines de rôles avec l’aplomb de ceux qui n’ont jamais le mal de mer. On applaudira surtout Guillaume Sentou, touchant Edmond, enfantin, ingénu jusque dans les tourmentes, Pierre Forest, colossal Coquelin, ganache bonhomme de haut vol, Valérie Vogt qui se dédouble dans deux rôles choc… Mais chacun est au tempo de cette fausse image d’Epinal où les sentiments, les contretemps et les incidents sont tracés avec l’intelligence suprême de la comédie.” – Webtheatre

– “Dans le cadre divin et ancien du Théâtre du Palais Royal, Edmond est une toute grande pièce qui apporte joie, énergie et réflexion à un public ravi. Un immense succès ne peut qu’accueillir cette pièce brillante de mises en abîmés et touchante d’émotions simples sur la création à la française… On rit, on pleure, on s’indigne, on se réjouit pour cette troupe mobilisée par quelque chose de grand et généreux : mettre au monde une grande pièce de théâtre qui sortira Paris de sa léthargie. Si vous aimez un tant soit peu le théâtre et la jubilation qu’une pièce peut procurer : vous ne manquerez pas Edmond.” – Toute La Culture

– “Le public s’amuse, arrive à suivre (“Cyrano de Bergerac” en aurait rebuté plus d’un, dame, c’est très long, et historique, et poétique !) et jouit de cette comédie champagnisée, avec références connues, musiques très (trop?) connues, permanentes, couvrant les mots qui ne vaudront jamais les notes. La troupe virevolte avec drôlerie, enchantant un public bourgeois qui ne veut plus en rien être désormais dérangé…” – Froggy’s Delight

 

laforetquimarche Christiane Jatahay

2. La forêt qui marche/ A floresta que anda, une expérience OVNI, prometteuse et dérangeante, qui ne convainc pas forcément, mais qui intrigue et intéresse :

– “TT (on aime beaucoup). Christiane Jatahy — dramaturge, cinéaste, menteuse en scène — ne cesse de nous poser question. Elle s’est mise, comme souvent, sous la houlette d’un grand auteur. Et la Lady Macbeth de Shakespeare erre dans l’espace sombre… C’est la matière même de la tragédie de l’Elisabéthain, la sauvagerie humaine qu’il dénonce dont témoigne Jatahy. Avec l’impression fulgurante d’être au cœur du mal ; au cœur d’un cerveau de créatrice, aussi.” – Télérama Sortir

– “Une performance sur l’abus de pouvoir. On est prévenus à l’entrée : il y a deux manières d’appréhender ce spectacle immersif, en observateur ou bien muni d’une oreillette… Au mitan du spectacle, la fiction fait enfin irruption dans la salle : quelqu’un tombe, des gestes inexpliqués se succèdent et l’on se trouve un instant plongé dans le noir. Vision fulgurante que ce ballet d’écrans se rapprochant dangereusement de nous. Entre l’installation et la déambulation, cette courte performance parfois trop décousue semble manquer de matière (on en reprendrait bien pour une heure). Elle donne néanmoins une idée de la qualité du travail multimédia de Christiane Jatahy...” – Libération

– “Il est difficile de décrire cette performance sans en dévoiler les mécanismes, et la surprise est nécessaire à l’expérience. Parlons du talent qu’a Jatahy de nous saisir à un endroit intime, s’adressant autant à l’intellect qu’à l’affect. Petit à petit, le son, l’image et tous les acteurs participent d’une montée dramaturgie en un climax effrayant.” – Culture Tops

– “Cet opus-ovni, épilogue d’une trilogie commencée avec Strindberg et Tchekhov, est davantage une performance qu’un spectacle. La morale shakespearienne nous est délivrée à la fin, grâce au film qui vient d’être tourné, entrecoupé d’images allégoriques et ponctué de « répliques » lues par les acteurs amateurs. L’émotion naît de cette forêt d’écrans qui se met en marche sur une musique techno et du « monologue » ultime de Julia, rayonnante d’humanité. On peut trouver le propos un peu court, mais cette « Forêt qui marche » ouvre tellement de possibles nouvelles vies au théâtre qu’on en sort stimulé – impatient de voir ce que nous réserve la magicienne Christiane Jatahy dans ses œuvres à venir.” – Les Echos

– “Le spectacle conjugue installation, video, théâtre, participation du public, fiction et images documentaires… Les spectateurs déambulent sans bien comprendre de quoi il retourne au point que certains groupes bavardent comme au café sans vraiment s’intéresser à l’environnement. Ça et là un micro événement mené avec la complicité du public… La metteur en scène nous perd dans un labyrinthe formel, un puzzle déroutant qui se conclue sur toujours la même interrogation : comment changer le monde ? Un travail original, engagé, intelligent, d’une certaine virtuosité formelle mais qui au final laisse dubitatif, voire indifférent.” – Webtheatre

– “Jatahy apporte de nouveau une radicalité insolente à sa forme, qui apparaît comme inédite, performative, et venant proposer au public une expérience immersive unique. L’observateur, devenant ici rôle principal de sa dramaturgie, amène le public à être lui aussi totalement engagé dans le processus et la création artistique. C’est en cela que Jatahy balaye les conventions et impose sa singularité poignante au regard dupé du spectateur… Les spectateurs retournent à leur vie quotidienne en ayant à l’esprit, et frappant comme un glas, l’image d’une armée indignée allant évincer la noirceur de la corruption politique. Une métaphore en somme forte et militante qui participe à faire de ce spectacle, outre son esthétique révolutionnaire, une œuvre engagée et déroutante.” – Un Fauteuil pour l’orchestre

– “Je voulais que le spectateur construise son propre parcours dans l’œuvre (…) Je n’aime pas les spectacles où l’on considère le public comme une masse qui assiste à une œuvre qui ne concerne que vous-même.” – Christiane Jatahy pour La Terrasse

vient de paraître théâtre 14

3.Vient de paraître, une satire du monde littéraire qui a su amuser et titiller l’esprit des critiques :

– “Un plaisir de mécanique théâtrale. Remarquablement construite, la pièce de Bourdet ménage les surprises et les rebondissements, et avance sans temps mort, avec de courts changements de scène ponctués d’une musique guillerette. La mise en scène de Jean-Paul Tribut est habilement rythmée et chacun des interprètes dessine précisément son personnage dans un jeu délibérément appuyé, en clin d’œil au style de l’époque, et bienvenu… Une redécouverte et un très bon moment de théâtre.” – Le JDD

– “On a trop vite et injustement oublié le théâtre d’Edouard Bourdet (1887-1945). Il enchanta pourtant son époque, tant plaisait et choquait à la fois sa critique acerbe des mœurs de son temps… Sa satire de 1927 n’a pas pris une ride et se teinte de piquantes réflexions sur la création. Mise en scène avec simplicité, rapidité, elle est très efficacement interprétée. Mention spéciale à Jean-Paul Bordes, toujours délicieux d’ironie, d’humour et de second degré.” – Telerama Sortir

– “La mise en scène, simple et épurée, permet au public de s’imprégner de l’atmosphère des années 30 tout en restant connecté au monde d’aujourd’hui. Ici sont abordés des thèmes toujours très présents dans nos  vies actuelles : les petites luttes de pouvoir, les jeux de séduction etc… Sans oublier une réflexion forte sur la créativité. Les personnages sont joués par des comédiens généreux et talentueux.
Jean-Paul Tribout  est exceptionnel dans le personnage de Moscat. Il faut dire que le personnage a du “volume”…” – Culture Tops

– “La mise en scène est alerte et entraîne la ronde des acteurs dans ce qui se satisferait de la légèreté du vaudeville, truffé de bons mots et de saillies convenues. Mais, au-delà des portes qui claquent et de l’éternel trio amoureux et de ses chausse-trapes, ce serait méconnaître le cynisme affiché ou plus larvé de ce petit monde, qui n’a pas pris une ride, d’autant plus évident en ces temps de rentrée littéraire. Un joyeux moment, grinçant avec le sourire, qui fait réfléchir sur ce qui nourrit l’inspiration et la création.” – Spectacles Selection 

Revue de presse du 5 octobre : Traviata , Seuls, Vania et Les Femmes savantes

traviata vous méritez un avenir meilleur

1. Traviata, vous méritez un avenir meilleur ouvre la saison des Bouffes du Nord ; Judith Chemla fait l’unanimité :

– “Si Judith Chemla chante sans doute un peu bas, elle incarne le rôle-titre avec tant d’intensité et de grâce qu’on en oublie très vite son défaut. Elle restitue avec une bouleversante sensibilité cette femme qui comprend ce qui va lui arriver avec l’abnégation d’une martyre.” – Les Echos

– “Comme un écho à la grâce pâle de Judith Chemla, fragile et tendre Violetta, ironique jusque dans la souffrance, petite sœur des grandes amoureuses trahies de l’histoire du théâtre et de l’opéra. La comédienne et chanteuse au joli timbre frêle parvient à se mesurer, sans mentir sur ses moyens vocaux, à l’émotion d’un des plus beaux rôles du répertoire lyrique. Elle est l’atout majeur de cette « Traviata » revissée.” – La Croix

– “La métaphore végétale qui régit la mise en scène de Benjamin Lazar, entre vases de fleurs desséchées et bac à compost, est aussi légère et entêtante qu’un parfum – la fragrance d’une haleine aimée évanouie, la vague odeur de la mort dans un jardin d’antan. Et pourtant, cette Violetta vit, aime, souffre et s’accroche.” – Le Monde

– “On l’aura compris, cette Traviata aborde l’opéra avec une grande liberté de ton sans pour autant le maltraiter. Car dans une atmosphère où la fête et le plaisir côtoient de près la mort, où la vie est aussi fragile que ces fleurs belles et vénéneuses comme des femmes, la beauté des tableaux scéniques n’a rien à envier à celle d’une musique qui tourne le dos au ronflant opératique, passe par le jazz et de discrets accents de musette parisienne, sans renoncer à exprimer la puissance émotionnelle des partitions de Verdi.” – La Terrasse

– “Cosignataires du spectacle, Florent Hubert signe des arrangements musicaux très habiles qui s’affranchissent sans arrogance de la partition nécessairement réduite et imposent des couleurs et inspirations très diverses ; Judith Chemla, interprète le rôle-titre avec un joli filet de voix léger et diaphane. Elle est la grâce mutine et fragile incarnée. Pleine de fraîcheur et de gravité, la courtisane est bouleversante car présentée comme pleinement consciente de son destin funeste.” – Scèneweb

– “C’est une femme libre qu’incarne Judith Chemla, ex-pensionnaire de la Comédie Française et actrice de cinéma, dans cette Traviata très personnelle, qu’elle chante de manière absolument sidérante, avec un naturel et une pureté de timbre qui aura certainement nécessité des mois de travail acharné. Frêle et gracile comme une fée sur le grand plateau avec ses grands yeux d’enfant effarouché, la comédienne cantatrice, qui a suivi une double formation de théâtre et de musique, nous offre les plus beaux airs de cet opéra, qui sont loin d’être les plus faciles.” – Artistik’Rezo

– “Pour cette Traviata sans article défini, tout superlatif serait redondant. Il appauvrirait le ressenti. Ce que, ici, théâtre et musique, Judith Chemla et ses partenaires engendrent tient tout simplement du sortilège.” – Webtheatre

 

Seuls Wajdi Mouawad La Colline

2. Sur le plateau de la grande salle du Théâtre de la Colline qu’il dirige désormais, Wajdi Mouawad reprend son spectacle Seuls :

– “Wajdi Mouawad avait écrit ce solo en 2008, avant Le Sang des promesses, quatuor pour une foule d’acteurs et de personnages créé en 2009. Ce spectacle répond, entre autres, à un besoin de prendre des distances provisoires avec les acteurs, comme des parents exténués par leurs enfants vont prendre des vacances « seuls » pour retrouver un état amoureux avec la vie.” – Webtheatre

– Seuls est habilement construit : Mouawad ferre les spectateurs, en montrant d’abord Harwan empêtré dans son drôle de quotidien d’étudiant solitaire. Puis il jette son filet, nous fait basculer dans le drame existentiel et dans le délire onirique. Après nous avoir abreuvé de mots, il impose soudainement une cure de silence : la pièce devient performance, body art…” – Les Echos

– “Une inventivité formelle, une belle énergie et un certain courage se déploient tout au long du spectacle mais font aussi défaut dans une dernière partie impossible, surchargée, excessivement spectaculaire pour un rendu moindre. C’est surtout une forme d’honnêteté, de sensibilité et de générosité qui frappe chez Mouawad et fait de son théâtre un théâtre fédérateur et fervent qui n’empêche pas quelques maladresses mais qui est à l’image de son créateur et interprète.” – Toute la Culture

– “Comme dans les précédents spectacles de Mouawad, on se trouve au coeur d’un théâtre de l’émotion, qui n’évite pas un académisme sans doute daté et ne s’interdit pas un peu de lyrisme (ce qui peut crisper sous nos latitudes), mais où tout se trouve absolument maîtrisé. Et la capacité que montre une fois encore l’homme à renouer tous les fils, du plus intime au plus lointain, d’une intrigue pourtant exponentielle, est saisissante.” – Libération

– “Dans un décor de chambre toute simple, dépouillée, le réalisme initial laisse place lors d’un basculement dramaturgique à une atmosphère confuse. Où les voix enregistrées du père et de la sœur de Harwan, mêlées à des vidéos, participent d’une troublante polyphonie. Seuls marque aussi les débuts de Wajdi Mouawad dans l’écriture de plateau.” – La Terrasse

– “Pas de fresque épique avec Seuls, mais de l’action painting. Voilà où le mène ce voyage dans l’inconscient : à la recherche de ses désirs les plus enfouis, à la recherche de l’enfant qu’il fut et dont l’image s’est effacée, à la recherche d’une langue maternelle oubliée. Quêtes menées après sa découverte du tableau de Rembrandt, le Fils prodigue, dans lequel l’auteur se jette corps et âme.” – Les Trois Coups

– “Du comique au tragique, de l’art à une réflexion sur le processus artistique, ce spectacle de deux heures foisonne. Vidéos, sons, enregistrements de voix, peinture, art dramatique et performance, tous ces arts réunis sur scène composent un spectacle riche. Cet « oiseau polyphonique », selon les termes de Wajdi Mouawad, déploie des ailes très larges.” – Artistik’Rezo

– “Seul, donc ! Mais, ici, seuls au pluriel ! Et, tout compte fait, à voir comment la question du père et du fils éprouve le spectacle, le travaille, le tourne et le retourne, Wajdi Mouawad a raison de s’en remettre au pluriel – c’est-à-dire aussi à nous, dans la salle – plutôt qu’au singulier.” – Telerama

 

vania_Julie Deliquet Comédie Française

3. La jeune metteure en scène Julie Deliquet monte un magnifique Vania à la Comédie-Française (Vieux-Colombier) :

– “En faisant jouer la troupe du Français comme un collectif nourri à l’impro, en resserrant le texte (presque réduit de moitié) et en le bousculant (phrasé actuel, projection d’un film de Dreyer, BO rock jazzy…), elle réinvente Tchekhov, sans le trahir. Poussés dans leurs retranchements, cultivant l’émotion pure, la spontanéité et le parlé cru, les acteurs se montrent à leur meilleur.” – Les Echos

– “On entend admirablement bien Tchekhov dans cette nouvelle version enlevée, enjouée, enfiévrée de la pièce qui restitue une riche palette de sentiments avec un naturel et une vérité inouïs. Le neurasthénique et poignant Vania de Laurent Stocker, à vif, rappelle le frère que l’acteur jouait dans Juste la fin du monde de Lagarde (un de ses meilleurs rôles), capable d’une douceur poignante et d’accès de colère à faire peur.” – Toute la Culture

– “Autour d’une même table, ou d’un même film, spectateurs et comédiens sont conviés.
Dans ce dispositif bi-frontal, le public fait partie intégrante d’un spectacle qui brouille les frontières entre réalité et fiction. Le texte remanié, à la portée plus universelle, est fait nôtre.
” – Artistik’Rezo

– “Carrousel des sentiments brûlants mais frustrés, tourniquet de la vie paysanne dansant un moment avec la vie citadine, carrefour des échecs et des résignations : Julie Deliquet n’a pas le sens de la langueur mais celui du crépitement des secrets qui, tout à coup, explosent ou implosent.” – Webtheatre

– “Des allusions cinématographiques à John Guillermin et des extraits de Carl Dreyer font rapidement saisir — entre autres anachronismes — le travail d’improvisation auquel la metteuse en scène, rompue au travail collectif, a soumis les comédiens, tourbillonnant autour de la table à manger géante.” – Telerama

– “Plus “appropriation” qu'”adaptation”, “Vania” mis en scène par Julie Deliquet fonctionne si l’on ne lui tient pas rigueur de s’éloigner de Tchekhov au profit d’un exercice de pur divertissement avec une troupe de comédiens qui s’y prête de bonne grâce, Laurent Stocker et Hervé Pierre en tête.” – Froggy’s Delight

– “J’arrive de l’écriture de plateau pour aller vers un théâtre de texte (…) Le texte, c’est un luxe magnifique, parce que l’on sait où l’on va, alors que l’écriture de plateau, c’est vertigineux. J’ai voulu retirer du texte de Tchekhov tout ce qui était trop russe, trop connoté historiquement.” – Julie Deliquet pour La Terrasse

 

les femmes savantes Porte Saint-Martin

4. Au Théâtre de la Porte Saint-Martin, Catherine Hiegel met en scène Les Femmes savantes avec “les Bacri-Jaoui” :

– “Le public marche à fond, prenant parti pour le jeune couple enamouré (Benjamin Jungers et Marie-Julie Parmentier, très justes), riant aux atermoiements de Chrysale/Bacri et aux fantasmes de la tante Bélise (ravageuse Evelyne Buyle). Le Trissotin poudré de Philippe Duquesne semble au premier abord un brin convenu, mais quand il dévoile sa vraie nature, il fait preuve d’une dureté et d’une noirceur saisissantes.” – Les Echos

– “Le plaisir, toujours, de redécouvrir toute la modernité du texte de Molière. Près de trois cent cinquante ans après avoir été écrit, il résonne encore au moment où le ministère du Droit des femmes a encore besoin de partir en campagne contre le sexisme ordinaire… Le plaisir, enfin, des alexandrins maniés avec naturel par la troupe réunie par Hiegel.” – Le Parisien

– “Les alexandrins sont respectés, mais donnés avec naturel. Chacun défend avec intelligence cette partition équilibrée dans laquelle Molière donne loyalement la parole aux uns et aux autres ; Catherine Hiegel dirige avec fermeté et esprit. Du très grand travail.” – Le Figaro

– “Catherine Hiegel ne charge pas les ridicules et ne prend parti ni pour le mari hâbleur et velléitaire ni pour l’épouse autoritaire. Elle jette un regard fin et bienveillant sur ces femmes curieuses d’apprendre, et conclut par une image apaisée : trois combattantes rêvant d’émancipation..” – Le JDD

– “Les femmes éprises de sciences et de culture qu’il prétend moquer — et que réhabilite ici avec une affection toute féministe la menteuse en scène Catherine Hiegel — paraissent bien pâles, Evelyne Buyle exceptée, en délirante Bélise. Les femmes y perdent, les hommes y gagnent, le sens de la pièce en est peut-être détourné. Mais, bizarrement, réinventé…” – Telerama

– “Ce soir, sans perruque, Jean-Pierre Bacri est Chrysale et on dirait qu’il l’a été toute sa vie. Bien avant la nôtre, peut-être même avant que Molière n’imagine le rôle pour les Femmes savantes. Plus la pièce se déploie, plus il apparaît qu’il a toujours été Chrysale, mais aussi tout un tas de personnages de Molière qu’on a soudain hâte de le voir devenir (ou redevenir).” – Libération

– “Dire que l’on a passé un mauvais moment serait un peu fort, car la pièce est rondement menée, il n’a pas de temps mort. On entend bien la langue de Molière, mais cette nouvelle production n’apporte pas de grandes nouveautés surtout après la super production de Macha Makeïeff la saison dernière qui avait donné une vision moderne à la pièce et qui sera reprise à la Criée de Marseille à partir du 29 septembre 2016.” – Sceneweb

Revue de presse du 28 septembre : Rêve et Folie, Dom Juan, L’Interlope, Le Silence de Molière

reve-et-folie-pascalvictor © Pascal Victor

1. L’ultime mise en scène de Claude Régy, Rêve et folie, une expérience hors norme :

“L’homme danse. Lentement, il dessine sa douleur. Puis il la clame, en un bouleversant poème plein d’horreurs et d’énigmes. Chaque intonation de la voix est une plainte, un cri de joie transformé en pleur, un tremblement de détresse ou de peur. Les silences aussi sont des mots. Puissants.
En cinquante minutes, le metteur en scène et son comédien fétiche Yann Boudaud nous font changer de dimension. Plongé dans un temps dilaté, chaque spectateur réinvente un monde chaotique, en se raccrochant à un mot ou un silence… Une musique lancinante – discrète presque subliminale – participe du vertige.
Expérience inédite pour certains, exigeante pour tous (le silence imposé au spectateur quand il s’installe ; le phrasé singulier de Yann Boudaud), “Rêve et folie” est le dernier geste sublime d’un géant du théâtre. Un théâtre de l’épure et du mystère qui, porté à son acmé, change la vie en poésie.
Les Echos

“Un spectacle captivant. Décor abstrait, minimaliste, terrain vague au sens propre, mais déterminé par une lumière ultra précise. L’acteur grandit et s’affaisse au rythme du texte, les genoux fléchissant au point qu’on a le sentiment que le plateau est légèrement mou.
Se laisser happer et désarçonner par “Rêve et folie” est une expérience qu’on aurait tort de ne pas tenter.
Libération

“Chancelant, grimaçant, extatique, le comédien Yann Boudaud nous ouvre les territoires clandestins de Rêve et Folie après un long moment de pénombre et de silence. Il se lance dans une plainte empreinte de mystère qui exclut toute idée d’évidence narrative. Des images nous parviennent. Plus ou moins fortes. Plus ou moins nettes… Cette échappée sépulcrale se situe en deçà, disons-le, des fulgurances qui faisaient de “La Barque le soir” – création qui réunissait, en 2012, le comédien et le metteur en scène – une proposition hors du temps. Le voyage qui nous est à présent proposé, bien qu’engendrant moins de vertiges, est une nouvelle occasion de prendre part à une aventure de théâtre quasi chamanique. Une aventure unique. Une de ces expériences qui ne se refuse pas. La Terrasse

TT Aller au-delà des objets, des mots, des images ; y frayer au spectateur, dans la pénombre et le silence, un chemin entre contemplation et prière : tel est l’ultime voyage auquel nous invite Claude Régy au côté du poète austro-hongrois Georg Trakl (1887-1914). Avec pour guide l’étonnant comédien Yann Boudaud… On en sort hagard. Et c’est ça qui est beau. Télérama Sortir

“3 étoiles – L’ultime acte, le dernier geste d’un metteur en scène qui a repoussé les limites de la mise en scène, osant le silence et l’obscurité, osant la pureté, la rigueur absolue, pour dénoncer l’ultra violence, la transgression. Amenant le spectateur aux limites de la perception, lui ouvrant, par cette obscurité, les yeux sur l’indicible. L’obligeant fermement à la concentration, à la perception la plus infime au tremblé des âmes troublées.
Yann Boudaud ploie et déploie son corps, pour en extraire toute sa force poétique, sa folle démesure. Une voix grave, une élocution exagérément lente, artificielle, qui résonne et fait tambouriner la folie d’un homme.
Et nous restons suspendus, hébétés dans de ce gouffre noir, engouffrés dans l’écriture de Trakl qui nous absorbe à notre tour.
Un fauteuil pour l’orchestre

“Dans un espace vide et indéfini, baigné d’obscurité et de fines variations de lumières crépusculaires, Yann Boudaud porte les mots de Trakl tout autant dans ses lents déplacements et sa gestuelle, que dans ses silences et dans son élocution tour à tour syncopée ou psalmodiée, dont chaque ponctuation porte sens. Avec une précision et un rigueur exemplaire. Un spectacle hors normes à la fois envoutant, fascinant et éprouvant, qui entraine loin des bruissements du monde et laisse des traces pour le peu que l’on se soit investi dans sa relation. Webtheatre
dom-juan-brigitteenguerand © Brigitte Enguerand

2. Mis en scène par Jean-François Sivadier, un Dom Juan vif et actuel :

“Sous la direction de Jean-François Sivadier, Nicolas Bouchaud est un Dom Juan provocateur et libre penseur.
La mise en scène de Jean-François Sivadier qui s’engouffre résolument dans le registre de la comédie enlevée. Comme pour “Le Misanthrope”, précédemment mis en scène, Jean-François Sivadier joue avec la salle et Nicolas Bouchaud avec le public… Des sphères lumineuses tombent des cintres, figures de l’univers et de ce ciel qu’il ne cesse de défier, l’espace se transforme à l’aide de cordages, de rideaux, le plancher s’entrouvre sur les entrailles de la terre. Dans ce bric-à-brac, le texte de Molière et la vision de ce Dom Juan se moquant du ciel résonnent cependant avec force…
Le Journal du dimanche

“Un grand moment pour une pièce d’une brûlante actualité.
Aujourd’hui, dans le contexte ambiant des attentats terroristes perpétrés au nom d’un prophète soumis à un drôle de régime, le “Dom Juan” de Jean-François Sivadier tient de la profession de non foi et de l’hymne à la liberté. Ce texte d’une formidable actualité, longtemps considéré avec une pointe de mépris, n’a pas pris une ride. Dans leur commune plongée dans l’œuvre, Jean-François Sivadier et Nicolas Bouchaud, désormais inséparables, en offrent une version des plus réussies. De la scénographie à la musique, tout est maîtrisé, inventif. On regrettera quelques baisses de régime dans une pièce menée à fond la caisse, mais ce ne sont là que broutilles.
L’essentiel est ce formidable spectacle, interprété par des acteurs au diapason, emmenés par un Dom Juan qui rend ses lettres de noblesse à la liberté de conscience.
Marianne

TT Jean-François Sivadier suit les deux arguments, la libre-pensée et l’insatiabilité amoureuse, en valorisant surtout la première dimension. Car si Nicolas Bouchaud se révèle un séducteur charmant plutôt qu’un prédateur terrible, il s’affirme encore mieux dans sa résistance au ciel. Face à la foi si maladroitement défendue par son valet, Sganarelle, il enfonce le clou en feuilletant le marquis de Sade, qui écrit : « Nous ne voulons pas d’un Dieu qui meut l’homme au moment où il se livre à des horreurs »… Sentence d’actualité et couple Dom Juan-Bouchaud et Sganarelle-Guédon en parfaite opposition… Que rêver de mieux ? Allez-y, foncez ! Télérama Sortir

“Jean-François Sivadier fait de Dom Juan un bateleur dans l’arène branlante du monde. A chaque instant, on est bluffé par l’extraordinaire vitalité de Nicolas Bouchaud (et donc du personnage qu’il incarne) sans montrer le moindre signe de fatigue. Vincent Guédon n’est pas de reste en Sganarelle toujours frais comme un gardon même dans ses bougonnements.

 Malgré ses défauts (notamment sa longueur), le spectacle emporte le morceau par sa richesse. On en garde l’image d’un Dom Juan véritable bloc de mystères. Tout comme la statue de pierre du Commandeur qu’il défie dans un ultime rebond. Sauf que Dom Juan, lui, est un bloc de vie, pensant, raisonnant, désirant. Et que sa parole est toujours bien vivante. Rue du théâtre

“Une mise en scène trop chargée, sauvée par les acteurs.
Une machinerie à l’ancienne de sacs suspendus et de boules lumineuses, genre discothèque, envahit le décor. Elle est trop chargée. Quant à la distanciation brechtienne qui règne, elle est efficace, mais seulement deux fois sur trois. Cette ambiance de foire un peu trop virtuose liquide une qualité essentielle à la pièce de Molière, que Sivadier semble pourtant revendiquer : sa violence métaphysique.
Cependant, le plaisir est là. Nicolas Bouchaud, qui interprète Dom Juan, n’y est pas pour rien. La délicatesse de sa grande carcasse, un mélange très physique de farce et d’ironie, lui donne un charme légèrement méphistophélique, sourcils relevés, qui permet de comprendre pourquoi ceux qui en viennent à le détester préféreraient continuer de l’aimer ou le servir…
Libération

linterlope-brigitteenguerand © Brigitte Enguerand

3. Un bel espace de liberté que ce cabaret Interlope composé par Serge Bagdassarian :

“Une réussite.
Place à la revue avec l’apparition spectaculaire des trois artistes emplumés et en robes de strass (la Comédie-Française n’ayant pas de telles plumes dans son atelier de costumes, elle a fait appel au Moulin Rouge !) avec un étonnant Michel Favory en drag queen… Un échantillon évocateur des chansons de l’époque est livré mais le cabaret associe la fantaisie, l’humour, la sensualité à la poésie.
Serge Bagdassarian, chanteur et comédien sensible, joue de toutes ses métamorphoses, amer, émouvant et Benjamin Lavernhe est troublant de séduction et d’ambiguïté. Mais derrière le clinquant des costumes et des maquillages, il s’agit toujours de liberté d’être soi, et d’aimer.
Le Journal du dimanche

“Un cabaret interlope bouleversant et exaltant qui défend brillamment le choix et le droit d’aimer.
L’émotion, la bouleversante sincérité de l’aveu murmuré ou la cinglante drôlerie fustigeant la bêtise sont magistralement réglées dans ce spectacle aussi désopilant que poignant.
Si Serge Bagdassarian compose et signe un spectacle qui offre à tous ses camarades l’occasion de faire miroiter leurs talents, il brille entre tous dans la composition éblouissante de Camille, travesti sur le retour, dont les œillades assassines, la beauté insolente et la fierté iconoclaste sont renversantes de séduction.
Les costumes sont somptueux, les arrangements musicaux et l’accompagnement au piano et à la contrebasse sont parfaits. L’ensemble compose un spectacle servi par des interprètes d’exception, dont la beauté égale l’émotion et la puissance d’une tolérance militante.
La Terrasse

TT Les trois acteurs (excellents) interprètent des chansons à double sens, dont l’autodérision faisait rire le public averti de l’époque. Les acteurs sont travestis avec de flamboyantes plumes dignes du Moulin Rouge. La mise en scène de Serge Bagdassarian est magnifique de finesse, d’intelligence et de sensibilité. C’est un cabaret très émouvant, dont le climat de liberté vivifie. Télérama Sortir

“Le spectacle, cousu de textes incisifs et drôles de Serge Bagdassarian, nous emmène d’abord dans une des loges du cabaret, où l’acteur, comme le transformiste, opère sa métamorphose, change de peau et de vie.
Avec “L’Interlope (cabaret)”, Serge Bagdassarian, superbe en transformiste sur le retour et dont l’ironie distanciée nous empoigne le cœur, ne signe pas seulement un éblouissant spectacle de haute saveur poétique. En effet, sous le clinquant des plumes et des strass, derrière les savants cabotinages dosés juste ce qu’il faut pour que le rire déjoue les larmes, c’est le rude chemin parcouru qu’il nous montre en même temps qu’il plaide avec finesse pour le droit à la différence et la liberté d’aimer qui bon nous semble. Un message d’ouverture et de tolérance qu’il n’est pas inutile d’entendre ces temps-ci.
Webtheatre

 

le-silence-de-moliere-pascalvictor © Pascal Victor

4. Dans Le Silence de Molière, mis en scène par Marc Paquien, Giovanni Machia donne la parole à la fille de Molière… :

“Marc Paquien met en scène avec grâce “Le Silence de Molière”, Ariane Ascaride transformant en touchante héroïne Esprit-Madeleine, la fille du dramaturge.
Marc Paquien orchestre avec beaucoup de délicatesse ce texte… On peut lui faire confiance à pour bien choisir ses interprètes et savoir les diriger. Ariane Ascaride incarne avec retenue et justesse Esprit-Madeleine. Aucun pathos dans son jeu, mais une douleur rentrée, qui explose seulement quand l’émotion est trop forte…
Le décor, simple et efficace est magnifiquement éclairé par Dominique Bruguière, qui crée un clair-obscur onirique. Le spectacle nous fait toucher à l’indicible – à la magie blanche et noire du théâtre. Les comédies sont cruelles, mais la vie l’est plus encore. Sur scène au moins, on peut encore croire au monde.
Avant cette « conversation imaginaire », la fille de Molière était à peine un fantôme dans nos mémoires. Par la grâce de Macchia, Paquien, Mobihan et Ascaride, elle revient à la vie, devient un « personnage réalisé » – mieux, une héroïne.
Les Echos

TT Le texte de Giovanni Macchia parle bien du théâtre, de la manière dont Molière s’y consume, de la violence des rapports familiaux entre la fille et le père, de l’absolue solitude d’Esprit-Madeleine, du non-dit qui pèse sur elle. La mise en scène raffinée de Marc Paquien nous fait entrer dans ce personnage désespéré, presque irréel. Télérama Sortir

“Marc Paquien met en scène Ariane Ascaride et Loïc Mobihan dans l’adaptation scénique des confidences imaginaires d’Esprit-Madeleine, fille de Molière. Magnifique défense et illustration du théâtre !
Le choix le plus judicieux de ce spectacle est sans doute d’avoir confié le rôle d’Esprit-Madeleine à Ariane Ascaride. La comédienne offre une noble simplicité à Esprit-Madeleine… Marc Paquien et ses comédiens offrent, avec cette pièce, non un cours sur Molière, mais une véritable leçon de théâtre !
La Terrasse

“Marc Paquien, qui a mis en scène ce texte bouleversant, confie le rôle d’Esprit-Madeleine Poquelin à une actrice magnifique, Ariane Ascaride.
Le décor épuré de Gérard Didier et la longue robe monacale, d’une blancheur immaculée, d’Ariane Ascaride, servent avec justesse le propos.
Pourtant…
Pourtant, nulle émotion véritable ne se dégage de cette douloureuse confession et des brefs échanges entre Esprit-Madeleine et le jeune homme… On sort de la représentation quelque peu perplexe, en se demandant pourquoi, alors que tous les ingrédients étaient réunis pour sa réussite, la mayonnaise (ce jour-là peut-être ?) n’a pas pris.
Reg’Arts

“Fervent admirateur de Molière, Giovanni Macchia a imaginé une rencontre fictive dans laquelle Esprit-Madeleine Poquelin se donne en spectacle et se livre comme jamais.
Le récit souffre de quelques longueurs. Tout repose sur le texte, qui est déclamé presque comme un monologue. L’homme qui donne la réplique à la fille de Molière ne lui sert en effet que de faire-valoir. Mais le jeu de ces deux acteurs ne repose pas seulement sur la parole, il se joue aussi dans leur silence, leur jeu de cache-cache et le ballet des ombres et des lumières. La pièce repose et est essentiellement portée par Ariane Ascaride. Elle interprète avec justesse, finesse et délicatesse l’âme tourmentée d’Esprit-Madeleine Poquelin.
Toute la culture

“Marc Paquien signe une mise en scène austère, rêche et sans aspérité. Glaciale même. Ariane Ascaride dessine une femme blessée, amère. Une femme enclose en sa douleur, butée, trop sans doute pour nous émouvoir. Un jeu très concentré qui, et malgré tout l’engagement et le talent d’Ariane Ascaride, ne nous atteint pas, ne nous touche pas. Tout est parfait dans cette mise en scène, impeccable le jeu, mais tout y est lisse, tout glisse sans accrocher. Il n’y a rien que l’on puisse saisir, rien de palpable, aucune faille. L’émotion, comme délibérément contrainte, retenue, est absente. Et l’ennui gagne de tant de contention… Reste le portrait saisissant, à vif, d’un auteur et comédien, Molière, qui fit du théâtre « son salut et sa damnation ». Un fauteuil pour l’orchestre

Ariane Ascarie en entretien avec BSC News “Marc Paquien a un grand respect et un grand amour des acteurs et des actrices. C’est un immense accompagnateur, il ne lâche jamais. Il est là, et en même temps, et c’est ce qui est bien, il a une véritable exigence.”… BSC News

Revue de presse du 21 septembre : Fumiers, Racine ou la leçon de Phèdre, Politiquement correct et Le Voyage en Uruguay

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1. Au Théâtre du Rond-Point, Fumiers d’après un épisode de l’émission Strip-tease peine à séduire la critique :

– “Cette histoire de montagne de fumier qui occupe la cour commune d’une exploitante agricole (Johanna Nizard) et d’un vieux couple de Parisiens (Thomas Blanchard et Christine Pignet) tourne vite au délire -entre invectives, coups bas, dialogues de sourd.” – Les Echos

– “Posée sur une moquette rouge aux allures de tissus écossais, la chose empêche presque les comédiens de jouer et trône au centre de la scène flanquée d’un lampadaire. Déployant le temps de l’émission sur une heure trente, la pièce déborde son modèle, se réclame d’une fiction qui accule chacun dans ses derniers retranchements.” – Le Monde

– “On s’attendait à une rentrée désopilante au Théâtre du Rond-Point, qui nous a pourtant habitués à des spectacles poilants. C’est affligeant. Ce spectacle médiocre et vulgaire est d’un ennui incommensurable, pour ne pas dire « chiant ».” – Les Trois Coups

– “Beaucoup de situations et de gags tombent à plat (sauf la scène du narguilé qui peut devenir une scène d’anthologie) . Le texte manque de percussion. Mais ne doutons pas que comme le bon vin de nos viticulteurs, cette cuvée de Fumiers va se bonifier au cours de la tournée. C’est tout le bien qu’on lui souhaite car cette bande de comédiens géniale le mérite.” – SceneWeb

– “Le spectacle est une imitation caricaturale de l’original auquel il emprunte quasiment toutes les répliques. Beaucoup de clichés et des effets comiques qui tombent à plat. On n’est plus dans la téléréalité mais pas au théâtre non plus, le ressort dramatique faisant singulièrement défaut. Les Deschiens en leur temps avaient su inscrire leurs spectacles sur la ligne ténue entre moquerie et bienveillance, exercice complexe à forte teneur acrobatique où l’on risque la chute fatale.” – Webtheatre

– “Ce qui nous a intéressés, c’est de faire ressortir comment un geste, une attitude, peut venir subitement contredire et enrichir un comportement, une personnalité. Nous avons exploré l’humanité de chacun des protagonistes, sommes allés chercher le sensible des situations, des choses invisibles, pour recomposer une réalité. Sans jamais tenter d’adoucir quoi que ce soit : la violence, ici, est partout.” – Thomas Blanchard pour La Terrasse

 

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2. Anne Delbée reprend son spectacle Racine ou la leçon de Phèdre au Poche-Montparnasse… une grande Dame du théâtre sur les planches :

– “Anne Delbée connaît tout de Racine, sa poésie, ses tragédies, les anecdotes de sa vie, ses amours, ses blessures. Durant toute sa vie théâtrale, elle a monté et joué Racine…” – Telerama

– “Leçon qui n’en est pas une. Ni conférence ni conversation, mais un peu tout cela, et surtout un moment de tendre ivresse de théâtre. (…) Anne Delbée ne raconte pas d’histoires. Elle décortique la langue qu’elle sait si bien rendre agréable à toutes les oreilles.” – L’Humanité

– “À travers cette représentation où se rencontrent la petite et la grande histoire, il s’agit aussi d’une transmission d’un artisanat « de l’architecture du vers » qui seul permet de devenir le Poète lui-même et d’oser la Tragédie, Anne Delbée nous fait entendre ce qui résonne chez Racine : la liberté fondamentale de l’être humain à dire non, à faire des choix.” – L’Obs

– “Anne Delbée rend un vibrant hommage à l’auteur de Phèdre et à la beauté du siècle classique. Baroque et absolu. Anne Delbée n’a vécu que pour le théâtre, d’une manière assez folle.” – Politis

– “Comme cela est bon d’entendre des vers magnifiques dans la bouche d’une grande tragédienne. Anne Delbée nous transmet avec une fougue communicative sa passion et son admiration pour Racine.” – Valeurs Actuelles

– “Anne Delbée redonne à Racine son visage de 17 ans et s’adresse en priorité à la jeunesse d’aujourd’hui, aux futurs poètes. Leçon de Phèdre, leçon d’amour, leçon de vie, qu’il fait bon s’instruire auprès d’elle” – Les5pièces

– “Le Théâtre de Poche Montparnasse débute sa saison 2016/2017 avec une pièce appelée à faire un triomphe. La beauté du sujet et la force déployée par la comédienne séduisent et donnent envie d’y retourner. Rien de moins.” – Publik’Art

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3. Première pièce politique de la rentrée, Politiquement correct, de et avec Salomé Lelouch est à découvrir à la Pépinière Théâtre :

– “Le texte est un peu schématique, argumentatif. Rachel Arditi défend avec ferveur un humanisme généreux et dénonce les idées étriquées et égoïstes de l’extrême droite. L’actrice défend son personnage avec une belle énergie. Thibault de Montalembert est plus fade, mais le texte qu’il défend est moins porteur. Un spectacle courageux, mais pas du grand théâtre.” – Telerama

– “Le spectacle ne convainc qu’à moitié : Salomé Lelouch envoie des flèches bien acérées mais ne trouve pas toujours l’équilibre entre la parole quotidienne et le débat politique. C’est un dialogue intelligent plus qu’une vraie pièce.” – Webtheatre

– “Les rires fusent avec des propos qui, d’habitude, révulsent. Le couple formé par Rachel Arditi et Thibault de Montalembert fonctionne à merveille. Rachel est très émouvante en idéaliste d’un autre âge face à un vrai ou faux cynique, selon les opinions. Thibault, lui, donne à son personnage une vraie fêlure.” – Froggy’s Delight

– “Sur le papier, le sujet est hyper séduisant, avec quelques beaux moments pour les comédiens. Une fois porté au plateau, il est traité avec une imagination moins féconde qu’espéré, autant visuellement que dans la direction prise. On a malgré tout très envie de rêver aux questions que soulève cette toute nouvelle création : va-t-on se couper de nos convictions pour trouver l’amour dans un monde froid, ou va-t-on s’accrocher à notre camp, à notre parti ?” – Un Fauteuil Pour l’Orchestre

– “La politique fait-elle du bon théâtre? Pas sûr. Restent quelques piques bien senties, comme cette appropriation sauvage des héros nationaux par le Front dans un slogan: «De Gaulle, Jean Moulin: ils auraient été au Front».” – Liberation

– “L’habileté, l’intelligence de Salomé Lelouch vient justement de la justesse de son écriture qui synthétise, avec beaucoup de simplicité et d’honnêteté, le débat d’idées qui fait rage actuellement. Sa pièce, directe, efficace, ne fait l’économie d’aucune polémique, d’aucune contradiction ni paradoxe. Au contraire, elle souligne clairement la séduction évidente que peuvent avoir des prises de positions radicales et nationalistes dans le contexte actuel, les difficultés à les contrer par les partis traditionnels tout en nous réservant une fin saisissante.” – Artistik Rezo

 

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4. Jusqu’au 15 octobre au Lucernaire, embarquez sans hésiter pour un Voyage en Uruguay signé Clément Hervieu-Léger salué par la critique :

– “On savait Clément Hervieu-Léger acteur et metteur en scène au théâtre et à l’opéra. On le découvre faisant ses premières armes d’auteur avec Le Voyage en Uruguay.” – Les Inrocks

– “La belle trouvaille de l’auteur est de mettre sans cesse en parallèle le désir de lointain qu’exprime le récit de voyage – embelli avec le temps – et la nostalgie d’un monde rural en voie d’extinction (…) Astucieusement mis en scène par Daniel San Pedro, dans un décor évolutif de bois, de paille et de cordes, qui figure ferme et cargo, Guillaume Ravoire joue avec intensité et un enthousiasme communicatif ce monologue dual.” – Les Echos

– “Dans le Paradis, la petite salle du faîte du théâtre du Lucenaire, un bout de monde rural typique a été transporté : barrières d’enclos, ballots de paille, fourche, seau… Seul en scène, Guillaume Ravoire navigue avec un tendre brio entre ces accessoires multi-usages et deux partitions : le jeune paysan qui quitte son coin de terre pour un inimaginable périple et Clément qui interroge ses souvenirs après la mort de son grand-père en 1989.” – Liberation

– “L’unique acteur, Guillaume Ravoire, est ainsi d’une virtuosité exemplaire, au milieu d’un décor de bois habile et qu’on devine transportable de ferme en ferme en Normandie… C’est le projet initial du spectacle, monté aujourd’hui au Lucernaire. Et sans doute ce qui en fait vraiment le prix.” – Telerama

– “Guillaume Ravoire interprète cette histoire dans un jeu assez rural, généreux et accentué. Il est l’homme sans expérience en partance pour le bout du monde. Ici, l’Uruguay, mais cela aurait pu être n’importe quel pays lointain. L’itinéraire compte plus que la destination. Entre émotion de la découverte de Rotterdam puis de l’ananas, on est capté par cette élégance dans l’interprétation et le langage imagé, tiraillé entre la métaphore de l’échappée du monde paysan et l’intense nostalgie conduisant au retour.” – SceneWeb

– “Dans un décor de bois et de ballots de paille évoquant la cour de ferme et le plancher du cargo, Daniel San Pedro met en scène ce spectacle pudique, drôle et émouvant, qui ressuscite un monde rural, une époque et des personnages disparus. Guillaume Ravoire, tour à tour fougueux, exalté, tendre, est le jeune garçon naïf et enthousiaste, assailli d’émotions confuses, et le petit-fils nostalgique d’un passé qu’il n’a pas connu.” – Le JDD

– “N’hésitez pas une seconde, embarquez pour ce très beau voyage qui vos emmènera de la luxuriante campagne normande à la désertique pampa sud-américaine.” – Mediapart